– Dans huit jours, Marseille est donc capitale européenne de la culture…
(Applaudissements hésitants — puis courte rafale de rires — enfin, hilarité franche. Alors le bateleur, courroucé, s’avance ver le devant de la scène).
– Bande de pas-grand-chose et de Parisiens, éructe-t-il…
(La foule gronde).
– … J’adore cette ville, et vous n’y connaissez rien (les huées peu à peu s’apaisent). À vrai dire, les édiles qui font semblant de la gouverner (croyez-vous sincèrement qu’une cité qui s’est ouvertement soulevée contre le Roi-Soleil, qui n’était pas un plaisantin mais craignait si fort la cité qu’il fit construire les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas de façon à ce qu’ils puissent canonner la ville, soit « gouvernée » par qui que ce soit ?) n’y connaissent eux-mêmes pas grand-chose. D’ailleurs, dans toutes les crises qui secouent Marseille, on ne les voit guère. La grève du ramassage des ordures, en octobre 2010, fit sortir les rats, mais pas le maire ni ses conseillers — pas au point en tout cas de mettre la main à la pelle. Les représentants du Défi suisse, qui cherchaient un port un peu venté pour y faire courir la Coupe de l’America, arrivèrent à Marseille sur ces entrefaites, et s’enfuirent bien vite à Valence. Sûr que Marseille n’est pas Genève, ni Lausaaânne.
« Depuis la mort de Defferre sur un parquet trop dur et la disparition de Vigouroux dans un dernier whisky, c’est « le petit Gaudin », comme disait Gaston, qui dirige la ville d’une main plus habituée aux onctions papales et aux pince-fesses sénatoriaux qu’aux battoirs des poissardes du Quai de Rive-Neuve. Quant à ceux qui aujourd’hui mouillent leur culotte à l’idée de le remplacer, je préfère ne rien en dire : ce sont des zéros qui ne multiplient que parce qu’ils sont conseillers municipaux, généraux, régionaux, députés — bref, des politichiens de garde.
« Mais qu’importe aux Marseillais ? Casanova parlait déjà, au XVIIIème siècle, de leur « férocité » — d’aucuns devraient s’en souvenir avant de se présenter à leurs suffrages. Et se rappeler cette réflexion de Ian Fleming (oui, l’auteur des James Bond — c’est dans Au service secret de Sa Majesté qu’il fait de Marseille un portrait flatteur et chatoyant), selon laquelle « avec du safran, la chair humaine reste très comestible ».
(Applaudissements des cannibales de la salle — il y en a toujours plus que l’on ne pense).
« Quant à la culture… Marseille a peu de théâtre, de moins en moins de cinémas, sinon dans des centres commerciaux lointains et improbables, c’est la seule ville de France qui n’ait pas rénové son centre, ce qui a permis la lente acquisition de la Canebière et des rues adjacentes par des foules bigarrées, et elle est dans le peloton de tête des villes les plus embouteillées d’Europe (1). Devant Paris…
(Cocoricos dans le lointain — avé l’accent…)
« Alors, Marseille n’est pas forcément la ville la mieux placée pour représenter la culture européenne — d’autant qu’elle regarde surtout au Sud, vers la Corse et le Maghreb (beaucoup vers le Maghreb, depuis une trentaine d’années…). Mais elle a une culture — la sienne.
« Depuis que Protis, le chef des Phocéens (je me demande combien de Marseillais savent pourquoi on appelle l’OM le « club phocéen »), qui, de leur lointaine Asie mineure, cherchaient des comptoirs abrités du mistral, a débarqué dans la calanque qui forme aujourd’hui le Vieux-Port et séduit Gyptis, la fille du chef gaulois local, bien des cultures se sont mêlées dans cette cité — grecque, gauloise, latine, catalane, corse (ces mêmes Phocéens ont fondé en Corse la ville d’Alalia, là où se situe aujourd’hui Aleria — nous sommes cousins, qui s’en étonnera, vu le nombre d’insulaires dans la « cité phocéenne » ?) — et arabe. La Méditerranée résumée en 240km2. Sans compter que nous (j’y suis né, dans l’hôpital de la Conception où était venu mourir Rimbaud — la Nature cherche toujours à compenser…) avons des ancêtres fort lointains, qui ont laissé de leur long séjour une grotte pleine de peintures rupestres, et des grands-parents plus récents, au Néolithique, établis sur ce qui est aujourd’hui la colline Saint-Charles. Là où est aujourd’hui installée la gare du même nom, dont on sort pour descendre des escaliers calqués sur ceux d’Odessa — ceux où Eiseinstein faisait dévaler un landau dans Potemkine…
