Un écrivain à la verve inépuisable, que j’aime beaucoup pour sa maîtrise de la langue — il la maîtrise à tel point qu’il l’invente — écrivait en 1992 :

« Qu’on les laisse venir et s’installer à leur guise, jamais la France ne deviendra maghrébine, parce que c’est la terre qui fait les hommes. En trois générations : gloup ! Absorbés, nos petits crouilles. Français, fils de Gaulois ! Ramadan mon cul ! Champagne pour tout le monde ! Coq au vin ! Le Chat noir aura remplacé le tchador !Ils seront bretons, comme le Jean-Marie. Ils fêteront l’arrivée du beaujolais nouveau. J’en connais des tombereaux : fils de et déjà plus français que toi. Assimilés à outrance. Diplômés techniques. Tamanrasset ? Tiens, fume ! Ils préfèreront Dunkerque. T’as oublié les bagnoles à kroum, les syndicats, le Club Med, la machine à laver, la bouffe congelée, l’école laïque, la Roue de la Fortune et toutes ces françaiseries amollissantes qui nous enveloppent de graisse et de cholestérol. Voilà le mot clef lâché, on les annexera par le cholestérol, mon vieux Cyclope. Ils seront francisés grâce au cochon qui leur faisait si peur. »(1)

C’est un texte fascinant à bien des égards. Outre la verve déployée, l’affirmation du Moi par le style et non par l’inflation de l’Ego, on est frappé de la concomitance de l’espoir de l’intégration, de l’assimilation, et de la mise en place d’un système duel opposant, pour mieux les unifier in fine, les éléments d’une culture maghrébine réduite à ses éléments religieux (le ramadan, les interdits alimentaires, le port du tchador — déjà en 1992) et une trame épaisse de culture française, le cabaret où se produisait Bruant, De Gaulle à travers une citation célèbre dissociée (« la France, de Dunkerque à Tamanrasset »), et les symboles de la francité, ceux de l’après-guerre (la génération de Frédéric Dard a été véritablement marquée par la mise en place de la Sécu et surtout des Allocs, dont Christiane Rochefort avait fait un symbole d’enrichissement — dans les Petits enfants du siècle, on se paie avec les enfants la « machine à laver » et « la voiture à kroum », c’est-à-dire à crédit) puis ceux de l’actualité, émissions de télé ou clubs de vacances.
Et puis la France éternelle, aussi bien les Gaulois que le cholestérol — voir sur ce sujet l’inénarrable Bouclier arverne, écrit par un auteur (Goscinny) de la même génération et de la même verve que Dard. Le vin et le cassoulet ou la choucroute — les cochonnailles, typiques de la France française du XIXème siècle — voir Pierre Birnbaum, la République et le cochon.
Il est remarquable que face à une société maghrébine réduite à des éléments religieux, Dard, qui n’était pas athée, que je sache, n’évoque aucun symbole religieux. Bien au contraire : le facteur d’assimilation — et comme il a raison ! — c’est « l’école laïque », et l’ascenseur social (« diplômés, techniqués »).
Le seul problème, que n’a pas connu Frédéric Dard, mort en 2000, c’est l’effondrement de cette France laïque. Et, mécanique des vases communicants, la montée parallèle du tchador.

