Entre septembre 1814 et juin 1815 se tint à Vienne le Congrès où les grandes puissances se partagèrent les dépouilles de Napoléon, et reconformèrent l’Europe à leur guise.
Je dis « les grandes puissances » parce que certes tout le monde y était convoqué (216 chefs de missions diplomatiques ! Un barnum, comme on ne disait pas encore !), mais seuls comptaient les avis de l’Angleterre, de l’Autriche, de la Russie et de la Prusse. Et, en dérivé, celui de la France, le pays vaincu mais que l’on ne pouvait pas formellement écraser, puisqu’il retombait entre les pattes des Bourbons.
Au total, cinq délégations, et cinq plénipotentiaires, à la tête desquels Metternich pour l’Autriche et Talleyrand pour la France. Wellington, pour l’Angleterre, était un soldat plus qu’un diplomate, Wilhelm von Humboldt pour la Prusse était un philosophe plus qu’un ambassadeur. Quant à Charles-Robert de Nesselrode pour la Russie, l’Histoire a retenu qu’elle n’en a rien retenu.
Bref, au final, ce fut un duel Metternich-Talleyrand. Peu importe que Chateaubriand ait cru bon d’assassiner le Diable boiteux dans ses Mémoires d’outre-tombe. L’autre s’en fichait pas mal — il faisait ses affaires et celles de la France.
On aurait aimé être petite souris pour voir ferrailler en privé ces deux grandes intelligences, l’Autrichien froid, mais pragmatique, et le Français retors, mais accommodant.
Tout cela pour dire…

Hier vendredi 30 octobre, à Vienne justement, s’est tenue une réunion plénière sur la Syrie. Laurent Fabius a bien tenté de plastronner avant et après en insistant sur la nécessaire (selon lui) démission de Bachar, mais l’Histoire retiendra que ce qui a compté, ce fut la présence simultanée des USA, de la Russie et de l’Iran. Le reste a fait de la figuration — comme Antoine Marie Philippe Asinari de Saint-Marsan, représentant du royaume de Sardaigne, au congrès de 1815.
Le lendemain, Sarko, en quête de reconnaissance comme d’habitude, est allé voir Poutine et lui a lancé, avec ce ton bonne franquette qui lui est habituel : «Tu connais ma conviction: le monde a besoin de la Russie ».
Oui-da — si je puis dire en franco-russe…
Le fait est que la Russie est déjà au centre du jeu. Mieux encore que les Etats-Unis, qui balancent d’un pied sur l’autre depuis trois ans, et qui savent bien qu’ils portent presque à eux seuls l’immense responsabilité d’avoir ouvert en Irak les portes de l’enfer.
De la France, qui avait pourtant joué intelligemment, en refusant de s’engager contre Saddam Hussein, on ne retiendra rien : le capital accumulé par Chirac, dans la droite ligne de la politique gaullienne, a été dissipé en quinze jours en Libye par Sarkozy soi-même. Ce n’était pas bien malin de casser le verrou qui empêchait les fondamentalistes du Machrek de joindre leurs forces aux intégristes du Maghreb.
Jean-Michel Quatrepoint, qui s’y connaît en Empires (1), a esquissé le même parallèle historique, en parlant du « Waterloo de la diplomatie française » — et l’ensemble de son interview dans le Figaro est éclairante. De Talleyrand à Fabius (ou Juppé, qui sous Sarko avait déjà insisté pour que Bachar laisse la place — à qui ? À des égorgeurs d’Alaouites ?), le niveau n’a cessé de monter — c’est comme à l’école.

Oui, la France est hors jeu. La semaine dernière, l’ex-président Jimmy Carter, qui joue depuis presque deux décennies les Monsieur-bons-offices entre les USA et la Syrie, s’est fendu d’une belle tribune dans le New York Times. Sous le titre « A Five-Nations plan to End the Syrian Crisis », il appelait à une conférence à cinq — Russie, USA, Turquie, Iran et Arabie Saoudite.

