Il y en a qui n’ont pas de chance : à peine Libé vient-il de sortir, samedi matin, un numéro de week-end qui fait, durant six longues pages, ce qu’il croit être une analyse de l’islamophobie, que des fanatiques foncent à Nairobi pour montrer de quoi l’Islam est capable, pendant que deux vrais croyants dynamitent une église chrétienne au Pakistan et font plus de 70 morts. Caramba ! Encorrre raté ! On voulait lifter l’Islam, et il montre son vrai visage.
L’islamophobie n’est pas la haine de l’Islam, hé, patate, mais la haine de l’islamisme. Et les associations ou les médias (l’ex-journal de Sartre — bon sang, c’est loin, tout ça, quand je défendais Libé, manche de pioche à la main, contre les menaces des fascistes de toutes obédiences, ah, c’est pas beau de vieillir…) qui systématiquement attaquent tous ceux qui attaquent l’Islam — pardon : l’islamisme — sont les gardes rouges d’un nouvel impérialisme.
Alors, je vais prendre des risques — c’est dans ma nature. Oui, l’islamisme tue — et à répétition. Oui, l’islamisme est une stratégie mondiale de conquête. Oui, tous ceux qui voudraient nous faire croire que critiquer l’islamisme c’est critiquer les Musulmans me rappellent ces débats, à la LCR et ailleurs, dans les années 1970, quand d’aucuns voulaient nous faire croire que condamner le sionisme, c’était forcément attaquer Israël. Oui, Al-Qaida est une bulle nécrophile. Oui, les Frères musulmans ont du sang sur les mains jusqu’au coude. Oui, les insurgés syriens financés par le Qatar sont aussi des tortionnaires…
Et encore : oui, une femme voilée, c’est anecdotique, mais dix mille voiles, c’est une stratégie. Oui, le voile est le symbole ostensible de l’aliénation de a femme — et le premier qui prétend qu’elles sont libres de se voiler se prendra mon poing dans la gueule — comme ça il réfléchira à deux fois avant de les lapider quand elles le feront cocu. Oui, une ministre qui ne voit pas en quoi le voile à l’université — une belle brochette de filles voilées, assises au premier rang, pour surveiller de près les propos des profs, comme en ont témoigné auprès du HCI pas mal de profs de fac — est une menace pour la liberté de parole et la liberté de penser joue avec des allumettes dans une poudrière.
Et non, je n’attaquerai jamais une femme voilée dans la rue : mais je lui expliquerai à l’occasion qu’elle est une pauvre esclave, bibelot aboli d’inanité muette, victime d’une religion machiste, où l’homme voile la femme tant il a de doutes sur sa propre virilité. Non, je ne déteste pas les Arabes qui déambulent les rues de nos cités — est-ce que je sais seulement qu’ils sont arabes ? et qu’est-ce que cela me fait ? — mais je hais de toutes mes forces la superstition qui anime certains. Et non, on ne peut pas mettre toutes les religions dans le même sac. Les Juifs n’ont jamais incité au prosélytisme — on naît juif, on ne le devient pas —, les catholiques, après avoir digéré l’Inquisition, les Borgia, Tartuffe et la pensée jésuite, ont pris suffisamment de recul pour ne pas chercher de noises — à quelques frigides près qui sont complètement barjots. Bouddha et Krishna ne recrutent guère que de doux illuminés — de toute façon ils sont non-violents. Restent certaines sectes protestantes, qui vont faire suer les tribus découvertes dans une Papouasie heureuse, et font chanter les candidats à la présidence américaine ; et les Musulmans, qui ont le devoir d’islamiser le monde.
J’ai dit ailleurs que le voile n’était qu’un symptôme, une façon de disposer les pions noirs du jeu de go pour occuper l’échiquier. Ce qui se passe en petit dans les rues se passe en grand sur l’échiquier mondial. Aujourd’hui Nairobi, hier le Caire ou Damas — ou Toulouse avec Mohammed Merah.
Je sens bien que les plus imbéciles — disons, pour ne pas le nommer, quelqu’un comme Claude Askolovitch, qui ne sait plus que faire pour qu’on parle de lui et qui a choisi la position du collabo — crieront à l’amalgame. Mais qui fait l’amalgame, sinon ceux qui hurlent à l’islamophobie dès que l’on dit les quatre vérités de l’islamisme militant ? Que des Musulmans vivent tranquillement et n’aient comme extrémisme que d’acheter leurs pâtisseries à la Rose de Tunis — 5, rue Pavillon, 13001, Marseille, publicité gratuite —, à la bonne heure ! Ceux-là ne pensent pas à affubler leurs femmes ou leurs filles de catafalques, ils savent que la vertu ne consiste pas à avoir chaud sous du tissu noir, ni à porter des gants en pleine été.
Mais sur les plus sensés la pression s’accentue. Le halal s’impose, le ramadan se surveille, les petites filles sont harcelées. Répétons-le à l’usage des jeunes générations : il y a trente ans, il n’y avait pas de femmes voilées dans les rues de France, pas plus à Marseille qu’ailleurs. Les femmes nouvellement réunies à leurs maris au nom du regroupement familial profitaient à plein des libertés inconnues au « bled ».
Fin de partie : elles sont désormais sommées de reprendre les défroques de la superstition, parce qu’elles rendent visibles le maillage des cités, des mœurs, des institutions.
Stratégie de termites. Encore quelques années et la maison France s’effondrera, sous les applaudissements de Libé et de quelques autres — par exemple ces « historiens » qui ne voient pas que s’attaquer au « roman national » c’est miner la possibilité même d’une commune culture.

