David Desgouilles – Vous avez reçu une lettre vous signifiant que vous étiez exclu du Parti Socialiste après avoir accepté d’être suppléant du candidat MRC (chevènementiste) Arnaud Deborne alors que votre parti a investi une candidate. Normal, non ?

 

Jean-Philippe Huelin – Oui, cela redevient normal au sens du respect des statuts mais rien ne l’a été depuis bien longtemps dans cette fédération. Je ne crie pas au scandale, je savais ce que je faisais mais je note simplement que le PS applique ses statuts à géométrie variable.

 

DD – Nous avons parlé effectivement dans ces colonnes de la personnalité du nouveau président du Conseil Général et de l’histoire incroyable du maintien des candidates socialistes, notamment dans la circonscription de Lons le Saunier qui nous occupe, alors qu’elles ont toutes chances d’être invalidées en cas d’élection. Mais généralement, les partis ne plaisantent pas avec les candidatures dissidentes. Le Jura ne déroge quand même pas à la règle ?

J-PH – Ma dissidence -qui n’est qu’une suppléance- aurait dû éveiller les esprits de mes camarades puisque je ne me serais pas présenté sans cette affaire qui va à l’encontre de la « République exemplaire » voulue par notre nouveau président. Le PS national fait l’autruche car au fond, il ne considère pas cette circonscription comme gagnable sinon il n’aurait pas donné son quitus à deux candidates invalidables (j’adjoins ici Sylvie Laroche dans la 3e circonscription qui encourt le même risque). Au-delà des statuts, il y a des principes et des valeurs mais beaucoup au PS, ici comme ailleurs, semblent ne plus s’en soucier. Que ce soit Christophe Borgel qui me signifie mon exclusion est pour moi le signe d’une défaillance profonde du PS.

DD – Vous avez co-écrit des ouvrages sur le rapport de la gauche au peuple[1. Recherche le Peuple désespérément – de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin – Bourin Editeur] ou sur la droitisation des sociétés européennes[2. Voyage au bout de la droite – de Gaël Brustier et Jean-Philippe Huelin – Mille et une nuits]. Vous avez aussi travaillé sur la notion de bouclier rural. Au delà de votre mésaventure, pensez-vous que vos analyses ont été prises en compte par le PS, le Président Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault ?

J-PH – Les livres ont été lus par certains dirigeants du PS, pas par tous loin de là. Le bouclier rural est pour l’instant le parent pauvre puisqu’il n’y a même pas un ministère délégué à la ruralité au gouvernement et que je compte peu sur Cécile Duflot pour faire reculer cette inégalité territoriale-là.
Mais au-delà de mes propres productions, ce qui m’afflige dans ce PS c’est son incapacité à réfléchir collectivement. Quand mon ami Laurent Bouvet parle des deux corps du PS, force est de constater que le corps-élection a absorbé le corps-doctrine. Le PS est devenu localement une agence de placement pour aspirants élus qui n’ont jamais pris le temps de réfléchir à ce que pouvait être le socialisme.
Quand on écrit, quand on lit, on se fait donner la leçon de discipline par des fripouilles ou de jeunes ambitieux qui n’ont pas le bac ! Plus le PS se social-libéralise idéologiquement, plus il se stalinise dans son organisation.
Cette exclusion ne change rien pour moi. Dans la 1ère circonscription du Jura, la candidature d’Arnaud Deborne est la plus intéressante et la plus porteuse d’avenir pour le Jura et pour l’actuelle majorité présidentielle. Nationalement, je retrouve une liberté de critique qui me convient sans doute mieux. Le Président Hollande et son gouvernement ont davantage besoin de vigies scrupuleuses que de béni-oui-oui arrivistes.

8 commentaires

  1. Être exclu par Borgel est plutôt un honneur.

    Je pense que les analyses politiques de J-P Huelin n’avaient pas leur place au PS et certainement pas seulement dans le Jura.

  2. @Lejeun

    Un honneur pour Huelin, certainement.
    Pour le parti de Jaurès, beaucoup moins.

