On ne remerciera jamais assez Mme Taubira ! Grâce à elle, le catholicisme français a trouvé une nouvelle jeunesse…
Cathos, nouvelle génération : le documentaire diffusé l’autre mardi sur LCP est inédit à plus d’un titre. Non seulement c’est sa première diffusion, mais il tranche par un souci d’honnêteté plutôt rare sur le sujet. À travers trois portraits contrastés l’auteur, Aleksandar Dzerdz, s’efforce de capter ce « vent de renouveau militant qui, depuis les Manif pour tous, souffle chez les jeunes cathos ».
Ça change agréablement des réquisitoires anticalotins en noir et blanc qu’on nous sert d’ordinaire à la télé française. Ces derniers temps, combien n’a-t-on pas vu de ces documentaires de propagande, qui font mine de poser une question où la réponse est déjà incluse, genre : « Mais que cache donc cette inquiétante résurgence « tradi » aux nauséabonds relents de vichysme ? »
Nulle trace ici de ce genre de manipulation. Nos jeunes « témoins » ont été choisis sans malignité, simplement parce qu’ils incarnent diverses facettes du renouveau catholique français. Tous trois parlent de leur foi avec la même liberté de ton et la même sincérité – et d’évidence à aucun moment le réalisateur n’a cherché à les piéger, ni à l’image ni au montage.
Ma préférée c’est Maïlys, ne serait-ce que parce qu’elle est de ma paroisse ! (Saint-Léon, Paris XVe). À vingt ans sa foi est déjà (ou encore ?) pure et simple, candide et solide comme celle d’une « petite Thérèse ». Une foi qu’elle fait rayonner autour d’elle à travers ses multiples activités, du scoutisme à l’animation du patronage paroissial. Il faut l’entendre dire, le plus simplement du monde : « Ma force, je la tire de Dieu. C’est la Lumière qui me fait avancer dans l’obscurité. »
Pour Anne-Sophie comme pour Maïlys et toute cette génération, la loi Taubira aura été l’événement déclencheur. Issue d’une famille monoparentale et fraîchement convertie, la jeune fille est déjà « engagée en politique » (au parti chrétien-démocrate de Christine Boutin) et sa spontanéité de langage s’en trouve quelque peu entamée, forcément. N’empêche, elle l’affirme déjà : « Si mon éthique catholique s’avère incompatible avec la chose politique, c’est l’Église que je choisirai ! »
Quant à Vivien, c’est à coup sûr le plus militant des trois. Né de parents athées, « ex-jeune de banlieue plus ou moins racaille » selon ses propres dires, le voilà aujourd’hui catho du genre ultra : il est membre à la fois de l’AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne, ouf !) et de l’institut Civitas – connu entre autres pour sa dénonciation du redoutable « laïcisme » de la Manif pour tous…
C’est beaucoup pour mon goût, certes ; mais à tout prendre, mieux vaut virer intégriste que dealer ! En plus il a une excuse, le Vivien : à l’origine de son engagement il y a l’attaque de Notre-Dame de Paris, où il travaillait, par ces insupportables petites pouffes à poil de Femen.
Faute de suivre Vivien dans son néo-lefebvrisme hasardeux, on comprend mieux son exaspération en l’accompagnant au procès de ces demoiselles (naturellement relaxées !). Il faut voir leur porte-parole couronnée de fleurs dindonner, avec la bénédiction de la justice, devant micros et caméras : « On a heurté la sensibilité des cathos ? Rien à foutre… Le délit de blasphème n’existe plus ! » Deux claques, et au lit !
Fidèle à lui-même, mon Télérama s’étouffe au spectacle de ces tendrons qui prétendent « opposer certaines valeurs de l’Eglise à l’évolution manifeste de notre société ». Autrement dit : pas la peine d’être jeunes si c’est pour penser comme ça !
En toute fin de doc l’auteur, songeant sans doute à sa carrière, reprend à son compte cet argument absurde de l’hebdo ex-catho-mais-toujours-de-gauche : « Le combat de ces jeunes fait-il encore sens aujourd’hui ? s’interroge gravement la voix off. La société évolue ; leurs idées, elles, ne bougent pas… » Et le progressisme, il bouge encore ?
[Publié dans Valeurs Actuelles]