Roland Barthes aurait donc eu 100 ans en novembre dernier — l’année tout entière s’est passée en hommages directs et indirects, peut-être pas à la hauteur de ce qu’a représenté celui qui fut le plus grand critique / sémioticien de son temps, mais bon, c’est déjà ça.
L’évocation la plus drôle — et pourquoi ne pas sourire en pensant à cet homme qui avait sans cesse aux lèvres un demi-sourire de Joconde intelligente —, je l’ai trouvée dans la Septième fonction du langage, un roman écrit par Laurent Binet et publié justement à l’automne, just in time (chez Grasset).
J’en parle aujourd’hui avec un peu de retard, mais cela se trouve encore dans les bonnes librairies, là où les dernières crottes de l’actualité du livre n’ont pas détrôné la vraie littérature.
Et je préfère prévenir : ce qui suit intéressera prioritairement les littéraires qui avaient entre vingt et trente ans dans les années 1970 — et, par raccroc, ceux qui se sont nourris de French Theory dans les années suivantes, ou compris que Sur Racine était l’analyse la plus fine jamais réalisée du fameux « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue… ».
Ou que le catch est l’avatar le plus cohérent de la tragédie classique…

Le 25 février 1980, Barthes est renversé par la camionnette d’une entreprise de blanchissage à Paris, alors qu’il se rend au collège de France où il faisait cours. Il n’a pas été gravement blessé, mais, ancien tuberculeux, il est d’une santé fragile, et deux ans auparavant la mort de sa mère, qu’il n’avait jamais quittée, l’a sans doute miné. Sans compter qu’il caressait un projet peut-être de fiction, dont le Journal de deuil porte la trace indirecte — et son cours autour du roman au Collège de France : mais comment passer au récit sans se renier tout à fait ? Certes, Umberto Eco, son quasi homologue italien, en cette même année 1980 allait sortir le Nom de la rose — mais était-ce une tentative licite pour Barthes ? Bref, il a fini par mourir un mois plus tard — le temps sans doute d’analyser le système de la Salpêtrière. Quand on décode, on décode jusqu’au bout.
Laurent Binet part de cet accident — qui selon lui n’en est pas un. Une foule de gens, y compris parmi les amis déclarés, ont intérêt à le voir disparaître — et surtout, à s’approprier le dernier manuscrit, qui porte sur la fameuse « septième fonction du langage » du titre.
Bon titre, mais énigmatique pour qui n’a pas étudié récemment la théorie jakobsonienne — il y a six fonctions du langage, et pas une de plus.
Est-ce bien sûr ? Binet, en convoquant le ban et l’arrière-ban des grands linguistes de cette époque où l’intelligence a jeté ses derniers feux, tisse une intrigue autour de la possession de la recette de la fonction performative — qui correspond grosso modo à la capacité du langage à fabriquer de la réalité rien qu’avec des mots. « Que la lumière soit » — et les lampadaires célestes s’allument. « Je vous déclare unis par les liens du mariage » — et votre futur avocat commence à se frotter les mains. Bref, c’est ce que j’appellerais la fonction Abracadabra.
Evidemment, celle ou celui qui s’assurerait le mécanisme finirait dictateur mondial — ou tout au moins gagnerait les élections de 1981, qui jouent dans le roman un rôle non négligeable.
Il pourrait aussi gagner l’ultime duel d’un club de rhétoriciens particulièrement relevé, où se montent des duels d’impro autour d’une question aussi absconse que possible, et où le moins que l’on puisse perdre, c’est un petit doigt — comme un yakuza de l’intellect. Mais il arrive que l’on y perde davantage…
Philippe Sollers, l’un des personnages centraux du roman, y perdra de quoi alimenter les rumeurs distillées à l’époque par un petit roman à clefs où une étudiante racontait comment un certain écrivain et critique rencontré au Luxembourg n’avait finalement de libertin que la verve — la verge étant fanée…
Entre-temps nous sommes amenés dans un colloque de la prestigieuse université Cornell, où Michel Foucault promène ses jeans de cuir et son masochisme, où les haines recuites vis-à-vis de Deleuze éclatent en sourdine, où Julia Kristeva joue sa partition bulgare, et où un flic sympathique mais ignare, cornaqué par un enseignant de la défunte fac de Vincennes qui joue le diable boiteux de cette équipée dans les méandres de la sémantique, tente de comprendre les tenants et aboutissants de cette quête de la formule magique. Avec un final à Venise, — forcément Venise.
C’est un roman plaisant, qui fait revivre pas mal de gens que j’ai connus ou dont j’ai suivi l’enseignement : j’avais écouté, fasciné comme les autres, Barthes évoquer le vocabulaire amoureux à l’Ecole pratique des hautes études en 1976 — j’habitais à deux pas, rue de Seine. Puis j’avais fait la queue, comme les autres, pour tenter de trouver une place au Collège de France, par la suite (écoutez donc le début de « la préparation du roman », il était d’une éloquence rare). Barthes était la gentillesse même, l’humilité aussi de celui qui savait qu’il savait mais répugnait à imposer son savoir en force — il faisait passer la lame du couteau dans les interstices de la matière, si vous voyez ce que je veux dire, et l’on se retrouvait tout penaud à penser que oui, c’était évident, mais voilà, nous ne l’avions jamais formulé, nous autres…
C’est écrit avec verve, c’est souvent amusant, ça se tient tout juste — mais l’équilibrisme maîtrisé vaut mieux que les pesantes machines auxquelles on donne le prix Goncourt.

