Le Parti socialiste prépare si bien son tout prochain congrès qu’il est à peu près absent de la scène politique. C’est donc, me suis-je dit dans ma naïveté, que ladite préparation lui prend toute son énergie : les traces de ce travail (les six motions présentées par les six courants – même s’il apparaît que certains doublonnent, et ne sont là que pour diversifier l’offre, quitte à se rallier à tel ou tel) doivent être impressionnantes…

   Comme je n’ai aucune prétention à juger (de quel lieu ?) un projet politique global, je me suis cantonné à l’analyse de ce que je connais le mieux : les propositions sur le système éducatif. Et comme je n’ai pas de favori a priori (et de quel droit ? Je ne suis pas membre du PS, que je sache), je les présenterai dans l’ordre officiel des motions.

 

Motion A (Bertrand Delanoë)

   On fait dans le social, plus que dans le pédagogique. Sous la rubrique « Une école assurant l’égalité réelle des chances », ladite motion constate : « Aujourd’hui encore, la moitié seulement des enfants d’ouvriers obtiennent le baccalauréat contre 90% des enfants des cadres et enseignants.  la carte scolaire, contournée par les multiples dérogations, ni les ZEP, dont les moyens sont limités,ne permettent de garantir une véritable égalité des chances. D’après les dernières estimations disponibles, réduire à dix-huit élèves la taille de certaines classes en CP et en CE1 en ZEP permettrait de diminuer d’environ 40% les différences de niveau des connaissances acquises. Nous devrons évidemment progresser dans cette direction et renforcer considérablement les dispositifs de soutien aux élèves les plus défavorisés. »

   Puis, comme il reste encore, malgré Allègre et malgré Royal, un certain nombre d’enseignants au PS, les rédacteurs de la motion A ajoutent : « Les procédures d’affectation des enseignants et leur rémunération devront également être modifiées. Revaloriser le statut de l’enseignant et lui donner, dans la société, toute la place qu’il mérite, ce doit être l’un des objectifs essentiels de la gauche. »

   Dernier volet pour le Secondaire, l’accès aux prépas, marque ultime de la discrimination positive à la française : «  Afin de lutter contre les discriminations sociales et territoriales,nous proposons enfin que les meilleurs élèves de chaque lycée – y compris ceux implantés dans des zones rurales ou dites «sensibles» – puissent accéder,chaque année aux classes préparatoires des grandes écoles. » Les auteurs auraient pu se renseigner : cela se fait déjà, j’ai moi-même une classe de préparation aux IEP qui est composée des meilleurs élèves de ZEP, sur Marseille. Bonne idée, mais elle est déjà prise. La précision ultime (« une part significative de ces places pourrait être réservée à cet effet après examen des candidatures en provenance de ces zones fragiles, le reste continuant à être attribué classiquement comme c’est le cas aujourd’hui. ») nous fait insidieusement glisser du qualitatif au quantitatif pur – autant dire que c’est la fin d’un système qui ne vit que par la distinction comme aurait dit Bourdieu, et succomberait à toute instauration de quotas. C’est confondre la fausse démocratie et l’élitisme républicain. C’est faire de l’égalitarisme au niveau même où il a encore moins de sens qu’ailleurs. Mais démagogiquement, cela marchera peut-être, – auprès des syndicalistes du SGEN… C’est une base électorale large, qui mérite de ne pas être négligée, et dont les récentes prises de position préfigurent assez bien l’école de Delanoë…

  Suivent des propositions visant à « rétablir » (?) l’éducation artistique, en « associant étroitement la communauté scolaire et les institutions culturelles » : je sens que nous allons balader les classes dans les expos des amis de Jack Lang.

