Il ne faut jamais bouder une occasion de rire. C’est ainsi que, conseillé par quelques amis, je me suis rendu ce matin sur le site de Terra Nova, fondation proche du Parti socialiste. Je n’ai pas été déçu du clic.

Le Think tank « progressiste » publie en effet une note produite par Michel Balinski et Rida Laraki, chercheurs à l’Ecole polytechnique -mazette !- laquelle note promeut la notion de « jugement majoritaire » en lieu et place du scrutin majoritaire à deux tours. Mais avant d’expliquer en quoi consiste cette méthode révolutionnaire, attardons nous un instant sur le diagnostic formulé par nos deux éminents cerveaux à propos du scrutin majoritaire qui est utilisé par les peuples de la terre entière et depuis deux siècles pour le nôtre, lorsqu’il est uninominal et direct[1. Alors que les élections d’assemblées délibérantes, au niveau de l’Etat ou d’unités décentralisées ou supranationales peuvent aussi utiliser le scrutin proportionnel ou un scrutin mixte.].

Figurez-vous que ce scrutin trahirait la volonté des électeurs. Ainsi, Raymond Barre aurait dû battre François Mitterrand en 1988, mais le pauvre n’était pas qualifié au second tour. Si ma tante en avait… On apprend aussi -tenez-vous bien !- que « Jacques Chirac a été élu en 1995 avec seulement 20,8% des voix au premier tour : mais si Philippe de Villiers ne s’était pas présenté, ses 4,7% des voix auraient pu s’ajouter au 18,6% d’Edouard Balladur, ce qui aurait produit une confrontation entre Balladur et Lionel Jospin au deuxième tour ». Où donc Balinski et Laraki vont-il pêcher que les électeurs villiéristes se seraient reportés davantage sur Edouard Balladur que sur Jacques Chirac ou Jean-Marie Le Pen ? Boule de cristal ? Tarots ? Entrailles de poulet sacrifié en présence de Cayrol et Jaffré ? Ma tante commence vraiment à avoir des airs bizarres. Deux autres suppositions sont avancées : l’habituelle galéjade selon laquelle Jospin aurait été absent du second tour de 2002 à cause, notamment, de la présence au premier de Jean-Pierre Chevènement[2. Pour avoir été des électeurs du candidat du Pôle républicain en 2002, je peux assurer qu’il ne me serait jamais venu à l’idée d’apporter mon suffrage à Lionel Jospin en son absence. Pis, c’est même sa rupture (sur la question corse, symptomatique d’une certaine conception de la République) avec le Premier ministre qui m’a encouragé à voter pour l’ex-ministre de l’Intérieur. Ayant un peu participé à la campagne et rencontré d’autres électeurs, je ne saurais jurer que j’étais le seul dans ce cas-là.] et la spoliation, lors du précédent scrutin, de François Bayrou, qui aurait battu Royal ou Sarkozy au second (un peu comme Barre en 1988, vous vous souvenez ?)

Il y a pire encore, ajoutent nos chercheurs, bien pire : les décomptes des voix n’exprimeraient en rien le sentiment des électeurs ! Vous avez bien lu. Pour appuyer cette affirmation, ils précisent que depuis 1988 Jean-Marie Le Pen fut placé régulièrement dans les quartés de tête des premiers tours alors qu’il était rejeté par trois électeurs sur quatre. A contrario, les pauvres écolos sont appréciés dans les études d’opinion mais ne sont jamais arrivés à se hisser en haut du classement. Enfin, ils nous délivrent un scoop d’une ampleur interplanétaire : Jacques Chirac valait moins que ses 82,2 % du 5 mai 2002. Certes, mais il a réussi à se qualifier au second tour, lui.

Et en plus ça ne marche même pas !


Et les duettistes de conclure par cette phrase : Les voix d’un candidat sont loin d’avoir le même sens : les additionner ne veut rien dire ! C’est vrai, quoi ! Tous ces chefs de bureaux de vote qui additionnent les voix au lieu de les soustraire, de les multiplier ou de les diviser, où donc ont-ils la tête ? Afin d’étayer leur thèse, Terra Nova a même commandé un sondage à Opinion Way. Douze candidats ont été proposés aux sondés pour le premier tour, puis trois combinaisons pour le second. Ils en concluent que Marine Le Pen pourrait prendre honteusement la place d’un candidat pouvant gagner la présidentielle. Et que cela ne serait pas dû à la volonté des électeurs mais à l’éventuelle multiplicité des candidatures.
Marine Le Pen. Nous y sommes ! Ce n’est pas un hasard si cette note a été publiée le  jour anniversaire de l’élimination de Lionel Jospin. Il faut éviter un nouveau 21 avril ! Ce scrutin majoritaire à deux tours qui, au passage, n’a que peu favorisé  l’audience parlementaire du lepénisme pendant les vingt-trois dernières années, lui donnerait néanmoins une importance surdimensionnée dans le paysage politique. On se pince…

Mais vous n’avez encore rien vu ! Nos chercheurs n’en sont pas resté au stade du diagnostic : ils ont trouvé le remède miracle . Cela s’appelle « le jugement majoritaire ». Il s’agirait une fois les candidats sélectionnés[3. Dans un autre document, Terra Nova propose de supprimer le système des parrainages d’élus et de rendre possible deux types de candidatures. Le premier : les candidatures désignées par les partis représentatifs (ceux dépassant un seuil de représentation électorale minimal, par exemple 5% aux élections législatives précédentes). Ce serait conforme au rôle que la Constitution confie aux partis dans la vie démocratique nationale. Le second : les candidatures ayant fait l’objet d’un « parrainage populaire » sous la forme d’une pétition de soutien (avec un seuil autour d’un million de signataires, soit 2.5% du corps électoral). Autant dire que le nombre de candidatures serait encore davantage réduit.], de cocher pour chacun une croix dans une des cases correspondant aux mentions suivantes : Excellent, Très bien, Bien, Assez bien, Passable, Insuffisant, A rejeter (tout candidat n’ayant pas obtenu une croix serait assimilé à cette dernière mention). Ensuite, on pondère tout ça et hop, le candidat arrivé en tête est président ! Figurez-vous que d’après les calculs d’Opinion way , avec ce système du« jugement majoritaire », Marine Le Pen serait reléguée à la douzième et dernière place , loin derrière Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin, qui eux finiraient 2e et 3e avec la méthode Terra Nova. Accessoirement, Martine Aubry serait élue présidente, n’y voyez pas malice.

Certains crieront au scandale devant un tel déni de démocratie. Pas moi ! Je trouve ça très drôle. J’imagine nos deux chercheurs passer des jours, des semaines voire des mois à échafauder ce système dont on trouve la parade en trois minutes, si on vit ailleurs que dans le monde des matheux fous ou des Bisounours.

La parade est en effet très simple. Balinski et Laraki partent du postulat que les électeurs joueront le jeu de leur système en mettant la note « excellent » à leur candidat préféré puis attribuant, après mure réflexion ou bien au pifomètre, à quelques candidats la mention « bien », à d’autres « assez bien » et ainsi de suite. Or, si par miracle, il entrait en vigueur, les différents candidats s’adapteront illico au nouveau système. On imagine Marine Le Pen conseillant à ses électeurs, de lui mettre la note « excellent » et de rejeter tous les autres sans exception, ce que ceux-ci feront volontiers, révoltés à l’idée que le « système UMPS » a encore échafaudé  un plan pour faire pièce à leur favorite. La suite est prévisible, chaque candidat sera forcé de conseiller la même chose à ses ouailles. Et finalement, une très grande majorité d’électeurs et portera son préféré au pinacle et rejettera tous les autres candidats, ce qui correspondra très exactement au vote à l’ancienne. Seuls les électeurs du « marais » pourraient être alors tentés de jouer le jeu en utilisant toute la palette des mentions. Cette adaptation immédiate au nouveau système aboutira ainsi à l’exact contraire de ce que souhaitaient ses promoteurs : défavoriser les candidats consensuels puisque leurs électeurs le seraient tout autant. Au contraire, les électeurs faisant preuve de radicalité montreraient moins de scrupules et seraient favorisés. Sans compter que, les positions des uns et des autres se durcissant, les électeurs du « marais » ne voudraient pas finir en dindons de la farce ! Ils se mettraient au diapason des autres et le scrutin majoritaire serait intégralement rétabli par la pratique.