Jean-Paul Brighelli

98 commentaires

  1. Très bonne recension d’un très bon roman !
    Vous auriez dû faire de la littérature, vous…

  2. Il y a déjà un public : tous les anciens khâgneux des années 70 !
    Votre présentation donne vraiment envie !

  3. Commentaire sans modération de l’autre Dugong à son réveil:
    « Bart ? Bart Simpson ? »

  4. Je profite de ce créneau horaire où la f(r)ange du blog n’a pas encore commencé à déverser son purin pour rappeler que les années 70-80 ont aussi vu des tentatives passionnantes comme celles de René Thom pour interpréter géométriquement le langage.

    Évidemment, on est loin des gluances fleuries des papy Morin et al ou des arguties logicistes asséchantes * des encerclés du cigare de Vienne.

    J’en profite également pour rappeler qu’une des motivations majeures du métier de professeur, quel que soit le niveau d’exercice, est de pouvoir utiliser une bonne partie de notre temps libre à lire et étudier ce genre de textes.

    Evidemment, ça excite les chiens.

    * et pour tout dire vraiment très chiantes

  5. C’était l’époque où De Gaulle repoussait la chie-en-lit dans les corridors obscurs de l’histoire … et que Pompidou anthologisait les propos du général sur le perron de l’Elysée !
    La DS régnait sur la pensée de Roland Barthes mais ce fut une camionnette qui l’acheva !

  6. A nos commentateurs dominants , un conseil, vivez en bonne « intelligence », ignorez-vous!

    JPB: dans votre texte je lis « Je vous déclare unis par les liens du mariage » . vous êtes sûr que c’est uni et pas puni la bonne citation ?

  7. Au sujet de langage il faut que j’apprenne à mon hôte à lire le Français ! Il connaît l’alphabet mais il ne sait pas former les syllabes … j’avoue ne plus bien me souvenir de la méthode avec laquelle j’ai appris !

  8. Le centre culturel de mon université lui a rendu hommage fin 2015, et à cette occasion j’avais découvert son oeuvre ( l’incontournable « Mythologies » qu’évoque Monsieur Driout un peu plus haut), la pureté du style qui saute aux yeux à chaque page et son art de l’invention des mots, ainsi ses « biographèmes »:
    « J’aime certains traits biographiques qui, dans la vie d’un écrivain,
    m’enchantent à l’égal de certaines photographies ; j’ai appelé ces traits des « biographèmes ». »
    Roland Barthes, La Chambre Claire.
    Françoise Gaillard ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_Gaillard ) avait donné une conférence à la B.U. où elle disait que Barthes de nos jours publierait peut-être ses biographèmes dans un blog car la forme se prête volontiers à ces fragments de vie racontés dans de brillants et courts billets mais elle doutait en même temps qu’il aurait accepté de partager longtemps cet espace avec des internautes attirés par la compétition d’égos dans une promiscuité qui lui aurait enlevé sa part d’ombre à laquelle il tenait beaucoup.
    Sa part d’ombre ? Vous parlez dans votre billet de Julia Kristeva, Sollers, Foucault (avec un ‘t’), bref de tous ceux qui peuplent cette part d’ombre, unis dans une même cécité lors de leur voyage en Chine en 1974 alors que se déroulait au même moment une purge des plus sanglantes.

  9. @ Sisyphe
    La « réforme » n’y change rien, elle ne fera qu’entériner une réalité.

    Ce serait même l’adaptation du système à la réalité…

    • Faire venir le haut moyen-âge à notre époque cela a un coût ! Philippe de Villiers qui fait des reconstitutions des temps historiques au Puy du Fou sait bien qu’il faut beaucoup de bonnes volontés pour faire marcher le système !

      Ah ! parlez moi du bénévolat pendant que d’autres entassent les milliards comme des petits pains …

  10. Chez Roland Barthes – Barthes aux grands pieds – tout devient fait littéraire … ce qui suppose un lectorat très précieux et très captif, des auditeurs jeunes et ambitieux comme Renaud Camus, Jean-Paul Brighelli, Hervé Guibert qui se pressent aux portes de la célébrité pour recevoir l’onction du maître !

    N.B On supposera que JPB ne fut jamais assez intime pour recevoir de demande de coucherie de la part du maître !

  11. Barthes seul objet de mon ressentiment littéraire !

    Saviez-vous que des écrivains comme Philippe Sollers et Renaud Camus se disputent tous des restes de l’héritage comme des morceaux de la vraie croix littéraire ?

    http://vehesse.free.fr/dotclear/index.php?2010/06/17/1497-sollers-et-barthes-l-affaire-renaud-camus

    C’est un dossier de la polémique jalouse où chacun veut s’approprier bébé-Barthes ! Sollers veut l’extraire de la gangue homosexuelle et Camus de ses langes sémiologiques pour l’emmener à la backroom.

  12. Le Rottenführer Dugongski et Sancervellina voudraient faire le vide sur le blog, via les méthodes qui leur sont naturelles, coups de gummi et purge à l’huile de ricin (leur langue est fasciste).

    L’ordre règne à Bonnet d’âne.

  13. Roland Barthes ne s’intéressait pas directement à la politique ; il était dégagé par engagé … mais à travers ses « Mythologies » il cherche à voir ce qui structure une époque.

    Aujourd’hui on assiste sur le devant de la scène au retour d’une bataille des mythes :
    – Le mythe de l’islam
    – Le mythe du judaïsme
    – Le mythe de l’humanisme contre le terrorisme

    Le propre des mythes c’est l’indéfinition du fantasme.

