Voltaire_and_Diderot_at_the_Café_ProcopeDans les Invasions barbares (un film que je ne me lasse pas de revoir, tant il génère d’espoir et de bonne humeur), exactement 1h14 après le début, les vieux copains attablés pour le dernier repas du héros, cancéreux en phase terminale, devisent gaiement.p2.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx Pierre : « Contrairement à ce que les gens pensent, l’intelligence n’est pas une qualité individuelle, c’et un phénomène collectif, national, intermittent.
« Athènes, 416. La première d’Electre, d’Euripide. Dans les gradins ses deux rivaux, Sophocle et Aristophane, et ses deux amis, Socrate et Platon. L’intelligence était là.
Alessandro : « J’ai mieux. Firenze, 1504, Palazzo Vecchio. Deux murs opposés, deux peintres, à ma droite, Leonardo da Vinci, à gauche, Michel-Ange. Un apprenti, Raphaelo. Un manager, Nicolo Machiavelli.
Pierre : « Philadelphie, USA, 1776-1787. Déclaration d’indépendance et Constitution des Etats-Unis. Adams, Franklin, Jefferson, Washington, Hamilton, Madison. Y a pas un autre pays qui ait eu cette chance-là.
« L’intelligence a disparu. Et je ne veux pas être pessimiste, mais il y a des fois où elle s’absente longtemps. »

Par gloriole française, rajoutons Paris, 1745, café Procope. Prenant leur café, cette boisson, dit Michelet, qui facilita les Lumières, Voltaire, Diderot, D’Alembert, Condillac, Montesquieu — et Mme du Châtelet. Rousseau, qui vient d’arriver à Paris, n’est pas attablé avec eux, parce qu’il est allé pisser — comme il le fait chaque quart d’heure. De toute façon, il trouve quelque chose à répliquer le lendemain seulement — il a l’intelligence de l’escalier. Ou peut-être est-il au Café de la Régence, observant une partie d’échecs qui oppose « Philidor le subtil » à « Legal le profond » — les deux épithètes sont dans le Neveu de Rameau. Diderot, qui était doué d’ubiquité, est là également. Il discute éternité de l’âme et fesses de donzelles avec La Mettrie ou Helvétius — car les vrais grands philosophes savent tenir des propos légers. Mais pas que.

Et aujourd’hui… Dans un café à la mode du XIème arrondissement, Guillaume Musso, Eric-Emmanuel Schmitt et Marc Lévy parlent chiffres de ventes avec Christine Angot. Entre Bernard-Henri Lévy, accompagné de l’un des comptables de ses sociétés de gestion de patrimoine. Anna Gavalda les rejoindra un peu plus tard. Dans un coin, attablé seul afin de mieux capter le regard du photographe, Philippe Delerm boit sa bière à petites gorgées. La généralisation du principe de petit plaisir, en annulant le principe de réalité et donc la tension génératrice d’art, comme disait Sigmund, nous mène tranquillement vers notre auto-destruction. La culture, qui était édifiée sur le renoncement pulsionnel, est passée aux pertes et profits. Fin de partie.

L’intelligence n’est pas individuelle, elle est collective. L’inintelligence aussi. Nous vivons des temps de profonde bêtise. Ce ne sont pas les premiers, mais à des étapes antérieures, il y avait des contrepoids. Par exemple, France, milieu des années 1870. À la terrasse du Café Riche, Monsieur Homais fait le panégyrique de Sainte-Beuve, mort vers la fin de l’Empire — le grand homme des Lettres pour tous les imbéciles. À une table voisine Adolphe d’Ennery et Eugène Cormon fêtent l’immense succès des Deux orphelines, un mélo d’une niaiserie magistrale, l’un des plus grands succès du siècle. William Bouguereau, tout près, parle art et décorations avec Ernest Meissonier. C’est la fête à la Bêtise.
Mais en même temps, l’époque allumait ses contre-feux. Dans un cabinet particulier du Lapérouse, quai des Grands Augustins, Flaubert à demi-ivre allume un cierge à Saint Polycarpe, comme chaque matin, en soupirant : « Ah mon dieu, dans quel siècle m’avez-vous fait naître ! » Il a beau se plaindre (« Je sens contre la bêtise de mon époque des flots de haine qui m’étouffent. Il me monte de la merde à la bouche comme dans les hernies étranglées. Mais je veux la garder, la figer, la durcir ; j’en veux faire une pâte dont je barbouillerai le dix-neuvième siècle, comme on dore de bouse de vache les pagodes indiennes, et qui sait ? cela durera peut-être ? »), il produit Bovary, Salammbô, l’Education. Pas mal en un siècle bête. À ses côtés, Zola qui a commencé à écrire, Hugo qui  est rentré de Guernesey, et Maupassant, qui médite ce qui deviendra Boule-de-Suif. La Bêtise produisait ses contre-poisons.