    Je crois que certains élus du PS comme Ségolène Royal avaient lu et bien compris ces analyses depuis 2008. Et SR a été très importante dans la campagne de FH.
    En revanche, dans la clique d’Aubry, vous avez raison.

  3. Puisqu’on parle des élections législatives : on s’achemine pour la 3e fois de suite vers un nombre massif d’abstentions. Alors que ce scrutin est autant sinon plus important que la présidentielle.

    Un historique d’abord.

    En 1962, la réforme constitutionnelle prévoyait l’élection du président au suffrage universel. Elle fut appliquée pour la première fois en 1965.

    Et pourtant, quand les législatives étaient en dehors de la présidentielle et à leur terme, une véritable campagne se déroulait et la participation était correcte.

    – Mars 1967 : 18,9% d’abstentions.
    – Mars 1973 : 18,7% d’abstentions.
    – Mars 1978 : 16,8% d’abstentions.
    – Mars 1986 : 22,0% d’abstentions.
    – Mars 1993 : là, en effet, il y avait 31,1% d’abstentions. On sait que ce scrutin fut catastrophique pour la gauche (surtout pour le PS). Bon nombre d’électeurs de ce bord avaient dû s’abstenir volontairement.

    En cas de dissolution, mais hors période de présidentielle :

    – Novembre 1958 : l’Assemblée élue en 1956 fut dissoute, premières législatives de la Ve république : 22,8% d’abstentions.
    – Novembre 1962 : le gouvernement Pompidou fut renversé par une motion de censure (la seule majoritaire depuis le début de la Ve république), De Gaulle dissolvait l’Assemblée élue en 1958 : 31,3% d’abstentions.
    – Juin 1968 : à la suite de la crise de mai-juin, De Gaulle dissolvait l’Assemblée élue en 1967 : 20,0% d’abstentions.
    – Mai-juin 1997 : Chirac dissolvait l’Assemblée élue en 1993 : 32,1% d’abstentions.

    Dissolution après une présidentielle.

    – Juin 1981 : Mitterrand élu en mai dissolvait l’Assemblée élue en 1978 : 29,7% d’abstentions.
    – Juin 1988 : Mitterrand réélu en mai dissolvait l’Assemblée élue en 1986 : 34,3% d’abstentions.

    Depuis la réforme constitutionnelle de 2000 créant le quinquennat et acceptée par 73% des suffrages exprimés qui n’étaient que 17% des électeurs inscrits (70% d’abstentions, près de 6% de bulletins blancs et nuls par rapport aux inscrits au référendum de septembre 2000) et depuis que le gouvernement Jospin avait fait voter en avril 2001 l’inversion du calendrier (1).

    – Juin 2002 : après la réélection de Chirac en mai : 35,6% d’abstentions.
    – Juin 2007 : après l’élection de Sarkozy en mai : 39,6% d’abstentions.

    (1) Les législatives auraient dû avoir lieu en mars 2002 et la présidentielle en avril-mai 2002. Le PS croyant (à tort, la réalité allait le montrer) qu’il serait avantagé par l’inversion, il la faisait voter. Le RPR et le PCF étaient contre, l’UDF était partagée :
    http://www.assemblee-nationale.fr/11/scrutins/jo0291.asp

  4. (Suite).

    Quelques constats.
    – Nous ne sommes pas dans un régime présidentiel comme aux États-Unis. Certes, le président de la république a plus de pouvoirs que sous les IIIe et IVe républiques, mais le régime reste parlementaire.
    – Donc, les législatives sont autant ou plus importantes que la présidentielle.
    – Et pourtant, depuis plus d’un an, on ne nous parlait que de la présidentielle en long en large et en travers.
    – Mais, les législatives sont dans l’ombre. De plus, au niveau des médias, Roland Garros, l’euro de foot prennent plus d’importance. Certaines émissions politiques sont supprimées (et oui, c’est bientôt les vacances). Et après on s’étonne qu’il y ait tant d’abstentions.

    Oui, la France est devenue la honte de l’Europe pour le nombre d’abstentions à une des élections principales. Quels en sont les responsables ?