   Quant à l’enseignement supérieur, la motion Delanoë en reste aux propositions de Valérie Pécresse (diminuer notablement l’échec dans le Supérieur – la Licence pour tous !), en recourant là aussi à des « moyens » : passer de 1,1% du PIB à 2%, en recourant… au privé : « Cet effort doit venir, bien entendu, d’un soutien accru des pouvoirs publics,mais devrait aussi bénéficier de fonds privés, notamment à partir de partenariats avec les entreprises dans le cadre de contrats de recherche et de formation continue. »

   Je me gausse. Plus capitaliste, tu meurs – mais rien d’étonnant de la part d’un homme qui, dans un ouvrage paru en mai, s’affirmait résolument libéral (juste au moment où l’économie libérale défaillait : moi, je ne voterais pas pour quelqu’un qui est si mal inspiré, et qui a si peu de chance…).

   Soyons sérieux. Ce qui se fait dans les universités américaines est un modèle pour… les USA. Les facs et les entreprises françaises sont très loin d’avoir la masse critique qui leur permettrait de fonctionner en synergie. Même si ponctuellement certaines entreprises (Total à Orsay, par exemple) peuvent utiliser les moyens de la recherche universitaire pour progresser, et rétribuer les universités qui collaborent avec elles, c’est infaisable sur l’ensemble du territoire : dois-je rappeler que les USA financent à fonds perdus la recherche fondamentale, et que c’est au stade des recherches d’application que le privé intervient ? Ce qui, par parenthèse, suppose un utilitarisme gênant : les recherches qui n’intéressent pas les financiers ne se font pas. C’est comme ça que l’on étudie l’obésité, mais qu’on laisse tomber les maladies orphelines.

 

   La Motion B est le produit du « Pôle écologique », et tout y est rattaché au thème central. Ainsi, on y affirme que « l’éducation joue un rôle central dans la construction des capacités et des savoir-faire nécessaires à l’usage pertinent d’internet. Un cercle vertueux peut ici s’ouvrir, car les biens communs produits grâce à internet et au numérique (logiciels libres, ressources éducatives et collaboratives) enrichissent l’action du système éducatif tout autant qu’ils en dépendent. En plus d’avoir un impact sur les ressources éducatives, ces ressources pourront être à l’origine du développement de nombreuses activités économiques. » On n’en a pas fini avec les « plans informatique » à l’école. Ni avec les merveilleuses compétences du Bii…

   Je caricature… La motion B rappelle l’effort de « massification » (je n’arrive pas à me faire à ce mot) entrepris depuis les années 1950, et note : « Cette massification induit le risque d’une hétérogénéité croissante des élèves mais s’est paradoxalement accompagnée d’une uniformisation des pratiques. Au collège, avec la réforme Haby et l’instauration, en 1975, du collège unique, c’est, chaque année, la totalité d’une classe d’âge (environ 750 000 élèves) qui reçoit le même enseignement : programme,méthodes, outils. » Comment ? Une critique du « collège unique » ? Les auteurs de la motion B ont dû lire le Temps des secrets (et le Temps des amours) : la solution proposée vient directement de chez Pagnol : « Au XIXe siècle,les « études »,dirigées par des personnels spécifiques, maîtres d’études, maîtres répétiteurs, professeurs adjoints, représentaient la majeure partie du travail des élèves dans les lycées d’État et surtout les collèges communaux. Au début du XXe siècle, quand la France a scolarisé les enfants des classes moyennes et populaires, elle a renvoyé ces tâches d’encadrement sur les familles : répétition des leçons, accompagnement des exercices et des devoirs, aide aux devoirs, etc. Ainsi, l’école, en se démocratisant, s’est privée du principal instrument de réussite de cette démocratisation. » Je sens qu’on n’en a pas fini avec l’interdiction des devoirs à la maison. Et que l’on va recruter une foule d’auxiliaires (comme les maîtres du même nom ?) pour encadrer toutes ces belles activités dans un temps scolaire indéfiniment étendu. A moins qu’un passage des profs aux 35 heures jadis suggérées par Ségolène Royal (la Motion B roulerait-elle pour… la motion E – voir plus bas ?) permette, dans la tête des rédacteurs, de modifier le modèle éducatif actuel.