SI j’avais en moi quoi que ce soit de superstitieux, je finirais par croire que les conjonctions astrales, les taches sur le Soleil ou les créatures malignes d’Alpha du Centaure ont une incidence sur le seuil d’intelligence et de créativité. Entre 1894 et 1897 sont nés en France, de Céline à Aragon en passant par Breton, Eluard, Soupault, Pagnol, Giono et quelques autres, les plus grands noms de la littérature française du XXème siècle. Des hommes arrivés à maturité dans les années 1920-1930, et qui ont produit une suite insensée de chefs d’œuvres. On a les minutes des échanges au sein de la Centrale surréaliste. Mais imaginez la réunion de tous ces créateurs dans un centre unique — Paris en l’occurrence… La masse critique, eh oui, voilà le hic — comme disait à peu près Cyrano…

Et aujourd’hui ? Jean Echenoz, probablement le plus grand écrivain français vivant, n’est jamais invité chez Ruquier — ce lieu de toutes les élégances de l’esprit. Ni chez Ardisson. Ni chez Nagui. Vous imaginez, Echenoz chez Cyril Hanouna ?
Il nous arrive bien de regarder parfois les étranges lucarnes, afin de nous mithridatiser contre la Bêtise. Mais elle trouve chaque jour de nouvelles substances plus nocives encore que celles de la veille. Et nous apprenons incidemment que le Quotient intellectuel serait en baisse globale — la faute aux pesticides, aux nano-particules, à Philippe Meirieu et autres catastrophes. Cela ne nous laisse guère d’espoir sur les discussions intelligentes du siècle à venir — sauf agitation fécondante sur Sirius ou bonnes intentions des myriapodes de Bételgeuse.

Jean-Paul Brighelli

PS. À propos d’Echenoz… Lu récemment (avec un léger retard, le livre a paru à ‘automne dernier) Un peu tard dans la saison, de Jérôme Leroy. Encore un qui ne désespère pas, tiens ! product_9782710375517_195x320

114 commentaires

  1. On pourrait construire un mur contre la bêtise ? Par exemple au milieu de la mer Méditerranée ?

  2. Constatant tous les jours l’état d’indigence intellectuelle, spirituelle, culturelle, artistique (musique-cinéma-théâtre-peinture-sculpture…) dans lequel nous vivons et particulièrement touchée par la décadence de mon pays, je me demande ce que ce demi-siècle (1970-2020) va transmettre à nos enfants… Rien.
    Dans une salle de profs, il y a plus de 10 ans, je lisais Ravel d’Echenoz. Un jeune prof a dit à l’oreille d’un autre :
    — C’est quoi ce roman de gare ?
    L’autre lui a répondu:
    — Non, il parait que c’est un bon écrivain mais, je ne sais pas de quoi ça parle…
    Je leur ai fait savoir que j’avais entendu leur conversation et que je les engageais à lire ce roman. Ils ne connaissaient pas Ravel. Jamais entendu parlé…
    Si actuellement, je leur proposais de lire  » Des éclairs » (sur Tesla) , ils penseraient forcément à la voiture électrique tout comme Beethoven fait référence à un chien…

  3. J’ai une idée … lumineuse ! Des camps … des camps de rétention de la sottise – on aurait des tribunaux qui tourneraient à plein régime et qui condamneraient aux travaux forcés idiots – forcément – les imbéciles les plus patentés du siècle !

    Signé Un Shadok qui s’ignore !

    • Une éternelle question se pose lorsqu’il s’agit de sélectionner (dans le cas présent : trier les sots) : qui sélectionnera les sélectionneurs ?
      On a constaté plus d’une fois que les sélectionneurs de cons sont pourraient être élus Roi des Cons. L’exemple le plus frappant est sans doute Michel Audiard, dont les aphorismes montraient qu’ils ne doutait de rien et dont l’affirmation la plus connue est : « Les cons ne doutent de rien; c’est à ça qu’on les reconnait ».

  4. Notre admirable « Commission européenne » m’a d’ailleurs précédé : elle va transplanter l’angoisse Africaine sous son chaud soleil dans notre Europe surpeuplée afin de donner du baume au cœur aux agonisants de la civilisation !
    La civilisation crèvera au son des tam-tam ce qui donnera un air de fête à tout cela !

    • Votre vision de l’Afrique est celle de Tintin au Congo (version 1930).

      Le tam-tam n’est qu’une des sonneries téléchargeables sur les iphones disponibles en Afrique.