Sauf qu’on aurait supprimé le second tour. Et, peut-être, amené Marine Le Pen à l’Elysée. Bravo Terra Nova !

52 commentaires

  1. Excellent,David.Mais une remarque tout de même.Ce n’est pas la candidature de Chevènement qui a fait perdre Jospin en 2002,OK.Mais celle de Taubira?

  2. En fait, je pense que la candidature de Taubira, c’est un peu Jospin qui l’a décidée. Il aurait très bien pu la retenir en lui promettant un beau maroquin. Et en l’associant de près à sa campagne. Il n’a pas voulu. Trop suffisant.
    Et pour Chevènement, c’est pareil. Il s’annihile un des meilleurs atouts de son gouvernement pour ne pas désavouer Schrameck et trois Corses en cagoule ? C’est nimp. Chevènement n’y serait jamais allé si Jospin avait fait son boulot et était resté dans l’esprit de 1997.

  3. C’est bien dommage que vous ne critiquiez qu’en surface, sans fouiller un peu… J’étais impatient de lire votre article, et je vous avoue que j’attendais nettement mieux de votre part que cet assassinat en règle sur le mode « moi je suis plus malin que tout le monde, j’ai tout de suite pigé le truc ». Si j’ai bien compris, votre accusation principale est… que ce scrutin est conçu « sur mesure » pour faire gagner la gauche. Et sur quoi vous basez-vous, à part le fait que la note a été publiée chez Terra Nova (qui a au moins le mérite de faire connaitre ces travaux) ?

    Comment pouvez-vous prétendre ignorer que le résultat de l’élection présidentielle est fortement dépendant du nombre des candidats en présence et de la fragmentation des voix ? Certes, on peut reprocher quelques exemples mal choisis, et celui du report des voix de de Villiers sur Balladur est sans doute malvenu. Mais vous savez très bien que Bayrou devait être au second tour en 2007 car il gagnait contre tous, et que Le Pen n’a rien a faire au second tour puisqu’il perd contre tous. Pour le coup, ça n’est pas du Balinski, c’est du Condorcet.

    Notamment, j’aime beaucoup votre phrase « Ensuite, on pondère tout ça et hop » qui montre bien que vous n’avez pas pris le temps de comprendre la méthode et pourquoi elle a été choisie : pourquoi la note médiane plutôt qu’une note moyenne ? Figurez-vous que c’est justement pour réduire les possibilités stratégiques de votre « très simple » parade (fichtre, que n’avez-vous pas tenté Polytechnique ?) que l’on choisit d’utiliser une fonction d’ordre et une note médiane. Tout cela est expliqué dans la théorie mise au point en 2006, dont je vous conseille la lecture avant de décréter que tout cela n’est pas bien sérieux : http://www.pnas.org/content/104/21/8720

    Car, oui, ce ne sont pas des jours, des semaines ou même des mois que Balinski et Laraki ont passé sur leur théorie, mais plutôt une dizaine d’années, puisque leur première expérimentation dans ce domaine date de 2002 avec le vote par assentiment (avec Laslier et Van Der Straeten), suivant une idée de Balinski qui remonte à 1995. Cette expérience faisait gagner… Chirac. Oups. Pour le biais partisan, on repassera. http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=RFSP_541_0099

    Balinski et Laraki ont ensuite poursuivi leurs recherches du scrutin le plus juste et ont mis au point la théorie du jugement majoritaire en 2006. Une expérience a suivi en 2007, qui faisait gagner… Bayrou. Re-oups. http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00243076/fr/

    Si vous avez encore du temps libre, vous pouvez même commander le pavé de 400 pages que ces deux « Bisounours » ont pris le temps de produire : http://mitpress.mit.edu/catalog/item/default.asp?ttype=2&tid=12522

    Cela dit, on peut parfaitement critiquer la théorie sur le fond. La théorie démontre que cette méthode est la meilleure suivant un certain nombre de critères, mais on peut très bien discuter les critères choisis : monotonicité, indépendance des options non pertinentes, utilité maximale, consensus maximal, stratégie minimale, etc.

    On peut également critiquer la forme de la note de Terra Nova qui, c’est vrai, n’est pas exempte d’esprit partisan, ne serait-ce qu’en opposant « la droite » au « camp progressiste ».

    Mais prendre, ça et là, des morceaux superficiels, et napper tout cela dans un populisme anti-savants-à-barbe-blanche, voilà qui n’est pas très sérieux…

    Mes amitiés à votre tante.

  4. On peut dire aussi que c’est Allègre qui a fait perdre son copain Jospin en le coupant bêtement du vote d’une partie des enseignants, ce qui a suffi…beaucoup de raisons donc à une catastrophe électorale…et politique surtout qui continue comme on le voit jusqu’à ce jour

  5. Très drôle David
    Je rejoins ta nbp numéro 2. Je ne dois pas être le seul
    N’ayant pas vu le « sondage » opinion way en question, je m’interroge sur le sort du président du FMI… Sa fonction interdit-elle qu’il soit « testé »? j’ai peine à croire que la méthode magique le ferait passer après Martine en RTT, le hédon cendré, et l’ex pote de Tapie…

    Il y a plus grave dans la tête des mecs de TN: c’est la dose de transferts de souveraineté qu’ils doivent être en train de nous mijoter pour éliminer définitivement la France de l’histoire, après l’avoir saignée à mort économiquement

  6. de toute façons;tout le monde peut se présenter avec les 500 signatures
    l »élections présidentiel;
    c »est un homme ou une femme face au peuple
    le politique c »est un panier de crabes ;et pour y avoir une petite place;ces gens sont prêt a tout
    Borloo;rassemble le centre pour faire quoi?
    sachant que sarko est cuit;il doit se préparer a apporter ses voix en cas ou la vague bleu serait au deuxième tours
    et le revoilà ministre;bien vu JLB
    quand on regarde l »état de notre pays et de ceux qui l »on diriger;pourtant entourer d »experts;de conseillers;de hauts fonctionnaires;avec des cerveaux énormes;des diplomes a vous couper le soufle;
    et bien j »aimerais leurs mettre leurs tété dans la M…..
    je me suis toujours méfier des conseilleurs;cars se ne sont jamais les payeurs;
    pour le moment les socialistes attendes DSK;le bobos milliardaire;et forcement ils se mettrons tous derrière lui
    ou je me marre;c »est les communistes et le Mélenchon;
    pour une place;ce type est prêt a tout;
    comment les communistes ,qui ont aussi de grands cerveaux chez eux;ont t »il choisi ce petit dictateur ;COMMENT
    il faut qu’il soit arriver bien bas
    surtout que DSK;si si un bon socialiste:un VRAIS ne souriez pas;n »est pas la tasse de thé du Mélenchon
    plus y va y avoir de sous marins,plus les chances de DSK et de LEPEN seront grande
    terra nova ferait bien de se pencher sur le retour a la proportionnelle;;;;
    que va faire d »upont-aignans ;
    va t »il faire comme JL Borloo ?
    se pencher sur de villepin ?
    ou rejoindre la droite républicains ?
    ils veulent sauver le pays;;;
    mais qui a ruiner ce pays ;et l »a mit dans la M……EUX

  7. @Yann le Du

    Mais je me fiche totalement des histoires de droite et de gauche. Je ne suis pas plus proche de l’UMP que du PS. Il y a juste un clin d’oeil à la fin d’un paragraphe qui effectivement est destiné à démontrer que le résultat tombe bien pour Terra Nova.