Les plus sensés savent bien que je défends la République, la laïcité, la liberté — à commencer par la liberté d’expression — et le droit de lire l’article « Superstition » du Dictionnaire philosophique. Que je défends les gosses musulmans — et les autres —, tiraillés par ceux qui veulent leur faire croire qu’une religion est une culture, quand elle en est l’abolition, et qu’une barre HLM constitue un territoire pour une communauté (boycottons tout média qui donne droit de cité, si je puis dire, au mot communauté).
Nous savons, depuis les fuites de Wikileaks, que les Américains, via leur ambassade, ont multiplié les contacts avec les journalistes français pour qu’ils implantent dans les consciences l’acceptation des tribus, des différences, et des communautés : tout émiettement leur est forcément profitable. Le seul sursaut sera républicain — ou ne sera pas. Ce qui se joue en ce moment est un épisode essentiel du conflit entre la civilisation et la barbarie. Et je n’ai pas envie que l’on prenne Rome une seconde fois, si je puis m’exprimer ainsi. Si certains se sentent munichois dans l’âme, grand bien leur fasse : ils ont déjà la guerre, ils auront la honte.
Mais non : d’ici là, ils se seront convertis.

Jean-Paul Brighelli

36 commentaires

  1. PAF ! Voilà qui est bien envoyé !

    Vous rappelez en fin d’article un fait qui est passé un peu inaperçu ( comme par hasard ) : les révélations de wikileaks sur le petit jeu très trouble des Américains en France.
    Ces révélations m’ont ouvert les yeux. Depuis, je regarde le monde, et les Américains en particulier) de manière totalement différente.
    On comprend la hargne américaine contre Assange et aujourd’hui Snowden. Courageux ces gars-là.

    Il y a aussi un document intéressant : c’est la liste des parlementaires « amis du Qatar »

    http://www.assemblee-nationale.fr/qui/xml/organe.asp?id_organe=/14/tribun/xml/xml/organes/675836.xml

  2. Bravo ! Voilà qui est bien dit !

    Et ça, sans le moindre complot néo-libéral ;O) Vous voilà définitivement dans le camp des fascistes…

    A une réserve près : Krishna non-violent, on voit bien que vous ne connaissez pas l’Inde, ni les indiens. Leur capacité a pété violemment les plombs est proportionnelle à leur aspect nonchalant.