      • Vous ne devez pas souvent fréquenter les couloirs du métro parisien où résonne en permanence le tintouin des djembés … On les subit aussi lors des activités périscolaires des petits Français… Ce serait indécent de leur faire écouter la Boîte à joujoux de Debussy, Le carnaval des animaux de Saint-Saëns ou L’enfant et les sortilèges de Ravel ! Il faut les ouvrir sur d’autres cultures, d’autres rythmes! Arrêtons de nous autocentrer !

      • A l’aune de témoignages très récents de quelqu’un qui y passe quelque temps, l’Afrique reste ce quelle est depuis la décolo: misère, anarchie, trafics, surnatalité, trafics, corruption, exploitation des plus faibles…Cinquante ans de perfusion à coups de milliards; résultat: ils ne rêvent que de foutre le camp pour rejoindre les sales babtous.

      • Oui, mais le smartphone est une invention du mâle blanc occidental tellement honni.
        L’Afrique a produit quelle innovation majeure depuis un ou deux siècles ?

        • Vous ne m’avez pas répondu: que faisaient les Africains pendant qu’Euclide in ventait le théorème des parallèles sur deux obliques ? Et pendant qu’Hadrien écrivait ses Pensées ?
          Pourquoi donc rien n’a commencé en Afrique, à part l’Humanité ?

      • … mais on comprend parfaitement bien ce qu’il veut dire (l’importation d’encore plus d’Islam, entre autres)…

  5. « Cela ne nous laisse guère d’espoir sur les discussions intelligentes du siècle à venir — sauf agitation fécondante sur Sirius ou bonnes intentions des myriapodes de Bételgeuse. »

    Soyons donc particulièrement attentifs à l’irruption brutale de monolithes dans notre environnement surtout s’ils sont black et d’équerre :

    https://www.youtube.com/watch?v=9woRJ7-mD7Y

    Notez qu’avant l’apparition du Grand Téléviseur (au format 1/4/9 qui préfigure notre 16/9) dans leur environnement, nos ancêtres dans la caverne se disputaient déjà stupidement pour imposer le programme du soir sur le vieux poste à lampes volé à la tribu adverse.

    • Très belle exposition sur les météorites au Museum d’Histoire Naturelle du jardin des Plantes — ils n’ont pas manqué de signaler que la « pierre noire » de la Kaaba en était probablement un.

      • Le jardin des plantes est le seul lieu qui trouve grâce à mes yeux dans la capitale.
        Un havre de paix doublé d’une Mecque scientif’.
        Tiens, faut que je retourne flâner au jardin bota du parc Borély, c’est très joli.

      • je vous recommande, s’il existe toujours et si vous aimez les cailloux, le musée de la minéralogie de l’École des Mines, Bd St Michel …

      • Ça, tout le monde le sait, et les Musulmans ne s’en cachent pas, c’est en toute connaissance de cause qu’ils en ont fait un symbole, et je ne trouve pas ça du tout blamable.

  6. Ce pauvre Québec … où les Caribous deviennent assistants sociaux pour les Ours qui sortent d’hibernation et qui ne savent plus faire de la confiture d’airelles !

    A se damner …

  7. Il y a encore deux générations les Québécois étaient des paysans frustes qui cultivaient la terre et faisaient des gosses à tire-larigot pendant les longues nuits d’hiver … ils ont sauté directement dans le train de la décadence en devenant tous petits-fonctionnaires admirateurs de Céline Dion, Fabienne Thibault, Diane Dufresne ou Diane Tell !

  8. Objection : pour un amateur de beauté féminine tel que l’hôte de ces lieux, c’est un jugement bien expéditif et hâtif que de ranger William Bouguereau, du fait je présume de sa réputation de peintre pompier, parmi les bourgeois épais et idiots de son époque.
    Son pinceau est pourtant nourri par une puissance évocatrice et une énergie érotique indéniables. Il est l’antipode voluptueusement épanoui de la décadence souffreteuse d’un Félicien Rops (si représentatif lui, de la culpabilité petite bourgeoise face à la chair…). Bref, le cliché peut parfois être lui aussi une manifestation de bêtise collective 🙂

  9. Dugong le chien qui court après sa queue sur le blog de Jean-Paul Brighellui – pas pour tout le monde – depuis une bonne douzaine d’années !

    Il n’a toujours pas saisi les raisons de son échec professionnel qu’il remâche incessamment avec ses affligeants jeux de mots qui ne trompent personne !

    • C’est qu’elle voudrait mordre !

      Et toujours d’une grande pertinence dans le choix de ses angles d’attaque.

  10. Au XXe, en France, de bons esprits à la belle plume: Camus, Sartre, Céline, Fournier, Gide…Kessel…j’en passe et j’en oublie.
    Possiblement, les auteurs d’aujourd’hui s’enferment dans les prisons du politiquement correct et du littéraire genrus-compatible..?