    Pour le reste, que vous utilisiez le système médian ou le système de moyenne, si tout le monde fait comme je l’ai expliqué, à savoir privilégier un seul candidat en excellent et attribuer la mention « à rejeter » à tous les autres, on en revient tout de même au vote majoritaire, sauf que vous avez supprimé un tour.

    Si on s’en tient à votre logique, il faudrait qu’un candidat déplaise à moins de personne possible. Elle expliquerait pourquoi Bernard Kouchner n’a jamais pu être élu ni à Gardanne ni ailleurs alors qu’il était en tête des cotes de popularité (même exemple avec Simone Veil). Si ces personnalités n’ont pas de capacité d’entraînement dans les urnes, une capacité de les mobiliser sur leur nom, comment voulez-vous donc qu’elles entraînent lorsqu’elles ont accédé au pouvoir ?

    En tant que gaulliste très orthodoxe, j’aurais très bien compris que vous souhaitiez un retour à la IVe République car, après tout, les pouvoirs limités du Président dans la mondialisation et l’Europe, ne nécessitent plus que l’on dérange des millions d’électeurs en sus des élections législatives. Un premier ministre gestionnaire, choisi par les partis pourraient suffire largement. Mais ce système où il faut noter les candidats, franchement, je le trouve franchement ridicule. Il n’a d’ailleurs aucune chance de voir le jour.

    Et puis, il faut se rappeler d’un point historique très important et qui ne souffre, je crois, d’aucune exception dans notre pays : les changements de scrutin se retournent systématiquement contre leurs promoteurs et leurs buts initiaux.

    Cordialement,

  8. Non, non, non et non !
    Tu n’y es pour rien, David, puisque tu dis l’inverse, mais je suis lasse d’entendre dire que Chevènement a fait perdre Jospin en 2002.
    En effet, c’est Taubira qui a fait perdre Jospin.
    Je le sais d’expérience, et pour avoir connu des électeurs d’icelle : aucune des personnes ayant avant tout voulu donner sa voie à un FEMME NOIRE n’aurait choisi Jospin !

  9. Du grand D.D..

    Après je ne suis pas sur que Terra Nova préfère AUBRY à DSK…

    En tous les cas, FERRAND est formidable.

    Vous l’auriez vu à FRANGY en pleine campagne bressane, si proche et à l’aise avec les gens ordinaires…

  10. @David Desgouilles : « les changements de scrutin se retournent systématiquement contre leurs promoteurs et leurs buts initiaux. » Tout est dit… Surtout ne touchons à rien, c’est bien trop dangereux. Au fait : le scrutin majoritaire mis en place par de Gaulle s’est-il retourné contre lui ?

    En fait, vous ne concevez pas qu’on veuille changer le mode de scrutin dans un but non partisan, simplement pour que la voix des électeurs soit mieux exprimée. Je me fiche que ce mode de scrutin fasse élire Bayrou comme en 2007 ou Aubry (dans l’état actuel et virtuel des candidatures)… Ce qui m’importe, c’est que l’opinion des électeurs soit transcrite au plus juste.

    Pensez-vous réellement qu’en 2011 les électeurs suivent les consignes des partis ? Pourquoi tant d’abstention, alors ? Vous ne pensez pas plutôt que les électeurs en ont assez que leur vote ne serve à rien ?

    L’expérience de 2007, dans des conditions réelles, a montré que les électeurs adhéraient massivement à ce nouveau mode de de scrutin et s’en servaient correctement. Notamment, 1 électeur sur 3 n’avait pas de candidat favori (note maximale attribuée à 2 candidats ou plus). Si vous persistez à obliger ces électeurs à choisir une personne et une seule, alors que cela ne correspond pas à ce qu’ils ont en tête, libre à vous… Mais il faudra arrêter de se plaindre de l’abstention.

  11. L’abstention provient essentiellement du fait que les gens se sont aperçus que le pouvoir avait déserté la sphère politique. Et qu’il était ailleurs.
    Il provient aussi, par exemple du fait que lorsqu’ils donnent leur avis sur un traité et qu’ils le refusaient, on leur impose quand même trois ans après. Voilà des pistes sérieuses de réflexion.

    Tiens, entre nos deux échanges, j’ai reçu les chaleureuses félicitations d’un agrégé de science politique, qui enseigne notamment à l’IEP Paris. Cerise sur le gâteau, il est proche du PS. Preuve que ma réflexion n’était pas tant à ras les pâquerettes que vous ne sembliez le penser.

  12. @David Desgouilles : Agrégé de science politique et de mathématiques, ce sont deux choses différentes…

    Ce que je vous reproche, finalement, c’est de vous en tenir à une approche purement politique pour décréter que cette méthode n’est pas sérieuse, alors qu’elle s’appuie sur un modèle mathématique plus que sérieux. Tant qu’on y est dans les félicitations, ces travaux ont tout de même reçu des commentaires positifs de trois prix Nobel, dont le fameux Kenneth Arrow qui avait démontré l’impossibilité d’un mode de scrutin juste dans notre modèle classique (classement des candidats par ordre de préférence).

  13. « approche purement politique », dites vous ?
    En fait, votre reproche, je le prends comme un compliment.
    😉

    PS : Moi aussi, il m’arrive de citer des Prix Nobel. Maurice Allais, notamment, qui prônait la sortie de l’euro.

  14. Chers amis, vous commencez sérieusement à m’échauffer les oreilles !
    Oui, c’est bien Jospin et Allègre qui ont fait perdre Jospin : il lui manquait 196.000 voix sur 41.000.000 d’électeurs inscrits. Pourquoi ne les a-t-il pas convaincus d’aller voter pour lui ?
    Je ne suis pas agrégé de mathématiques, mais il me semble qu’il faut s’arrêter à ce constat. Les motivations des électeurs, on s’en fiche ! La seule chose qui compte en démocratie, c’est le décompte des voix ! Ceci dit, rien n’interdit de penser que ce sont effectivement les abstentionnistes du monde de l’enseignement qui ont fait perdre Jospin à cause d’Allègre : 1.200.000 fonctionnaires favorables à 60% d’après les sondages à la gauche avant le passage d’Allègre au ministère, ne sont plus que 40% après, soit moins 20 points ce qui fait 240.000 voix potentielles en moins, à rapprocher des 196.000…
    Que les matheux fassent des maths, c’est leur job, mais qu’ils ne se mêlent pas trop de politique ! Nos deux seuls polytechniciens devenus Présidents de la République sont Valéry Giscard d’Estaing et Albert Lebrun ! Ce n’est pas une preuve, mais empiriquement, un fort soupçon ! Quant à la famille Poincaré, c’est le cousin Raymond qui l’a été, avec quelques succès et non Henri, qui fit une belle carrière de mathématicien tout à son honneur.
    Donc, chacun chez soi et les vaches seront bien gardées et surtout que chacun ait la modestie de rester dans son domaine de compétence en reconnaissant ses propres limites, ce que je fais bien volontiers. Il n’y a qu’à voir les absurdités sans nom que profèrent certains « scientifiques » sur le climat !