    – On peut constater que lorsque les législatives arrivaient à leur terme mais sans être parasitées par une présidentielle proche (1967, 1973, 1978, 1986), la participation était proche de celle des présidentielles. Une seule exception en 1993, mais pour des raisons politiques sans doute.

    – Lorsqu’elles suivaient une dissolution hors présidentielle, les cas étaient divers.
    * Si les raisons de la dissolution étaient comprises (nouveau régime en 1958, grave crise en 1968), la participation était forte.
    * Si ces raisons étaient moins comprises (1962) ou pas du tout (1997), la participation était faible.

    – Quand les législatives sont « dans l’ombre » de la présidentielle (suite aux dissolutions de 1981 et 1988, ou en raison du quinquennat et de l’inversion du calendrier en 2002 et 2007, probablement en 2012), l’abstention est massive et de plus en plus (en 1981 toutefois, l’abstention était moins massive : l’espoir du changement avait sans doute mobilisé les électeurs de gauche).

    Donc, oui, la forte abstention qu’on connait depuis 2002 est bien dûe au quinquennat et à l’inversion du calendrier.

    – Le quinquennat était le résultat d’une opération politicienne de l’ancien président Giscard-d’Estaing qui voulait mettre en difficulté son « frère ennemi » le président Chirac, hostile à cette réforme. Giscard trouva un allié : le premier ministre Jospin.
    Chirac, pour ne pas paraitre « ringard » se rallia à cette réforme et consulta les Français par référendum.
    Pour le « oui » on trouvait : le PS et ses « satellites » (PRG), les Verts, l’UDF, le RPR et Chevènement (pour une fois mal inspiré).
    Pour le « non » : le FN, les souverainistes comme Pasqua et Villiers (sauf erreur de ma part, NDA aussi), un petit nombre de députés PCF « disciples » de Marchais (Gerin, Gremetz).
    Pour l’abstention : le PCF. Ce parti avait été hostile à cette réforme dans laquelle il voyait (avec raison) un renforcement du présidentialisme. Mais, comme il avait des ministres, il « se couchait ». Aussi l’extrême-gauche qui, sortie de sa langue de bois, ne comprend rien aux institutions.
    On connait le résultat.
    Personnellement, j’avais fait partie des 6% d’inscrits (27% des exprimés) qui avaient voté « non ».

    – L’inversion du calendrier était dûe à une manoeuvre politicienne du PS qui pensait que la présidentielle lui serait plus favorable. Comme un boomerang, la manoeuvre devait se retourner contre lui et l’éloigner du pouvoir pendant 10 ans.
    Quant à l’UMP, qui était contre à l’origine, voyant que ça l’avantageait, elle conservait ce système.

    Donc, paradoxalement, la gauche traditionnellement hostile à une trop grande présidentialisation a renforcé celle-ci.
    Mais, on ne peut qu’être indignés que par leur bêtise, nos politiciens font détenir à la France le record d’abstentions aux législatives (1).

    (1) La pantalonnade de Sarkozy qui a créé 11 circonscriptions pour les Français de l’étranger, avec une « super-circonscription » allant de l’Ukraine à l’est de l’Asie a prouvé aussi son aspect stupide : 80% d’abstentions.
    Et puis, au moment où on parle d’économies, des frais de déplacement colossaux (et pour cause vu les distances).

  5. COMMENT on a EXCLUS des MILLIONS d-électeurs de la droite national?
    UMP–PS ;on vite compris il faut exclure c »est gens,,
    que MITTERRAND;;qui a fait la proportionnelle,
    et donc ,le FN avec 35 députés;;;
    PLUS on veut exclure,,PLUS la droite national progresse
    pensez un instant faux démocrates du PS–UMP ;si il y avait la proportionnelle;;
    le nombre de députés que M LEPEN aurait
    le trotskiste Mélenchon;viens de prendre une AUTRE claque?
    il est sonné pour de bon? le clown pars ses pitreries a fatiguer les camarades de la faucille et du marteau;;;

  6. michel 43, la faucille et le marteau s’est bien assorti avec la croix de Lorraine quand l’intérêt national le demandait. De grâce, ne l’oubliez pas !

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