    • Céline, génération 1895.
      Il y a eu un léger mieux sur la phase 1905 (Sartre) / 1908 (Beauvoir) / 1913 (Camus).
      En fait, l’intelligence fabrique de l’intelligence. J’ai très peur que notre misère contemporaine fabrique un grand nombre de connards.

      • Les innombrables connards seront gérés par des IA. Ça suffira.

        Les quelques intelligences humaines restantes devront pratiquer l’entre-soi. Je rappelle, en passant, un truc connu (?) : lorsque vous téléphonez à Orange, à EDF, à…, vous avez de grandes malchances de tomber sur un robot qui va vous poser des tas de questions àlakon. Le plus sûr moyen que l’IA finisse par vous mettre en relation avec un vrai quelqu’un est de lui répondre n’importe quoi * (je sais que presque tout le monde sur le blog en est capable).

        * ce qu’une IA interprétera comme du n’importe quoi n’est paradoxalement pas tout à fait n’importe quoi. Par exemple, si l’IA vous demande votre nom, répondez lui par une date et une heure.

  11. Question pour un champion : à combien un roman à parfum de scandale – grâce au procureur Pinard – comme « Madame Bovary » était-il vendu au XIXe siècle ? 1er tirage 6750 exemplaires partis en deux mois et sur cinq ans un peu moins de 30000 exemplaires vendus (29150).

    Donc voilà on est très loin des 500.000 d’un Goncourt mi-XXe siècle !

    Le public bourgeois lettré au XIXe c’est 30.000 individus !

    Méditez en silence et ne galvaudez pas l’information !

    • Il faut corriger ces chiffres en considérant que beaucoup de lecteurs étaient abonnés à des cabinets de lecture car ils n’avaient pas les moyens de se payer des ouvrages à cinq francs pièce – le salaire d’une journée d’ouvrier pour fixer les idées (on louait aussi les livres à la journée).
      Donc voilà les best-sellers de l’époque comme les Mystères de Paris ou les Misérables n’étaient pas vendus par centaine de mille mais ils avaient néanmoins un lectorat plus large grâce à ces espèces de bibliothèques publiques privées.

    • Ramené à la démographie française actuelle, « Madame Bovary » serait vendu à environ 54 000 exemplaires…
      A l’époque, les romans n’étaient pas encore traduits… Le Goncourt 2016 s’était vendu à sa sortie à 62 000 exemplaires. Aujourd’hui, il atteint parait-il les 500 000 car, il fait un tabac en Chine… C’est dire le nombre de lecteurs ajoutés!
      Loin de moi la comparaison avec Flaubert et L. Slimani… Je ne pense pas qu’en 2184, cette « Chanson douce » sera encore lue…

      • « Madame Bovary » 30000 exemplaires sur 5 ans (1857/1862) ! Je suppose sans preuve que ce roman a été traduit rapidement en anglais pour les Britanniques et les Américains !

        Si Lormier était là il ferait une recherche bibliographique …

  12. Té, Barbusse, avec son « enfer », je l’avais trouvé très bien. Un auteur oublié.

    • Très antérieur — génération des années 1870. Ils sont quelques-uns. Mais pas le même effet de meute.

      • Certes.
        Bibliothèque du grand-père, instit’. Le reflet d’une époque, des années 20 aux 60 en gros.
        J’y ai découvert, jeune ado dévoreur de livre, Salammbô, P. Louÿs et qq autres…

  13. L’intelligence est toujours là mais elle se cache. Inutile de se faire remarquer dans ce monde superficiel; le substantiel demeure propriété privée selon le vieil adage: pour vivre heureux, vivons cachés.
    Si possible avec un bon pinard.

  14. Les ouvriers parisiens étaient souvent beaucoup plus cultivés que les manœuvres qui travaillaient dans les champs – les plus gros tirages au XIXe restent néanmoins les ouvrages religieux ; une bible ou un catéchisme, un livre de prières sont souvent les seuls ouvrages qu’on trouve dans une chaumière de paysans.
    Chez un ouvrier parisien on trouvera souvent une douzaine de livres de chevet.
    C’est donc surtout à travers les journaux et leurs feuilletons que la littérature pénètre dans les foyers.
    Peu à peu grâce à la mécanisation le prix du livre va baisser de même que le prix des journaux. « Le Petit Journal » tire à un million d’exemplaires vers 1900.

