Pour les amateurs de télé, et a fortiori pour un pro comme moi, la, période des fêtes est traditionnellement pénible.
Cette année, dans la catégorie « divertissement pascalien », la palme revenait indiscutablement à M6 pour son programme Années 2000 : le retour. Ça devait arriver ! Après les « sixties » et les « eighties », nous voilà désormais sommés de tremper nos madeleines dans un thé à peine passé…
Quant au « bêtisier », c’est le must en fait de bouche-trous festifs. En quinze jours, j’ai bien dû en éviter douze… Sur toutes les chaînes, il n’est question que de gaffes, glissades et autre gadins – sans parler de ces fous rires qui ne manquent pas d’éclater quand Bébé tombe (indemne) de la balançoire. Du coup, on se prend à rêver d’un « Bêtisier intello » sur Arte – dont BHL, par exemple, pourrait être à la fois l’animateur et l’invité – fil rouge.
Autre figure imposée en ces fêtes de fin d’année : les films en poly-rediffusion. Une fois de plus on a eu droit à La Grande Vadrouille et au Père Noël est une ordure. Et encore, je ne cite que les meilleurs ! Mais même Zézette épouse X, et Tea for two dans le bain turc, au-delà de la millième fois, moi je dis qu’il faut changer ! Et pourquoi pas des films-karaokés, où le spectateur gagnant saurait dire avant Bourvil, avec la même voix timide et cassée : « Oh ben tout de même ! Mes chaussures, mon vélo, faut pas vous gêner ! » ?
Ma plus grande joie, en quinze jours au poste, je la dois à France 3, qui m’a apporté deux oranges en forme d’émissions spéciales consacrées à Tex Avery. À mon âge et dans mon état, j’y ai encore découvert Le crime ne paie pas, un petit joyau des années 40. Il y a dans ces sept minutes vieilles de soixante-dix ans déjà tout l’ADN des Monthy Python et de Woody Allen.Le héros, « Killer Diller », est un bouledogue en costard rayé à tête d’Edward G. Robinson. Avec sa bande de chiens, il écume toutes les banques du pays dans l’ordre numérique – en évitant quand même la 13th National, parce qu’on ne sait jamais.
De retour dans leur planque, les criminels se partagent le butin – quand soudain, juste devant nous, l’ombre d’un spectateur fait mine de se lever. « Rassieds-toi ! » lui ordonne aussitôt le Killer en défouraillant, avant d’expliquer à ses comparses : « Il allait nous donner aux flics ! »
Le mieux c’est qu’avec Tex Avery, le bandit avait raison de se méfier ! Deux scènes plus tard, nous voilà dans le bureau du chef de la police, qui enrage : « Je pourrais coincer ces gredins, si seulement j’avais un indice ! » Aussitôt, un doigt se lève dans la salle : « Je sais, Capitaine, j’ai déjà vu le film ! Ce soir à 22h, ils vont cambrioler la villa de la richissime Ella Duflouze ! »
Ainsi tomba le redoutable gang de Killer Diller, tandis que je savourais enfin un Noël télévisé bien mérité.
That’s all, folks !