  14. Intéressant et complexe ces notions sur le langage; j’avoue, après un survol à haute altitude de Wiki, n’y avoir pas compris grand-chose.
    Pour le reste, si ce blog pouvait éviter les chamailleries niveau PS de mater’, on ne s’en porterait que mieux!
    Mesdames, Messieurs: réglez vos comptes in natura et non par pseudo dématérialisé.
    Grosses bises!

  15. Sur Racine,…une nouvelle querelle Barthes/Picard en vue ?
    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2016/01/27/25002-20160127ARTFIG00124-face-aux-critiques-contre-son-livre-sarkozy-s-imagine-en-racine.php

    J’ai vu le prix du livre de Monsieur Binet, 22€ pour presque 500 pages et 16€ pour une liseuse soit la moitié de mon budget mensuel pour l’achat de livres…j’attendrai que la B.U. l’achète pour le lire.
    La liseuse, voilà bien un obscur objet du lecteur qui aurait pu figurer dans le musée des futures mythologies de Barthes, dans les objeux de Ponge ou dans les Choses de Perec.

  16. D’après l’Etat français dont le niveau intellectuel me semble proche du zéro de l’écriture, nous sommes en guerre contre le terrorisme ! Et en situation d’urgence absolue contre le fanatisme.

    Il est vrai que déclarer la guerre à la bêtise risquerait de décimer la classe politique et l’ensemble de nos distingués corps de fonctionnaires !

  17. « Roland Barthes – Barthes aux grands pieds – »
    « Barthes seul objet de mon ressentiment littéraire ! » ou unique objet ?
    Monsieur Driout, vous devriez compiler vos belles sentences (très spirituelles quand même) ‘barthésiennes’ dans un livre qui pourrait s’intituler, mais hélas je crois que c’est déjà pris, « Le Roland Furieux »

    • La septième fonction du langage serait ainsi minauder pour draguer dans les backrooms pour trouver saussure en prenant son pied ?

  18. Sans vouloir déroger aux us et coutumes locales, il me semble que la capitulation romaine supracitée mérite plus amples commentaires, au vu de la qualité culturelle classique des intervenants de ce blog.
    In fine: l’europe doit-elle céder et vendre son âme pour qq $ ?

    • Et vous pensez sérieusement que l’avenir de l’humanité se dessine dans les falbalas d’un dignitaire du chiisme ? Sous le turban le ciel … et sous les voiles d’Isis quoi donc ?

      Tous ces déguisements n’arrivent plus à cacher la misère intellectuelle ! Des civilisations en bout de course qui tiennent à quelques mythes. La kippa de l’un, le turban de l’autre … et dieu dans tout ça comme disait l’autre idiot de la radio ?

      Comme disent les rockers : avoir ou ne pas avoir la banane telle est la question !

    • Cher Sisyphe, cette pièce montée de tartuferie, cette pudeur italienne improvisée révèle peut-être chez le président iranien une inclination au pygmalionisme bien que j’aie toujours pensé que le syndrôme de Stendhal (qui marche à Florence d’ailleurs et pas à Rome) était une belle fumisterie. Sinon, pour vous divertir sans vous dévêtir, voyez ceci:
      http://www.lepoint.fr/art-de-vivre/les-dessous-du-pere-lachaise-01-09-2012-1501434_4.php
      on y apprend que la tombe de Victor Noir est la mieux astiquée du XXème arrondissement, rigidité cadavérique immortelle entretenue par des visiteuses peu farouches adeptes de l’amour nécrophile qui ne restent pas de marbre sur ce bronze.

  19. Cher Hervé,
    merci pour cet article du Point fort revigorant! Une visite à faire, j’aime les cimetières et l’approche historico-éroto-comique est fort goutable, voire rabelaisienne!
    Je recommande le délicieux cimetière de la Cadière dans le Var, avec vieux cyprès et vue imprenable. St Pierre à Marseille est très bien aussi.
    🙂

  20. Le roman de Binet donne une clé pour expliquer la logorrhée exclamative de Driout sur BdA : il chercherait encore à se venger d’avoir été éjecté de la backroom du Logoss Club pour incontinence.

  21. C’est plutôt le Muppet Show ici ; Piggy la cochonne c’est Brighelli, moi c’est Kermit qui agite ses longs bras et chauffe la salle, les deux vieux grincheux au balcon qui vous savez … l’invité mystère de la semaine Barthes celui dont on disait : il n’y a que la camionnette qui ne lui soit pas passée dessus (rires étouffés dans la salle) !

  22. En fait je vous explique parce qu’il y en a qui ont la comprenette difficile : il faut leur expliquer longtemps avant que cela ne percute !
    Les points d’exclamation ont la même fonction que les rires enregistrés dans les émissions de divertissement télévisuel : il faut ranimer l’attention du téléspectateur qui s’endort sur le sofa et digère tranquillement car n’oublions pas que nous vendons nous aussi du temps de cerveau disponible.
    Moralité :
    Le bon enseignant ponctuera son cours de quelques farces et attrapes afin que l’apprenant ne s’endorme pas trop vite dans son siège moelleux de petit gâté du système scolaire.

  23. Driout débuterait-il une ascèse longue ?

    Un seul point d’exclamation dans chacune de ses deux dernières saillies !!!!!