  15. Je rentrais après avoir évité quelques abrutis qui conduisent comme des sauvages, les gens sont encore plus cons, en général, dans leurs voitures , et je repensais justement à Flaubert et à la bêtise en garant mon char, comme on dit au Québec.
    Et voilà votre article. Intelligent.
    Envie d’être en Crête, tiens, loin de tout, dans les villages paumés où les petites vieilles en noir lèvent les deux bras en signe d’accueil amical.

    • Fanimestement, dégun a lu ce bouquin fort fabuleux sur la vie passée des Inuits…
      chez qui le jour se lève rarement.

  16. « Jean Echenoz, probablement le plus grand écrivain français vivant », et Pascal Quignard ? Une belle âme, comme dirait une grande actrice ! Et une belle plume.

    • C’est vrai. Mais que ce soit Modiano qui ait eu le Nobel me dépasse.

      • Cela fait un petit bout de temps qu’ils déconnent à Stockholm.
        Moi, je trouve pas Echenoz grandiose, m’enfin. Au lycée, mes collègues de lettres, que je n’aime pas beaucoup, le trouvent très bien. Elles sont très « spécialistes »de romans ultra-contemporains et pleurent dès qu’elles ont à étudier une oeuvre en deçà du XIXième siècle.
        Quand je récupère certains de leurs élèves, ils me disent tous que ces romans étaient faciles à lire, on veut bien les croire, mais qu’y avait rien à dire. On veut bien les croire aussi.
        Certaines vont même jusqu’à leur en coller sur les listes de bac. Le bonheur !

      • De toute façon, depuis qu’on l’a décerné à Bob D., tous les standards ont explosé.

        Une IA sera prix (ig)Nobel de littérature avant 2030. Nous aurons peut-être la chance d’être mort ou gâteux pour ne pas voir ça (Driout, qui l’est déjà, ne s’en rendra évidemment pas compte).

        • Stéphan King et d’autres auteurs américains connus (cherchez vous trouverez) ne sont pas du même avis que vous mais Dugong a parlé! Alors silence.

          • J’imposerais le silence ? Il n’y aurait sur ce blog que des vieillards timorés dont la voix chevrotante serait portée par déambulateurs interposés ?

            Stephen King, spécialiste notoire de l’IA, a autant le droit que moi de dire des khonneries. Je me réjouis qu’il en fasse, lui aussi, grand usage.

          • Pas d’ostracisme ! Elle aussi doit pouvoir faire partie, localement, de la grande khonfrérie des émetteurs de khonneries.

      • Lui même n’en est pas revenu … Comme il est relativement humble, il avait cité à l’époque de la réception de son Nobel les noms de plusieurs écrivains qui selon lui le méritaient davantage…

  17. Dugong le grand pathétique ! L’inventeur de la constante macabre en physique … homophobe et raciste par surcroit de négligence !

    • J’oubliais : pour lui le féminin c’est une marque dépréciative !

      Quoique je ne me travestisse pas comme Pierre Loti les finales féminines ne me gênent pas allez comprendre !

  18. Je ne sais plus qui sur ce blog ne voulait pas entendre parler des mœurs équivoques de Pierre Loti ! Me répondant : mais il écrit bien ! Certes mais il était pédé quand même un peu sur les bords … vous savez ces marins s’ennuient quelquefois à bord !

    • C’était moi, je crois.
      Le fait que des auteurs soient homo me laisse de marbre. Mon côté hétéro, sans doute.

  19. Cet écrivain de marine adorait semble-il prendre le vent comme le foc de son embarcation qu’il partageait avec son frère Yves …
    Kipling, Balzac, Proust, Tournier, Green, Gide, Yourcenar se servaient très bien de leur plume eux aussi malgré leur penchant sexuel …

  20. 1664, rue du Vieux Colombier. Boileau reçoit dans sa chambre La Fontaine, Racine et Molière..

    Sinon, pour aujourd’hui, n’oublions pas Modiano.

    • Quelques, pas beaucoup, Le Clézio . Gracq. Yourcenar, chapeau bas, je ne sais pas si elle a été citée ? Je ne lis pas tout ici. Oui, c’est vrai qu’il n’y a pas foule.

    • 1664, rue du Vieux Colombier ? chez Namboure*, dit « le gros » ?

