Il fallait boucler la boucle. En terminer avec toute cette série d’articles sur l’équipe de France dans un carnet politique. Et le faire en sachant que le football se soit séparé une bonne fois pour toute de la politique et ait retrouvé son seul compagnon légitime : le sport.

Le sport, on l’a beaucoup oublié ces derniers temps. Comme en politique, le bal des égos étouffait tout le reste. Un sélectionneur boursouflé par l’importance de sa petite personne, allant jusqu’à faire sa demande en mariage en direct à la télé aussitôt l’élimination de la France actée au championnat d’Europe 2008 ; un président de Fédé qui le reconduit, encouragé par un directeur national technique, Gérard Houillier, pas connu pour son humilité non plus, lequel préférant que reste en place un sélectionneur affaibli. Et, c’était sans compter les joueurs. Ceux sur lesquels comptait justement Raymond Domenech. Son épine dorsale, Gallas, Abidal, Malouda, Anelka, Evra et Ribéry, les lideurs sur lesquels il comptait s’appuyer. Ceux-là, aussi, ont décidé d’arrêter de faire du sport. En snobant honteusement une ministre, laquelle, il est vrai, n’était pas très inspirée. En mettant de côté le joueur éduqué, poli, et trop amoureux de considérations technico-tactiques, qu’était Yoann Gourcuff, ils se comportaient certes un peu comme des caïds de collège, mais plus encore comme ces personnalités politiques qui étouffent dans l’œuf les jeunes talents qui pourraient leur faire de l’ombre. Une histoire de sponsors et de gros sous, mais surtout d’égos d’autant plus surdimensionnés que les cervelles étaient petites. Et puis cette histoire de bus, un dimanche. Pitoyable. Des mecs qui refusent de s’entraîner parce que l’un des leurs avait été exclu pour avoir insulté le sélectionneur qui lui avait tendu la main quelques années auparavant, alors qu’il était tricard, ce même joueur qui accepte de jouer pour les couleurs d’un peuple qu’il trouve hypocrite.

On ne fera croire à personne, et d’ailleurs personne ne le croit vraiment, que les vingt-trois joueurs aient tous trouvé cette idée géniale. Cette pantalonnade[1. J’ai trop de respect pour le droit de grève pour l’utiliser à propos de ce triste refus de s’entraîner. La sélection nationale est un cadeau. On ne fait pas grève de cadeaux.], qui s’est terminée par notre défaite logique contre l’Afrique du Sud, était menée par quelques uns. Les autres n’ont eu qu’à suivre. Il nous reste à savoir si ce suivisme était dû à l’intimidation, à leur faiblesse, la lassitude ou un mélange savant des trois. Les différents meneurs ont eu beau jeu d’assurer le contraire à leur retour à Paris, personne n’est vraiment dupe[2. Au passage, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi c’est précisément l’un d’entre eux que le Président de la République a reçu à l’Elysée. Dans tous les cas, il ne pouvait pas s’agir d’un hommage à la grève -une vraie celle-ci- qui rassemblait plusieurs millions de personnes ce jour là.].