  3. Dans les années trente du siècle dernier la presse française était achetée par Mussolini ; c’est de notoriété publique aujourd’hui et l’on n’en finissait pas de voir un défilé d’intellectuels et d’hommes politiques venir saluer le Duce et sa politique courageuse … on sait ce qu’il en advint : le coup de poignard dans le dos en juin 40 !

    On peut penser que l’argent du Quatar n’est pas complètement désintéressé et que nos éminences publiques ont des fins de mois difficiles comme chacun sait.

  4. Un tantinet raspaillesque ce billet, is’nt?!

    Inutile de s’en faire: l’apathie générale du peuple a déjà creusé la tombe, ne reste qu’à y choir…

    Bonchoir Madame, Bonchoir Monsieur et vive le tuti chianti!

    🙂

  5. Excellent en tous points.
    Cet article sera la pierre de touche qui permettra de reconnaître dans mes relations celles qui ont encore le sens commun.
    Maintenant si vous publiez toujours sur Causeur vous m’obligerez à renouveler mon abonnement, ce dont je n’avais plus guère envie !
    Merci à vous (malgré votre manche de pioche votre défense d’un libé qui déjà laissait deviner ce qu’il serait!)

  6. Savez-vous que je ne sais quelle association juive veut faire interdire la réédition d’un livre de Léon Bloy vieux de cent ans : le Salut par les juifs ? Entre parenthèses c’est un des plus beaux livres de Bloy.

    Méfiez-vous gent professorale bientôt le premier rabbin venu, le premier imam auto-proclamé vous mettra en prison pour avoir cité un livre non-kasher ou non-halal en salle de classe !

  7. Certains d’entre vous applaudissaient le traitement réservé à un prof de maths légèrement cintré qui s’est retrouvé en prison pour avoir contesté la shoah ; mais l’on connaît les esprits religieux et l’excès de libéralisme n’est pas le premier de leur péché … donnez leur un doigt ils vous prendront le bras.

  8. Ah ! JPB, c’est quand vous êtes énervé que vous êtes le meilleur, ça vous affute la plume.
    Et votre rage est salutaire.

    Je ne doute pas que cette chronique vous attirera quelques nouvelles inimitiés chez les pleureuses compassionnelles.

    Merci de continuer votre œuvre de salut public.
    Lorsque je serai ministre je vous nationaliserai.

  9. A l’attention des visiteurs qui seraient sur Ajaccio samedi matin : je dédicace mon « Manuel de survie en milieu scolaire » (Max Milo éditions) de 10h00 à 12h30 à la librairie des Palmiers, 2 place Foch…

    Ci-dessous, l’interview autour du livre parue cette semaine dans « Corse-Matin ». J’ai notamment glissé quelques mots sur la querelle « pédagogues/républicains » à destination du lecteur non averti…

    http://generation69.blogs.nouvelobs.com/archive/2013/09/26/un-manuel-de-survie-a-l-attention-des-profs-mais-aussi-des-e.html

  10. Pendant que, sur des forums grand public, des tartuffes s’envoient des tartes dégoulinantes d’objectivité, JPB nous dit : « Les Juifs n’ont jamais incité au prosélytisme — on naît juif, on ne le devient pas — »

    La perversité consiste à être obligé de le rester.

    PS : merci pour le « bibelot aboli » qui m’a ravi.

  11. Sur un forum grand public, un exalté écrit :
    « comment être d’accord avec un gars (JPB !) qui pourrait être ponctuellement d’accord avec, au hasard, Éric Ciotti.

    Ponctuellement, je crois savoir qu’Eric Ciotti défend le nettoyage pluri-quotidien des étoiles déposées sur la porcelaine de nos wc.

    Je suis ponctuellement d’accord avec lui.