    Car en vérité, Georges l’avait déjà dit à Charles Edmond * :
    « celui qui abuse des points d’exclamation est un déclamateur impuissant »

    * ne pas confondre avec Edmonde Charles

    • Regagne ton perchoir vieux Démosthène et va manger tes cailloux ! Tu emmerdes le monde avec ou sans point d’exclamation, débris comateux de l’enseignement secondaire.

  24. « il chercherait encore à se venger d’avoir été éjecté de la backroom du Logoss Club pour incontinence. »…/… »Tu emmerdes le monde avec ou sans point d’exclamation, débris comateux de l’enseignement secondaire. »

    « Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté. »

    • J’ai l’air de me moquer mais je trouve ça plutôt sain que de s’envoyer des gracieusetés entre adolescents,  » Pardonnez-nous nos enfances…comme nous pardonnons à ceux qui nous ont enfantés. » dit Muriel Rigal. Un peu de verdeur enfin retrouvée dans ce blog habité par des joueurs de bridge sans jeu de cartes faisant une bonne sieste après un déjeuner trop lourd.

  25. Merci pour ces références et pour avoir redonné un peu de vie aux écrits de Barthes qu’on lit toujours avec plaisir. Les belles pages sur Stendhal, son amour de l’Italie et le soupçon porté au langage même dans « On échoue toujours… » me ravissent à chaque fois. Ses formules incroyablement justes : le pli/le dépli dans S/Z, la figure de la réticence, ses analyses sur Balzac qu’on arrive à distiller à petites doses à certains élèves, celles sur Racine également ( même si je garde de l’affection pour les effets de sourdine de Spitzer ) , à ce propos « je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue », c’est dans les Fragments. Après vous avoir lu, je recherchais cette analyse et ne l’ai pas retrouvée dans « Sur Racine ». Mais bon, peu importe et si ça peut éviter une recherche de plus à quelqu’un d’autre.
    Oui, un bien joli billet que vous nous offrez là avec un roman de surcroît dans lequel je ne vais pas manquer de me plonger puisque je viens de le recevoir. Vous nous faites bien plaisir.

  26. « Sur Racine », je l’ai acheté par une prise de risque insensé, un livre merveilleusement raté tout comme ses  » Eléments de sémiologie » vite lu, vite oublié. Les trois volumes de ses Ecrits sont une merveille mais c’est à coup sûr dans « Le degré zéro de l’écriture » qu’on voit la naissance de l’écrivain, « Il accomplit un style de l’absence qui est presque une absence idéale de style » en parlant de « la parole transparente » dans l’Etranger de Camus, où on discerne immédiatement le style de Barthes. Mais enfin, qui adhère encore de nos jours au concept de l’histoire de l’écriture retracée dans ce livre ?

  27. Hervé, qui adhère de nos jours sérieusement à la Bible ? Et pourtant, je conseille chaque année à mes étudiants de s’y plonger — sous peine de ne comprendre aucune allusion sur 95% de la littérature et des beaux-arts.
    Les sciences humaines ne sont pas des sciences dures — mais les écrits (et l’oral) de Barthes, c’est l’exercice de l’intelligence à haut niveau.
    Et je trouve ça fascinant, que ce soit chez Descartes (dont la physique est largement obsolète) ou chez Barthes — qui penserait sans doute tout autrement aujourd’hui. 1980, c’était il y a 36 ans — où étions-nous, et dans quel état, il y a trente-six ans ?

  28. Il y a 36 ans, j’étais juste un concept imaginé dans les livres d’anatomie de mes parents alors collégiens.
    J’ai admiré l’exploration téméraire et visionnaire que fait Barthes dans ces années 50 du lien entre langage, style et écriture dans  » le degré zéro ». Je suis convaincu qu’on ne peut pas le lire comme vous avez pu lire ses textes datant des années 70. Regardez sa critique de La Peste que je trouve très dogmatique (très dogmatique parce que surjouée peut-être) de nos jours mais pas dans le contexte politique de ces années-là. Il parle de « matérialisme historique » en donnant une leçon à Camus sur le caractère symbolique de la peste vue comme une modalité des résistances de l’histoire. On peut oublier ce Barthes-là me semble-t-il.

  29. « Sur Racine », je l’ai acheté par une prise de risque insensé, un livre merveilleusement raté tout comme ses » Eléments de sémiologie » vite lu, vite oublié.

    Et vous avez survécu ?
    C’est bien, au moins grâce à Brighelli et à ce blog, vous venez de comprendre que la critique littéraire vieillit, et que tout ne reste pas d’égale importance. Et ce n’est pas une raison pour la mettre au panier avec aussi peu d’arguments pertinents en plus. Vos copiés-collés s’améliorent …Vous les insérez mieux. C’est bien.

    • Réservez vous arguments pertinents en commentant les contes de la bécasse dont on pourrait dire qu’ils vous sont dédiés.

    • Ma prise de risque était pécuniaire, c’était pas difficile à comprendre…
      Pour la critique littéraire, ben oui elle vieillit et alors ? Elle peut être ratée aussi et les grands esprits Barthes et Camus qui se rencontrent ne se comprennent pas pour autant. Ce que je reproche à Barthes critiquant Camus c’est de ne pas avoir pris assez de distance avec soi-même pour rester en retrait de l’oeuvre. Au fond on en apprend autant sur Barthes que sur Camus comme on en apprend autant sur Beckett lecteur de Proust que sur Proust, dans toutes ces critiques. Et puis pour enfoncer le clou, Barthes n’a jamais été foutu d’écrire un seul roman, donc pour moi, à ce titre de noblesse qui lui manque, il reste un « imparfait du subjectif » comme on dit dans les milieux pédagos.

