Ceux qui me lisent régulièrement le savent, je suis loin de faire partie des zélateurs de Dominique de Villepin. Au printemps dernier, j’avais d’ailleurs tenté de décrypter sa ligne politique pour la revue mensuelle Causeur[1. Ceux qui ne sont pas encore abonnés peuvent toujours réparer cet oubli ici.] et plus récemment, lorsque j’avais appris que l’ancien premier ministre avait repris sa carte de l’UMP, je m’interrogeais en des termes choisis : Villepin se fout-il de nous ?

Pour autant, j’ai beaucoup de mal à comprendre la polémique autour de ses déclarations d’hier sur Europe 1. Il se trouve que l’émission produisait un bruit de fond assez neutre hier dans ma cuisine alors que j’étais en train de repeindre les murs de cette dernière. Et, pour tout dire, mon rouleau n’a pas été outre mesure troublé lorsque Villepin a prononcé les mots du délit. En fait, j’avais l’impression d’entendre la rediffusion de l’émission de la semaine d’avant. Le discours n’avait pas changé. Seule la voix différait. Et pour cause, le 31 octobre, c’était celle de François Bayrou. Villepin fait du Bayrou, donc, et il ne faut pas être grand clerc pour s’apercevoir qu’il est en train de tenter de lui piquer le marché de l’antisarkozysme centriste.

Revenons donc aux déclarations incriminées :  » Je dis que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui un des problèmes de la France (…) et qu’il est temps que la parenthèse politique que nous vivons depuis 2007 soit refermée ». Bon, c’est vrai, ce n’est pas très charitable. Etre qualifié de « problème de la France », ce n’est pas particulièrement valorisant. D’autant qu’il n’est pas le problème, mais un des problèmes, ce qui ne flatte guère l’ego. Mais, voyez-vous, je ne vois rien ici d’outrageant surtout de la part d’un opposant qui, très normalement, pense de manière légitime que c’est un problème de ne pas être soi-même aux manettes. Quoi ? Villepin n’est pas opposant, puisqu’il appartient à l’UMP ? J’oubliais…

Il faut quand même manquer singulièrement de mémoire politique pour oublier que les pires opposants ont toujours figuré dans la majorité ; oublier que Raymond Barre utilisait l’article 49 alinéa 3 de la constitution parce qu’un parti de sa majorité lui aurait refusé son budget ; oublier « le Parti de l’étranger » pour qualifier le Président de la République Giscard lors de l’Appel de Cochin en 1979 ; oublier le Munich Social fustigé par le Président de l’Assemblée Nationale Séguin en 1993 et dont -on se demande bien pourquoi- le Premier Ministre Balladur  avait pris ombrage ; et –last but not least– oublier un ministre français missionné à New-York à l’automne 2006, et dénonçant « l’arrogance française » trois ans plus tôt dans l’affaire irakienne[2. Nicolas Sarkozy -puisque c’est bien de lui qu’il s’agit- visait bien son propre Président et le ministre des affaires étrangères Dominique de Villepin, devenu entretemps son chef de gouvernement. Occasion unique pour les duettistes de virer enfin le ministre de l’Intérieur sur un dossier où l’opinion était d’accord avec eux. Occasion ratée. Comme une certaine dissolution.].

Il n’y avait donc pas de quoi sauter au plafond en entendant cette envolée villepinesque hier matin. En revanche, cela a été une belle occasion pour Nicolas Sarkozy de mettre Copé, Baroin, Tron et Lemaire au pied du mur et les obliger à choisir leur camp. Ces derniers se sont exécutés et furent les plus sévères à l’endroit de leur « ami ». La petite phrase de Villepin, c’est surtout une belle connerie pour lui-même, preuve de son incapacité à tenir une ligne claire et occuper un espace politique viable.

En revanche, je me permettrai de suggérer au Président de la République une chasse bien plus utile que celle qui consiste à poursuivre de sa vindicte un concurrent qui n’en sera jamais un. Il a invité la semaine dernière quelques députés UMP à taper la causette et avec lui et l’un d’eux[3. Ou même plusieurs d’entre eux.] s’est répandu auprès de journalistes pour lui mettre dans la bouche les mots suivants : «  j’ai un super-job, une superbe femme, alors les Français me le font payer « . S’amuser à répandre de telles informations n’est-il pas plus injurieux à l’endroit du Chef de l’Etat, surtout lorsqu’on émarge au groupe UMP ? Et penser que les Français pourraient croire autant de vilénie de la part du premier d’entre eux n’est-il pas beaucoup plus outrageant qu’une minuscule attaque villepiniste ? Comment dit-on ? Poser la question, c’est y répondre ?