  15. C’est aussi à la « fondation Terra Nova » que l’on doit la proposition de « citoyenneté musulmane » il y a quelques semaines.
    En voyant leurs propositions et aprés avoir vu quelques interventions de son leader ,olivier ferrand, lors de débats divers on peut se demander si on est vraiment en face d’une « think-thank » politique où plutôt d’une espce de mouvement genre « renouveau raeliens ».
    Parce qu’il faut bien dire que du point de vue des proposition « Terra Nova » semble être un véritable asile d’aliéné.

  16. Terra Nova : le coeur du rien. C’est ainsi que l’on constate l’état de décomposition avancée des « têtes pensantes » du PS – affiliés. Ils sont consternants, moi je n’arrive pas même à en rire.

  17. En 2002, c’est le PS lui-même qui a organisé le « pluralisme ».

    Son orientation ?
    Pour lui, c’était évident, le 2e tour se déroulerait entre Jospin et Chirac (1).
    On pouvait donc « zapper » le 1er tour.
    Il fallait donc que les autres candidats de gauche ne soient pas trop critiques envers le PS afin que leurs voix se reportent plus facilement au 2e tour.

    – Candidature Taubira : elle leur semblait utile pour entrainer des électeurs dans les DOM et dans certaines banlieues de Paris. Résultat : sur ses 2%, 1% à 1,5% auraient voté Jospin au 1er tour, ça lui a manqué.

    – Les Verts. Le candidat désigné était Alain Lipietz. Trop critique envers le PS. Ce parti a donc intrigué avec le soutien de Voynet et de Cochet pour « couler » cette candidature. Et on a eu Mamère, plus proche du PS. Résultat : Lipietz aurait fait 3% alors que Mamère a fait 5%, les 2% de différence ayant manqué à … Jospin !

    – PCF : Robert Hue n’inquiétait pas le PS. Il n’avait fait que se « coucher » pendant les 5 ans du gouvernement de la gauche plurielle. Lui, avec ses 3% (au lieu de 8,5% en 1995), il n’a rien enlevé au PS, bien au contraire.

    – Extrême-gauche : les sondages étaient bons pour Arlette Laguiller. Trop critique envers le PS, il fallait lui « coller dans les pattes » un trotskiste « plus souple ». Donc, de nombreux élus apparentés socialistes ont parrainé Besancenot (un conseiller général et plusieurs maires dans mon département), alors que la LCR n’avait pas assez de parrainages depuis 1981.
    Résultat : Laguiller a pris des voix au PCF, mais Besancenot les a surtout prises à … Jospin ! (L’analyse par villes et départements le démontre).

    Mais, après avoir mené cette politique de « gribouille », le PS avait besoin d’un bouc-émissaire. Il s’attaquait donc à Chevènement qui, lui au moins, présentait une autre politique.
    Chevènement avait certes pris des voix à Jospin, mais aussi à Chirac.
    Et il en aurait aussi pris à Le Pen s’il avait été moins timoré vers la fin de sa campagne.

    (1) Pendant l’été 2001, sur Europe 1, l’inévitable Serge July avait claironné : « cette fois-ci, une chose est sûre : on connait à l’avance le nom des deux candidats du 2e tour en 2002 » (explicitement Chirac et Jospin).
    Allez, il est probable que les très « byzantins » fabriquants « d’usines à gaz » de « Terra Nova » sont autant « Nostradamus » que Serge July.
    Mais, leur état d’esprit ressemble à ce que disait Brecht à propos des dirigeants de la RDA : « Si le peuple ne plait pas au gouvernement (ici à Terra Nova), il faut dissoudre le peuple ».

  18. @ Gwendan et Aventin.

    Allez, je serai plus sympa.
    Les gens de « Terra Nova » ne sont pas des aliénés.
    Ce sont des comiques.

    Mais ils ont deux inconvénients :
    – Ils ignorent eux-mêmes qu’ils sont comiques.
    – Leur comique est trop compliqué. Si Raymond Devos les avait fait passer avant lui, il aurait perdu tout son public.

  19. Ça évoque tout à fait le paradoxe du prisonnier avec le juge qui se demanderait pourquoi les malfaiteurs n’agiraient pas « en vrai » comme prévu mathématiquement: tout simplement parce qu’à la sortie, celui qui aurait été dénoncé se retournerait contre son délateur.
    Bref, forcer ses adversaires au silence et se déclarer démocratiquement élu, changer le système quand il n’est plus favorable: on aura compris l’intérêt. Pour fonctionner, il faut manipuler les foules pour qu’elles acceptent de se faire spolier elles-mêmes, et c’est plus facile quand on maîtrise les mass médias on que l’on jouit d’un argument d’autorité. Il n’en reste pas moins que c’est une escroquerie,

  20. 1°- Je précise moi aussi que j’ai voté Chevènement en 2002, mais qu’en son absence, je n’aurais pas voté Jospin.

    2°- Je me demande si ça vaut la peine de contester la démonstration des gugusses de « Terra Nova ». Comme je l’ai écrit plus haut, on est ici dans « les comiques qui s’ignorent ».
    Allez, je vais tout de même m’y lancer.

    Leur raisonnement part des postulats suivants :
    – On vote toujours pour quelqu’un qui nous est sympathique.
    – Les sondages sur la popularité des personnalités sont d’une justesse scientifique absolue.

    3°- Vote-t-on toujours pour quelqu’un qui nous est sympathique ?
    Je ne crois pas. La politique, ce n’est pas le monde des « bisounours », des « copains ».
    On vote pour quelqu’un soit :
    – Parce qu’on partage ses idées sur de nombreux points (rarement à 100%).
    – Parce qu’il semble être le plus compétent.
    – Mais aussi pour des raisons tactiques (vote « utile », vote de protestation, …).
    – Pour de multiples autres raisons parmi lesquelles la sympathie tient certes une place, mais pas nécessairement la plus importante.

    4°- Que dire des sondages ?
    La méthode est scientifique. On le sait depuis plus de 70 ans, depuis que Gallup réussit à donner le pourcentage de Roosevelt contre Landon en 1936.
    On l’avait aussi constaté lors du 2e tour de la présidentielle de 1965 où l’IFOP prévoyait 45% pour Mitterrand et 55% pour De Gaulle. Ce fut juste.
    Ce n’est donc pas le principe (avec les échantillons) qui est critiquable.

    En revanche, la méthode du sondage par téléphone est plus que contestable. Pourquoi ?
    Parce que la personne interrogée n’est pas du tout dans les mêmes conditions qu’au moment du vote. Rappelons que ce jour-là, elle passe dans l’isoloir et ça change beaucoup de choses.

    Pendant l’été 2010, on a glosé sur des sondages concernant l’insécurité et l’immigration qui semblaient donner des résultats contradictoires (« Figaro » et « Marianne »).
    Sauf que les questions n’étaient pas les mêmes et la façon de procéder non plus.

    Franchement, quand un quidam entend au téléphone un gugusse lui demander « y a-t-il un rapport entre l’immigration et l’insécurité ? », que va-t-il faire s’il pense que « oui » ?
    Il se dira : « qui me garantit que c’est un sondeur au bout du fil ? »
    Et aussi : « méfions-nous, c’est politiquement incorrect », « et si c’est un gus de Sos-Racisme qui fait un testing », « allez, certains se sont retrouvés au tribunal pour moins que ça ».
    Alors, il répond « allez vous faire foutre », donc il n’est pas comptabilisé ou alors comme les médias le serinent, même si ce n’est pas son opinion.