(Rumeur parmi les cinéphiles…)
« On aura compris que j’adore cette ville, si mal comprise dès que l’on dépasse la « Porte d’Aix », cet arc de triomphe avec lequel on compare ici ce que Fanny a de si précieux dans son anatomie qu’on le baise dès que l’on perd aux boules. J’adore habiter à deux pas de Saint-Victor (on m’y a baptisé, à mon grand dam, paraît-il — j’ai hurlé tout du long, me dit ma mère, et une vapeur diabolique est montée de mon front quand on m’a ondoyé), et renifler chaque jour, en passant, l’odeur exquise du Four des navettes. J’adore courir le long de la Corniche, des Catalans au David, et repérer au Vallon des Auffes, en passant, la devanture claire de Fonfon, où en attendant de cuire de la chair de politicard corrompu on sert l’une des seules vraies bouillabaisses de Marseille — qui en propose bien d’autres, tant pis si les touristes se laissent prendre aux sirènes des usines du quai de Rive-Neuve. J’adore le Panier, et sa Vieille Charité (ici, court moment d’émotion en souvenir d’un pot pris sur une terrasse de ce quartier mal famé, surplombant le port dans un soleil couchant commandé tout exprès par le maître et la maîtresse de maison — exemplaires en cela comme en toutes choses…). J’adore manger mes pizzas Chez Etienne, où l’on ne paie qu’en liquide — une idée du patron —, et mes fruits de mer chez Toinou. Ou le couscous du Femina. Ou la viande de la Côte de bœuf. Ou la cuisine exotique du Pavillon thaï. Ou…
« Bref, c’est une ville vivante, même si le métro s’arrête de rouler à 21 heures, sauf les soirs de matchs (de l’OM je ne dirai rien — mes illusions sur le foot se sont écroulées avec les tribunes de Bastia en 1992). Même si les Vélib n’y sont plus disponibles entre 11 heures du soir et 6 heures du matin — le lobby des taxis, dans cette ville, c’est quelque chose. Même si les quartiers Nord ressemblent de plus en plus à la Bosnie — dont ils ont récupéré les ustensiles…
« Quant aux souvenirs personnels… Stendhal, qui y a vécu un an (qui le sait, parmi les édiles — savent-ils d’ailleurs qui est Stendhal ? « Rouge et noir, disent-ils, c’est Toulouse, té, pas Marseille… ») se remémorait avec émotion le corps nu de sa maîtresse jouant dans les eaux claires de l’Huveaune (dont on ne voit plus rien, les rues ont heureusement depuis lurette recouvert ce qui était devenu un égout à ciel ouvert). Moi, je me souviens de chaque rue, de chaque rendez-vous, de chaque naïade aussi — et de l’archipel du Frioul. Je me rappelle un sourire gare Saint-Charles, les étreintes du lycée Thiers — quand j’y étais élève, hé, patate, pas depuis que j’y suis prof ! —, les demis de bière engloutis au Taxi-Bar, dans des époques plus héroïques que la nôtre — et aujourd’hui une autre terrasse quelque part vers la Pointe rouge. La nostalgie donne au présent son goût particulier, que je n’échangerais contre rien. Parce qu’elle est l’épice du futur.
« Et la culture dans tout ça ? Ma foi, les seules cultures qui valent la peine sont celles que l’on bâtit, au jour le jour. Après tout, une ville qui a vu, dans la même salle de classe, Marcel Pagnol et Albert Cohen n’a rien à envier à qui que ce soit. Une ville qui a enfanté la fiction de Monte-Cristo peut en remontrer à beaucoup. Sans compter Izzo et son Total Khéops, sans doute l’un des meilleurs romans noirs des années 1990.
« J’aime même les cagoles marseillaises… Ici, même la vulgarité a du style.
« Il faudrait peut-être signaler aux archontes qui feignent de nous gouverner qu’une culture ne se réduit pas à quelques commémorations prétextes à gueuletons aux frais du contribuable. Une culture, c’est vivant, ça s’emporte à la semaine de ses souliers, ça irradie — ça ne se réduit pas au pastis et à la bonne franquette, ça se chante et ça s’appelle la Marseillaise. Rien que pour ça, nous avons bien mérité de la patrie. »
(La foule, subjuguée, se tait à présent. L’orateur a un geste de la main, comme pour dire au revoir — et laisser la parole aux autres. Mais on se doute bien, en même temps, qu’il reviendra l’année prochaine — il n’est pas homme à se taire).