19 commentaires

  1. David vous auriez raison si DDV n’était pas membre de l’UMP… le fond de la question est là: propos banal pour un analyste politique, scandaleux pour quelqu’un qui est membre du parti présidentiel…

  2. @Gil

    C’est pour cela que je me suis permis de citer le fameux épisode du « Munich social ». Philippe Séguin et Edouard Balladur faisaient partie du même RPR. Quant à l’épisode de Sarkozy à New-York, c’est pire encore. Il faisait partie du même parti, du même gouvernement et il s’exprimait en terre étrangère !

  3. Ça j’adore :

    « La petite phrase de Villepin, c’est surtout une belle connerie pour lui-même, preuve de son incapacité à tenir une ligne claire et occuper un espace politique viable.

    En revanche, je me permettrai de suggérer au Président de la République une chasse bien plus utile que celle qui consiste à poursuivre de sa vindicte un concurrent qui n’en sera jamais un.  »

    Le reste aussi, d’ailleurs. Bravo David !

  4. Tout ça, ce n’est qu’une façon de dire « je veux être calife à la place du calife » !

    Même si les rôles sont inversés, on pourrait voir en Villepin le flegme d’un Haroun-el-poussah et en Sarkozy l’agitation d’Iznogoud ! :o)

  5. Bonjour,
    Quand on ne cesse de hurler: « c’est moi l’chef, c’est moi l’chef, c’est moi l’chef!!! »
    N’est-ce pas parce que l’on a un doute?

  6. « La petite phrase de Villepin, c’est surtout une belle connerie pour lui-même, preuve de son incapacité à tenir une ligne claire et occuper un espace politique viable. »

    Sa ligne politique est très claire depuis un moment déjà! Seriez-vous le seul à ne pas vous rendre compte que DGDV s’opposait à la politique menée par Sarkozy ?

    « …Et occuper un espace politique viable. »
    Vous lisez dans le gras de jambon…?! Il me semble qu’il y a un bon paquet de quidams de droite qui sont dans le même ordre de pensées que DGDV …Sans compter ceux qui sont à gauche bien entendu !

    « En revanche, je me permettrai de suggérer au Président de la République une chasse bien plus utile que celle qui consiste à poursuivre de sa vindicte un concurrent qui n’en sera jamais un.  »

    Qu’en savez vous? …C’est dingue ça …La place d’Élizabeth Teissier vous intéresse tant que çà … !

  7. @Myst

    Si vous aviez lu mes autres papiers, vous sauriez que ces assertions se fondent sur une analyse politique claire et ne relèvent de la lecture ni de gras de jambon, ni de boule de cristal.
    Le gaullisme ascendant Plenel, cela n’existe pas.
    La seule chance que Villepin avait, c’était de quitter l’UMP et d’occuper le créneau gaulliste orthodoxe, c’est à dire eurocritique. Au lieu de cela, il va s’embouteiller dans le centre qu’occupent déjà Bayrou, DSK, Valls et j’en oublie. Tout en demeurant à l’UMP ce qui en devient risible.

  8. il dit tout haut,se que pense beaucoup de gens a L »UMP et chez de nombreux électeurs de droite
    entre les deux hommes,c »est la rancoeur,Chrirac-Balladur, qui continue
    oui,le véritable probléme de la France,c »est Sarkozy et les godillots le savent bien
    ,que fait la commissions des conflits? de l »exclusions ? RIEN ,,
    je souris toujours quand on parle du Gaullisme,,,il est mort avec lui,point barre,tout comme ces mots, liberté- égalité -fraternité,,mort au champs des illusions perdu
    le probléme de la France,,se sont ces politiciens de TOUT bords qui nous ont ruiner,
    l »autre probléme,y a t »il un sauveur dans le pays et bien NON
    et c »est la,,,notre drame,
    la droite,la gauche se sont ,bonnet blancs,,blancs bonnet et j »ajoute,bonnet d »âne pour tous

  9. Villepin ne peut pas « occuper le créneau gaulliste », il peut tout juste servir de ramasse-miettes, car il a toujours appelé à l’abandon de la souveraineté. Il ne peut pas faire autrement, sinon il serait voué aux gémonies de nos bons maîtres de Washington, Wall Street, Bruxelles et ailleurs. La place de calife est d’autant meilleure qu’elle ne sert plus à RIEN, sinon à vaguement gérer le pays sous les ordres de la Commission et d’en tirer un max de prébendes. Nous sommes sous tutelle, c’est toujours agréable d’être le représentant du tuteur : la vie est confortable, on a l’illusion du pouvoir et on n’a aucune responsabilité, le tout est que cela ne fasse pas de vagues !
    Cher David, à quand un édito pour renvoyer tous ces braves gens dans les poubelles de l’histoire d’où ils n’auraient jamais dû sortir ?

  10. Certes Sarkozy est un des problèmes de la France tout comme Berluscon est un des problèmes de l’Italie. DDV est l’un des rares à prendre le problème à bras-le-corps. Certes, pour occuper un créneau et pour des motifs personnels mais au moins il s’y colle. Qui peut en dire autant dans la droite française, cette droite que Narko a réduit à une bande de godillots couards, incapables de relayer ce que ressentent les électeurs de base, ceux à qui il fait honte.