C’est aussi l’effondrement de la francité devant l’offensive de la sous-culture mondialisée. Combien de cassoulets pour combien de McDo ? Et combien de Coca pour combien de champagne ? Nous avons vendu notre âme pour un hamburger, et les âmes en déshérence se sont tournées vers le premier prêt-à-croire disponible. Frédéric Dard, dont Wolinski a dessiné les couvertures pendant plusieurs années, aurait été horrifié d’apprendre que le gentil Georges avait été assassiné par ces enfants de maghrébins dont il préconisait l’assimilation, et qui ont préféré le djihad.
Que s’est-il passé en vingt-cinq ans ? Nous avons baissé la garde à tous niveaux. Aussi bien à l’école (Frédéric Dard a arrêté l’école à 17 ans, après une vague formation dans un lycée commercial, et sans jamais passer le Bac, mais j’avais fait un recensement des allusions littéraires des San-Antonio : c’est toute la culture du Primaire et du Primaire supérieur des années trente, à grand renfort de Victor Hugo) que dans la rue, où le tchador a avancé ses pions. À vrai dire, nous avons aussi, dans le grand lessivage de la mondialisation, détruit l’industrie française, et cassé la machine qui ne permettait certes pas à tout le monde d’avancer, mais en propulsant quelques enfants du peuple, elle donnait de l’espoir à tout le peuple.
Et c’est cela qu’il faut remettre prioritairement en marche. D’abord en restaurant la valeur Travail, en répudiant la « culture de l’excuse », qui justement n’a rien à voir avec la vraie culture, en renonçant à la reddition avant même de combattre. La culture est ordinairement la force tranquille sur laquelle s’appuie une civilisation. Mais attaquée, elle peut être un instrument de combat, à condition d’être, comme disait De Gaulle, dominatrice et sûre de soi.
Et donnons-nous cet objectif, dans dix ans : permettre aux apprentis djihadistes d’aujourd’hui de lire San-Antonio en goûtant non le beaujolais nouveau, qui a un arrière-goût de mondialisation et de saveurs ajoutées, mais un cru honnête, qui soit l’expression du travail vigneron. Le même San-Antonio ne disait-il pas que le groupe sanguin de l’ineffable Bérurier était « Juliénas sans O » ?

Jean-Paul Brighelli

(1) San-Antonio, Y en avait dans les pâtes, Fleuve noir, 1992.

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56 commentaires

  1. Et vous pensez que le tchador a percé sans que personne ne l’aide ? Vous ne voyez pas la misère ? Vous ne voyez pas la perte des repères. Vous ne voyez pas le déracinement, que rien ne vient remplacer ?

    M. Brighelli, quand on a milité avec les Gouines rouges à détruire toute valeur morale dans notre société, on est bien mal placé pour déplorer que la génération suivante, en manque de valeurs, se tourne vers la seule boutique qui en offre encore, à savoir l’islamisme.

    Il ne suffira pas de leur apprendre à lire, il fallait éviter de tout casser quand vous trouviez ça drôle.

    Vous déplorez des effets dont vous chérissez les causes.

    • Tiens, ça faisait longtemps qu’on nous avait plus fait le coup de la victimisation, de la pauvreté, du chômage, des racines, etc…Si je comprends bien et pour reprendre Rousseau ou presque, « L’immigré est naturellement bon […] le français de souche déprave et pervertit les immigrés. ». Quant à la phrase « Il ne suffira pas de leur apprendre à lire », elle dépasse tout ce que j’ai pu imaginer au royaume de l’idéalisme. Je ne vois pas ce que la République peut donner de plus et gratuitement de surcroit , qu’une éducation laïque, une culture millénaire, un héritage de pensée, qu’on peut s’approprier en seule contrepartie que le respect de la loi commune.

  2. Je suis justement en train de faire un livre sur les effets délétères des années 1970 — la déconstruction, etc.
    Après coup, c’est toujours facile de se dire : je n’aurais pas fait ça.

  4. Je pense avoir lu à peu près tous les San-A (au moins 90%). Dans les passages concernant les immigrés, j’ai toujours trouvé qu’il faisait preuve d’angélisme (ou de bonne volonté, pour se faire pardonner son refuge suisse, si pratique quand on gagne beaucoup d’argent).

  5. Liberté, Egalité, Choucroute ?

    A une époque où on s’extasie d’envoyer une saucisse de Morteau dans l’espace ?

    L’effet intégrateur du cochon, c’est bon pour les agneaux.

    • Les saucisses de Morteau envoyées dans l’espace se cuisinent-elles uniquement dans les restaurants étoilés? Sinon, l’effet intégrateur-AOP (Appellation d’Origine Protégée) se produit au son de l’hallal(i). C’est à ce signal qu’un cochon normalement constitué doit commencer à se faire un sang d’encre.