  30. Il y a comme un vent d’air frais sur les commentaires de BdA aujourd’hui.

    Merci Sanseverina (et JP!)

    • « Il y a comme un vent d’air frais sur les commentaires de BdA aujourd’hui. » Oui attention aux courants d’air, votre voix est déjà bien assez éraillée comme ça. Fermez bien la porte derrière vous en oubliant la clef et rassurez la salle que personne ne viendra vous délivrer.

  31. Pour oublier un instant les roquets aboyeurs-copieurs-colleurs, voici un lien vers un article en pdf de René Thom datant de 1974 :

    « La linguistique, discipline morphologique exemplaire »

    où l’auteur présente de façon assez accessible * un tableau très éclairant des approches descriptive, réductionniste et structurale de disciplines comme la physique, la biologie et la linguistique qui permet, à nous autres scientifiques « purs », béotiens en linguistique que nous sommes souvent ** d’en comprendre quelques aspects.

    http://dl.free.fr/mTL45O7a8

    * ce qui n’est pas toujours courant chez Thom…
    ** certains un peu plus que d’autres…

    • « nous autres scientifiques « purs » » grotesque entre-soi de la part d’un petit prof de collège, cette phrase est le pinacle de vos prétentieuses incohérences parmi tous vos commentaires plombés de vos stupides âneries que vous déversez dans un tonneau sans fond.
      « béotiens en linguistique »…remarquable introspection de votre part pour une fois que vous ne transférez pas vos échecs sur les autres.

  32. Pas un mot sur la réception à l’Académie française d’Alain Finkielkraut ? Il a succédé à un Belge, Français d’adoption depuis – Félicien Marceau – qui ne sut choisir son camp à un certain moment – et pendant la guerre c’est parfois un crime ou une trahison.

    Finkielkraut maoïste à vingt ans, SOS-racisme à quarante, identitaire malheureux à soixante-dix !
    Voilà un homme qui ne sait sur quel pied danser …

    • Comme Rabbi Jacob – Louis de Funès il a une vocation de derviche tourneur !

      N.B Finalement la chance de Roland Barthes c’est de n’avoir pas pu se présenter à Normale Sup’ où il aurait été pris dans les rets de la politique et aurait fini soit dans un cabinet ministériel avec Pompidou comme mentor soit à ânonner avec Sartre des sottises sur le radieux avenir de l’Urss de Staline et de la Cuba de Castro !

  33. L’Homme c’est le style ! Et je n’aime pas le style fébrile … être atteint d’un zona de l’écriture et de la parole ne rend pas plus perspicace !

  34. Pour prendre le large il faudrait que je vous parle de la France ; vous savez que j’accuse le Conseil d’Etat d’être né d’un coup d’Etat et d’avoir paraphé tous les coups de force contre la loi !
    Ce n’est pas rien quand on prétend représenter la fonction publique.

    C’est sous les meilleures intentions du monde – celui de préserver l’ordre – qu’on commet tous les crimes contre la raison et incidemment qu’on prépare la pire des instabilités institutionnelles.

    Un autre jour peut-être … mais pas à l’Académie française !

  35. Imaginez qu’Hélène Carrère d’Encausse mette la main au cul d’Alain Finkielkraut pendant une séance du dictionnaire ! Horresco paluchage … les mots sens dessous dessus !

  36. Les mots qui rendent fous …

    Vous vous souvenez sans doute que Louis Althusser – le caïman de Normale Sup’ – après avoir toute sa vie déblatéré des idioties sans nom qui heurtaient le sens commun – a fini par devenir tout à fait dingue et a trucidé sa femme.
    Il a été déclaré irresponsable et interné puis libéré avant sa mort.
    Jacqueline Sauvage qui elle avait de bonnes raisons de tuer son mari n’avait pas la chance d’être une distinguée marxiste de compétition ; elle est donc en prison pour y purger sa peine.

    • Vous devriez faire un peu de Droit, Driout. Il y a légalement une sacrée différence entre étrangler quelqu’un dans une crise (la scène est dans le roman de Binet) et tirer trois balles dans le dos d’un individu — quoi que je pense de l’individu.