Jean-Paul Brighelli

76 commentaires

  1. Il y eut une République Parthénopéenne à Naples – du nom d’une sirène grecque – fondée par les Français ; pourquoi pas alors une République Pan-européenne à Marseille ? Il faudrait jouer un air de flûte pour la faire naître …

  2. Oui, moi qui n’en suis pas, j’ai toujours aimé la ville quand j’y étais. J’aime bien vous lire à chaque fois Jean-Paul.

  3. Collègue,

    marseillais depuis 1972, enfant, adolescent, étudiant et enfin professeur, j’ai toute ma vie ou presque dans cette ville que je n’ai jamais quitté.
    Quarante ans donc, passés dans le même quartier, ce qui me donne l’occasion de donner mon point de vue et de le comparer au tien.
    Nous partageons une certaine nostalgie, celle de nos jeunes années. Oui, je me souviens, étant enfant, des pizza de la Galiotte ou de celles de chez Jeannot, de la bouillabaisse rare mais festive de chez Michel, des Catalans l’été et des parties de foot à Valier par 40 à l’ombre, de Samena plus tard, des petits bars du centre ou d’ailleurs, du Vel’ l’hiver où quelques rares fanatiques post-minots bravaient le mistral dans un virage Nord à l’ancienne…
    J’ai souvenirs, et nombre, d’une Canebière que nous avions plaisir à descendre et remonter, avec ses cinés, librairies, enseignes diverses, Air-France qui invitait au voyage…une perspective emblématique, des Réformés au Vieux-Port, qui n’était pas encore transformée en « chichkebab avenue » et en boutiques de cagoles….
    J’ai la nostalgie de mon Lycée, sur sa colline, des copains déjà meltingpotés mais qui, tous ou peu s’en faut, visaient vers le haut. Mémoire de mes vieux profs aujourd’hui disparus, certains ubuesques, d’autres modèles à suivre.
    Je me rappelle mon quartier, avec son crémier, les boucheries, la poissonnière montée du port, l’épicier&primeurs, le marchand de journaux, le vendeur de casquettes, et tant d’autres!
    Et Defferre, Maire à vie, statue gravée dans le marbre pourri de l’après-guerre et viciée par la politique des copains, qu’ a-t-il fait pour sa ville? Qui se souvient du faux attentat de la rue Dragon?
    Et aujourd’hui? Pour celui qui vit la vraie vie dans la vraie ville, que reste-t-il?
    Plus grand chose, hors carte postale passée et clichés culturo-parigos.
    J’ai longtemps été fier d’être marseillais, mais ces quarante ans et les années actuelles m’en dissuadent de plus en plus: il n’est que de s’en absenter quelque temps pour s’apercevoir que cette ville n’est plus que le reflet mourrant de ce qu’elle fut.
    Marseille capitale de la culture? Laquelle? Comment concevoir un soleil culturel dans l’obscurité crasse qui règne sur cette cité?!

    Cordialement.

  4. J’y ai goûté ma première bouillabaisse à l’aïoli, dans un boui-boui à touristes un peu crasseux dont je fus le seul client ce soir-là. J’attendais, adolescent mal dégrossi, seul dans la grande ville, un train qui ne venait pas. J’avais cent francs en poche, Londres et Rimbaud en tête et la Méditerranée à mes pieds. Cette bouillabaisse avait le goût de la liberté.

    • C’était dans des temps très anciens. Déjà dans le James Bond que j’évoque dans ma Note (1963), Fleming fait dire à un Marseillais typique que l’on ne trouve plus les poissons nécessaires à une vraie bouillabaisse — on trouve du fielas en abondance, c’est un poisson-égoutier, Marseille lui va bien, mais le saint-pierre est devenu si cher qu’on le sert à part et à prix d’or. Quant au saint-pierre, il vient de l’Océan, neuf fois sur dix. Et pour ce qui est de la langouste, c’est un caprice de restaurateur en lien avec Cuba. La bouillabaisse est un plat de pauvres (il vous allait bien, mon cher, avec vos cent balles en poche — et votre paletot qui devenait idéal.

  5. Merci pour ce moment de nostalgie (légère).

    Question culture à Marseille, il y a des opportunités de progression. Je ne résiste pas à la tentation de remontrer aux usagers de BdA ce panneau qui a failli être installé * au panier et qui tendrait à prouver que l’illettrisme frappe plus que l’inumérisme à la mairie :

    http://dl.free.fr/e3xVTgWX0

    * je sais, ça paraît incroyable mais je certifie que ce n’est pas une légende urbaine…

  6. Marseille a du « chien », et dégage une énergie sensuelle (j’ai failli taper « sexuelle », mais finalement oui, sexuelle aussi), comme Naples, comme Athènes, comme Oran.
    J’adore cette ville, bruyante, crasseuse, polluée, pauvre, violente, bref, vibrante et vivante — tout le contraire de Nice où, même morte, je n’aimerais pas aller.

