« Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout le mal… » Le parent d’élève est-il l’âne de la fable ? Bouc émissaire des dysfonctionnements – ou vrai malfaisant ?

Peut-être y a-t-il du vrai dans ce que l’on reproche communément aux « géniteurs d’apprenants ». Poliment invités à mettre un pied dans les établissements après 68, ils s’y sont installés, ils y ont pris leurs aises. Ils sont désormais présents d’un bout à l’autre des conseils de classe et pèsent sur les décisions. Membres de puissantes fédérations qui ont des agendas et des idéologies spécifiques, ils sont devenus pour certains enseignants des rivaux – surtout depuis que l’Education est la mission première d’une Ecole jamais vouée à l’Instruction -, des concurrents souvent (que d’idées reçues rapportées en classe par Alizée ou Zinédine…), des boxeurs survoltés ou des plaideurs irascibles quelquefois.

L’administration appréhende les colères de ces électeurs en puissance de votes et d’enfants. Les ministres les cajolent, les directeurs d’écoles, principaux de collèges ou proviseurs de lycées les craignent. Et les CPE sont la courroie de transmission docile entre les parents, courroucés par les réprimandes adressées à Monchéri ou les notes mises à Moncoeur, et les enseignants présumés coupables – de cruauté mentale ou de pédagogies abusivement directives…

Mais ce que je viens d’énoncer ci-dessus est peut-être une caricature… Je connais nombre de parents respectueux du travail des enseignants qui doublent, à la maison, les punitions données en classe, ou les complètent d’une taloche à l’ancienne, lorsque la moutarde du même nom leur monte au nez.

Des parents qui jugent que les enseignants sont des spécialistes, et pas eux. Et quelques autres qui se rappellent avec délices les coups de règle sur les doigts, la règle de trois ou les « sanglots longs des violons de l’automne… » – et souvent qu’un dur apprentissage engendre, à terme, plus d’amusants souvenirs que de traumatismes.

J’en connais même qui, comme Condorcet, estiment que l’Education est de leur ressort, et non de celui de l’Institution. Mais ceux-là sont de plus en plus rares…

Une éminente journaliste, qui est d’ailleurs, à l’origine, prof de lettres, et a écrit l’un des meilleurs ouvrages sur la déliquescence de l’Ecole de la République[1], cherche des témoignages sur les divers aspects de la relation complexe, ou conflictuelle, entre enseignants et parents. Ces derniers seraient-ils l’un de ces fléaux modernes qui, mieux que les sauterelles égyptiennes, porteraient la responsabilité de la mort programmée de l’Ecole ? Parents, pédagogues, idéologues, même combat ?

En-dehors des réactions immédiates que ce blog enregistrera avec l’impartialité qui est la sienne, n’hésitez pas à lui donner en privé les détails que l’on n’affiche pas sur un site public, en adressant vos mails à npolony@lefigaro.fr

D’avance, merci pour elle, et à vos claviers,

Jean-Paul Brighelli.



[1] Natacha Polony, Nos enfants gâchés, JC Lattès, Mars 2005.