   Car les critiques pleuvent aussitôt, l’historique reprend, les solutions s’ébauchent « Le nouveau système éducatif a été conçu selon les principes d’organisation dominants de cette époque : division du travail entre enseignants (dans le secondaire), durée uniforme des cours, classe constante sur l’année cloisonnement entre l’école et le domicile…Les outils (manuel scolaire, tableau) et les méthodes (cours magistral, examen individuel écrit et oral) étaient alors adaptés à ces principes. Ils ont tenu tant que le système rejetait les élèves « inadaptés » à cette manière d’enseigner. Avec la massification, l’hétérogénéité croissante des élèves a montré – durement – les limites de ce modèle. » Et l’on repasse dans l’exaltation des pédagogies informatiques (la Motion B est-elle sponsorisée par Bill Gates ?) « Les moyens manquent donc aujourd’hui pour faire face à la nouvelle massification. Mais les moyens manqueront toujours si l’on se contente des solutions traditionnelles :un système organisé autour d’un modèle pédagogique unique – l’enseignement magistral – et d’un outil – le manuel scolaire papier – devenus obsolètes. » Nous y voici, et l’enseignant n’a qu’à bien se tenir, face à Google : « La société est désormais riche en informations, sollicitations et stimulations. L’enseignant n’a plus le monopole du savoir ni de la parole autorisée à destination des élèves. Les enfants, à travers la télévision, Internet ou le jeu vidéo sont stimulés, intéressés, sollicités et reçoivent une éducation informelle,orthogonale,et parfois même opposée à celle que délivrent les enseignants. La transformation nécessaire du système éducatif doit être concertée et progressive. Elle doit s’inscrire dans la durée – dix ans au moins – et mobiliser l’ensemble des acteurs : enseignants, État, collectivités locales, familles, chercheurs, producteurs de ressources et de logiciels éducatifs. » Qu’est-ce que je disais !

   Et d’appeler à une « diversification des modèles » une « multiplicationdesapproches » : « l’adjonction,pour les tâches de travail personnel, de répétiteurs ; l’ouverture à la coexistence de modèles pédagogiques ; l’utilisation des outils et ressources éducatives numériques : l’utilisation des nouvelles technologies ne nécessite pas simplement des ordinateurs communicants,des ressources et des logiciels ». Bref, les « technologies » sont chargées de pallier les carences actuelles. Cette Gauche-là croit au progrès des systèmes par le progrès technique. Et moi qui croyais qu’on avait abandonné cette idée naïve en août 1945 !

 

   La Motion C (présentée par Benoît Hamon) est réputée « de gauche » (ce qui pose un léger problème quant au positionnement idéologique des autres, Motion Aubry exceptée – et d’ailleurs, il y a des points de convergence nombreux entre ces deux motions qui me font suspecter une diversification de l’offre, mais une vraie communauté d’idées… et d’intérêts). Elle commence assez bien, même si la référence aux « pédagogies innovantes » me gêne sous les coudes :

   « Les régressions imposées au système éducatif, à grands coups de restrictions budgétaires aboutissant à la surcharge des classes, à l’abandon de toute pédagogie innovante, à la disparition de postes d’enseignants comme des autres adultes encadrants, à la réduction du temps scolaire par la suppression du samedi dans le primaire et d’une années d’étude dans la préparation du baccalauréat professionnel.

   « Dans le même temps, les attaques contre les personnels enseignants se multiplient : remise en cause du droit de grève par le service minimum d’accueil, insultes grossières à l’encontre des maîtres des écoles maternelles. »

   Et de proposer « un nouveau pacte éducatif national » afin de « travailler mieux et différemment », pour « éduquer le citoyen du XXIème siècle », « former le futur travailleur », et « relancer l’ascenseur social » : à défaut d’avoir une pensée vraiment originale, Benoît Hamon a au moins appris à composer un plan en trois parties… Pour cela, il faut :

« • augmenter, et non réduire, le nombre de jours de présence effective à l’école en allégeant le contenu de chaque journée.