      *ami lecteur, lecteuse, il y a une astuce cachée, sauras-tu la trouver ? 😉

    • Figurez-vous que je l’ai connu — nous avons passé un dîner et une soirée ensemble, chez un ami commun, il était accompagné d’une créature refaite de pied en cap et bijoutée de même. En fait, un provocateur-né, et un garçon avec beaucoup d’humour à froid. Et qui se documentait à fond pour chacun de ses livres — il rentrait de Guinée-Bissau, et comme nous nous étonnions que l’aéroport soit, selon ses dires, quelque eu courbe, il s’est exclamé : « Des nègres enfin ! Ce sont des nègres qui l’ont construit ! Comment vouliez-vous qu’il fût droit ? »

      • Oui, j’avis appris à sa mort que « Le 30 janvier 2013, Gérard de Villiers, qui est largement ignoré sinon méprisé par la critique littéraire en France, se voit consacrer un long article à la une du New York Times. Dans cet article, l’auteur, journaliste confirmé spécialiste des relations internationales, explique la valeur et la fiabilité étonnantes des informations contenues dans les romans de Gérard de Villiers , au point que de nombreux diplomates lisaient ses livres » comme le relate sa fiche Wiki.
        Et j’apprends que sa mère était réunionnaise, comme quoi … et puis 150 millions de livres, allez, c’est décidé, j’abandonne le pamphlet, pour écrire du roman rose ! 😉

        Ah, et puis (je vais encore me faire des ami.e.s …) « résolument à droite, libéral, anticommuniste, anti-islamiste, anticommunautariste, antisocialiste « , ça me le rend immédiatement sympathique ! 😀

        • Ah, le personnel d’ambassade, sources dont le spectre va du c(r)achat au pétrifiant en passant par le vrai et le faux.

          Comme dit l’Autre : « ce qui borde la vrai n’est pas le faux mais l’insignifiant »

          Il faudrait écrire là-dessus…

        • On s’en fout.
          Il avait le mérite de proposer des trucs exotiques, genre bouzkachi ( voir Kessel aussi) + coït à cheval, et hop!

          • Un peu trop fan des tortures tarabiscotées ( qui retombent toujours du mauvais côté) pour être simplement malsain, le gégé.

        • je constate que personne n’a réagit au souhait exprimé « d’abandonner le pamphlet, pour écrire du roman rose ». Je prends ça pour un encouragement Tite Live tacite … 😉

  21. « L’intelligence est toujours là mais elle se cache … »

    Maintenant on sait pourquoi Lormier n’intervient plus…

  22. « Entre 1894 et 1897 sont nés en France, de Céline à Aragon en passant par Breton, Eluard, Soupault, Pagnol, Giono et quelques autres, les plus grands noms de la littérature française du XXème siècle. Des hommes arrivés à maturité dans les années 1920-1930, et qui ont produit une suite insensée de chefs d’œuvres. On a les minutes des échanges au sein de la Centrale surréaliste. »

    Je pense que nombre d’entre eux doivent leur floraison à la Grande Guerre – ce n’est donc pas un hasard.

    Mais bien vite les Surréalistes plaquent l’inconfortable Dada pour l’astrologie et les Grands Transparents, pfff… (En fait pour la Littérature avec une capitale.)

    Et j’opposerais le _Cahier de la permanence_ du Bureau des recherches surréalistes aux flamboyances de la Centrale : mesquinerie humaine, trop humaine.

    ——————————————————————————————

    Maître, la typographie veut XXe (avec le « e » en exposant, bien sûr) et non « XXème ».

  23.  » les Invasions barbares (un film que je ne me lasse pas de revoir, tant il génère d’espoir et de bonne humeur) »
    C’est du second degré ou quoi ?
    Non mais c’est pas possible d’écrire ça sur ce film québécois aussi plat que mon écran ! Un conseil JPB: n’écrivez plus vos critiques cajun, ou alors, il faut vraiment que je refasse votre éducation cinématographique. Parce que cette farce lacrymale rancie jusqu’à l’os sur laquelle les festivaliers cannois qui bandent mou se sont pâ(l)més, est de plus mal filmée. Ce sirop post soixante-huitard bourré de clichés (où, fallait le faire, le pédé de service devient maître-queux et l’épouse actéonisée fraternise avec les anciennes maîtresses du mari agonisant) n’est en somme qu’un sinistre chapelet de ronchons verbeux qui gerbent leur haine sur la société actuelle qu’ils nous ont laissée en héritage.
    Ce film pue-la-mort, exhibitionniste, qui nous sert ad nauseam des grands sentiments à la louche, balisé de tous les stéréotypes imaginables d’anciens combattants quinquas qui n’ont gardé de leur hédonisme que la vulgarité est à fuir. Le temps qui passe s’en chargera très bien…oubliettes !

  24. Hervé n’a pas compris que nous sommes à un dîner de cons – et que personne ne sait qui a invité le con de service, juste une fois !