De la France, aucune nouvelle. De l’Europe entière, aucune nouvelle. Quand on a de stricts soucis budgétaires, quand on s’acharne à faire l’Europe des banquiers et des prêteurs sur gages, on ne prétend pas agiter ses petits bras sur la scène internationale.
Et c’est ce qui va se passer — étant entendu que l’Ukraine de l’Est sera la petite monnaie des futures tractations, parce que Poutine est capable d’avoir plusieurs fers au feu, lui. Une conférence à quatre ou cinq — étant entendu que l’Iran est incontournable, alors même que Fabius a tout fait pour faire capoter les accords sur le nucléaire iranien — ce qui l’a placé à jamais en porte-à-faux.
La troisième guerre mondiale est à nos portes — et ce ne sera pas un choc de civilisations, j’ai déjà eu l’occasion de le dire et de le redire, mais un choc des empires. La politique du Quai d’Orsay, depuis huit ans, sous prétexte de renverser quelque peu les alliances et de se rapprocher d’Israël, qui ne demandait rien, a consisté à mettre la France entre la Russie et les Etats-Unis comme on met son doigt entre l’écorce et l’arbre. Sans compter que cela a permis aux têtes creuses du salafisme d’importer chez nous le terrorisme qu’ils expérimentaient là-bas, et que les premiers à en faire les frais seront les Musulmans européens, auxquels on va finir par demander des comptes alors même qu’ils n’y sont pas pour grand-chose. Talleyrand, reviens, ils sont devenus cons.

Jean-Paul Brighelli

(1) Jean-Michel Quatrepoint, le Choc des empires, le Débat-Gallimard, 2014.

82 commentaires

  1. Quand je disais que nous manquions de foin pour bourrer les têtes de veaux … à la sauce gribouille !

    Pour les bonnes recettes de tête de veau à la sauce gribiche consultez Talleyrand qui en connaissait un rayon en matière de fins gueuletons !
    Il n’est bon bec que de Paris … ça c’était avant !

  2. Il n’est bon bec que du Français … y a-t-il un lien entre la gastronomie et la parole c’est une pensée plus profonde qu’il ne semble !

    Nous sommes ce que nous mangeons : c’est à dire que le soin que nous donnons à préparer nos mets nous le mettons aussi à opérer les transactions verbales qui déterminent notre place dans le monde.

  3. Châteaubriand ne s’est pas raté : il s’est fait Fouché au passage.
    … et je vois entrer en silence dans la pièce, le vice appuyé au bras du crime ; Monsieur de Talleyrand soutenu par Monsieur Fouché ….
    Du grand art ; un quasi attentat réussi.

    • La différence entre Talleyrand et Chateaubriand c’est que le premier a réussi et que le second a échoué ; ceci dit il a cultivé l’échec au point de s’en faire une renommée posthume avec les « Mémoires d’outre-tombe » alors que personne, évidemment, ne se réclame du prince de Bénévent sinon pour le confondre en injures et éclats de voix !

  4. Civilisation et empire ne sont pas forcément incompatibles…
    Le califat était une civilisation (islamique) et c’était un empire (islamique aussi). Il y a des civilisations qui ont une vocation impériale.

  5. La puissance du réalisme c’est qu’il plie nos pensées à ce qui est ; Poincaré disait qu’il y a les questions que l’on se pose et les questions qui se posent ; ce sont évidemment les secondes qui ont une réelle valeur.
    Les Orientaux pourchassent des fantômes d’idées et n’épousent que des réalités décevantes !

  6. Il est loin le temps où les « lettres de Talleyrand à Louis XVIII » constituaient le bréviaire des étudiants de Science-Po ou de l’ENA, futures têtes pensantes du Quai d’Orsay aux riches heures du gaullisme.
    Encore plus loin celui où l’hymne « Partant pour la Syrie » sous le Second Empire avait remplacé « La Marseillaise ».
    Une bonne idée d’instruction civique que de faire apprendre cet hymne à nos élèves de banlieue candidats au jihad sans boussole.