  37. Alors un petit conte de la bécasse puisque ça continue de s’agiter au fond et qu’on en redemande. Pauvre Maupassant, s’il savait.
    Ce matin, devoir surveillé de trois heures pour mes 1ères L. On a donc bouleversé l’emploi du temps, trouvé péniblement une salle ( eh oui, dans l’éducation nationale, on ne se meut pas dans de grands espaces modernes et clinquants comme dans le privé). Trois élèves arrivent 10 minutes en retard, Six sont absents ( un seul s’avèrera vraiment malade ) . Je leur demande de poser leurs portables sur une table. Les pauvres râlent. J’entends  » Comme si on allait regarder sur internet ! ». Bref, tout ce petit monde finit par s’installer.
    Au bout d’une heure, M. s’est endormie profondément, si profondément d’ailleurs qu’elle ronfle,affalée sur sa table, oui, elle ronfle de manière sonore au point que dans le calme de la salle, certains commencent à rire. J’attends. Elle ne se réveillera que 20 minutes plus tard à cause du collègue de la classe d’à côté qui a allumé le vidéo projecteur un peu fort. Pourrait faire attention , celui-là quand même !
    Fin de la première heure : défilé aux toilettes. Arrive A, en pleine forme, muni d’un billet d’autorisation de rentrée en classe, délivré en bonne et due forme par la vie scolaire qui me somme d’accepter l’élève retardataire en devoir surveillé. ( il faut savoir que la vie scolaire est le zorro des élèves et que le prof a toujours tort ) Je lui demande si cela ne le gêne pas trop d’avoir perdu une heure. J’obtiens un « non, pas du tout ». M. la dormeuse pendant ce temps crayonne vaguement sur sa feuille, dessine, puis repousse son papier, tenant son crayon comme si elle chipotait avec sa fourchette dans une assiette pleine d’un plat qui ne lui conviendrait pas.
    10h : L. prend le relai et s’endort, sans ronfler, cette fois. Le portable de A. vibre. C’est normal, pauvre portable, il ne comprend pas pourquoi son propriétaire l’abandonne ainsi, lui qui, d’ordinaire, joue avec pendant tous les cours. S. s’agite sur sa chaise car elle a fini. Et dans les 20 minutes qui suivent les trois-quarts de la classe me rendent leur copie. Ils savent qu’ils ne peuvent partir donc, nouveau défilé aux toilettes.
    La table de B. est envahie de nourriture en tout genre : on dirait qu’il doit tenir un siège. Il aura passé plus de temps à manger qu’à écrire. Trois heures, sans barres sucrées, vous imaginez ce que ce serait… Je vous rassure, c’est autorisé dans le règlement intérieur les jours de DS.
    L. finit par se réveiller et vient me rendre sa copie. Quelques élèves écrivent encore. Que font les autres que j’ai autorisé à travailler ou à lire ? Rien. Ils regardent dans le vide, ils papotent à voix plus ou moins basse. Trois d’entre eux révisent un texte de l’option théâtre, un monologue. Je m’approche, je leur demande le texte et je découvre un auteur strictement contemporain dont le texte est une longue suite d’injures que je n’ai aucune envie de répéter ici. C’est ça, l’option théâtre ? Ah, bon !
    La cloche sonne. Je regarde les devoirs : tous ont pris l’écriture d’invention, 4 le CC et 5 la dissertation. Les trois quarts ont écrit leur torchon en 1H30 lecture du corpus de textes comprise.
    Pas vraiment la peine d’organiser un DS en trois heures…Mais si vous proposez le même devoir en deux heures, cris d’orfraie des mêmes élèves et de leurs parents qui ont le droit, m… alors !

    • Quel sacerdoce !

      Je lis en ce moment la biographie de Saint-Louis par Le Goff. C’est sous son règne qu’avaient été créés les deux ordres mendiants, frères prêcheurs (ou dominicains) et frères mineurs (franciscains).

      En France, les frères prêcheurs étaient surnommés jacobins, du nom de leur couvent parisien, appelé par la suite à une certaine notoriété. Vous voyez donc de qui vous tenez dans votre carrière vouée à la mendicité et à l’humilité.

      Messieurs les enseignants, encore un effort pour être républicains et jacobins. Le bon Dieu vous le rendra…

    • Pauvre petite prof accablée qui sent monter en elle en fin de journée l’angoisse de l’irréparable. Qu’attend-t-on des profs sinon qu’ils se transforment en maîtres pour que l’ordre règne dans la classe? Mais ça c’est trop leur demander, sont pas là pour ça qu’ils disent en gardant un oeil sur la pompe à vide de leur hiérarchie et des parents d’élèves qui voudraient s’en servir pour dégonfler leurs égos boursouflés. Les bons élèves dans tout ce foutoir doivent se dire que si la connerie de leurs parents est désespérément innée, celle de leurs professeurs est notoirement acquise, de quoi vous dégoûter d’embrasser la carrière.
      Bonne soirée mon petit choux !

  38. Y nous aime pas le M(R)2.

    Rester indifférent au génie alors qu’il est là, devant nous, tellement évident, tellement nécessaire, voilà notre crime.

    Sanseverina, faites un effort !

  39. Ben, oui, il n’a pas l’air beaucoup plus malin que mes élèves. En tout cas, il n’a pas l’air d’avoir grand chose à faire le M(R) 2 ( délicieusement bien vu, Dugong, once more ). On se demande dans quel master, il est inscrit …Peut-être qu’il n’arrive pas à suivre, ou qu’il a déjà tout rédigé en très peu de temps comme mes élèves. En tout cas, la même haute idée de soi. C’est ça que j’aime le plus. L’impression qu’ils n’ont plus rien à apprendre de personne. Les pauvres, ça doit être chiant une vie où l’on admire que soi-même. Vive la génération selfie.
    Cela dit, il a parfaitement raison de ne pas vouloir embrasser la carrière comme il dit. Il n’est manifestement pas fait pour enseigner. Le privé se chargera de lui rabattre le caquet et il verra ce que c’est qu’un entretien avec un RH. à supposer qu’on veuille de lui quelque part.
    Attendons que le principe de réalité lui tombe dessus.
    En attendant, il peut essayer de taper de tous ses petits poings sur les méchants profs, il n’arrivera guère à nous faire taire. Et des contes à écrire, j’en ai plein.
    Chaque jour que Dieu fait, comme dirait notre bon récollet, amène sa moisson d’histoires … Et je m’amuse beaucoup à les retranscrire.