  6. Anne Hidalgo a organisé récemment « La nuit du Ramadan » aux frais des parisiens ; je ne me souviens pas que la mairie de Paris ex-ville de Paris a jamais organisé des « Nuits de Noël » ou des « Veillées de Pâques » dans des temps anciens !

    A mon sens il s’agit d’une aide manifeste à une religion particulière ce qui est contraire à la séparation de l’église et de l’état.
    Pourquoi pas alors la journée du boudhisme ? Ou encore un édifice cultuel à l’intérieur de l’hôtel de ville de Paris ? Et bientôt des crèches musulmanes sans doute ? Car il ne faut pas mélanger les purs et les impurs …

    • Je ne suis d’ailleurs pas plus favorable à l’installation de crèches avec santons comme à la mairie de Béziers ! Au nom de quoi doit-on privilégier telle ou telle manifestation religieuse dans une république qui se veut laïque ?
      Et en plus il n’y a pas de syncrétisme religieux comme il pouvait en exister à Rome ! Donc la tolérance religieuse n’y gagne rien puisque chacun vit de son côté à sa mode prodrome à toutes les communautarisations et donc aux futures guerres religieuses comme on le voit entre sunnites et chiites.
      Car ne croyez pas que les musulmans viennent apporter la paix même entre eux …

      • Les santons de Provence n’ont rien de religieux, c’est une pratique traditionnelle et localisée, trouvez dans les actes du concile de Trente, ou celui de Vatican 2, la mention des santons, de la crèche, de l’arbre de Noël etc.
        Par bonheur, il n’y a presque pas de Chiites en France.

  7. Oui, c’est facile de dire après coup, ‘il ne fallait pas faire ça’, sauf que dès 1979 (révolution en Iran), en voyant les premiers voiles arriver sur la tête des femmes, on a compris ce qui se passait : l’Islam se réveillait (il s’était endormi durant la période coloniale) et nous faisions l’objet d’une colonisation, et depuis cette date, il progresse, avec l’aide du pouvoir.
    Sa puissance est telle que pratiquement tous les hommes politiques, les journalistes etc. collaborent à l’invasion qui est en place. Si nous ne nous réveillons pas, nous finirons comme l’empire byzantin : c’est ce que j’entends auprès des gauchistes actuels ‘il y a toujours eu des migrations’, mais la résistance à l’invasion est aussi le sens de l’histoire.
    Peu importe que la majorité des musulmans soit pacifique, il existe une minorité active (au moins 20%) qui ira jusqu’au bout : la disparition de notre civilisation. Nous en sommes, semble t-il, à la phase préparatoire : ils nous inondent de clandestins parmi lesquels ils placent des militaires en service, ceux-ci s’installent, puis dans quelques mois ils lanceront l’offensive au cœur même du pays : ni la police, ni l’armée n’ont d’effectifs suffisants pour contrôler tous les points sensibles, le risque d’émeute est très élevée, on craint de même que les militaires français de confession musulmanes désertent et passent à l’ennemi. C’est pas en votant Dupont-la-joie que ça va changer.
    http://www.lopinion.fr/blog/secret-defense/comment-gign-analyse-tueries-planifiees-djihadistes-26193?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

  8. Dans la Rome impériale la religion d’état mêlait un peu tout dans des temples comme le Panthéon et il n’y eut pas de guerres religieuses jusqu’à ce que les chrétiens ne s’en mêlent avec leur farouche fanatisme … au final le christianisme a été un ferment de discorde et a amplifié les querelles des romains.
    Quant aux juifs on sait que Rome considéra qu’il n’y avait rien à attendre de leur formidable intolérance et qu’il fallait disperser ce peuple partout dans l’Empire.

