Ce matin, je me suis rendu dans l’un des bureaux de vote improvisés que les salariés de La Poste avaient mis en place afin de recueillir les votes de leurs concitoyens pour protester contre le changement de statut de leur entreprise, publique.

Pour un gaulliste, il n’est pas étonnant de participer à cette consultation populaire. La démocratie directe me manque et, de ce fait, il m’est agréable de participer à un référendum, même pirate. De plus, la cause me plaît. Parce que, quand j’entends Christian Estrosi et consorts affirmer sans fard que le changement de statut ne constitue nullement un pas vers la privatisation et qu’il ne change rien, j’ai la certitude qu’ils nous prennent pour des imbéciles.

Evacuons rapidement l’argument sempiternel des concepteurs de réformes qui ne changent rien, donc qui ne servent à rien. Quand on nous sert une telle soupe, il n’est nul besoin d’avoir dépassé le seuil de l’école maternelle pour se poser la question suivante :« Si cela ne change rien, pourquoi le fait-on ? »

Quant au fait que ce changement de statut ne constitue pas l’entrée sur l’autoroute qui mène à la privatisation[1. Une autoroute, rappelons le aux plus distraits, ne peut se prendre que dans un sens unique sitôt qu’on a pris son ticket d’entrée], il fait peu de cas de la mémoire du plus grand nombre des Français en général et des salariés des entreprises publiques en particulier. Est-il besoin de rappeler qu’on a procédé exactement de la même manière avec France Télécom puis avec GDF ? A chaque fois, les décideurs servirent les mêmes arguments que Christian Estrosi aujourd’hui. Même pour les plus étourdis, oserais-je écrire que tout cela commence à se voir un petit peu ?

La Poste ne doit évidemment pas suivre l’exemple de sa petite sœur Télécom. Cette dernière a tellement mal tourné. Nous avons besoin de La Poste dans le Service Public, dans un souci d’aménagement du territoire et de proximité. Nous ne souhaitons pas que la Poste devienne une société où le client aura remplacé l’usager. A France Télécom, les clients sont souvent mécontents[2. Qui n’a pas été baladé par les serveurs téléphoniques d’Orange ? Et que je dois appuyer sur la touche 2. Et que je dois poireauter en écoutant du Clayderman pendant que je douille à un euro et des poussières à chaque minute…] et les salariés semblent assez malheureux, aux dernières nouvelles. C’est pourquoi, je suis aussi très heureux que le mouvement politique auquel j’ai l’honneur d’adhérer ait appelé à participer à cette votation citoyenne. J’ajoute que ce dernier montre toute sa cohérence en protestant ainsi contre les conséquences désastreuses de l’application des traités européens successifs[3. A l’heure où j’écris ces lignes, il semble bien que le Peuple irlandais ait fini par céder et ait renoncé à confirmer son vote du printemps 2008. Malheureusement, si un vote NON est toujours provisoire, un vote OUI est définitif. Cela se passe comme ça dans la grande démocratie européenne], lesquelles promeuvent la concurrence, jamais libre et toujours faussée, dans tous les domaines possibles et imaginables. A quand la Sécu ? Les compagnies d’assurance piaffent d’impatience !

Un seul bémol, je dois l’avouer, dans cette votation. J’ai voté à Besançon. Le matériel de vote -l’urne en particulier- avait été gracieusement prêté par Monsieur le Maire, lequel encourage avec son Parti cette louable initiative. Mais il se trouve  que Monsieur Fousseret fut aussi député socialiste entre 1997 et 2002, lorsque France Télécom fut privatisée. C’est François Fillon, ministre des Postes et Télécommunications, qui avait procédé au changement de statut en 1996. En gros, il s’agit d’un but marqué par Lionel Jospin sur un joli centre adressé par l’actuel premier ministre. Il s’agissait là d’une superbe réalisation de l’équipe libérale-européenne. Comme je suis un peu mécréant, j’ai un peu de mal à croire en la rédemption, surtout en politique, et surtout lorsqu’il s’agit d’un membre du courant DSK-Delanoë. Je suis donc davantage enclin à miser sur la tartufferie.

Finalement, il n’y a pas que Monsieur Estrosi pour nous prendre pour des imbéciles.

6 commentaires

  1. Heureux de voir DLR appeler à participer à cette votation citoyenne.

    Lundi dernier, dans le cadre de le conférence de presse, j’avais évoqué le Général De Gaulle pour dire que cette votation allait au delà des partis de gauche et des syndicats et que les gens, par ce vote, devaient montrer leur attachement au compromis issu de la Résistance.

  2. comment les gens peuvent t »il avoir avoir confiance dans la parole des politiciens,
    voila le vrais problème

    pas d »augmentations,d »impots?
    20 taxes,plus impots locaux,plus le droit d »augmenter la TIPP

    la poste a besoin de se restructurer,d »évoluer,d »investire pour l »avenir

    avec toute les promesses financière,l »irlande n »avait pas le choix,
    ruiner,l »aide de bruxelles dans tout les domaines,ben voyobs?
    pour de l »argent,on est prêt a tout voila encore un exemple

  3. On nous explique aujourd’hui que cette « votation » était mal ficelée, et que, n’avant aucune valeur légale, elle compte donc pour du beurre. Tout de même deux millions et quelques participants, même si je veux bien que certains se soient exprimés deux fois, ce n’est pas rien.
    Mais pour en avoir le coeur net, pourquoi pas un vrai référendum? Quoi que si on nous fait revoter jusqu’à ce qu’on donne la « bonne » réponse…

  4. @ dd
    « à quand la sécu ? »
    mais la sécu est DEJA privée !
    depuis le début d’ailleurs
    mais c’est une société privée de droit public
    ce qui l’autorise à se faire renflouer par l’état ( vous ,moi ,le premier crétin qui passe dans la rue )
    ce qui l’autorise à ne pas posséder de garde-fous prudentiels
    ce qui autorise l’état à charger sa barque (cmu , aide médicale d’état , dépistages en tout genre…….)
    ce qui autorise les collectivitées locales à pomper sans vergogne dans le pot commun ( personnels hospitaliers et externalisation de la rétribution des actes……….)
    bref , tout le monde a interêt à ce que le système perdure , à ce qu’aucun respponsable ne se pointe
    ce serait (horreur malheur ) le recours aux assureuers privés !

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