    5°- Quelques pantalonnades sondagières.
    – 1969, élection présidentielle après le départ du général De Gaulle. Le PCF qui avait soutenu Mitterrand en 1965 avait cette fois-ci un candidat, Jacques Duclos. La campagne était courte.
    Les premiers sondages donnaient 10% à Duclos. Il aura 21%.
    Certes, en cours de campagne, il avait bénéficié du fait que la candidature socialiste de Defferre « patinait » (5% à l’arrivée).
    Mais, les derniers sondages (c’était possible à l’époque jusqu’au vendredi avant l’élection) ne donnaient pas plus de 16% à Duclos.

    – 2002 : les derniers sondages avant le 21 avril donnaient 13% à Le Pen, il en aura près de 17%. Mais récemment, dans l’émission « on n’est pas couché », un directeur d’institut a reconnu que le résultat brut était de 8% !!!
    Et qu’il avait été modifié car on sait que les électeurs du FN ne disent pas facilement pour qui ils votent.
    Modification « scientifique » selon ce directeur. « Au pif » disaient Zemmour et Naulleau plus proches de le vérité selon moi.

    – 2010 : 2e tour des cantonales.
    . En cas de 2e tour gauche-FN, une partie non négligable des électeurs UMP n’hésitent pas à répondre aux enquêteurs qu’ils voteront FN. Ce qui est confirmé par les résultats.
    . Mais, en cas de 2e tour UMP-FN, une infime proportion d’électeurs de gauche déclarent qu’ils voteront FN. Or, les résultats montrent qu’une proportion presque aussi forte que dans le cas précédent a choisi ce vote-là.
    Décalage non négligeable entre ce qu’on dit et ce qu’on fait dans l’isoloir.

    6°- Les estimations données à 20 heures par les instituts de sondages sont généralement justes. Pourquoi ?
    Parce qu’elles s’appuient non sur des intentions déclarées, mais sur des votes RÉELS (avec un échantillon de bureaux dont les résultats sont connus à cette heure-là).

    Mais, pour les instituts et les médias, c’était trop beau.
    Ainsi, pour le 1er tour des législatives, ces estimations ne peuvent donner que les pourcentages des partis et non le nombre d’élus puisque la plupart des sièges ne sont pas pourvus. Cela, ils ne peuvent le donner qu’au soir du 2e tour.

    Il faut croire qu’en 2007, les instituts et les médias ont pensé que les pourcentages des partis, ce n’était pas assez « sexy » et ils nous ont donné le soir du 1er tour la composition de l’Assemblée Nationale.
    Pure escroquerie intellectuelle puisque ce n’était possible que la semaine suivante.

    On peut constater que les faits ont démenti ce qu’avaient annoncé ces charlatans : le soir du 2e tour, l’UMP avait 100 sièges de moins que ce qui était annoncé par les soi-disant « estimations » de la semaine précédente.

    Voilà à quelles inepties aboutit la « société du spectacle ».

  21. « Errare humanum est » comme ne disait pas Poincaré (1).
    Dans mon commentaire précédent, j’ai parlé des cantonales « de 2010 ». Ce sont bien, sûr, celles de 2011.

    (1) Mais plutôt Cicéron.

  22. Je viens de lire l’article original de Michel Balinski et Rida Laraki sur le site de Terra Nova, ainsi que votre analyse –et quelques autres– sur ledit article. Cela fait quelques temps déjà qu’en tant qu’électeur aux élections présidentielles française je me sens spolié par le scrutin majoritaire à deux tours, et dans ce sens je suis tout à fait d’accord avec l’analyse de cet article, qui est de plus extrêmement sérieux, documenté et cohérent.

    Je comprend tout à fait votre désaccord avec leur proposition de méthode électorale, car leur approche est effectivement un peu complexe. Mais dans votre analyse, et je suis désolé de devoir vous le dire, vous faites beaucoup d’erreurs, notamment sur les possibilités de contourner le système. Le principe du décompte « majoritaire » (comme le nom de la méthode) est justement conçu pour éviter ceci — relisez bien. Quand à vos doutes par rapport aux résultats de calcul de report de voix, ils sont complètement injustifiés, leur résultats sont cohérents, et se base sur des données référencées et sérieuses.

    La méthode est certes complexe, mais l’enjeu de cette élection est tel que la société peut se permettre (et à les moyens, les français ne sont pas tous des abrutis fini comme beaucoups de gens le croient) de prendre le temps d’y réfléchir. La société, et la politique en général, sont des domaines complexes; demander aux gens de donner quelques minutes de leur temps tous les 5 ans à noter une dizaine de candidats ne me parait pas insurmontable, ni si « risible » que ça. Douter des capacités et des motivations du « français moyen », est lui faire une insulte injustifiée.

    « Le prix de la Liberté est la vigilance éternelle » a dit Thomas Jefferson. J’ajouterais simplement à l’addition finale… « un petit effort intellectuel. »

    Cordialement.

  23. @Yann Le Du
    Merci de vos réponses. J’allais prendre le temps de construire un commentaire pour répondre à ce billet, mais vous l’avez fait bien mieux que je n’aurais pu.
    Je trouve le jugement majoritaire très intéressant (de manière totalement non partisane pour un parti ou pour un autre). Je pense que son fonctionnement permet une représentation beaucoup plus proche du jugement des français.

  24. @Laurent Grégoire : on écrit « quant à » et non « quand à ». Thomas Jefferson prônait également une petite révolution tous les vingt ans pour rafraîchir les « élites ».

  25. Je suis assez surpris qu’un point n’est pas été soulevé dans les critiques – fort justes- apportées aux carabistouilles des chercheurs en perte de temps de Terra Nova.

    J’ai toujours vu dans le vote un principe simple, plein de bon sens et plus profond qu’il en a l’air (ce qui est toujours mieux que l’inverse) :
    Dans l’isoloir, ton choix ne concerne que toi, se fait en ton âme et conscience : c’est donc un acte moral, unique et irréversible.
    Réfléchis bien, et tranche. Prends une décision. C’est aussi un acte adulte (car il est difficile de prendre une décision), de citoyen libre et responsable.
    Rien à voir avec une enquête de consommateurs pour savoir si les français préfèrent un emballage rose ou bleu, à moins que le vert soit plus passe-partout, ou s’ils trouvent Machin plus sympa que Truc.

    Je trouve assez effrayant que certains se réfugient derrière des modèles mathématiques, certes justes, sans voir la dimension de tyrannie douce qu’ils contiennent, puisqu’ils annihilent complètement la responsabilité inhérente à un choix tranché.
    Ils ne saisissent pas que cette proposition retire toute valeur introspective et morale à l’acte de vote, puisqu’au lieu de devoir choisir, nous n’aurions plus qu’à préférer.

    Ce sont certainement les mêmes qui s’étonnent du succès de Philippe Murray.

  26. @®om : Je vous en prie, merci à vous de donner votre avis.

    @Laurent GRÉGOIRE : Entièrement d’accord. On peut éventuellement reprocher à ce système d’être trop complexe pour l’électeur, mais cela ne remet pas en cause le sérieux de la démarche. Et comme vous le dites (et comme semble le montrer l’expérimentation), les gens peuvent parfaitement assimiler un nouveau système pour peu qu’ils y trouvent un intérêt. Et au pire, il existe des alternatives éventuellement plus simples (à voir !) : vote par note, vote par approbation, qui permettent aussi de noter les candidats de manière indépendante, et constitueraient déjà une avancée. Encore faut-il vouloir « think out of the box ».