    • Les religions monothéistes sont des religions exclusives par définition et totalitaires dans leur définition de la vérité. Elles prétendent fermer le cercle de l’humanité …

  9. Je comprends bien que les hommes puissent avoir un besoin métaphysique mais je n’admets pas qu’ils oppriment d’autres hommes en faisant d’une aspiration légitime une vérité civile universelle.
    Les lois sont faites pour être votées pas pour être imposées aux hommes par une volonté supérieure transcendante.

  10. Ne trouvez-vous pas que le style de F. Dard (les trois points en moins pour que ça se repère moins) ressemble bizarrement à celui de Céline ?
    Mais ça reste une imitation qui ne mérite qu’une admiration contenue.

  11. La renaissance en Europe nous a permis de nous dégager du dogme unitaire et d’introduire l’esprit critique dans notre manière de concevoir le monde, un monde forcément polythéiste, c’est à dire où il existe plusieurs pôles dans la manière de le considérer, de le scruter, de l’interroger.
    Et cela c’est largement un héritage gréco-romain.

    Le moyen-âge c’est l’âge de la pensée univoque : un monde qui se réduit aux saintes écritures, le canon comme disait et dit encore le Vatican.

    L’âge des lumières c’est celui où la lumière que l’on projette sur le monde provient de plusieurs sources : mathématiques, physique, chimie, géologie, astronomie, histoire comparée, archéologie, linguistique etc.

  12. Aux entretiens de Pitrarque, retransmis par France Cul, je viens d’entendre un militantassociatif * qui a utilisé l’expression vivrensemble * avec une fréquence d’au moins 4 fois par minute.

    ** Comme Froome, doping techno ou chimio ?

    * tout attaché

    ** where do you

  13. les religions monothéistes totalitaires ?
    cela na vaut pas le bon vieux paganismes des Incas, Mayas etc qui dégoulinaient de bons sentiments.
    De toute façon : quelle religion, maintenant en Juillet 2015, pratique le génocide ? quels sont les régimes complices ?

    • « cela na vaut pas le bon vieux paganismes des Incas, Mayas etc qui dégoulinaient de bons sentiments »

      Ce ne serait pas plutôt de la dégoulinade de bon sang (qui ne ment pas)

    • De mon point de vue – et du point de vue des gens raisonnables – un juif qui a perdu la foi ou qui ne l’a jamais eu comme Richard Feynman a plus à apporter à l’humanité qu’un Eric Zemmour, un Alain Finkielkraut ou un Benjamin Netanyahou !

      L’athéisme qui est une forme du polythéisme particulier – l’athée curieux voit des dieux cachés partout dans le monde – interprète le monde de manière plus riche que celui qui voit dans un livre saint toutes les vérités possibles et imaginables.

      Le polythéisme c’est une manière de solliciter sans limite l’imagination, le monothéisme enferme l’esprit dans un cercle de vérités dans lesquelles le croyant met toute sa confiance.

      • « Richard Feynman a plus à apporter à l’humanité qu’un Eric Zemmour, un Alain Finkielkraut ou un Benjamin Netanyahou ».
        C’est une évidence, les trois derniers cités ne sont absolument pas des virtuoses du bongo, à ma connaissance.

  14. Nous constatons que les pays les plus religieux au monde, les pays de l’islam, sont ceux aussi qui apportent le moins de connaissances nouvelles au monde.

    Passer sa journée à prier n’ouvre pas vraiment l’esprit et les yeux au monde qui nous entoure !

  15. FrédéricDard / San-Antonio a toujours proclamé son admiration pour Céline, et son sentiment d’être un petit garçon face à lui.
    Dans ses invectives, son usage des points d’exclamation ou de suspension, il faut lire un hommage, rien de plus.
    Ça m’arrive à moi-même… Mais je ne me compare pas !

  16. Quelle est l’obsession du croyant comme Eric Zemmour ? Avoir le dessus sur les autres.
    Il ne se pose pas la question : quelle connaissance positive je puis apporter au monde ? Juste la question : comment puis-je l’emporter sur le reste du monde.