  7. Chateaubriand avec un accent circonflexe, pour un prof de lettres en classe préparatoire, c’est un peu douloureux. Tout fout vraiment le camp.

    • Et comme un ane baté, j’ai suivi. Surpris, mais j’ai suivi ; probablement le fruit d’années d’endoctrinement sur les bancs de l’éducation nationale.
      Par contre âne prend bien un accent circonflexe, non ?

  8. Il est connu que Talleyrand avait la meilleure table de Vienne et qu’il tenait ses convives avec une fourchette encore plus qu’avec le caractère étincelant de ses propos !
    C’était un hôte qui savait recevoir …

    P.S Le Chateaubriand n’a semble-t-il aucun rapport avec l’écrivain puisque le mot apparaît longtemps après la mort de l’Enchanteur.

      • Le XIX ème à laissé quelques esthètes
        J’ai laissé passer un jour un magnifique exemplaire de  » La physiologie du goût »

        C’est peut-être le seul héritage intéressant qu’ai laissé la bourgeoisie de cette époque : Brillat-Savarin et quelques autres.

        C’est d’ailleurs par cette voie que j’ai commencé à m’intéresser à ce blog.
        L’auteur évoquait un soufflê aux langoustines, dont la recette
        n’a jamais été dévoilée, malgré certaines demandes.

  9. Vous voyez qui pour remplacer Manuel Valls après les régionales de décembre perdues par le PS ? Je préviens tout de suite : je ne suis pas candidat au casse-pipe !

    On demande un mage !

    • Tariq Ramadan, histoire qu’on en finisse une bonne fois pour toutes, dans la fureur et le sang.

    • S’ils sont aussi obstinés dans l’erreur que NVB, Valls reste en place.
      Sinon, je verrais bien Cazeneuve.

      • Effectivement, d’ici peu, il faudra une Cazeneuve pour reconstruite la maison socialiste en ruine !

    • Le problème c’est peut-être Valls lui même et non son remplacement (qui pourrait être une aubaine)

  10. Bingo MOOT c’est Cazeneuve qui a la cote, pour continuer Ségolène au Quai D’Orsay, Le Roux à la défense, elle est pas belle la vie !

      • Donc à peu près n’importe quel membre de la nomenklature Solférinienne ferait l’affaire, si l’on considère qu’un éléphant ca trompe énormément.

  11. On sait que le lycée est désormais réduit à des activités de speakologie, aussi diversifiées que creuses.

    On peut donc continuer à y fourrer n’importe quoi sans nuire à la vacuité des contenus :

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/11/02112015Article635820458558003877.aspx

    « Qui pourrait enseigner la psychologie dans le secondaire ?
    Evidemment des doctorants de psychologie pourraient le faire mais on ne vas sans doute pas créer un nouveau corps de professeurs. On pourrait former les professeurs de philosophie et aussi ceux de SVT qui semblent ouverts à cette idée. »

    La essevétisation de l’enseignement : une façon de causer de tout et surtout de rien.

  12. La démocratie de gouvernement revue et corrigée par l’illustre escamoteur Erdogan ou comment la Turquie Nouvelle nous a donné un sublime exemple de mode d’emploi de victoire électorale:
    – Une opposition pourchassée jusque dans les chiottes;
    – Un islam totalisant qui déresponsabilise la ménagère ottomane de moins de 50 ans;
    – Des médias soumis et une justice prosternée;
    – Une économie à l’avenir moins pessimiste que prévu.

    Transposition:
    – Une hydre à 3 têtes chez Les Républicains: l’opposition se pourchasse très bien toute seule;
    – Une Eglise Catholique transformée en O.N.G. post-chrétienne, merci au Pape François!
    – Des médias serviles et une justice idéologue;
    – La France devenue un village économique à l’heure allemande.