    Et pour conclure, un petit coup de Supervielle, qui dit tout ça tellement mieux que moi :
    « Marseille sortie de la mer, avec ses poissons de roche, ses coquillages et l’iode,
    Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants,
    Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d’eau marine,
    Le beau rendez-vous de vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel,
    Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes de maintenant avec leurs yeux de phosphore,
    Leurs verres, leurs tasses, leurs seaux à glace et leurs alcools,
    Et cela fait un bruit de pieds et de chaises frétillantes.
    Ici le soleil pense tout haut, c’est une grande lumière qui se mêle à la conversation,
    Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne,
    Il prend les nouveaux venus à partie, les bouscule un peu dans la rue,
    Et les pousse sans un mot du côté des jolies filles.
    Et la lune est un singe échappé au baluchon d’un marin
    Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit.
    Marseille, écoute-moi, je t’en prie, sois attentive,
    Je voudrais te prendre dans un coin, te parler avec douceur,
    Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu
    Ô toi toujours en partance
    Et qui ne peux t’en aller
    A cause de toute ces ancres qui te mordillent sous la mer. »

  7. http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/2012/12/28/les-acteurs-francais-sont-trop-payes_1811151_3208.html

    Ca c’est le off du cinéma français ! En fait malgré tous mes efforts je ne peux pas regarder un films français de moins de vingt ans de bouteille ! Tant les dialogues sont indigents même si les images peuvent être belles grâce notamment aux trucages numériques …

    Comparer la série Vidocq des années 1970 avec Claude Brasseur où les dialogues sont brillants et le misérable Vidocq avec Depardieu !

    La perte abyssale de culture littéraire se fait sentir !

  8. La presse : « le cinéaste Paulo Rocha, un des grands noms du cinéma portugais d’avant-garde, est mort à l’âge de 77 ans »

    Manoel de Oliveira qui prépare son prochain (trop) long métrage, ricane.

  9. « Stendhal se remémorait avec émotion le corps nu de sa maîtresse jouant dans les eaux claires de l’Huveaune »

    C’était bien la Penne qu’il se donne tant de mal pour sortir de la mêlée, collé qu’il était à ses maîtresses.

    • C’est le chien de Jean de Nivelle
      Qui mord sous l’œil même du guet
      Le chat de la mère Michel ;
      François-les-bas-bleus s’en égaie.

    • C’est la Nativité revue et javellisée par le sinistre cagot rhônalpin. Ça dégouline de bons sentiments et comme d’habitude, notre bon meriol ne se demande pas où coulera le jus infâme qui fait rigoles.

      Gageons que la suite de ce sirop révèle que le divin enfant est une fille (because parité), qu’elle et que des rois mages (tous sans papiers) apportent en présent la dernière production des crap bullsheets au milieu des fumées d’oliban * échappées de cassolettes à prise usb secouées par des novices innovants.

      * de la société

    • En regardant (cul vers le vieux-port, à droite) les photos et les maquettes de l’Hôtel-Dieu qu’on trouve sur glouglou, on ne voit pas souvent le parallélépipède rectangle qui sert de clapier aux prolétaires : effacé, détouré sur photoshop pour ne pas jurer sur les cartes postales vendues dans les échoppes à photos

      Ce sera peut-être un des seuls 5 étoiles du monde où on verra du linge sécher aux fenêtres.

      On rira aussi à la pensée de quelques improbables hostellisés assez téméraires pour attaquer l’Hôtel-Dieu par la face Nord en empruntant * les escaliers-pissotières qui mènent de la place Sadi-Carnot au Panier.

      Là, je cèderai un instant à la nostalgie qui me voyait hésiter quand, au voisinage du vieux-port, je devais décider si je rentrais au panier par la montée des Accoules ou par les escaliers sus désignés. Dilemme souvent tranché par un détour par la place de Lenche où une escale technique permet toujours de satisfaire les dalles en pente.

      * ceux-là, on s’en doutait, ne sont pas à vendre…

  10. Rien à dire sur Marseille que je ne connais pas, ne faisant à chaque fois qu’y passer pour rejoindre un petit village paumé dans les Alpilles qui est le plus beau coin du monde ( avec quelques autres quand même ). Mais on sent combien le Brigand l’aime. En tout cas, quand vous serez très très très vieux et que vous écrirez vos Mémoires, gardez bien votre talent de metteur en scène, c’est très agréable à lire.