  12. Et cet Askolovitch, vous l’avez entendu dans  » Répliques  » ? L’archétype de la mauvaise foi. Quel courage d’essayer de débattre avec des gens pareils. Tiens, il devrait parler avec des profs qui ont des petites musulmanes dans leurs cours … On en aurait des choses à lui apprendre.
    Il est très bien votre article, Brighelli, très bien, once more…

  13. Aux collègues, s’il y en a encore qui passent ici… C’est quoi ce doux projet de nous faire re-travailler la journée de rentrée sur deux mercredis après-midi ? C’est légal de faire bosser les gens deux fois la même journée ?
    En attendant de faire exploser notre statut de 1950, il a d’autres douceurs de ce genre à nous faire goûter, notre apparatchik de ministre ?

  14. En novlangue des prétendus libres penseurs, on appelle ce genre de propos  » briser les tabous du politiquement correct des élites bien pensantes « . Mais ça reste de la novlangue et l’esprit (des Lumières, of course …)n’y a guère de place. C’est juste une langue de bois de plus.

  15. Jean-Paul, tu te trompes sur un point. il y a eu du prosélytisme juif . et les Juifs ne sont pas tous des descendants des Hébreux. Mais le prosélytisme juif a été interdit par les deux monothéismes qui ont suivi, chacun de ces monothéismes se prétendant les successeurs du premier.
    Pour le reste, d’accord pour dire qu’il ne faut pas confondre islamisme et Islam. Mais il faut rappeler que ce qu’on appelle l’intégrisme existe dans les trois religions monothéistes.

    rudolf bkouche

  16. Voilée, violée, il n’y a que deux voyelles à intervertir!

    Je croyais que le voile protégeait !

  17. Ce qui est sûr en tous cas c’est que la liberté d’expression ne fait pas partie des Dix commandements ! Les tables de la loi gravées par Moïse ne sont rien moins que libérales …

  18. « L’humoriste » Pierre Palmade a déclaré que c’était triste d’être homosexuel comme lui ! Il ne lui reste plus qu’à déclarer sa flamme à Marine Le Pen … et de se marier avec elle en grandes pompes à l’église !

    P.S : C’est là où l’on voit la différence entre un Roger Peyrefitte qui était vraiment très amusant et qui avait des lettres et la sous-culture télévisuelle de maintenant dont les hérauts sont tous plus pitoyables les uns que les autres !

  19. Pierre Poilade ne nous pompe plus que l’air.

    Du coup, il est triste, ce qui n’a jamais empêché d’être drôle.

  20. Au fait ? C’est peut être l’occasion de rappeler qui est le propriétaire du journal Libé (qui vit à Tel Aviv et n’est pas vraiment concerné par nos pb), non ?

  21. Globalement exacte mais si on s’en tient là, c’est la porte ouverte à la manipulation de la colère populaire. Seul le dernier paragraphe aborde timidement des éléments concrets pour commencer à réfléchir sainement.

  22. Comme toujours j’ai apprécié le texte de JPB!! J’aurais aimé qu’il évoque les textes fondamentaux de l’islam à savoir le Coran et les Hadiths, et comme Onfray et Soler, il nous propose une critique rationnelle de ces textes , Onfray , philosophe de gauche , n’ayant pas peur lui aussi d’être accusé d’l’islamophobie, nous propose une critique au vitriol du Coran, de ses contradictions, de ses horreurs dans son traité sur l’athéologie, il est bon que des professeurs de lettres, de philo, n’hésitent plus dans leurs cours à faire une critique raisonnées de ses textes, je trouve que dans l’ensemble, on manque beaucoup de courage à ce niveau!!

    Ayant enseigné, pendant quinze ans , dans le Maghreb, j’ ai évidemment eu des filles voilées comme étudiantes, et ça m’attristait beaucoup!! quand aux mecs, aux intégristes, je les ignorais!! ces types sont imbuvables, arrogants…

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