    Ah ces braves français! « Beati pauperes spiritu quoniam ipsorum est regnum Hollandorum », se dira François le bienheureux en 2017 qui pourtant n’aura jamais rien lu de Talleyrand de toute sa vie.

  13.  » Des médias serviles et une justice idéologue. »

    Des intellectuels « organiques » comme disait si bien Pasolini. S’il était encore là avec Gramsci pour voir où en est « l’homologation », quel choc, il aurait !

  14. Quelques instants encore avant le résultat du Goncourt. Les parisiens sont descendus dans la rue pour en parler, à la campagne le bruit des tracteurs a cessé, dans ma fac les cours se sont arrêtés, les étudiantes consultent frénétiquement leurs portables; c’est le bon moment pour moi de tester la qualité du cheptel virginal environnant…

  15. Pas de coups de klaxon à 13h…curieux!
    Pas de fumée blanche, non plus…vraiment curieux!
    Le cheptel chaste et candide des étudiantes s’est de-plus-en-plus-curieusement dispersé à mon approche. Faut-il y voir un éloge de la faim ?

  16. Les mercenaires terroristes de l’Etat islamique ou d’Al Qaïda (ceux qui fond u bon boulot dixit Fabius) égorgent TOUS ceux qui soutiennent le gouvernement syrien, qu’ils soient Alaouites, Chrétiens, Sunnites, Kurdes ou Druzes.
    Je sais qu’après cinq années de propagande bien menée par les médias d’Occident, c’est difficile d’accepter qu’il ne s’est jamais agi d’une guerre civile entre communautés religieuses mais que le conflit syrien est une guerre internationale menée depuis l’etranger par procuration du terrorisme international pour des intérêts Géopolitiques et économiques bien compris. La France, trahissant son rôle diplomatique historique de conciliateur, a pris parti, a choisi le mauvais camp et s’entête : quelles promesses a-t-elle faites aux pays obscurantistes et si démocratiques qui achètent sa dette? La voila ridiculisée, éliminée du « jeu » qui, après l’Irak et la Libye, a partiellement détruit la Syrie.
    Depuis 10 jours, le siège d’Alep par les terroristes est total : plus rien ne rentre ou ne sort, ni hommes, ni marchandises. Et la ville, régulièrement -bombardée depuis août 2012 par les terroristes- dont une seule partie est protégé par l’armée régulière, continue naturellement presque sans eau et sans électricité surtout depuis qu’il y a deux semaines, la coalition US a bombardé sa principale centrale électrique(?!? : qui est à même d’expliquer les mystérieuses tactiques des US, si ce n’est par la stratégie du Chaos?). Mais ce siège cruel et moyenâgeux qui concerne 3 millions d’habitants, vu que le journal de 20h n’en parle pas, est sûrement une pure affabulation de ma part, n’est-ce pas?

  17. Amis agrégés de lettres modernes, bonjour !

    Hier j’ai terminé un livre « Il était une ville », Flammarion 2015, d’un gugusse nommé Thomas Reverdy.
    Qu’est-ce que j’y lis:
    – que dans les équations des DRH, les gens sont des quantités négligeables…bla bla bla
    – le système est bien huilé…bla bla bla
    – personne n’est irremplaçable…bla bla bla…
    Scotché devant tant d’ingéniosité, j’ai voulu en savoir plus sur ce gars-là et là qu’est-ce que j’apprends: qu’il est agrégé de lettres modernes !
    Alors là tout s’explique, ce talent, cette vision, ce don qui le rend si original, si ingénieux, pas la peine d’aller chercher plus loin.
    Y’a que le flair des agrégés de lettres modernes pour aller dénicher que dans les boîtes, le système est bien huilé, que personne n’est irremplaçable. Je frissonne à l’idée qu’il nous apprenne que les DRH convoquent des types avant la sortie des bureaux ou des usines pour leur dire qu’ils sont lourdés, que c’est pas la peine de venir pointer demain. A côté, Gervaise et Coupeau, c’est « une famille en or ».
    Mais où va-t-il chercher toute cette brutalité du monde social ?
    Sincèrement, des gars qui donnent à voir une telle violence du monde, j’évite!
    Moi, les agrégés de lettres modernes, quand j’en vois un arriver, je change de trottoir, parce qu’en me croisant il serait bien capable de me donner les chiffres du chômage ou celui du déficit commercial; ça serait plus de la violence, mais de la torture.

