Une dame est aujourd’hui en procès après avoir déposé plainte contre une chaîne de restauration rapide. Elle avait glissé sur une frite qui était sur le sol du restaurant. Cette dame se déplace aujourd’hui en fauteuil roulant. Convenons que cette épreuve n’est pas facile. Pour autant, peux t-on blâmer le restaurant ? Est-il possible matériellement de nettoyer assez rapidement toutes les frites que les clients font tomber de leurs plateaux ou de leurs tables ? Il s’agit de sa responsabilité me rétorquera t-on. Ah oui ? Et la responsabilité de la personne qui ne regarde pas où elle met les pieds ? Qu’en fait-on ?
Le problème ne se pose d’ailleurs pas que dans les restaurants. On attaque aujourd’hui les maires lorsqu’un excrément laissé sur un trottoir provoque quelque fracture du fémur. Dans mon travail, les bambins qui s’amuseraient à effectuer quelques glissades mal négociées sur une partie de la cour mal déneigée pourraient m’envoyer au tribunal. Les cigarettiers sont obligés de signaler sur l’emballage de leurs produits qu’ils vendent de la mort. Bref, au motif de trouver des responsables, on génère l’irresponsabilité individuelle.
Ayant été souvent qualifié de « Pierre Richard » par mes proches, je ne suis pas à l’abri d’un tel accident sur une frite ou autre instrument de mon malheur. Avec un tel discours, me direz-vous, le restaurant n’aurait pas de crainte de me voir porter plainte. Même pas ! Le système est tellement bien organisé aujourd’hui que ma société d’assurance m’y contraindrait. C’est pourquoi je ne jette pas la pierre à la dame aujourd’hui en procès et en fauteuil. C’est un bien le système qui est en cause. Nous n’étions pas obligés de judiciariser toute notre société à l’exemple de ce qui se passe en Amérique du Nord. Tout cela est une affaire de gros sous, comme d’habitude. Sans doute les sociétés d’assurance, comme les banques auraient besoin d’une plus grande attention voire de contrôle de la part de la puissance publique.