    Cette réflexion est valable tout autant pour le chrétien ou le musulman de souche dont l’esprit polémique est développé et qui a le sens de la rhétorique.

    • En plus les croyants se parent des plumes du paon ; à les en croire ce sont eux qui ont apporté toutes les connaissances positives à l’humanité !

      La géométrie une invention des prêtres sans doute ! La mécanique rationnelle cogitée par quelque moine probablement ! La médecine mais bien évidemment ce sont des nonnes qui grâce à leurs herbiers ont inventé la pharmacie !
      Ils nous montrent les cathédrales gothiques en se pavanant … mais dites-moi alors que nous ne connaissons pas le nom d’un architecte de cette époque comment pouvez-vous savoir que ces maîtres d’ouvrage étaient des croyants ? Les maîtres es-arts de l’architecture romane et gothique pouvaient très bien être secrètement athée … Est-ce que la labyrinthe de Chartres ne serait pas plutôt une symbolique maçonnique plutôt qu’une symbolique chrétienne ? Moi je n’y vois rien de chrétien … c’est peut-être une allusion à la caverne de Platon !

    • Vous dîtes : Quelle est l’obsession du croyant comme Eric Zemmour ? Avoir le dessus sur les autres.
      Il ne se pose pas la question : quelle connaissance positive je puis apporter au monde ? Juste la question : comment puis-je l’emporter sur le reste du monde. »

      Bien entendu, c’est la caractéristique exclusive des croyants, il ne viendrait pas l’idée à un athée de faire une chose pareille !! (j’ai failli pisser de rire sur ma chaise à vous lire, en fait).

      Bon, il se trouve que j’ai grandi en France, dans un environnement de gauche, communiste ou maoïste, et je peux vous garantir, que ce défaut est fort répandu.

      Plus généralement, je suis toujours tout ébaubi de voir les bigots athée militants agir comme si le XXème siècle et ses idéologies athées destructrices n’avaient pas existé.

      Comme si, d’un seul coup, en France, on n’accepte de voir le problème posé par l’Islam, mais alors uniquement si on mets les juifs et les chrétiens dans le même sac (et les zoroastriens, n’oubliez pas les zoroastriens, ils sont particulièrement dangereux !).

      La réalité, c’est que les affreux bigots sont des cons, et les affreux bigots athées le sont tout autant que les autres.

  17. La musique chrétienne ? Qu’est-ce à dire ? Que parce que l’on commande à un musicien professionnel une messe cela fait de lui un pur adepte de notre sainte mère l’église ?
    Où se trouve la foi dans l’œuvre de Mozart ? Dans ses messes ou dans la Flûte enchantée ?
    Et dans l’œuvre de Beethoven dans sa Missa Solemnis ou dans son Fidelio ?
    En vérité la foi tourne le plus souvent à la mauvaise foi et les prêtres de toutes les religions s’accaparent les idées et les œuvres sans aucune intégrité intellectuelle.

    • Il vaudrait mieux évoquer Bach comme figure absolue de mysticisme. Son exaltation à célébrer l’invisible est surprenante. Comme disait Cioran, Dieu lui doit beaucoup.

      • Enfin il semble jeune doctorant es-maths que J.S Bach jouait beaucoup avec les nombres ! Des études de musicologues avertis montrent que l’art de la fugue, l’offrande musicale etc sont basées sur de savantes combinaisons numériques. Depuis longtemps on sait que les musiciens savants sont des architectes musicaux qui aiment jouer avec les nombres.

        Maintenant vous pouvez toujours prétendre que l’Art de la Fugue est une exaltation du grand géomètre si cela vous fait plaisir.
        Moi j’y vois une construction abstraite … et gratuitement belle !

  18. Tiens ! Comment pouvez-vous expliquer que la beauté architecturale peut sacrifier à des dieux différents si cette beauté n’est pas intrinsèque et non pas fortuite ?
    Car enfin la mosquée de Cordoue fut transformée en église n’est-il pas vrai ?
    Alors sa beauté est chrétienne ou musulmane ?