  11. Impossible évidemment de ne pas penser à vous, Sanseverina, en regardant la 3. Seconde partie demain, ( pour moi car pour vous c’est déjà demain…)
    Parfait pour une veille de St Sylvestre, même si l’histoire finit mal

    Marseille, capitale de la culture, est aussi l’acteur principal de « Pou-belle La vie ». Ce qui me fait penser à dire aux expats US qu’ils peuvent recevoir les programmes du jour de chaînes de France, pas toutes, mais la 2, la 3, la 5, LCI et LCP (plus quelques autres que je ne regarde pas) pour $10/mois

    http://www.voilatv.com/fr/accueil

  12. Ah, Cadichon, vous n’êtes donc pas entre le rose et le gris, l’algue et le sel ?
    Oui, cette version de La Chartreuse, je l’ai revue sur la RAI il y a quelques mois et je ne l’ai pas trouvée très bonne. J’étais sans doute de très mauvaise humeur, ce jour-là, cela se peut bien. Mais on est toujours si difficile avec les romans qu’on aime.

    • Elle sait paraître réticente du valseur quand elle le désire alors qu’elle n’en est pas économe de nature.

      Peu de femmes en sont capables.

  13. Merdre, Jean Topart vient de lâcher la rampe !

    Toute mon enfance : sublime salaud à la voix de miel…

    Et puis, la pub : « n’écoutez pas votre écureuil, Nuts aux noisettes, c’est très bon ».

  14. Le jus pédagol tend le crachoir à Charles C., « jazzman professionnel et docteur en sciences de l’éducation » qui coproduit un énième causement foireux sur l’effet des doubles croches sur les décrocheurs :

    http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/12/27122012Article634921924928510775.aspx

    « Le jazz est un modèle d’apprentissage pour les élèves en marge des cadres scolaires traditionnels. Théorisé, le jazz donne les moyens de comprendre à la fois le système de production de savoir et la manière dont les individus en jouent. Cette immersion les conduit inévitablement à une construction de soi ; une conscientisation de leur identité de « personne en devenir ».

    « Je travaille en ce moment au positionnement professionnel et social de tout professionnel souhaitant « prendre en mains » son parcours de vie. Par une méthodologie de diagnostic objectivée, je développe plus de 200 projets par an. »

    On ne saurait trop lui conseiller de ne pas délaisser sa contrebasse au profit de la « production de savoir ». En bref, de la fermer, de prendre en main son instrument et d’en jouer, plutôt que de prendre en mains « son parcours de vie ».

    La cession du savoir aux pédagols à des fins de déstructuration tient plus de la déconfiture que de la jam session.

    PS: et puis, des clubs de jazz à Marseille, on n’en trouve pas à la pelle…

  15. Un Pedro Cordoba en grande forme sur son blog :

    http://pedrocordoba.blog.lemonde.fr/2012/12/27/pisapirlstimss-competences-et-connaissances-1/

    « Un grand Guignol politique où s’agitent deux types d’experts que tout devrait opposer : les merlousiers du néolibéralisme éducatif et les bonnes poires du pédagogisme de gauche. Le spectacle en fait est vieux comme le monde : c’est le bal des cyniques et des couillons. »

    Et des cyniques embusqués, il y en a ! Ils rigolent car ils n’ont qu’à observer tous ces guignols qui s’activent autour du Pitalugue-Moloch pour mieux le faire « tourner ».