  40. Vers 1890 Maurice Barrès était le prince de la jeunesse, le grand poète de l’âme française du moment ; et puis il a eu l’idée saugrenue d’entrer en politique pour accroître encore sa notoriété tout en en faisant thème à variations littéraires et son image s’est durablement ternie au point qu’aujourd’hui encore il n’en est pas vraiment revenu !
    Au contraire de Péguy le normalien qui n’a eu de cesse de dénoncer et la Sorbonne et la politique politicienne celle de Jaurès après avoir adulé le tribun socialiste ! Chez Péguy l’âme de poète a grandi en se défaisant des atours trop politiques, chez Barrès l’âme poétique s’est dissoute dans l’arène des luttes au jour le jour.

    Que restera-t-il de Finkielkraut dans un siècle ? Probablement rien du tout et même pas de ce rien dont certains peuvent faire un tout lumineux du souvenir poétique.

    • A mon sens la politique et la littérature ne font pas bon ménage ; ce qui sauve Chateaubriand c’est qu’il centre ses « Mémoires d’outre tombe » sur son échec politique, de même Saint-Simon dans ses « Mémoires » est le témoin impuissant de la défection de la noblesse face à la toute-puissance de la monarchie centralisée.

      • Saint-Simon est lucide : il enrage parce qu’il voit bien que la noblesse a perdu la partie face à l’ascension de la bourgeoisie promue par le Roi-Soleil qui fait tant d’ombre autour de lui.

        Maintenant quelle est la part de lucidité chez Finkielkraut ?

  41. « Qu’attend-t-on des profs sinon qu’ils se transforment en maîtres pour que l’ordre règne dans la classe?  »

    Mais, très cher, vous nagez à contre-courant dans une piscine pleine de théories obscurantistes et nauséabondes! Où donc avez-vous vu que l’enseignant devait être un maître qui impose?! Ne savez-vous donc pas que l’enseignant doit être, avant tout, un guide humble et empathique, un animateur conscient des difficultés socio-familiales de ses apprenants, un ethnologue patient, un psychologue autoformé, un spécialiste de tous les « dys » qui traînent, une conscience éveillée de ses privilèges honteux de fonctionnaire, un artisan du devoir de repentance historique, enfin bref.
    Ne rentrez pas dans cette grande maison, vous y deviendriez très vite fou à lier!

    Hors déconnade, reconnaissez qu’un mécano sans outils ne saurait faire fonctionner un moteur récalcitrant.
    La bise.

    • Le trollisme transformiste qui sévit sur BdA reprend des formes amusantes *.

      Le M(R)2 va nous montrer ce qu’il sait faire en nous proposant une analyse structurale de ce récit, basée sur le carré sémiotique.

      Bien sûr, ce n’est pas aux vieux singes ** qu’on apprend à faire le Greimas mais nous serons indulgents : il serait malséant d’exiger beaucoup d’un être encore si mouillé de sa mère.

      * IP IP IP hourra !
      ** nous autres dos gris

  42. Résumons:
    « … qui cherchent à nous empêcher de parler systématiquement en parfaits extrémistes qu’ils sont l’un et l’autre. ». Sympa la fille.
    En fait, je n’aurais su mieux dire si j’avais eu à décrire les troubles obsessionnels, compulsifs, narcissiques, antisociaux, etc…(approches catégorielles à compléter, un spécialiste de tous les « dys » comme dit l’ami Sisyphe s’en chargera) du couple de vieux ronchons qui aurait toute sa place rue des Morillons ou dans le maquis breton de N.D. des Landes (*) plutôt que dans ce blog depuis le temps qu’ils s’y baladent accoutrés
    de leurs vieux t-shirts personnalisés « à vendre » sur les épaules. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi le maître des lieux
    ne coupe pas d’un bon coup de ciseaux le long ruban filandreux de leurs fadaises cérébro-spinales, pareille indulgence finit par intriguer.
    « Attendons que le principe de réalité lui tombe dessus. »… je crois entendre mes parents. Et pourquoi pas une bonne guerre pendant qu’elle y est ma petite bécasse raconteuse, qui n’est visiblement pas le perdreau de l’année ou je me trompe ?

    Quant au gros ‘moucheron merdouillard’ qui re-mastérise ad libitum sa métaphore barthésienne androïde, il peut m’insulter tant qu’il veut, ça ne changera rien à ce qu’il est.
    (*) les voici dans le chaudron de leur activisme faisant le plein de leurs contributions drôlatiques pour ce blog qu’il viennent hanter journellement:
    http://i.f1g.fr/media/figaro/635x230_crop/2016/01/29/XVMd22d772e-c6a7-11e5-a093-5cc2826e4cfa.jpg
    Allez, bon week-end mes petits chéris !

  43. En résumé :
    – La littérature est le règne du subjectivisme et de l’individualisme
    – La politique n’existe que par le collectif et in fine l’objectivisme à travers tous les détours possibles de l’idéologie

    Chateaubriand roi du moi-je pouvait-il réussir en politique ? Clairement non ! A moins d’en revenir aux temps antiques des héros mythologiques et des demi-dieux. Son domaine d’élection : les rêves d’Ossian mais pas le monde moderne.

    Saint-Simon a loupé d’un demi-siècle sa véritable époque, celle de La Fronde quand le Cardinal de Retz défiait dans la joute populaire le Cardinal de Mazarin et défendait un certain féodalisme en plein Paris la rebelle face à l’Etat moderne (Louis XIV : « l’Etat c’est moi » ; il voulait dire les bureaux de Versailles).

    • Incidemment on ne voit pas bien en quoi la langue d’un individu rebelle à toute autorité comme l’est l’écrivain qui se fait son langage à soi pourrait être fasciste ! Ceci c’est la petite pierre dans le jardin de Roland Barthes …

      Peut-être voulait-il parler de la langue fonctionnarisée des mandarins, la langue du 3eme Reich de Klemperer ?

