Depuis quelques jours, l’Italie vit un nouveau scandale qui touche la première religion du pays : le football. Trente ans après le Totonero, sept ans après le Calciopoli, c’est encore une histoire de matches truqués sur fonds de paris sportifs qui touche un pays qui a pourtant d’autres chats à fouetter, au point d’avoir changé de gouvernement sans passer par la case « élections ».

C’est d’ailleurs le gouvernement par son chef, le joyeux drille Mario Monti, qui a décidé de frapper un grand coup en menaçant les Italiens d’une calamité qu’ils n’auraient jamais imaginée jusque là : l’arrêt pendant deux ou trois années du championnat professionnel de football dans la Botte. Autant priver les Belges de bière, les Français de blanquette de veau et les Anglais de Sa gracieuse Majesté. Ce coup de semonce a en tout cas traumatisé tous les tifosi qui se demandent si Monti envoie cette menace en l’air ou s’il est aussi sérieux qu’en matière de coupes budgétaires. Bien joué, Super-Mario, me diront peut-être certains d’entre vous, s’appuyant sur l’exemple anglais de l’après-Heysel, lorsque les clubs d’outre-manche furent boutés hors des compétitions européennes, ce qui eut pour résultat sinon d’éradiquer mais de limiter très sérieusement le hooliganisme dans le foot pro britannique[1. Les Anglais furent ainsi les premiers à installer des caméras dans les stades, à engager des physionomistes -comme dans nos casinos- pour repérer les spectateurs connus des services, à pratiquer des interdictions de stade etc… Mais malheureusement, c’est surtout la politique tarifaire qui a abouti à un changement total de la sociologie des stades anglais. Malheureusement, car si les hooligans sont souvent pauvres, tous les pauvres ne sont pas hooligans et n’ont plus les moyens de se payer des places.]. Appliquer un traitement de choc en supprimant les compétitions professionnelles de foot en Italie permettrait de tout remettre à plat et de repartir sur des bases saines ? Monti apprécie visiblement les remèdes de cheval.

Le problème, c’est que le docteur en question, qui se fait passer pour l’homme raisonnable dans le domaine des finances publiques comme de la purification du foot, n’est pas pour rien dans le trucage des matches. L’Italie, possédait il y a une dizaine d’années l’une des réglementations les plus sévères en terme de paris sportifs. Le précédent du Totonero ayant échaudé le pays, l’Etat mettait en oeuvre une politique ayant pour but d’en limiter sérieusement l’accès. Or, la directive européenne « Information sociéty services » s’est imposée à l’ensemble des pays de l’UE, les obligeant à libéraliser le secteur des paris sportifs. Ainsi, le monopole de la Française des Jeux a t-il volé en éclats en France, laquelle résistait pourtant depuis des années. Alors que l’Etat pouvait contrôler les paris sportifs de très près, ce n’est plus le cas aujourd’hui, ni en Italie, ni en France. On parie non seulement sur le résultat des matches, mais aussi le nombre de buts, le nom des buteurs et sur bien d’autres faits de match encore. Dès lors, l’incitation à approcher les joueurs, les arbitres pour truquer les matches et se faire de l’argent facilement est démultipliée. Et qui bossait à la commission européenne et fut successivement chargé du marché intérieur puis de la concurrence au moment où cette directive était mise en place  ?

Je crois que vous avez trouvé.

2 commentaires

  1. En complément à votre discussion avec Thalcave, la France n’est pas le pays le plus taxé en Europe :

    http://www.touteleurope.eu/fr/actions/economie/fiscalite/presentation/comparatif-la-fiscalite-en-europe.html

    alors même qu’elle a des charges plus fortes que la plupart des autres pays : ainsi, le budget de la défense est de 50 milliards d’euros, contre environ 30 milliards en Allemagne (différence de l’ordre de 1 % du PIB).
    De même, la natalité est proche de 2 enfants par femme en France mais proche de 1,4 enfants par femme dans d’autres pays. Le budget de l’EN étant l’un des principaux budgets de l’Etat central (avec les intérêts de la dette), la différence de charge est là aussi de 1 à 2 % du PIB.
    Enfin, toutes ces comparaisons sont imprécises puisqu’elle ne portent pas sur les mêmes éléments, notamment en termes de retraites ou de prestation santé.
    Les dépenses sociales sont de l’ordre de 50% des dépenses publiques, ce qui intéressera sans doute les petit(e)s vieux (vieilles) retraité(e)s qui passent leur temps à se lamenter sur le niveau de ces dépenses.
    (NB si vous le souhaitez vous pouvez poster tout ou partie de ce message dans les commentaires du billet, ce que je fais pas, n’étant pas abonné).

  2. Question pour un champion : de quand date le premier scandale des matches truqués en Italie ? Réponse : en 1924 !
    Si on remplaçait le foot par le tir aux fléchettes sur les trombines des commissaires (c’est bien leur nom !) européens ?

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