  16. QUARTIER D’ÉTÉ

    Le repas au restaurant de l’hôtel achevé, si la petite famille allait prendre le bon air du soir de Marseille, dernière étape des vacances ? Poussée par un reste de mistral, elle quitte donc le Vieux Port et, histoire d’éviter les sentiers battus de la Canebière, avance lentement au fil d’autres rues, étrangement désertes – on est dans le Midi. Le fox trotte devant, peu impressionné par la voix de son maître mais la truffe attirée par tout, vive les poubelles mal fermées et gare au matou qui traîne. Bébé le poursuit sur trois pas puis retourne embrasser sa mère en tunique indienne améthyste un rien épiscopale, sa couleur préférée alors.
    Mais une rumeur de flonflons grandissante attire la petite bande, par zigzags de ruelles, vers les platanes d’une placette colorée de monde : couples attendris, jeunes gens entreprenants, enfants courant de stand en stand sous des guirlandes de lampions galopant d’arbre en arbre, de haut-parleur en haut-parleur. Ça y est, elle a encore trouvé une perle : une fête de quartier, de ceux qu’a peuplés la terre entière venue sur les mers pour le meilleur et le moins bon, de ceux où la peur de tout et de rien n’a pas encore chassé les noms des boîtes aux lettres, allumé ses caméras de surveillance et orné de digicodes les chambranles des portes blindées à œilleton. Elle a atteint un îlot de sons et de lumières surnageant dans la léthargie nocturne de ces centres de trop grandes villes où les banques, les fringueries et les cages à bouffe artificielle ont envoyé dépérir en banlieue toute une marqueterie de petites gens aux fragiles saveurs. Faute de manger à votre faim – et je ne parle pas que de la nourriture – mangez-vous les uns les autres, et en silence, s’il vous plaît.
    À l’instant la compagnie aspire la famille, à l’instant les jeux l’accueillent : caresses des enfants pour le chien, pêche à la ligne pour Bébé, bourriche à soupeser pour Madame, quiz à trois sous pour Monsieur, animé par un jeune homme col pelle à tarte, cravate à fleurs et costard pattes d’eph. Il leur semble qu’ils n’ont jamais été d’ailleurs : pas de questions, pas de silences, l’enfant passe de bras en épaules :
    – Tiens, il s’appelle Damien, comme moi !
    – Oui Pépé, mais t’as combien de fois son âge ?
    Et pendant longtemps ça leur fera un souvenir tel un diamant : petit, rare, et beau.

    (C’était il y a presque quarante ans. Si j’y revenais, revivrais-je ça ?)

    • Parlons-en des fêtes de quartier !

      Celle du Panier *, victime de son succès est un régal pour les agoraphiles. Plus encore s’ils sont peloteurs ou détrousseurs de touristes. Du vacarme qui sort des haut-hurleurs wattés à mort. Plus rien à voir avec une fête de village.

      Il reste encore le cinéma en plein air sur la place du refuge mais chut ! Le film commence !

  17. Le Monde joue son rôle citoyen et titre « La France oblige les industriels à déclarer les nanoparticules dans leurs produits »

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/12/31/la-france-oblige-les-industriels-a-declarer-les-nanoparticules-dans-leurs-produits_1807880_3244.html

    Chef ! Chef ! J’en ai vu une, là, qui vient de passer. Elle fuyait en spiralant dans le sens des aiguilles d’une montre.

    A c’t’heure, quelle montre exhibe-t-elle encore des aiguilles ?

  18. L’Adjudant du Monde : Combien de temps une nano-particule met-elle pour disparaître du champ de vision de l’artilleur ?
    L’Artilleur sommé de répondre : Un certain temps mon adjudant !
    Le rigolo de service : Le temps de mettre la main aux fesses de ma soeur, mon adjudant.

  19. Pendant que nous nous perdions en agapes futiles, notre nécropédago * favori continuait inlassablement à sainter Roger.

    Extrait de son dernier causement que je viens de lire cette question clé : « Le cerveau n’a-t-il pas besoin des mêmes égards que les muscles, les articulations ou les cordes vocales ? »

    Intrigué par cette fulgurante analogie, je fais aussitôt des recherches sur glouglou * en tapant les mots « claquage » et « cervelet ».

    0,27 seconde plus tard, une première proposition tombe :

    http://forum.doctissimo.fr/psychologie/insomnie-sommeil/claquement-probleme-cerveau-sujet_148743_1.htm

    Il s’agit d’un forum forcément sérieux puisqu’il y a les mots «docte » et « psychologie » dedans. On y apprend qu’une certaine Valérie à un problème qu’elle nous confie :

    « Cela m’arrive, le soir après une journée fatiguante, j’entend un grand claquage dans mon cerveau, je vis comme ça, sans problème, car cela dure 1 à 2 secondes !
    Mais hier sor j’ai entendu aprés le claquage « Valérie, T’as gueule !’ Cela venais toujours de mon cerveau !
    Qui peut me renseigner ? M’éclairer ? Surtout sur ces bruits de claquage !»

    Les renseignements donnés sur le forum sont effectivement éblouissants et je vous conseille de les lire pour bien commencer cette année. Pourtant, il n’est nul besoin d’être grand clerc en neuneurosciences pour comprendre qu’il s’agit d’une réaction rétrospective à la remarque cinglante assénée quelques heures avant par un enseignant ne supportant pas que la donzelle, redoublante de seconde, produise son propre savoir en bavassant avec sa voisine.

    Car je pose la question, Mesdames et Messieurs : combien de nos z’apprenants « vivent comme ça » avec un claquage cérébral mal soigné pendant une ou deux secondes (sans toutefois la tripler) ?