    C’est là où l’on perçoit toute la fausseté de l’argumentaire du vrai croyant qui prétend détenir une vérité supérieure prouvée par la beauté de ses œuvres …

    • « Alors sa beauté est chrétienne ou musulmane ? ». Ni l’une ni l’autre, sa beauté est cristallographique.

  19. La mosquée de Cordoue transformée en église montre que l’islam est plus soluble dans du Montilla-Moriles que dans du Beaujolais nouveau.

    • Le grand géomètre s’est encore trompé : j’avais des miles gratuits pour 700 années lumière … je vais pas pouvoir passer mes vacances d’été dans la nouvelle terre !

  21. A l’origine on trouve un temple romain, puis une église ensuite la mosquée.
    A la reconquête une cathédrale est érigée.

    Le vice originel vient des romains.
    (la vigne aussi)

    Les romains s’usent vite, dans certaines contrées.
    Il en faut des nouveaux.

  22. Je me souviens avoir demandé à mon professeur d’histoire pourquoi les gens avaient abandonné la religion gréco-romaine pour le christianisme (a fortiori pour l’islam, mais à l’époque c’était une religion parfaitement exotique).
    Personnellement, les dieux du Panthéon antique me convenaient très bien (ils continuent, d’ailleurs).
    Elle m’avait répondu que c’était parce que leur religion n’offrait pas de perspectives suffisamment attrayantes pour l’au-delà.
    On ne dira jamais assez les ravages de la publicité mensongère.

  23. Il est peut-être temps de citer un extrait de « Mea culpa » qui permet de comprendre que Céline haïssait beaucoup mieux que Dard :

    « La supériorité pratique des grandes religions chrétiennes, c’est qu’elles doraient pas la pilule. Elles essayaient pas d’étourdir, elles cherchaient pas l’électeur, elles sentaient pas le besoin de plaire, elles tortillaient pas du panier. Elles saisissaient l’Homme au berceau et lui cassaient le morceau d’autor. Elles le rencardaient sans ambages : « Toi petit putricule informe, tu seras jamais qu’une ordure… De naissance tu n’es que merde… Est-ce que tu m’entends ?… C’est l’évidence même, c’est le principe de tout ! Cependant, peut-être… peut-être… en y regardant de tout près… que t’as encore une petite chance de te faire un peu pardonner d’être comme ça tellement immonde, excrémentiel, incroyable… C’est de faire bonne mine à toutes les peines, épreuves, misères et tortures de ta brève ou longue existence. Dans la parfaite humilité… La vie, vache, n’est qu’une âpre épreuve ! T’essouffle pas ! Cherche pas midi à quatorze heures ! Sauve ton âme, c’est déjà joli ! Peut-être qu’à la fin du calvaire, si t’es extrêmement régulier, un héros, ‘de fermer ta gueule’, tu claboteras dans les principes… Mais c’est pas certain… un petit poil moins putride à la crevaison qu’en naissant… et quand tu verseras dans la nuit plus respirable qu’à l’aurore… Mais te monte pas la bourriche ! C’est bien tout !…Fais gaffe ! Spécule pas sur des grandes choses ! Pour un étron c’est le maximum !…  » Ça ! c’était sérieusement causé ! Par des vrais pères de l’Église ! Qui connaissaient leur ustensile ! qui se miroitaient pas d’illusions ! La grande prétention au bonheur, voilà l’énorme imposture ! C’est elle qui complique toute la vie ! Qui rend les gens si venimeux, crapules, imbuvables. Y a pas de bonheur dans l’existence, y a que des malheurs plus ou moins grands, plus ou moins tardifs, éclatants, secrets, différés, sournois…  » C’est avec des gens heureux qu’on fait les meilleurs damnés.  » Le principe du diable tient bon. Il avait raison comme toujours, en braquant l’Homme sur la matière. Ça n’a pas traîné. En deux siècles, tout fou d’orgueil, dilaté par la mécanique, il est devenu impossible. Tel nous le voyons aujourd’hui, hagard, saturé, ivrogne d’alcool, de gazoline, défiant, prétentieux, l’univers avec un pouvoir en secondes ! Éberlué, démesuré, irrémédiable, mouton et taureau mélangé, hyène aussi. Charmant. Le moindre obstrué trou du cul, se voit Jupiter dans la glace. Voilà le grand miracle moderne. Une fatuité gigantesque, cosmique. L’envie tient la planète en rage, en tétanos, en surfusion. Le contraire de ce qu’on voulait arrive forcément. Tout créateur au premier mot se trouve à présent écrasé de haines, concassé, vaporisé. Le monde entier tourne critique, donc effroyablement médiocre. Critique collective, torve, larbine, bouchée, esclave absolue. »