  18. Il y a des (im)posteurs qui s’expriment à tort et à travers ici ou là qui croient à leur créativité fulgurante. Ils peuvent m’envoyer des emails, je resterai indulgent; il faut tout bonnement se dire que quelque part ils ont une certaine utilité, même diffuse et pâteuse…

    • Tristenouille s’énerve.

      Si on croise Tristenouille dans la rue, on en change pas de trottoir. Tout simplement parce qu’il est transparent.

      • Élève Dugong, vous écrirez et posterez à ma gloire une e-cantate pour chaque messe dominicale pendant 3 ans, comme JS BACH l’a fait par mysticisme pour célébrer l’Invisible.

  19.  » http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/11/02112015Article635820458558003877.aspx

    « Qui pourrait enseigner la psychologie dans le secondaire ?
    Evidemment des doctorants de psychologie pourraient le faire mais on ne vas sans doute pas créer un nouveau corps de professeurs. On pourrait former les professeurs de philosophie et aussi ceux de SVT qui semblent ouverts à cette idée. »

    Ah mais non!! Qué « profs de SVT ouverts à cette idée »??! Montrez-moi ces malades que les soigne à grands coups de spéculum, histoire de leur ouvrir encore plus les idées ( mal fondées en l’occulrance)!
    Ah mais oui!! Bien sûr, suis-je bête ( juste certifié donc) : il s’agit pour nous de gratter les heures que la raie informe nous ôtera l’an prochain! Il faut faire feu de tout bois avant l’hiver nucléaire des profs de Sc Nats…
    Reste l’humour comme disait le patron du lieu: ça coule à flot et le cru est plutôt savoureux!

  20. « Le candidat républicain aux primaires pour la Maison Blanche en 2016, Donald Trump, a publié un livre aujourd’hui dans lequel il fustige avec son verbe habituel les maux d’une Amérique malade, reprenant les thèmes qu’il égrène à longueur de campagne.

    L’ouvrage « L’Amérique estropiée: comment rendre sa grandeur à l’Amérique? » est publié au moment où le milliardaire, qui a fait un début de campagne canon depuis l’annonce de sa candidature cet été, est au coude-à-coude dans les sondages avec son principal adversaire côté républicain, le neurochirurgien retraité Ben Carson.

    Plusieurs centaines de fans venus des quatre coins des Etats-Unis s’étaient rassemblés en fin de matinée à la tour Trump, à New York, où l’ancienne star de la télé-réalité tenait une séance de dédicaces pour son livre, « qui se vend comme des petits pains », selon lui. »

    Bah ! La France est cul-de-jatte depuis si longtemps … cela ne l’empêche pas de continuer de danser la gigue !

  21. Certains des posts que j’envoie sont bloqués par les modérateurs tellement ils sont violents.
    ces agrégés de lettres modernes c’est tous des violents.
    Bon, on croit que je fais une fixette sur les agrégés de lettres modernes, mais c’est pas vrai; j’en fais une aussi sur les agrégés de physique! D’ailleurs, quand je rentre dans la bibliothèque de physique-recherche de ma fac je sens à l’odeur s’il y en a un ou plusieurs qui rôdent ici. Ils ont le même parfum, un parfum d’agrégé. Ça sent tellement le parfum d’agrégé dans cette bibliothèque que je ne manque jamais de m’y rendre avec une bombe de déodorant. Un p’tit coup de vaporisateur et hop, c’est l’évaporation des agrégés de physique. Ça m’amuse et en plus je risque rien: je suis transparent!

