On n’apprend strictement rien dans ce doc antifa – qui esquisse néanmoins une approche originale : l’extrême droite c’était mieux avant, du temps des hommes, des vrais…
Le populisme au féminin : tel était le titre du reportage diffusé l’autre mardi par LCP. Un tour d’Europe des Marine Le Pen de la Communauté, juste pour montrer qu’elle « n’a pas le monopole des idées nauséabondes joliment enveloppées », comme dit mon Télérama, qui a beaucoup aimé.
L’équipe est à la hauteur du projet : trois reporters débutants, mais déjà concernés. Ils ont voté pour la première fois l’an dernier, mais leur engagement ne date pas d’hier ! En 2002 déjà, âgés d’à peine dix ans, ils se souviennent d’avoir participé activement (avec leurs parents) à la Quinzaine de la Haine contre Jean-Marie Le Pen – c’est à dire contre une erreur de vote des Français.
Aujourd’hui, c’est encore pire. Succédant à son père, Marine Le Pen est créditée de 37% d’opinions favorables. D’où la « problématique » de l’enquête : « Une femme peut-elle plus facilement faire passer des idées d’extrême droite ? »
L’affaire, à en croire nos apprentis-journalistes, se résume à deux questions-clés. La première est ubuesque : « En quoi les femmes sont-elles différentes des hommes ? ». Elle n’est sauvée du ridicule, de justesse, que par la vogue de la « théorie du genre »…
Heureusement, la deuxième question est plus sérieuse : « Pourquoi ces dames-là (même blondes !) acceptent-t-elles de représenter des partis sexistes et misogynes ? » Et d’ailleurs, comment ces beaufs supportent-ils d’être dirigés par des bonnes femmes?
Pour résoudre ce délicat paradoxe, il faut au moins l’ « expertise » d’une Caroline Fourest, féministe, journaliste et « écrivaine ». Chez ces gens-là, explique-t-elle, le machisme le plus borné est toujours de mise : « La conversion récente aux droits des femmes ne vaut que face à l’islam. »
Avec tout ça, à la fin du reportage, on retrouve nos trois reporters effondrés sur un banc. Visiblement, ils sont inquiets pour nos libertés.
Tour à tour, crescendo, ils nous font part de leur angoisse. D’une voix blanche, la jeune fille de la bande résume le drame d’un seul nom : Marion Maréchal-Le Pen ! « Cette jeune fille, qui n’a qu’un an de plus que nous, est déjà élue du FN et benjamine de l’Assemblée nationale », nous apprend-elle, non pas jalouse mais consternée.
« Face à ce nouveau défi, que faire ? » enchaîne son collègue barbu, qui récite plutôt bien : « Redoubler de vigilance, face à une extrême droite dont le visage et le discours s’éloignent de plus en plus de ce qu’on a pu connaître dans le passé » (sic).
Mais le temps presse, insiste le troisième : « Quand nos petites sœurs et nos petits frères seront en âge de voter, pourront-ils encore identifier les idées d’extrême droite, banalisées au point d’être totalement acceptées ? »
C’est vrai, ça : si demain leurs petits frères se transforment en gros fascistes, racistes et xénophobes sans même s’en rendre compte, qu’est-ce qu’on fait ?? Dans ce cas, je ne vois qu’une solution pour sauver la démocratie : supprimer les élections.
Article publié dans Valeurs actuelles, le jeudi 3 octobre 2013