Image: capture d'écran YouTube / Cnews

À l’affiche de ce Moi, une ronde de stars : Marcel Klouellebecq, Bernard-Harry Potter et Kuki, ma perruche calopsitte !

 

LE TRAMPOLINE DE ZEMMOUR

Lundi 4 novembre

Image: capture d'écran YouTube / Cnews
Image: capture d’écran YouTube / Cnews

Les plus anciens d’entre vous s’en souviennent : le discours d’Éric Zemmour à la « Convention de la droite » avait déclenché un tir de barrage de nos plus hautes autorités politico-médiatiques contre le « délinquant de la pensée », le « provocateur à la haine » et même le « nouveau Drumont » (mutatis mutandis).

Deux mois après, l’offensive ne semble pas avoir eu les effets escomptés. Certes, Zemmour a été « écarté de l’antenne » de RTL, mais on ne l’y entendait plus que trois minutes par mois. En revanche, il n’a jamais été aussi en gloire à la télé. Lancée sur CNews en pleine polémique, la quotidienne « Face à l’info » a triplé, sur son seul nom ou presque, l’audience de la chaîne – désormais leader sur le créneau du 19/20 h devant l’ex-indéboulonnable BFMTV.

Inutile de vous dire que je me suis rué pour voir cette performance politico-économique : une contre-programmation réussie en forme de doigt d’honneur ! Si c’est ça maintenant, l’« esprit Canal », j’adhère.

Grâce au talentueux M. Replay, j’ai même pu rattraper les épisodes manqués – quitte à faire un peu de binge-zemmouring. Après un débat entre chroniqueurs sur l’actu, vient le meilleur : un face-à-face d’une demi-heure entre Éric et un économiste, politicien, sociologue ou autre. L’interlocuteur est parfois passionnant (Onfray), parfois inexistant (Geoffroy Didier). Qu’importe ! Lorsqu’il s’avère inutilisable autrement, Zemmour transforme son sparring-partner en punching-ball, et c’est sympa aussi.

Mon « face-à-face » préféré reste celui avec BHL. Les dialogues semblent écrits, tant ils collent aux personnalités respectives des protagonistes. Deux échanges notés au passage :

EZ : « Vous appelez tous les peuples à la rébellion, les Kurdes, les Bosniaques, les Libyens… mais les Français, jamais ! Et quand ils veulent se révolter, vous dites que c’est des pétainistes et des racistes ! »

BHL : « Mais la France n’est pas en péril ! Ou alors si elle l’est, c’est à cause du RN et des propos que vous avez tenus lors de cette “Convention de la droite”… ou de l’extrême droite ! »

EZ : « Vous avez un problème avec le réel ! Il vous donne tort à chaque fois… »

BHL : « Je suis un résistant, y compris contre les “collabos du réel” ! »

Comme dit Éric à Bernard-Henri : « J’aime bien vous écouter : les méchants ; les gentils… J’ai l’impression d’être dans Harry Potter. »

 

VOX POPULISTE

Mercredi 13 novembre

 

« Une seule parade au péril “voxiste” », conclut Le Monde au terme d’une enquête fouillée sur la situation politique en Espagne : « Les partis de gouvernement doivent faire passer l’intérêt du peuple avant leurs rivalités personnelles. »

Je suis confiant.

 

LA POSSIBILITÉ D’UNE FORME PLATE

Mardi 19 novembre

Pascal Fioretto Photo: Philippe MATSAS / Opale / Leemage
Pascal Fioretto Photo: Philippe MATSAS / Opale / Leemage

« Une poignante méditation sur les ravages du bien-être et du succès. » Mélatonine, de Pascal Fioretto, met en scène un écrivain riche et célèbre, Marcel Klouellebecq, qui découvre avec horreur qu’en devenant heureux, il a perdu sa source d’inspiration. Il va tout mettre en œuvre pour retrouver ce malheur dont il doit, chaque année, par contrat, « faire un roman-événement d’au moins 300 pages. »

Du foutage de gueule comme j’aime, subtil et pertinent. Vous me direz aussi que l’auteur est un ami qui, dans les roaring 90’s, fut un membre éminent de Jalons. Même que sa demande d’adhésion, téléphonique, fut des plus baroques :

– Bonjour, je voudrais participer à Jalons. Est-ce que ça pose un problème que je sois gay ?