    @Le Rouméliote : Quand on en est à chercher les fautes dans un texte bien écrit par ailleurs, ça sent la fin des arguments… Sinon, votre commentaire précédent me déprime : chacun chez soi, dites-vous ? Que les matheux ne touchent pas à la politique, et que les politiques ne touchent pas aux maths (ce que vous ne mettez d’ailleurs pas en pratique) ? Un peu triste et étriqué comme vision du monde, non ? Heureusement que beaucoup de gens ne suivent pas vos conseils. Figurez-vous que le monde n’est pas si hermétiquement cloisonné que vous le pensez, et qu’on peut sortir de son « domaine de compétence » sans pour autant se prétendre expert. Et il me semble que deux mathématiciens sont parfaitement dans leur rôle quand ils essaient de mettre au point une théorie pour définir un scrutin juste. Après, la récupération politique qui en est faite, c’est une autre histoire…

  27. @Yan Le Du
    Je ne comprends pas en quoi la méthode proposée diffère de la méthode de Borda qui ne respecte pas le prinipe d’indépendance.
    Ceci étant ce serait un mode de scrution de toute façon plus juste.

  28. QUE LES POLITIQUES ne touches pas au maths
    on en voit le résultat
    pourtant ;entourer de grands cerveaux;des experts;des conseillers;des hauts fonctionnaires;de professeurs en économies;
    la France est RUINER
    ces gens aurait couler ma boite en six mois;
    de la théorie a la pratique;un monde nous sépare
    sur le papier et en parole;leurs cerveaux est formidable si si
    sur le terrain;des nuls
    les conseilleurs;ne sont jamais les payeurs et jamais responsables de leurs conneries
    le con-tribuable est la pour régler la facture
    la théorie la plus simple est toujours la meilleure
    mais eux monte des usines a gaz;faut bien que leurs cerveaux travaille pour justifier leurs salaires

  29. @skardanelli : la méthode Borda s’appuie (comme le scrutin uninominal majoritaire, le vote alternatif et même la méthode Condorcet) sur le modèle de classement : vous classez les candidats par ordre de préférence stricte, sans pouvoir exprimer des choix comme « n°1 et n°2 ex-æquo » ou « n°1 est un peu mieux que n°2, mais n°2 est beaucoup mieux que n°3 ».

    À la différence, le jugement majoritaire s’appuie (comme le vote par note et le vote par approbation) sur le modèle de note : vous notez les candidats indépendamment les uns des autres. Ce modèle permet de respecter le critère d’indépendance, comme cela est expliqué ici : http://www.pnas.org/content/104/21/8720.full#sec-3

    Ce modèle de note n’a rien de mystérieux ni de vicieux : c’est celui qui est utilisé en gymnastique, patinage artistique….

  30. @Yann Le Du : le problème est que les scientifiques, comme disent les médias, se drapent dans leur compétence technique pour faire croire à leur universalité. Au prétexte qu’ils ont trouvé un mode de calcul, certes juste et astucieux, ils veulent l’imposer au nom de leur scientificité, sans se rendre compte que c’est une énormité du point de vue de l’expression de la démocratie représentative. Cela fait partie de la domination de la technique sur toutes les autres approches et en particulier, de sa détestation du politique : voir à titre d’exemples, la logique de la construction européenne supranationale et les délires sur un changement climatique d’origine humaine. Les aberrations logiques ne viennent pas des modes de calcul, ni des statistiques, ni des modèles mathématiques, mais du fait que leurs réalisateurs – les techniciens – croient (on est bien dans le domaine de la foi et non plus de la science) qu’une méthode remplace et une finalité et une hypothèse purement intellectuelle que la simple observation méthodique des réalités infirme.
    Bref, nos contemporains se laissent griser par le « comment » au détriment du « pourquoi ».
    Quant à mes remarques sur l’orthographe, il ne faut pas y voir malice, mais simplement la rectification d’une erreur fréquente et qui m’irrite.
    Revenez sur mon précédent message et dites-moi ce que vous pensez de l’action du polytechnicien Albert Lebrun en tant que Président de la République ? La capacité à résoudre des équations n’induit pas automatiquement le sens politique ! Il s’agit bien de champs différents, à traiter selon leurs logiques internes et surtout à ne pas mélanger. ceci dit, les mathématiciens sont des citoyens comme les autres et rien ne leur interdit de faire de politique, à condition qu’ils n’énoncent pas de stupidités dans ce domaine !

  31. @Le Rouméliote : Je crois qu’on ne parle pas exactement de la même chose. Balinski et Laraki ne veulent pas être présidents de la République. Ils proposent un mode de scrutin qu’ils démontrent être le plus satisfaisant selon un certain nombre de critères. Ensuite, aux politiques (ex. Terra Nova) de consulter les travaux disponibles et de choisir…

    Il me semble que c’est ce qui a été fait ici, mais que la présentation est mal faite. On croit que Balinski et Laraki s’improvisent politiciens chez Terra Nova, alors que c’est Terra Nova qui est allé consulter leurs travaux.

  32. 1°- Dans cette histoire, on cherche à nous enfumer avec des analyses auto-proclamées « scientifiques ».
    Ici, ce terme me rappelle le « socialisme scientifique », système censé être celui qui fonctionnait en URSS ou « l’église de scientologie », nom d’une secte utilisant un dérivé de « science ».
    Plaquer la « science » là où elle n’a que faire, c’est « pratique » : puisque c’est « scientifique » (puisqu’on vous le dit), c’est indiscutable. Et ceux qui contestent sont catalogués : affreux « populistes » (terme devenu stupidement synonyme de « fasciste ») voire « ploucs ignares ».

    2°- On peut contester l’élection du président de la république au suffrage universel. La plupart des pays européens n’y ont pas recours.
    De Gaulle n’y était pas favorable en 1958 et ce sont des circonstances particulières (attentat du Petit-Clamart) qui l’ont amené à proposer cette réforme en 1962.
    Elle contenait d’ailleurs une part d’improvisation puisqu’il a fallu attendre 1976 pour dire ce qui se passerait en cas de décès d’un candidat entre la clôture des candidatures et l’élection.

    En 2011, on peut s’interroger sur un tel système qui phagocyte toute la vie politique. Et même des gens qui se réclament du gaullisme y sont peu favorables (ex : Anne-Marie Le Pourhiet).

    Mais, si on conserve un tel système, le président ne peut être élu qu’au scrutin majoritaire puisqu’on élit UNE SEULE personne.
    En effet, le scrutin proportionnel ne peut concerner que l’élection de PLUSIEURS personnes. (Je passe sur cette histoire de « jugement majoritaire » produit par les cerveaux embrumés de « professeurs Tournesol » enfermés dans leur surdité ou leur tour d’ivoire).

    3°- Ce qui semble provoquer cette excitation, c’est la peur du FN.
    Franchement, si Marine Le Pen est élue, c’est qu’elle aura bénéficié à la fois d’un vote majoritaire, d’un « jugement majoritaire » et de tout ce qui est majoritaire.
    Car, jusqu’ici, le FN n’a jamais profité du scrutin majoritaire, bien au contraire.

    « Creusons » un peu.
    Depuis 1986, le FN a eu entre 9% et 15% aux législatives (à l’exception de ses 4,5% de 2007).
    En 1986, avec des élections à la proportionnelle (départementale), il obtient 35 élus.
    Mais, en 1988, le scrutin majoritaire est rétabli.
    De 1988 à 2007, il y a eu 5 législatures (1988, 1993, 1997, 2002, 2007) soit 577 x 5 = 2885 députés élus. Le FN en a eu en tout et pour tout TROIS.
    Citons-les :
    – Yann Piat : seule élue FN en 1988 (Var, Hyères). En conflit avec ce parti, elle rejoint ensuite l’UDF et est réélue avec cette étiquette en 1993.
    – Marie-France Stirbois : élue dans une partielle en 1989 (Eure-et-Loir, Dreux). Elle n’est pas réélue (de justesse) en 1993.
    – Jean-Marie Le Chevallier : élu en 1997 (Var, Toulon). Invalidé en 1998 et non éligible pendant un an. Dans la partielle qui suit, son épouse est battue de peu.

