Je ne saurais trop remercier les héros de l’Ecologie dont les noms suivent…
Je remercie du fond du cœur Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, qui a montré à la France entière l’inanité des sapins de Noël, que l’on fait pousser pour les couper, quelle farce ! Les anciens administrés de Montaigne, ce demeuré qui ignorait tout de l’Ecologie, se contenteront désormais d’un plug géant de couleur verte, comme celui qui avait été implanté jadis place Vendôme.
Je remercie aussi Eric Piolle, qui a décidé de faire labourer les cours de récréation des écoles de sa bonne ville de Grenoble, afin que les garçons ne puissent plus y jouer au football et gêner ainsi les calmes jeux des filles. Sur ces terres à nouveau arables les enfants planteront des carottes et des tomates, qui viendront à maturité lorsque les vacances commenceront.
Par ailleurs, ce même Eric Piolle, depuis son élection en 2014, a supprimé l’essentiel des subventions culturelles finançant l’orchestre de Grenoble, « les Musiciens du Louvre », a éradiqué deux théâtres de création, privé la Maison de la Culture de tout financement, et décapité le Ciel, organisme consacré aux musiques actuelles. En fait, la municipalité souhaite axer sa politique sur les arts de la rue, la spontanéité, l’improvisation. Elle a bien raison : la culture élitiste, les musiciens qui jouent juste, les acteurs de qualité, les metteurs en scène de renom, tout cela pue l’art bourgeois. Sous Mao on a détruit en Chine des milliers de pianos, instruments occidentaux, colonialistes, blancs pour tout dire. Les Verts s’inspirent des rouges. Je salue en Piolle l’avènement de la pastèque — verte dehors, rouge dedans.
Tous mes remerciements aussi à Grégory Doucet, qui impose le véganisme aux petits Lyonnais. Après tout, ce n’est pas parce que la ville s’ouvre sur le Charolais et la Bresse qu’il faut fournir en protéines animales des enfants initiés désormais à la co-responsabilité verte et aux joies du quinoa.
Je m’en voudrais d’oublier Léonore Moncond’huy (littéralement : mon con d’aujourd’hui) qui vient de suspendre les subventions ordinairement allouées aux aéro-clubs de sa bonne ville de Poitiers, arguant qu’il était temps que « l’aérien ne fasse plus partie des rêves des enfants ». Icare est désormais interdit de séjour dans sa ville.
À propos de subventions, comment ne pas célébrer Jeanne Barseghian, qui oubliant ses ancêtres arméniens, offre 2,5 millions d’euros à une organisation islamiste turque pour qu’elle édifie dans sa ville une mosquée dont le minaret rivalisera avec la flèche de la cathédrale. Peu importe que le Concordat qui régit l’Alsace ignore l’islam, il est temps d’intégrer les Français d’origine turque dans le grand patchwork national. Et quelle importance si la Confédération islamique Millî Görüş, qui a par ailleurs refusé de signer la Charte des principes pour l’islam de France, est une officine de l’AKP, le parti d’Erdogan, l’homme qui ne veut que du bien à l’Europe.
Et j’en profite pour saluer le fait que lors de la même délibération municipale, Jeanne Barseghian ait fait rejeter la définition de l’antisémitisme que proposait l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, sous prétexte qu’elle interdisait, selon elle, de critiquer la politique d’Israël.
Quitte à évoquer l’Alsace, je salue la fermeture de la centrale de Fessenheim, l’année dernière, qui fonctionnait parfaitement bien, ce qui nous a obligés à importer de l’électricité allemande issue de centrales au lignite, qui comme chacun sait ne sont absolument pas polluantes. Je déplore que le gouvernement n’en ait pas profité pour fermer toutes les centrales nucléaires, de façon à ce que la décroissance s’installe enfin et que nous utilisions une partie du temps que nous allouent les confinements présents et à venir à recharger nos portables en frottant deux silex l’un contre l’autre.
Pour tous ces exploits accomplis en moins d’un an, merci, merci, merci ! Si en quelques mois les Verts ont su obtenir des résultats si méritoires, que ne feront-ils pas en cinq ans, lorsque Yannick Jadot aura été élu à la magistrature suprême…
J’ai hâte — oh qu’est-ce que j’ai hâte !
Jean-Paul Brighelli