  22. Tristenouille, facarien de bibliothèque se faufilant de plinthe en plinthe, la transparence ne vous rend pas indétectable.

    Même les neutrinos peuvent donner lieu à des oscillations de saveur détectables et ça fait déjà bien longtemps que même un étudiant de L1 saurait détecter à trois kilomètres les reptations putrides auxquelles vous vous livrez avec votre copine.

  23. Allez, faites-moi rire un peu. Je me retrouve avec une attelle au poignet et le jour de mon anniversaire en plus. Des histoires, des histoires ! Du récit !
    A propos de récit, vous avez vu le vocabulaire débile employé par les journalistes du Monde, entre autres, pour qualifier les prix littéraires machins choses : ils sont « haut de gamme »…
    Avec couverture cuir, sans doute…
    Et les poses inspirées de ces braves gens sur des photos bien léchées :
    Mr Thobie, par exemple, ethnopsychiatre de son état, je ne savais pas que ça existait, moi, un ethnopsychiatre. A tout prendre, j’aime mieux parler à Toby-Chien…

  24. Je me demande comment vous cher JPB vous pouvez à la fois louer Talleyrand, immoraliste accompli, et servir la messe avec le premier communiant NDA ?

    Car enfin entre le roi des coups fourrés et le petit maître du Val d’Yerres, il y a comme un gouffre historique et politique !

    • Nicolas Dupont-Aignan se dit gaulliste … je demande à voir !

      Il a été en pamoison devant Philippe Séguin alors que Charles de Gaulle a été l’homme lige et la plume de Philippe Pétain ; vous voyez le grand écart entre ces deux seconds couteaux de l’histoire qui ne firent rien et e feront rien et de l’autre le maréchal de France vainqueur de Verdun et le général de brigade à titre temporaire ?

      NDA ne retient de De Gaulle que le côté « portrait en majesté » pour dessus de cheminée alors que l’épaisseur historique de De Gaulle est évidemment liée aux périodes sombres de l’occupation et de la décolonisation de la France : sang et fureur !

      C’est De Gaulle vu par tante Yvonne ! Côté cour ou côté lit si vous préférez, un roman à l’eau de rose … le côté ville de De Gaulle c’est tout un ramassis de coups bas et de couteaux tirés entre gens qui ne sont pas forcément des gentlemens.

  25. Salut les copains !
    Le prochain livre de JPB sera « Psy de blog » en 15 volumes, enfin s’il a le courage de lire tous les déballages de Dugong.
    Sauf que comme les états d’âme des bergers physiquement agrégés dans des bibliothèques universitaires à des bergères pubères pour tester la théorie de l’entropie darwinienne au niveau du sol, ça n’intéressera personne, ça finira au pilon. Le Tristounet vient mettre un peu d’esprit de sel dans tout ça mais la soupe est si diluée que les épices ne servent plus à rien.

    Signé: une langue de péripatéticienne (sans client, mais ça je crois l’avoir déjà dit)

  26. – Entrons dans l’histoire à reculons !

    Je vais vous faire le prochain discours de Hollande devant le Panthéon et de n’importe quel président futur de la France !

    Quand on a perdu le sens historique du destin de la patrie on le remplace par des colifichets qu’on enfile avec Lucette !

  27. A un moment donné il faut choisir entre l’histoire et la littérature.
    Chateaubriand a choisi les lettres, Talleyrand a préféré s’inscrire dans l’historique de la France. Les « Mémoires » du premier sont un chef d’œuvre qui raconte son échec politique, celles du second sont insipides et ne dévoilent rien qu’on ne sache déjà (peut-on surbroder sur le mensonge qui fut sa vie même ?).