    Espérons qu’en ESPE, les futurs collègues soient avertis des risques de claquage cérébral qu’une approche frontale (et même occipitale) des savoirs ** ne manquerait pas de provoquer.

    La prochaine fois, si vous êtes sage et si vous me le demandez gentiment, je développerais les méfaits d’autres affections méconnues : la hernie du cervelet et l’aphonie du bulbe.

    * http://education.blog.lemonde.fr/2012/12/31/ces-inspecteurs-qui-denigrent-lorthographe/

    ** on commence à peine à mesurer la redoutable contondance des savoirs.

    • PS : Bonne année à tous !

      même si j’ai un peu de mal à le faire car je pressens que 2013 sera une année d’avènements de daubes en tout genre au Moloch

      • Et je peux même vous dire que depuis hier soir, cette année commence grave…
        Mais bon, ça, c’est personnel. Pipi de chat et roupette de sansonite par rapport à l’état du moloch — ou de l’économie européenne.

  20. On était inquiet sur la santé des gâteux de la Dream Team Stannah mais après papys Serres, voici que l’Edgar nous prouve qu’il est toujours apte au dékhonnage :

    http://www.lemonde.fr/idees/reactions/2013/01/01/en-2013-il-faudra-plus-encore-se-mefier-de-la-docte-ignorance-des-experts_1811813_3232.html

    « Je voudrais principalement ici indiquer que l’occasion d’une réforme de la connaissance et de la pensée par l’éducation publique est aujourd’hui présente. Le recrutement de plus de 6000 enseignants doit permettre la formation de professeurs d’un type nouveau, aptes à traiter les problèmes fondamentaux et globaux ignorés de notre enseignement : les problèmes de la connaissance, l’identité et la condition humaines, l’ère planétaire, la compréhension humaine, l’affrontement des incertitudes, l’éthique. »

    Pour un tel recrutement, il faudrait faire de la pub dans les grandes facs de la galaxie d’Andromède pour y susciter des candidatures extraterrestres.

    Viendront-ils ?

  21. Après avoir lu Edgar Morin, je vous le confirme : On a eu tort de fermer les maisons closes (qui d’ailleurs l’étant déjà n’avaient pas tant de problèmes existentiels que cela au niveau de l’étant).

    Quand on songe à tout ce que ce jus de cervelle aurait pu produire comme merveilles grâce aux petites pilules bleues … on pourrait fermer combien de maisons réservées aux alzheimer grand débutants ?

  22. Merci à Paratge qui, sur un forum bien connu, nous rappelle l’expression « on ne voit que ce qu’on croit » qui s’applique à merveille au nécropédago militant du Monde.

    A bien y regarder, on peut se demander si on peut voir de façon permanente ce qu’on ne croit pas.

    Personnellement, je ne crois pas.

    Quand on fouille un peu, on arrive à une toile de Rembrandt, les Pèlerins d’Emmaüs et à celle du Caravage sur le même thème qui tentent de saisir cet instant fugace où on voit dans une brèche étroite que la foi ouvre dans la grande toile écrue de l’incrédulité *.

    Il y en a qui ont la chance de croire suffisamment pour éprouver la même évidence mystique devant un IPR :

    « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. » : Luc (Cedelle ?) 24, 31.

    Il est certain que ce n’est pas donné à tout le Monde et on ne peut que saluer la clairvoyance des dirigeants du Grand Journal de Déférence qui ont bombardé saint Luc à la nécrologie.

    Car, en vérité, je vous le dis : la nécrologie ressuscite son objet l’espace d’une brève.

    * je m’accorde un instant de lyrisme

    http://www.liberation.fr/livres/010147852-on-ne-voit-que-ce-qu-on-croit

    http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/files/2007/11/rembrandt-emmaus.1194972102.jpg

    http://www.joyfulheart.com/easter/images/caravaggio_emmaus760x600.jpg

    PS : sait-on si on a retrouvé la grande toile volée de façon rocambolesque (pensée à Jean Topart) au musée Cantini de Marseille ?

  23. Une précision : a clairvoyance des dirigeants du Monde est, bien sûr, du domaine du clair obscur…

  24. Très bonne année à Brighelli, Dugong et tutti quanti !
    J’ai bien travaillé mes recettes de cuisine mais fort peu mes copies. Dure fin de vacances…

  25. Un babiologiste (moléculaire) exprime ses vœux à la Nation :

    http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/08/16/pariez-sur-les-chercheurs-comme-sur-les-chevaux_1746872_1650684.html

    « Le temps est venu de parier sur les chercheurs comme sur les chevaux ! Comme à Longchamp, vous ne gagneriez pas à tous les coups, mais vous pourriez parfois gagner très gros et devenir un bienfaiteur de l’humanité. Qui dit mieux ? »

    On trouvera bien des chercheurs aussi géniaux que tel ou tel cheval.

