La loi Fillon fait obligation aux universités de s’incorporer les Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (à moins que ce soit le contraire, et que l’on ne somme les IUFM de s’intégrer aux Facs…). Quoi qu’il en soit, quelque chose de définitif est sur le point de se passer.
Après avoir longtemps hurlé à l’indépendance, lesdits IUFM mettent la pédale douce sur la protestation. C’est que nombre de bras cassés qui y enseignent voient dans cette intégration une opportunité majeure : se faire valider massivement comme Maîtres de conférence — une situation inespérée pour tous ceux qui n’ont en fait de diplômes qu’une recherche hâtive en « sciences de l’éducation », dont on ne soulignera jamais assez que c’est une contradiction dans les termes…
Les Présidents d’université, qui dans un premier temps ont pensé qu’ils allaient se voir attribuer la manne financière desdits Instituts (un étudiant d’IUFM coûte à la nation plus de 16 000 euros par an, contre un peu plus de 6000 pour un étudiant standard — une occasion en or, se sont dit certains, de mettre leur beurre dans nos épinards) devraient y penser à deux fois : rien ne leur garantit que les titularisations des intervenants en IUFM ne se feraient pas au détriment du quota général de postes attribués à leur université — et dans certains cas, cela gèlerait toute création de poste pour des années…
De nombreuses questions restent en suspens. La formation aujourd’hui dispensée dans les IUFM doit-elle échoir désormais aux universitaires de la Fac de rattachement ? Les universités ont toujours été jalouses, et à bon droit, de la formation CAPES / Agrégation (tant qu’il reste une agrégation, mais les Pédadémagogues y mettront bientôt bon ordre, eux qui ne veulent voir qu’une seule tête et une seule formation…). Récupèreront-elles les heures attribuées aux IUFM à cet effet ? Peut-on raisonnablement, dans cette hypothèse, continuer à supporter, pour les néo-certifiés ou néo-agrégés, la tutelle pédagogique d’instituts qui, au moins pour les premiers, ont la capacité de refuser toute brebis galeuse ? D’ailleurs, est-il bien raisonnable d’obliger les futurs profs à subir, des heures durant, des cours auxquels ils trouvent peu de satisfaction ?
À terme, la formation des « professeurs des écoles » ne pourrait-elle pas être rationalisée — sous la houlette majoritaire ou exclusive d’enseignants du Supérieur maîtres de leurs disciplines respectives, débarrassant enfin la formation du surpoids de la pédagogie triomphante ?
Autant de questions auxquelles je n’ai pas de réponse préconçue — la note ci-dessus étant, comme chacun l’aura remarqué, particulièrement neutre…
À vous, usagers de l’IUFM, de répondre. Nous attendons vos témoignages, vos suggestions, vos remarques. Vos cours sont-ils satisfaisants ? Comment les améliorer — éentuellement ? Les programmes mis en œuvre correspondent-ils aux contraintes de vos futurs métiers ? Futurs instituteurs, presque certifiés et quasi agrégés, quelle évolution pensez-vous souhaitable, pour ces Instituts ?
Toutes les remarques sont bienvenues, dans quelque sens qu’elles aillent. Et je veux bien, si une majorité nette se dessine en faveur des IUFM, remballer mes critiques — mais ai-je vraiment formulé des critiques ?
JPB