  11. @David Desgouilles
    Qui me dit :

    Si vous aviez lu mes autres papiers, vous sauriez que ces assertions se fondent sur une analyse politique claire et ne relèvent de la lecture ni de gras de jambon, ni de boule de cristal.
    Le gaullisme ascendant Plenel, cela n’existe pas

    J’éviterai d’être cruel quand vous m’assurez que vos « prédictions » reposent sur analyse claire …Analyse tout juste bonne à contenter le vieux bourricot de droite venant du site Causeur où vous étalez vos opinions …(En cela, vous avez raison , je ne vous lis que rarement évitant la fausse à purin dans laquelle vous sévissez.
    Je ne mets pas en cause votre blog qui curieusement est moins anxiogène et nettement moins malodorant que le machin citer précédemment. Pour autant je note que nous avons des désaccords fondamentaux sur à peu près tous les sujets sociétaux . Ce qui ne nous empêchera pas vous et moi de passer une fin de soirée fort agréable …)

    S’il n’existe pas de gaullisme ascendant Plenel, que dire du gaullisme de Sarkozy ?
    Rien puisqu’inexistant . Les valeurs gaulliennes ayant fait pschittt depuis bien longtemps

  12. Nous nous rejoignons sur un point … Mazal Tov ! Chacun trouve son petit bonheur là ou il se trouve . Etant édité par : « la Sarl Causeur.fr au capital de 50 000 €, 9 rue Léopold-Robert, FR-75014 Paris. » …Je ne pouvais pas attendre de votre part autre chose que votre réaction ! C’est comme si j’attendais de Xavier Bertrand , de Dominique Paillé , une salve d’applaudissements après que DGDV ait tenu les propos que vous relatez en y ajoutant une « analyse » tout aussi maladroite que dogmatique . Chacun dans sa niche et les poules seront bien gardées …N’est-ce pas ?!

  13. je félicite Villepin ,et oui
    les godillots sont muet pars devant,mais pars derrière on bave sur le petit dictateur,,
    la peur,de ses politiciens qui pense a leurs réélections,
    Sarkozy gaulliste,,marrant,si,si,lui qui trahie tout le monde ,mais ses électeurs n »auront pas la mémoire courte en 2012
    D »ailleurs,ou était le fils,de gaulle??
    l »Amiral n »a peut être pas la mémoire courte,lui,,
    je pense même que sarko sait que 2012,c »est cuit,,,,pour lui,
    il baisse dans tout les sondages et chez les gens qui ont voter pour lui,,
    la France se souviendra de se beaux parleur,de ses mensonges,de ses dettes,,de ses prétentions,de ses insultes,,de ses frasques,
    oui,Villepin a raison,le probléme de la FRANCE,c »est LUI point barre

  14. @David Desgouilles

    DDV est une baudruche, c’est un Sarkozy avec un brushing et un sourire ultrabrite rien de plus, le voir critiquer ainsi son sosie programmatique a quelque chose de risible. Pour tout dire le problème de la France ce n’est pas Sarkozy c’est carrément l’UMP,le PS, le Modem les Verts etc.. En fait c’est le petit village bourgeois parisien de l’intelligentsia qui passe son temps à refaire sans arrêt les mêmes erreurs et qui vendrait son pays pour pouvoir continuer à manger dans les restaurants de luxe. Il suffit de voir comment ils reçoivent les dirigeants de ce pays d’esclavagistes pollueurs qu’est la Chine.

    Comme le disait De Gaulle:

    « Vos journalistes ont en commun avec la bourgeoisie française d’avoir perdu tout sentiment de fierté nationale. Pour pouvoir continuer à dîner en ville, la bourgeoisie accepterait n’importe quel abaissement de la nation. Déjà en 40, elle était derrière Pétain, car il lui permettait de continuer à dîner en ville malgré le désastre national. Quel émerveillement! Pétain était un grand homme. Pas besoin d’austérité ni d’effort! Pétain avait trouvé l’arrangement. Tout allait se combiner à merveille avec les Allemands. Les bonnes affaires allaient reprendre. »

  15. Psychose pour un remaniement

    Je suis censé avoir le pouvoir
    Mais est-ce que je l’ai vraiment ?
    Inversez ! Inversons !
    Je l’ai vraiment… parce que je ne suis pas censé l’avoir
    Je vous ai piégé… reconnaissez-le !
    Oui, mais pas assez à mon goût
    Détrompez-vous maestro !
    Mon souci n’est pas de le garder
    Mais que vous le perdiez… sinon, je ne prendrais jamais mon pied !

    http://www.tueursnet.com/index.php?video=Psycause%203

  16. @ Myst

    Retournez dans votre « fausse » à purin (et je suis charitable ne ne pas relever plus).

    David Desgouilles et Causeur sont très loin de dégager les mêmes odeurs que vous, je les trouve plutôt « oxygénants »

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