    • L’histoire d’un sentiment historique : celle du désabusement !
      Enfant le petit vicomte de Combourg poursuivait la chimère dans le vieux château paternel, adolescent puis jeune homme il est emporté par la bourrasque révolutionnaire qui dissipe ses illusions tranquilles, homme mûr il n’est plus qu’un fétu dans le grand vent de l’histoire !

  28. @Sanseverina

    J’étais allé en début d’année assister à l’Odéon à une soirée en présence de Tobie Nathan et de Paula Jacques. Je n’ai pas lu leurs livres « Ce pays qui te ressemble » pour Nathan ni « Au moins il ne pleut pas » pour Paula Jacques mais leurs voix ce soir là nous entraînaient dans une nostalgie d’une l’Egypte complexe, multiple, variée à souhait dont ils avaient été chassés par Nasser en 1953. Je n’ai pas su ce soir-là si leur imaginaire l’emportait sur la réalité de ce qu’ils avaient dû quitter à regret.
    Si vous êtes cloîtrée chez vous pour quelques jours, faites-vous livrer par amazon leurs livres respectifs et faites-nous une fiche de lecture. Je suis persuadé que dans le livre d’un de ces auteurs vous entendrez la voix de l’autre.
    Bonne convalescence.

  29. Merci Tristan. Je dois dire que je n’ai rien de particulier contre les bouquins du sieur Thobie, ni contre les autres d’ailleurs, sinon qu’à chaque fois ou presque que j’ai fait l’effort de lire les prix machins choses, j’ai été fort déçue et que j’ai eu cette désagréable impression d’avoir totalement perdu mon temps comme lorsqu’on sort d’une séance de cinéma en se disant qu’on avait tellement mieux à faire qu’à rester dans ces salles qui sentent le remugle. Oui, c’est ça. Le remugle de livres sans intérêt. Même impression d’ailleurs avec les bouquins « d’idées », des journalistes plus ou moins people, ceux qui sont en pile sur les rayons les plus en vue des librairies, qui sont de moins en moins précis, informés, renseignés, et qui ne sont que le résumé de piètres conversations de comptoirs ou plutôt de dîners plus ou moins chics entre gens qui « font l’opinion ».
    Quant à vous faire une fiche de lecture, vous voilà bien cruel.Si vous saviez ce que me coûte de taper de la main gauche, à deux à l’heure …

  30. Sanseverina, une attelle au poignet — comme la Veuve du même nom ? Diable ! Ou plutôt, Pauvre diable — celui sur lequel vous vous acharnâtes…
    Des histoires drôles… Dans la même khopies d’hypokhagne, « Bauvary », Beaudelaire » et « Rolland » « Barthès » — comme avait dit Sarko avant lui…
    Vous leur apprenez quoi au lycée ?
    Rétablissez-vous vite ! Il y en a pas mal ici qui attendent leur dose quotidienne de fessée — Rousseau n’est pas le seul dans sa perversion.

      • Un fétichiste des (h)anches ?

        Peut-être croit-il qu’en soufflant sur la courbe du chômage, il y provoquera une inflexion mélodieuse ?

        Que de passionnantes questions dont nous n’aurons jamais la réponse.

  31. Causer du harcèlement est l’activité en vogue du gosse plan au Moloch.

    Y compris dans le conditionnement des stagiaires de globish :

    http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/anglais/file/seequence_bullying.pdf?captchaseltexte=6a4f93cb2417f164d51c6714bba6fcd1

    Voilà donc une seequence (sic), en 7 séances quand même, qui souligne encore une foi (sans s) l’optimisme euphorique de l’immaculée-conception des séances pédagoles (« à la fin de la séance, l’élève sera capable de… »)

    Ouaf !

    Stop bullying bullsheet !

  32. Harcèlement : a-t-on pensé à la violence faites aux harceleurs « d’intellos » qu’on maintient de force dans l’institution scolaire ?

    PS : René Girard aurait dit qu’il s’agit d’un cas patent où l´imitation porte le masque du rejet ostentatoire.

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