    Les hommes de qualité ont intérêt à calter vite fait…

  26. Le Président des CrapBullsheets fait ses vœux :

    « nous savons bien aussi que face aux immobilismes, à l’accumulation des préalables, il y a souvent une marge plus ou moins grande des intentions à la réalisation. »

    Immobilistes prêts à labilisme sur préalables, voilà qui me va assez bien.

    Pour ceux qui veulent bouger, en voilà un toujours dans les crapbullsheets illustre bien les méfaits de l’emballement cérébro-spinal :

    « Et si nous agissions comme le co-pilote de rallye pour que le pilote qu’est l’élève puisse aller de l’avant ? […] Et si nous considérions que les outils d’aujourd’hui (tablettes tactiles connectées, classe mobile, TBI, animation 3D) favorisent les conditions d’engagement des élèves dans les apprentissages ? Face à une situation problème visant à susciter l’action, il ne s’agit plus pour les élèves de se retrouver devant un ordinateur pendant une séance. Il ne s’agit pas plus pour l’enseignant d’exposer des stratégies théoriques possibles. Il s’agit bien de permettre aux élèves d’être en mesure d’exploiter l’ensemble des ressources multiples existantes, d’interagir dans un dialogue co-constructif.
    Je suis persuadé qu’aujourd’hui et demain, le professeur est et sera plus que jamais un co-pilote qui par son action autorise et suscite l’engagement de chacun, tout en veillant à marquer clairement les éléments nécessaires de structuration pour que chaque élève construise progressivement ses représentations mentales dans l’action. »

    Leviers, actionneurs, co-pilotage, cascade de pignolage, engagement de la seconde à la première, … Quand on pense à tout ce mécanisme dépassé à l’ère des boîtes auto …

    http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article8196

    NB : à propos de boîtes, l’emballé du bulbe qui a commis les lignes ci-dessus est animateur mathématicoïdal dans le privé. Cela devrait être la juste place des pédagols. De tous les pédagols.

  27. La nébuleuse pédagoloïde s’agite en ce début d’année. Témoin cette vice-présidente de l’afae qui communie, complaisamment relayée par vousnousils :

    « L’enjeu c’est d’éduquer les jeunes à leur envi­ron­ne­ment pro­fes­sion­nel futur. A mon sens, il ne faut pas être réti­cents à lais­ser des élèves, nés avec les écrans, uti­li­ser leurs télé­phones por­tables, ordi­na­teurs et tablettes dans le cadre des nou­veaux pro­jets péda­go­giques. Ne pas le faire risque de créer un déca­lage entre les élèves et les enseignants. »

    http://www.vousnousils.fr/2013/01/04/ecole-numerique-noublions-pas-la-formation-des-cadres-de-l%E2%80%99enseignement-539974

    Maître du Moloch, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ni la portée de ce qu’ils disent (propos rapportés par Luc Cedelle 23,34).

  28. Agence France Pédagole : « D’après une note de la Depp, un ensei­gnant du secon­daire fait en moyenne face à 23,2 élèves dans le privé »

    C’est probablement très exagéré : la position du missionnaire n’a pas autant d’adeptes.

  29. AFP : « Val d’Isère: un Ecossais ivre passe une partie de la nuit sur un télésiège »

    Heureusement il avait un kilt de rouge sur lui pour se réchauffer..

  30. JPB, le métro circule tous les soirs à Marseille jusqu’à 23h, maintenant, ça a changé 🙂

  31. Bonjour,

    « Dans huit jours, Marseille est capitale etc. »

    Pourquoi utilisez-vous le présent de l’indicatif? Vous avez sûrement raison mais je ne connais pas la règle, pouvez-vous m’éclairer?

    Merci pour vos textes souvent plaisants!

    • Le futur en français n’est jamais que du présent projeté en avant (la preuve : avec des verbes ordinaires, autres que être ou avoir, il est fabriqué en ajoutant le présent d’avoir sur l’infinitif présent). C’est d’ailleurs la même chose en anglais : « When I’m sixty four », disaient les Beatles — comme tous leurs compatriotes. Donc, Marseille sera, Marseille va être Marseille est — je me transporte en avant, et, j’espère, le lecteur avec moi.

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