  44. L’écrivain qui veut faire à la fois de la politique et de la poésie … incongruité ! Certes on manie les foules avec des mots mais l’objectif est hors des mots. La poésie est son propre objectif, c’est confondre les mots : la terre et les morts avec les choses mêmes ; « du sang de la volupté et de la mort » disait l’esthète Barrès vers 1880 et quelques ; mais en 14/18 on l’appela le « rossignol du carnage » ce qui est beaucoup moins glorieux surtout pour un homme de l’arrière !

  45. Au sujet du petit énervé qui se la joue Al Pacino dans Scarface.

    Quelques lignes de Nicolas Gauthier dans Blvd Voltaire

     » Et là, badaboum et putain de sa race, le petit teigneux s’est, une nouvelle fois, fait poisser les salsifis dans le bol à friandises. Le 20 janvier dernier à Nîmes, MC Sarko croise donc deux édiles des Républicains, Stéphan Rossignol et Gilles d’Ettore, respectivement maires de La Grande-Motte et d’Agde. Leur crime ? Ils ne l’auraient pas assez vigoureusement soutenu lors des dernières élections régionales. D’où cette réplique, belle comme de l’antique : « Vous deux, il faut qu’on s’explique. Vous m’avez baisé aux régionales, petits merdeux. Moi, on ne m’encule pas, hein ! Moi, je ne me fais pas enculer, compris ? »

  46. N’étant pas très fûté – pas du bois dont on les fait- j’ai du mal à comprendre le déversement bilieux de notre jeune ami Hervé.
    Possiblement, une période d’enseignement en collège devrait lui permettre de mettre de l’ordre dans ses haines primales et lui faire gagner un certain recul salutaire dans le jugement de ses pairs.

  47. J’avoue que je ne comprends pas moi-même très bien le pourquoi d’une telle animosité…
    Et je ne coupe personne par principe ! Même les imbéciles ont droit de survie ici.
    Les crétins sont la pierre de touche de l’intelligence.

  48. Sanseverina, que je suis de tout coeur avec vous ! J’ai adoré ce métier, mais ce que vous décrivez me ramène aux dernières années de mon sacerdoce. J’ai assez mal vécu la retraite, au début, mais votre tableau me dissuade d’avoir plus de regrets que cela…
    Effectivement, les 3/4 des élèves n’ont que faire du temps imparti ! Quant aux collègiens, ils rendent leur petite crotte au bout de 20 minutes.
    Dormir en classe : encore un classique. Il y a 4 ans, j’ ai tiré deux dormeurs par la veste qu’ils n’avaient d’ailleurs pas retirée, et je les ai foutus dehors par la violence physique. Eh bien, ça défoule ! Avec interdiction de remettre les pieds chez moi pendant une semaine (c’étaient des TL). J’avis la chance d’avoir un proviseur adepte d’un autorité quasi monarchique devant les élèves. Pas d’ennui, pas de nouvelles des familles.
    Meirieu dit que tout élève est éducable, mais s’il refuse d’être éduqué, l’acte d’enseigner se situe dans cette porte étroite ! Pauvre mec !

  49. J’ai lu le livre de Laurent Binet à la rentrée littéraire de septembre et beaucoup de choses me sont passées au-dessus de la tête car c’est un livre pour bons connaisseurs de l’oeuvre de Barthes, donc d’intellectuels, qui parle d’eux et qui s’adresse à eux. Il faut le lire comme on lit une pièce de théâtre mais pas comme un roman, c’est très satirique, parfois très drôle sauf pour les personnages qui y apparaissent nommément. Je ne regrette pas trop mon achat, et, je suis d’accord avec votre dernière phrase, moins que « Boussole » de Enard, qui m’a fait perdre quelques euros chèrement gagnés.
    Le même article avec deux titres différents selon que l’on va sur le portail de Causeur ou votre blog, c’est normal ?

    • Eh bien, d’abord, merci de votre critique. Et je ne contrôle rien de ce qui se fait sur Causeur en dehors de mon propre blog. Si Elisabeth Levy veut changer le titre (vous me l’apprenez), elle peut, elle est la patronne.

  50. Un roman dont Sollers est l’un des héros…
    Je crois que je vais plutôt me plonger dans les mémoires de Chuck Norris.

  51. Merci beaucoup, Charbonnel, pour votre message qui apporte un peu de chaleur humaine. Oui, il y a des moments où le quotidien face à des élèves qui ne sont pas des élèves de lycées privilégiés n’est pas très simple. Il faut savoir naviguer entre franche autorité et une attitude beaucoup plus souple surtout avec les L, souvent de faux littéraires voire pas littéraires du tout et qui obtiennent leur bac grâce aux options lourdes : musique, théâtre, cinéma, arts plastiques qui leur offrent le faux sésame sur un plateau par un jeu de coefficients avantageux que vous devez bien connaître.
    Et il est vrai que la mise en récit de ces moments plus ou moins plaisants est une manière comme une autre de s’en sortir. Et ça évite surtout de tomber dans le lamento continu qu’on entend en permanence dans la salle des profs. Et puis, on a des ressources à l’extérieur, comme disait un musicien dont je ne supporte guère la musique d’ailleurs :
    « Vous pouvez posséder le monde entier, si je peux garder l’Italie ».
    Profitez bien de votre retraite, il y a tant de choses à faire…

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