  25. Comme disait Bernard Blier à Louis de Funès : « Prenez un professeur bien dodu, entourez-le de trois inspecteurs bien en chair et cuisinez-le pendant quarante-huit heures, cela fera un suspect tout à fait présentable ! »

    • Me viennent également à l’esprit la recette de l’œuf-mimosa (avec du persil, pas de l’estragon, sinon c’est pas bon !) et le soufflé à la pomme de terre (« muskatnuss, Herr Müller ! »). Rien à voir avec « Les invasions barbares » mais cela me fait toujours autant rire…

      Sinon, pour Ruquier, Nagui, Hanounah, c’est tellement… comment dirai-je ? Convenu…

      Il y a un siècle, on se cassait la gueule chez Polac; on fumait et picolait chez Pivot (revoir Cavanna-Bukowski) et même à « Champs-Élysées », Gainsbourg, ivre, pouvait draguer maladroitement Withney Houston sous le regard du constipé Michel Drucker…

      Années 70-80 : la dernière époque de liberté télévisuelle. Dire qu’à 10 ans, je regardais « Benny Hill » et ses allusions érotiques ou Cocoboy et sa playmate aux seins nus…
      Impossible aujourd’hui de refaire ce genre d’émissions… surtout avec Ernotte. On a donc « Poubelle la vie » désormais…

  26. K. Mbappé, rouleur de sphères semi-dures, jeune et véloce, fait l’objet d’une intense construction de storytelling dont les journaleux sont les chevilles-ouvrières.

    Ces derniers diffusent à donf l’annonce d’un don de 0,1 méga€ (prime du match contre les maradoniens *) que le footeux fera à son assoce *. La somme représente 1% de son salaire net annuel au PSG, probablement récupérée au deux-tiers par réduction d’impôt tout en accumulant un max de capital symbolique.

    Dans ce cadre, le prodige a environ quinze ans de durée de vie. Il n’y a pas de temps à perdre.

    https://www.impots.gouv.fr/portail/particulier/questions/jai-fait-des-dons-une-association-que-puis-je-deduire

    * maradoniens : membres d’une tribu d’Amérique du sud, pratiquants des deux mains (l’une guidée par dieu, l’autre guidant la paille selon une stratégie de défonce en ligne).

    ** tout sportif mondialisé ou en voie de l’être, se doit d’être adossé à une assoce caritative régulièrement alimentée.

  27. Je ne partage pas complètement votre pessimisme. Certes, le niveau général a baissé en termes notamment de qualité de l’expression. J’estime cependant que certains auteurs comme Richard Millet, par exemple, essayent de maintenir un certain degré d’exigence et d’excellence dans leurs écrits, à la fois sur le fond et sur la forme.

    Pour les auteurs contemporains que vous citez, il est certain de ce ne sont pas les meilleurs. D’ailleurs, pour tout ce qui culture, il vaut mieux ne pas allumer sa télévision. Il faut se débrouiller avec Internet et la rubrique « livres » de certains mensuels.

    En matière d’essais, des livres intéressants et de qualité sont publiés mais il faut trier. Par exemple, on peut citer, à mon avis, le livre de Bernard Bourdin «  le christianisme et la question du théologico-politique » ou celui de Jacques Villemain « Vendée 1793-1794 ». Ce n’est pas accessible à tout le monde et ces auteurs ne seront pas invités chez Ruquier mais les ouvrages ont été publiés respectivement en 2015 et 2017.

    En fait, je crois que les œuvres de l’intelligence sont le fruit d’une activité intellectuelle souterraine. Les vrais écrivains et vrais penseurs de ce temps vivent pour la plupart dans la clandestinité, à l’intérieur des catacombes de la vie sociale et médiatique. Les médiocres qui s’agitent en pleine lumière le savent très bien et cela les énervent considérablement car au final, c’est toujours le travail de qualité qui reste.

  28. On parlait de littérature pas d’essais critiques. C’est quand même un autre domaine. Enfin à part quelques grands comme Camus qui ont réussi dans les deux à la fois.
    Après, le penseur génial caché dans sa cave, de nos jours, cela fait sourire.
    On n’a tout simplement pas de penseur de génie depuis un bout de temps, et très peu d’excellents romanciers. Mais une multitude de crétins qui écrivent des machins en pensant que ce sont des romans et une multitude de non moins crétins pour les lire, et, entre les deux, les intermédiaires qui se font du fric.

    • 1- En évoquant Camus, vous ne parlez pas de Renaud, je suppose, et pourtant cet écrivain a du style. Quant à Albert, il fait consensus mais, j’avoue que je ne m’y retrouve pas. Il y a sans doute bien mieux. Mais je ne mésestime pas son travail et son œuvre. Il a voulu être philosophe et écrivain en même temps et je ne suis pas certain que cela soit véritablement possible. Par exemple, Chateaubriand a plutôt excellé dans ses Mémoires et Vie de Rancé mais, est moins convainquant dans ses essais.