    • Dans ces pamphlets, Céline met son génie au service de la haine, il s’en nourrit. C’est pour cela que si la haine devient engloutisseuse, envahissante, il ne faut pas hésiter à lui tenir tête. Pas pour exercer sur elle une puissance souveraine, mais pour conjurer la frayeur qu’elle peut parfois nous inspirer. Je me demande si Céline est transposable à une autre époque que celle qu’il a vécue, i.e. les deux grandes guerres. Rions un peu et imaginons son improbable avatar qui vivrait à Paris au temps de François Hollande.

      • Oui. Que des gens à seulement mépriser, ça ne permet pas l’expression directe du génie.

        Revenons à notre grande sœur Kepler 452B qui aurait 6 milliards d’années comme son soleil. Soit 1,5 milliards de plus que la Terre. Avec toutes les hypothèses adéquates, que je laisse volontiers implicites, on peut se demander ce que seront devenues nos « grandes religions monothéistes » à l’épreuve d’un si long intervalle qui fait office d’éternité si on le compare aux 600 ans qui séparent un islam encore magmatique du christianisme déjà refroidi.

  25. Le gars est champion de scrabble dans la catégorie francophone alors qu’il ne bitte pas un mot de français ! Il a juste appris le dictionnaire par coeur. En France on a l’inverse, des gens qui baragouinent 300 mots de français à tout casser mais qui n’ont jamais ouvert un seul dictionnaire:
    http://bit.ly/1HGiM4R

  26. Allez, un petit jeu d’été

    Qui a écrit « dès que tu t’éloignes de moi, t’as tendance à mourir » ?

    A- Louis Ferdinand Céline
    B- Frédéric Dard
    C- Albert Simonin
    D- Luc Besson
    E- Jorge Mario Bergoglio
    F- Woody Allen

  27. Un célèbre magazine gay en liquidation.

    Pourtant, il y avait une solution simple pour relancer le tirage :

    1- Mettre en une le prophète par un éphèbe (un photomontage, bien sûr)

    2- Attendre sereinement la réaction

    3- Mettre au frais les abonnements de sympathie et les envois spontanés de fonds

    4- Redémarrer le journal

  28. Concernant la laïcité il ne faudrait pas oublier cette offensive vers les années 2000, durant un certain temps avec la bénédiction intéressée du Vatican.
    Cela a donné cette anomalie conceptuelle de  »laïcité postive » dans la bouche de vous savez qui.

    La motivation initiale du Vatican venait du constat de la désaffection des églises.
    Tout cela a été bien repéré via certains l’activité de certains organismes comme le CESNUR, et un insidieux travail de triangulation en direction des  »minorités spirituelles » (=sectes).

    Il y a peu les évangélistes fêtaient leur 200 000 ème abonné (la plus forte progression, parmi tout ce que d’aucuns nomment  »les spiritualités »
    Là ce ne sont pas le Vatican mais l’administration Bush à la manœuvre (en simplifiant)

    La cible est la même ; la laïcité.
    (incompréhensible outre atlantique)

  29. …via l’activité de certains organismes

    Le débarquement évangéliste a fait l’objet de la solicitude inquiète du département d’État américain envers le ministère de l’intérieur (et des cultes) vers 2007.

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