    Même chose pour les cantonales.
    En 2011, 2 conseillers généraux FN ont été élus. Il n’y en avait pas avant.
    Sur les 4000 cantons environ, le nombre de conseillers généraux FN élus depuis 1985 peut se compter sur les doigts des 2 mains (Roussel à Marseille, Bompard dans le Vaucluse, un à Mulhouse, etc …).

    En revanche, il y a un nombre non négligeable de conseillers régionaux FN car ils sont élus (partiellement depuis 2004) à la proportionnelle.

    4°- Donc, inventer une « usine à gaz » contre le scrutin majoritaire sous le prétexte fallacieux qu’il avantagerait le FN, c’est manifestement un gag.
    « Des comiques qui s’ignorent » ai-je écrit plus haut.

  33. De plus, je comprends mal cette volonté de modifier le mode de désignation (1) (et plus d’élection) du président.

    De toute manière, nos élus n’ont quasiment plus de pouvoirs. Et les « grands esprits » dont se réclame « Terra Nova » ont fait ce qu’il faut pour cela.

    – La mondialisation : elle empêche l’État d’avoir le moindre levier sur l’économie du pays. Certes, le rôle de l’État ne devrait pas être de se mêler de tout comme autrefois en URSS. Mais, au moins de contrôler, d’impulser, d’avoir une politique économique, industrielle.

    – L’Europe : avec tous les traités européens signés depuis 1985 (dont Schengen, l’Acte Unique, Maastricht, Amsterdam, Lisbonne), avec un arrêt du Conseil Constitutionnel, les directives européennes l’emportent sur les lois votées par nos élus.
    Notre parlement est de plus en plus constitué de deux chambres d’enregistrement de ce qui se décide à Bruxelles.

    – Le « gouvernement des juges » : on a renforcé les pouvoirs du Conseil d’État (2), du Conseil Constitutionnel (3), des cours européennes.
    Ainsi, la réforme de la garde à vue a été imposée de A à Z à notre gouvernement et à nos élus (par l’Europe, le Conseil Constitutionnel, la Cour de Cassation). Nos autorités n’ont eu qu’à s’incliner, ou plutôt à « se coucher ».

    (1) Quoique. À titre personnel, je me verrais bien mettre des appréciations du style « très bien », « assez bien », « médiocre », …. Étant instituteur retraité, j’ai 3 décennies et demi d’expérience dans ce domaine.

    (2) Déjà en 1980, le Conseil d’État avait imposé de donner des titres de séjour à des familles polygames (arrêt Montcho) alors que la polygamie est interdite en France depuis des siècles.

    (3) Citons récemment la calamiteuse « question prioritaire de constitutionnalité » voulue par Sarkozy et soutenue par la gauche (réforme constitutionnelle de 2008).

  34. Ajoutons pour réduire encore le choix des électeurs les manipulations de ces dernières années. Quelques exemples.

    – Législatives.
    Avec le quinquennat, accepté en 2000 (1) par 17% des électeurs inscrits (il y avait 70% d’abstentions et 6% de bulletins nuls), la durée du mandat du président est la même que celle de l’Assemblée Nationale.
    Le gouvernement Jospin en a rajouté « une couche » en inversant le calendrier : législatives après présidentielle (décision jamais remise en question par l’UMP depuis 2002).
    Résultat : législatives systématiquement « à l’ombre » de la présidentielle. D’où 40% d’abstentions = record (scandaleux record par la faute des partis dominants) européen.

    – Européennes.
    Jusqu’à 1999, la circonscription était le pays entier. Mais, Jospin a proposé et Raffarin a organisé une modification : création de « grandes régions ».
    Il parait que ça rapproche les élus des électeurs !!!
    Fumisterie : ces régions ne correspondent à rien sur un plan géographique, historique, économique, …. On ne connait pas plus le nom des élus (autrefois, au moins, on connaissait les têtes de listes : Hollande, Sarkozy, Pasqua, Hue, Bayrou, …). Mais, ça arrange le PS et l’UMP.

    – Municipales.
    Parité obligatoire dans les communes de plus de 3500 habitants.
    Formidable la parité ! Moderne la parité ! Quel « réac » celui qui est contre la parité !
    Résultat dans les départements ruraux comme le mien : en 2008, entre 1/5 et 1/3 des villes concernées n’avaient QU’UNE SEULE LISTE.
    Comme en URSS !!!
    Et oui : quand il y a 4000 ou 5000 habitants, les opposants ont de la peine à monter une liste strictement paritaire.

    (1) Étaient pour le « oui » : l’UDF, DL (Madelin), le RPR, le PS, les radicaux de gauche, Chevènement (hélas : cette fois-là, il fit le mauvais choix).
    Pour le « non » : le FN, les souverainistes (Pasqua, Villiers, sauf erreur de ma part NDA), une minorité de communistes (André Gerin).
    Pour le vote blanc ou nul : CPNT (chasseurs : St Josse, Nihous).
    Pour l’abstention : LO, LCR, PCF. Notons que cette position « courageuse » de ce dernier parti était dûe au fait qu’il était au gouvernement. Car, depuis les années 70, le PCF était hostile à cette réforme. Mais, en 2000, pour conserver ses ministres, Robert Hue ne faisait que « se coucher ».

  35. Certe les exemples proposés par le site terra nova sont pro-PS et anti-FN… Cela dit, il ne s’agit que d’illustrations : des résultats d’élections et des sondages….

    Si on passe outre, on peut assez vite mesurer les avancées démocratiques réalisées par rapport au mode de scrutin actuel. Il s’agit là de trouver un meilleur scrutin que le scrutin existant pour désigner UNE seule personne, les français souhaitant désigner leur chef.
    Le scrutin présidentiel actuel ne permet pas de voter pour un candidat qui a notre préférence, il impose de désigner un candidat pour le 2nd tour. Il n’y a que 2 places.

    Le PS et l’UMP perdront leur privilège de crédibilité (c’est peut être ce qui vous fait peur) et le FN, s’il séduit les français, aura tout autant sa place dans l’arène politique (son problème n’est pas le mode de scrutin c’est qu’il est rejetté par une large majorité des français). Le centre, les démocrates, les écolos, les catholiques ou chrétiens, les libéraux, les communistes..; Tout ces partis de gouvernement vont forcément voir leur audience augmenté et gagner en crédibilité.
    Les campagnes électorales ne seront pas basées sur un rejet des autres candidats mais sur une fédération des électeurs !

    Avec des systèmes à base de listes (comme le scrutin des régionales), la question ne se poserait même pas…

  36. @skardanelli : Pas de souci, il n’y a rien d’idiot à cela. Personnellement, j’ai mis quatre ans à me motiver pour creuser sérieusement la question…

  37. @Yann Le Du :
    Je comprends que vous vous laissiez séduire par une méthode de calcul intellectuellement stmulante, même si elle présente des travers (paradoxes, stratégies de contournement, difficulté de l’agrégation des préférences).

    Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi vous ne voyez pas en quoi une méthode de vote de ce type, si elle répond bien à des problématiques de notation de performances subjectives (avec des exceptions cf les JO de 94 en patinage), pose un problème de morale démocratique vis-à-vis de chaque citoyen. Le fait de retirer la possibilité de faire un choix déterminé est une privation de liberté.
    Il faut vraiment être enfermé dans une conception holiste pour ne pas voir ces problèmes éthiques. On est purement dans un dilemme tocquevillien de dictature de la majorité, qui érode la liberté de chacun à choisir pour lui imposer une ‘préférence’ majoritaire, qui n’est même plus le fruit de choix individuels. C’est une négation du libre arbitre de chacun.
    En clair, c’est prendre ses concitoyens pour de dangereux imbéciles qu’il faudrait protéger contre eux-mêmes. Et ça, c’est le début de la tyrannie.

  38. @Pythéas : Pouvez-vous me détailler les paradoxes auxquels est soumis le jugement majoritaire ?

    Concernant les JO de patinage, je parle du système actuel, qui a été mis au point après le scandale de 2002.

    Sinon, je n’arrive pas à comprendre pourquoi vous parlez de privation de liberté. Comme l’a montré David Desgouilles, les électeurs qui le voudraient ont toujours la possibilité de voter « à l’ancienne », en accordant la note maximale à un seul candidat et la note minimale à tous les autres. Bien entendu, l’agrégation par médiane réduit l’effet stratégique de ce vote « à l’ancienne ». Dans ce cas, que pensez-vous du vote par note, où l’agrégation se fait par somme ?

    Vous avez parfaitement le droit de penser qu’il vaut mieux trancher que pondérer. Mais dès lors que le système permet de faire les deux, où est le problème ?

    Je ne sais pas si je suis « enfermé dans une conception holiste »… Mais j’ai la naïveté de penser que, lorsqu’on me présente 12 candidats, j’ai le droit d’estimer la valeur de chacun. Vous craignez la dictature de la majorité ? Estimez-vous que nous soyons bien gouvernés par une minorité de 30 % ?

  39. Je ne partage pas les suppositions de 1995 concernant le supposé report de voix de de Villiers, mais je pense qu’en effet, si Barre avait été au 2ème tour de la présidentielle de 1988, il aurait été posible qu’il soit élu. Les sondages l’indiquaient me semble–t-il.

  40. Sur les sujets évoqués ici, il y a un article analysant de façon plus sérieuse, beaucoup plus sérieuse que les gugusses de « Terra Nova », les dérives du système actuel.

    Deux réserves :
    – Le titre de cet article donné par la rédaction de « Marianne 2 » est racoleur et inepte. Comme souvent, il ne correspond pas au contenu de l’article.
    – La solution de l’auteur de l’article est contestable. N’a-t-on rien d’autre à faire que de réunir une assemblée constituante et mobiliser toutes les énergies pour faire une constitution ?

    Mais, les constats sont très justes.
    http://www.marianne2.fr/Constitution-et-si-on-supprimait-le-second-tour_a205544.html

  41. @Yann:
    je n’ai pas parlé de privation de liberté, mais d’érrosion.

    Les paradoxes sont ceux relevés par Condorcet dans sa méthode. Chacune des méthodes offre des avantages et des inconvénients, comme vous le décrivez vous-même en m’en proposant plusieurs.
    Toutes ont pour moi les mêmes travers, que vous ne semblez pas appréhender :
    d’une part, aucune ne force à trancher. Or c’est à mon sens une obligation inhérente à la notion de choix, acte difficile nécessitant liberté et responsabilité, deux valeurs à ne pas galvauder en démocratie.
    D’autre part, s’il se trouve que je n’ai aucun avis à donner sur X ou Y, il faudra quand même que je le donne sous peine de voir mon ‘vote’ considérer comme nul.

    J’insiste : ce qui se fait pour déterminer le champion d’un soir ne peut s’appliquer dans certains cas. Avez vous noté les religions suivant la méthode Borda pour déterminer en quoi vous croyez ?

    Enfin, je vous invite à vous pencher 2 secondes de plus sur ce que j’estime être une vision constructiviste, ou holiste, de la démocratie. il me semble que les projections, telles quelles ressortent de bon nombre de commentaires, sont sur des grands ensembles. Or la démocratie, c’est avant tout la capacité de CHAQUE citoyen à appréhender les enjeux et saisir les positions des candidats.
    Il me semble que le FN joue (en partie) sur ce tableau : il parle à chaque électeur. C’est ce qui fait son succès : il ne donne pas l’impression de regarder la société d’en haut.
    Imaginer ce système de vote, comme souvent les productions de Terra Nova, est une vision sortie toute armée de brillants cerveaux, qui on tendance à ne pas prendre leurs concitoyens pour leurs égaux. C’est un grave tort, et l’on imagine aisément où cela peut mener : soit vers Huxley, soit vers Orwell…

  42. @Pythéas : « je n’ai pas parlé de privation de liberté, mais d’érrosion. » Mille excuses, j’ai dû mal lire votre phrase : « Le fait de retirer la possibilité de faire un choix déterminé est une privation de liberté. »

    Pour les paradoxes, vous ne me donnez toujours pas assez d’éléments… Dans l’élaboration de sa méthode, Condorcet ne relève à ma connaissance qu’un seul paradoxe : le « paradoxe de Condorcet »… auquel n’est justement pas soumis le jugement majoritaire. Mais je veux bien votre éclairage si j’en ai manqué d’autres.

    Après, si vous me parlez « des avantages et des inconvénients »… oui ! Il existe de nombreux critères pour évaluer les systèmes de vote et le jugement majoritaire en satisfait certains, mais pas tous. Comme je le disais plus haut, on peut très bien discuter de la pertinence des critères, à condition de les nommer.

    Je suis d’accord avec vous lorsque vous dites que ce modèle ne *force* pas à trancher. En revanche, rien ne vous oblige à exprimer un choix si vous n’avez pas d’avis : votre vote sera considéré comme « A rejeter » (jugement majoritaire) ou « 0 » (vote par note)… encore que cette note « par défaut » puisse faire l’objet d’une discussion.

    Je ne suis pas d’accord avec votre analogie sur les religions. L’adhésion à une religion est un choix individuel qui n’a pas besoin d’être matérialisé. En revanche, lorsqu’il s’agit de se choisir un représentant commun, il est nécessaire de matérialiser l’adhésion de chacun au moyen d’un modèle, certes toujours imparfait, mais que l’on s’efforce de choisir le plus juste possible.

    Mais nous ne sommes pas d’accord sur ce « plus juste possible ». Appelez ça comme vous voudrez : vision « constructiviste », « holiste », mais je pense effectivement qu’il existe une conscience des Français en tant que nation, qui ne se résume pas à l’addition de toutes les consciences individuelles. D’ailleurs, au pragmatisme du FN, je vous oppose le pragmatisme gaullien qui a mis en place le scrutin uninominal majoritaire en sachant bien qu’il existe une dynamique nationale lors des législatives, et pas 577 élections indépendantes qui n’ont aucune raison mathématique de dessiner une majorité.

    En pensant qu’il existe une « conscience nationale », je n’estime pas regarder les Français de haut. Je suis l’égal de n’importe quel autre citoyen, et son vote a autant de valeur que le mien.

  43. Ce qui m’emm. au plus haut point dans ce genre de discussions, ce sont ces calculs politiques qui annihile toute forme de pensée sur le fonds politique.

    ajouter des + et des – n’aidera pas à accéder à l’intelligence politiques des masses qui vous lisent…

    il est vrai que je ne suis pas obligé de lire ce genre d’article, mais j’ai le droit (le devoir?) de l’exprimer afin d’aider les « crétins » qui veulent encore voter…

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