      2- Qui vous a parlé de penseur génial ? Je voulais simplement mettre en exergue la qualité du travail de certains auteurs méconnus à cause de l’école de pensée à laquelle ils appartiennent. Pas la peine d’être méprisant. A l’évidence, vous n’allez pas beaucoup dans les sous-sols de la société où on trouve de petits éditeurs de livres et des lecteurs qui veulent faire connaître des auteurs injustement ignorés.

  29. petit HS : parmi les fautes courantes, qui émaillent les journaux en ligne, voici toute fraiche, la livraison du Figaro : »Les questions qu’on se posent ? »
    Moi quand je lis ça, « les questions que je me posent S » c’est qui faut-il pendre haut et court, les parents, les profs ou l’ensemble ? parce que franchement, c’est pénible !

  30. Une explication qui en vaut d’autres, sur cette *prédominance du crétin* que signalaient, en d’autres temps plus heureux, les irremplaçables et oubliés Fruttero et Lucentini :
    « La sélection naturelle supprime les moins adaptés. La sélection sociale, au contraire, les protège et neutralise ou supprime les mieux adaptés. Comme nous avons choisi la deuxième, il nous faudra adapter la société à une nouvelle notion de qualité qui sera fondée sur l’inadaptation, ce qui peut paraître contradictoire, mais revient en fin de compte à considérer la médiocrité comme la forme moderne de l’excellence. »

    • Ce qui est récurrent chez le crétin c’est la crétinerie ! Il faut s’y faire … c’est comme un Dugong perpétuel auquel je me suis habitué !

  31. On écrit : d’Alembert, pas « D’Alembert » ;

    et aussi : Légal le profond, pas « Legal ».

    Sachons défendre notre orthographe !… avant qu’elle soit interdite.

    Bien amicalement.

  32. Oui oui oui.. Méfiez-vous quand même des clichés et du ressassement de la doxa..et oui même vous ! Car Bouguereau et Meissonnier étaient de grands peintres, ne vous en déplaise et le manichéisme pseudo-moderne fait partie de ce que vous dénoncez souvent. Alors ne l’appliquez pas rétroactivement à l’histoire de l’art. Van Gogh, d’ailleurs, admirait beaucoup Meissonnier, sans réserves, a-t-il écrit lui-même. L’Impressionnisme, bas de plafond selon Redon, n’est pas un « contre-feu » à quoi que ce soit. C’est seulement autre chose. Ne « tombez pas » à votre tour dans les « avant-gardes ». Si vous voulez vraiment dénoncer la bêtise contemporaine, ne calquez pas sur l’histoire de notre pays des schémas éculés et surtout faux de l’idéologie totalitaire des 70’s qui a fait tant de mal à tant de choses.

  33. Le vrai problème de cette époque ,est la confusion entre instruction et intelligence .20 ans a l’école est vous voila devenu intelligent. Grossière erreur nous en avons la preuve avec nos énarques ….

    • Non seulement ils ne sont pas forcément intelligents, mais au bout de 20 ans de l’école telle qu’elle est, il y a peu de chances qu’ils soient instruits.

  34. Sans vouloir tout à fait jouer le rôle d’avocat du diable (ou l’assumer?), je dirais que l’analyse du temps présent par Jean Paul Brighelli repose sur un « angle d’attaque » un peu faussé, qui est celui de la télévision, des médias, du « on en parle »… Par exemple, qui connaît encore un écrivain toujours bien vivant et qui a produit une œuvre littéraire tout à fait remarquable par son style, oui son style extraordinaire d’élégance, de raffinement, de talent, je veux parler de François-Olivier Rousseau? De même en sculpture, je pourrais vous citer trois ou quatre noms dont les œuvres resteront à coup sûr; en musique « classique » également; en peinture, et même en poésie, en cherchant bien. Car tout est là… C’est encore plus frappant, lorsqu’on se tourne vers l’architecture… A côté de tant d’horreurs sombrement idiotes, ou d’une prétentieuse laideur, on trouve en cherchant bien des bâtiments récemment édifiés d’une étonnante élégance, d’une originalité qui sait encore cultiver le Beau… Quand nous entrons dans une librairie, nous sommes submergés par le nombre et il s’agit de fouiller longtemps, parfois, pour trouver la perle rare… Le nombre fait écran. La télé fait écran… Le blabla des imbéciles fait écran… Mais cela ne signifie pas qu’il n’existe plus de grands artistes, aujourd’hui, dont l’existence et l’intelligence contrebalancent aussitôt la bêtise toute puissante qui s’étale partout…. sauf dans le secret de son chez soi, où il appartient à chacun de lui fait… écran.

    • J’aime beaucoup l’idée que les écrans fassent écran…
      Quand on y pense, ils sont là pour ça.

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