– Bien au contraire ! lui répondis-je, non sans lui proposer aussitôt de prendre la tête d’un nouveau courant créé ad hoc : l’Inter-AZERTYUIOP+.

Mais le bon Dr Sam Bloch, peu porté sur le militantisme, a préféré nous faire profiter de son expérience analytique en devenant le psy officiel du groupe – qui en avait bien besoin. À ce titre, il a notamment publié dans Jalons un dossier intitulé « Allonge-toi et marche ! » qui fait encore autorité.

Après Jalons, Sam a jugé bon pour sa carrière de franciser son nom en Pascal Fioretto. Bien lui en a pris ! Au fil des années, ses parodies lui ont conquis un solide public de fidèles ; moins qu’Amélie Nothomb peut-être, mais plus marrants.

Pour en revenir à Mélatonine, « c’est Houellebecq tout entier à ses proies attaché », comme dirait à peu près Phèdre. Tout y est, le trait à peine appuyé : le fond pessimiste, la forme lymphatique et les figures imposées (incommunicabilité, supermarchés, érections variées).

Mon passage préféré reste « l’atelier d’écriture ». L’écrivain s’y inscrit pour apprendre à écrire « comme les gens ordinaires », mais très vite il en est exclu pour « niveau insuffisant »

Juste un petit bémol final, pour éviter l’accusation de copinage. Emporté par ma lecture, j’ai eu une ou deux brèves absences, au cours desquelles je me suis surpris à penser : « Quel chieur, ce Houellebecq ! »

 

KUKI FAIT SON NID

Dimanche 24 novembre

 

J’ai fait l’acquisition d’une perruche qui répond plus ou moins au nom de Kuki.

Faute de siffler vraiment, Kuki émet un charmant gazouillis – qui parfois se transforme sans raison apparente en une série de cris stridents. Dans ce cas, il est recommandé de changer de pièce.

Amateur de musique aux goûts éclectiques, il joint volontiers sa voix aux airs que j’écoute en travaillant. Il a par ailleurs sa propre playlist sur YouTube où il peut écouter à loisir, en mon absence, tout un répertoire sifflé, de La Marche turque à La Habanera en passant par Le Pont de la rivière Kwaï.

Kuki n’est pas non plus une perruche de gouttière : il est labellisé « E.A.M. » (élevé à la main). Ces oiseaux-là, habitués depuis toujours à la présence humaine, se montrent ordinairement plus sociables que les autres.

De fait, Kuki raffole de la compagnie, et met volontiers son grain de sel dans les conversations. Mais ce qui le met vraiment en joie, ce sont les conversations téléphoniques avec haut-parleur. Là, c’est bien simple, il met tant d’enthousiasme à participer qu’on ne s’entend plus causer. Pour les appels professionnels, je suis désormais condamné aux écouteurs, sous peine d’horripiler M. De Mesmaeker.

Bref, Kuki ne sait pas se tenir. Dieu sait que je l’aime bien, mais si la vie venait à nous séparer, je choisirais pour le remplacer un perroquet gris du Gabon. Nettement moins beau et dix fois plus cher, mais un peu moins con quand même.

Les gris du Gabon vous reconnaissent, s’attachent à vous, sifflent, chantent et ils ne manquent pas de répondant : ils peuvent retenir jusqu’à 800 mots, et en utiliser plusieurs dizaines à bon escient dans la conversation. Et en plus, ça tombe bien : ils sont francophones, au Gabon.

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