Et puis vint Laurent Blanc. Certes, on peut dire que de l’avoir choisi si tôt a sans doute encore affaibli davantage Domenech dans son autorité. Certes, cela avait sans doute aussi déstabilisé l’équipe bordelaise dont Blanc était toujours l’entraîneur au point que le onze girondin ratait complètement sa fin de saison 2009-2010. Mais c’était à l’évidence un bon choix ; le dernier, et sans doute le seul, du Président de la fédération aujourd’hui démissionnaire. Les différentes interventions du nouveau sélectionneur sont rassurantes. Parce qu’il ne fait pas de politique, lui. Parce ce qu’il cause sport, envie de jouer, philosophie tactique. Et qu’il veut faire à nouveau aimer l’équipe de France, alors que son prédécesseur prenait un malin plaisir à la faire détester. Sa première décision n’est pas anodine : il interdit les fameux casques que les joueurs portaient sur leurs oreilles à la sortie du bus, ignorant superbement le public qui les attendait. Symboles de leur fermeture au monde extérieur, de la bulle dans laquelle ils étaient reclus. Avec Laurent Blanc, il faudra adhérer au projet de jeu. Ou s’en aller. Dans l’absolu, dit-il, un bon joueur avec une mentalité pourrie peut être sélectionné à condition qu’on puisse le faire évoluer dans le bon sens ; s’il refuse, il s’exclura de lui-même. On ne saurait mieux dire. Thuram lui a sans doute rendu un grand service en demandant des sanctions lourdes contre certains meneurs. Son ancien partenaire de France 98 a joué un rôle de poisson-pilote en tordant le bâton le plus loin possible, comme aurait dit Lénine. Plus généreux mais non moins ferme, Blanc dit à Ribéry, Evra ou Abidal : vous pouvez revenir, mais à mes conditions ; d’autres que moi vous auraient exclus.

On nous reprochera sans doute de faire dans le « tout nouveau, tout beau ». Peut-être. Il n’empêche que Laurent Blanc rassure par ses premières décisions et son discours axé sur le seul sport. Il rassure aussi par son charisme. Ce n’est pas pour rien que, dès le début de sa carrière, il a été surnommé le Président. Doté d’une autorité naturelle, on se plaît à le respecter et on se sent tranquillisé, protégé. Ce Président qui rassure, pour l’équipe de France, m’inspire confiance. Je pense ne pas être le seul. Mais avons-nous vraiment le choix devant le champ de ruines que laissent Abidal, Evra, Henry, Anelka ou Domenech ?

11 commentaires

  1. Sarko recevant Henry un jour de grève …!
    le petit caporal ne peut pas s’empêcher de toucher a tout et en mal.
    c’est plus fort que lui
    Vivement 2012 que l’on s’en débarrasse a moins d’évènem ent ponctuel plus rapide.
    va falloir penser a l’Euro 2016 avec deschamps ou un autre car le « president » saura tirer sa révérence apres le mondial bresilien de 2014

  2. D’accord sur l’ensemble de l’article, sauf pour mettre Henry dans le même panier qu’Evra, Anelka, Ribery ou Domenech. Depuis six mois son image s’est réduite à la main contre l’Irlande, et sa . Mais Henry, c’est aussi un palmarès d’exception, avec de nombreux titres de champions en ligue national, une victoire en ligue des champions, champion du monde et d’Europe, et il a rien usurpé, c’est pas en dormant sur le banc qu’il a obtenu ces titres, mais en marquant des buts, en étant bien souvent le meilleur buteur de son équipe. C’est bien autre chose que ce qu’on prouvé Evra, Anelka (j’oublie son titre de league des champions passé sur le banc ou a dormir sur le terrain) ou Ribery. Et Henry, c’est aussi une vie en dehors du foot, on oubliera pas son engagement contre le racisme, et on notera sa participation a la construction d’un stade dans sa ville natale.

    Alors dans la rencontre entre Sarkozy et Henry, le scandale ce n’est pas le choix d’Henry, c’est le choix de Sarkozy de porter plus d’intérêt au foot qu’à l’actualité économique et politique. Mais à partir du moment où Sarkozy souhaite rencontrer quelqu’un, Henry est sans doute le meilleur choix.

  3. @Cyrille Berger

    Je ne nie pas que Henry soit doté d’un palmarès plus étoffé que les autres et également d’une plus grande intelligence.
    Mais, comme Thuram, je ne peux m’empêcher de constater qu’il faisait partie de ceux qui snobaient Gourcuff (le surnom « nouvelle star » n’est-il pas de lui ?) et qu’il a perdu toute raison dans l’histoire du bus, soutenant Anelka contre l’intérêt général.
    Sarkozy n’aurait dû effectivement rencontrer personne. Je suis bien d’accord. Mais encore moins, un des meneurs de la fronde.

