« Slogan, Banderole, Manifestation ! »

Publié ici en cinq épisodes, ce texte figure en avant-propos de l’anthologie Les Pastiches de Jalons, récemment paru aux éditions du Cerf.

Un des must des early eighties, c’est le 1er-Mai-des-Travailleurs, qui rassemble alors des dizaines de milliers de gens. En 1981, c’est même le 1er-Mai-UNITAIRE-des-Travailleurs : les syndicats manifestent tous ensemble leur soutien à François Mitterrand, pour la première et dernière fois.

Bref, c’est un moment historique, donc Jalons est là ! Pour l’occasion, nous avons même investi dans une banderole marquée BANDEROLE et des pancartes libellées PANCARTE. Notre présence, après les Turcs et les gays, ne semble pas éveiller les soupçons du service d’ordre CGT ; mieux, nous recueillons quelques applaudissements au passage de notre mini-cortège scandant d’un ton décidé : « Slogan, Banderole, Manifestation ! »

Forts de ce succès, nous décidons de remettre le coup l’année suivante mais en face, avec le défilé du Front national en l’honneur de Jeanne d’Arc. À l’époque Le Pen, qui pèse moins de 1 % des suffrages, accepte encore de frayer avec des groupuscules de toutes sortes, roycos orléanistes et légitimistes, cathos tradis et intégristes, voire sédévacantistes, skinheads et petits marquis… Pourquoi pas nous ?

De fait, c’est sans encombre que notre petite troupe s’engouffre dans la rue de Rivoli et y déploie sa banderole « Divers droite ». Succès auprès des badauds, dont une vingtaine rejoindront même nos rangs, y compris un jeune papa avec berceau et bébé dedans.

En mai 1983, des étudiants de tous bords se mobilisent contre une certaine « loi Savary » sur l’enseignement supérieur. Aucun doute : c’est une affaire pour Jalons ! Sur notre banderole ce jour-là, un seul mot d’ordre : « Libérez Richard Anthony ! » Les autres manifestent contre une « loi scélérate », nous pour un crooner fraudeur. Malgré ces deux degrés de séparation, nul ne songe à nous chercher querelle ; on nous parle même plutôt gentiment, comme Elliot à E.T.
En tant que « responsable », je suis interviewé en direct par le futur ministre François Baroin, alors jeune journaliste à Europe 1, qui m’interroge sur le sens de notre combat. L’occasion pour moi de sensibiliser la France au drame de Richard, « injustement emprisonné pour ses idées fiscales ».

[A suivre…]

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