  4. allons;c »est du passer,,,
    et je rajoute,,,la lutte des musulmans, des africains et des autres de France
    comme personne n »a le courage de l »écrire,,c »est la lutte en interne des communautés,et oui
    en espagne,dans mon village,tout le monde fait bloque avec l »équipe nationale,,
    pourtant entre les régions,c »est pas triste,,,,,
    et pas un mot sur le brave trézé,,,,en italie,,,le goléador
    les gens ont la mémoire courte,

  5. Il nous le fallait ce Président de Blanc. Très satisfait de ses projets. Très satisfait de sa volonté d’aller de l’avant et de ne pas faire plaisir aux journalistes et autres vierges effarouchées du football français en s’érigeant en « père fouettard » sur ce qui s’est passé à ..??ysna. Il n’a en effet pas besoin de cela car il en impose naturellement et son autorité est palpable. Nul doute que nous ne verrons jamais ces images sous son règne. Dommage pour ceux qui aiment le sensationnalisme et qui d’ores et déjà auraient souhaité voir des têtes tomber en équipe de France pour ces grands crimes (patience car les joueurs qui n’ont pas leur place en EDF n’y seront pas mais ce ne sera sur décision de TF1, de l’Equipe, de Bachelot, de Lizarazu, de Thuram et j’en passe des censeurs). J’observe ceci dit que dans cet article ceux qui sont stigmatisés ne le sont pas tant pour leur insubordination ou leur sous-performance sportive mais plutôt pour leur crime de « lèse Gourcuff ». Sans doute fut-ce à ce point déterminant dans cette déroute…. Par ailleurs face aux demandes de mise à morts de certains joueurs (pour divers crime dont sans doute le lèse Gourcuff) le Président a eu la justesse et l’honnêteté de dire son ignorance des détails de la désintégration de l’EDF en Afrique du Sud ayant mené au fiasco de ce dimanche la…Un vrai Président au dessus de la mêlée.

  6. « le faire en sachant que le football se SOIT (?) séparé une bonne fois pour toute de la politique » ; « Gérard Houillier, pas connu pour son humilité non plus, lequel PREFERANT (?) que reste en place un sélectionneur affaibli. » On pastiche Ribéry, David Desgouilles ?

  7. Aux barbarismes seulement, cher Vadius. Le subjonctif est le mode de l’iréel, et « en sachant que » ne peut s’appliquer qu’à un fait établi. Quand à votre participe présent, son emploi exigeait de compléter la phrase (par ex : GH, lequel préférant que reste en place un sélectionneur affaibli, a milité pour le maintien à son poste de Raymond Domenech). Pardon pour la querelle de cuistres.

  8. Balle de Blanc
    Pour être sélectionneur aujourd’hui, il faut être bien né…
    Et avoir au dessus de soi l’étoile du berger. Sinon, on passe à côté. Adieu Dunga et Maradona.
    Le président n’aura aucune peine à faire oublier le passé, à condition de ne pas se préoccuper tout de suite de l’avenir, mais de songer au présent…
    L’équipe de France n’a pour le moment rien à se mettre sous la dent. Elle voudrait bien mourir de faim si et seulement si on lui donne l’occasion de se dilater avec un peu d’oxygène et s’éclater avec de nouveaux gênes… des Nasri, des Ben Arfa, des Benzéma, non pour enterrer les prédécesseurs mais pour donner aux successeurs l’impression d’être les pionniers d’une nouvelle odyssée.
    Beurs, beurs et beurs, pour signifier aux incrédules que l’équipe est enfin homogène. Que l’étranger est encore plus proche que notre voisin de palier… surtout avec une balle au pied…
    C’est tout le mal que l’on souhaite au nouveau président Blanc, bleu et rouge !

    http://www.tueursnet.com/index.php?video=Balle%20de%20Blanc

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