« • Un cadre national pour une politique périscolaire devra accompagner ces nouveaux rythmes :activités artistiques, culturelles et sportives doivent être développées avec le soutien de l’Etat, par les collectivités locales, les associations et les fédérations d’éducation populaire. Elles sont un facteur de bien être et de réussite, une façon de renouer avec le plaisir d’apprendre.

« • Développer la scolarisation dès 2 ans en accompagnement de la généralisation des modes de gardes collectifs avant 3 ans.

« • Permettre la diffusion d’une pédagogie différenciée à toutes les étapes de la scolarité. Sur le modèle des RASED (Réseau d’Aide Spécialisée aux Elèves en Difficulté) aujourd’hui asphyxiés par la droite. Il faut pour cela revenir sur les suppressions de postes et favoriser le travail en petits groupes.

« • Garantir un véritable droit à la qualification pour tous les jeunes dans le service public d’éducation.

Cela suppose de renoncer à l’apprentissage à 14 ans instauré par la droite et de redonner la priorité à l’enseignement professionnel public,en offrant aux jeunes une véritable voie éducative des métiers, avec une possibilité de sortie qualifiante ou de poursuite d’études à tous les niveaux.

« • S’attaquer à la question de la mixité scolaire. La sectorisation est un outil qui peut combiner intérêt de l’enfant et mixité sociale grâce à une stratégie de reconquête des établissements publics en difficulté.

Dans les quartiers populaires, l’école doit proposer à tous l’excellence : classes à effectifs allégés, enseignants expérimentés, choix dans les options, réseaux d’aide renforcés, dispositifs de classes relais… »

 

 

Motion D (Martine Aubry)

   C’est la seule qui associe des notions à proprement parler politiques et concepts pédagogiques. Pour « assurer l’égalité des chances » à l’Ecole, elle insiste d’abord sur le caractère fondamental du « triptyque laïcité-mixité-gratuité » qui « fonde l’égalité républicaine » et dont les « remises en cause doivent être dénoncées et combattues par le Parti socialiste » : autant que cela soit dit. Elle s’oppose à la réduction du temps scolaire au Primaire — mais pas aux programmes, si ce n’est pour déplorer l’étroitesse du socle de compétences : « nous refusons la restriction du champ de l’éducation, pour les enfants en difficulté, au « lire, écrire, compter », qui est bien sûr nécessaire, mais tellement insuffisant. Comment par exemple comprendre le monde si l’on ne maîtrise pas l’Histoire et la Géographie ? » Suivent des considérations pas toujours maîtrisées sur « l’individualisation » des parcours, mais en faisant confiance aux enseignants dont la liberté pédagogique sera totale : « Les enseignants sont parfaitement capables de faire preuve d’imagination et d’autonomie, afin que chaque élève soit mis sur la bonne voie, avec les bonnes méthodes, le bon accompagnement. » Et d’appeler, pour recréer de la mixité sociale, à un « renouvellement urbain » : j’ai déjà raconté ici même comment le Conseil général du Pas-de-Calais avait préféré reconstruire (ailleurs) certains collèges plutôt que de les rénover dans leurs ghettos. Ce qu’on peut lire dans cette motion en filigrane, c’est la fin des ZEP telles que nous les connaissons.

   La motion fait moins dans l’angélisme pédagogiste que dans l’élitisme républicain : « Pour relancer concrètement l’ascenseur social, entre 5 à 10%des élèves de tous les lycées doivent avoir accès aux filières d’excellence ». Cette excellence passe par la maîtrise de « la » culture — j’ai noté ce singulier avec une certaine satisfaction : les rédacteurs de la motion ont lu Gramsci — et quelques autres.

   Pour l’enseignement supérieur, l’objectif déclaré est de consacrer 3% du budget à la recherche (la motion Delanoë table sur 2%, on s’en souvient). Et là encore, on s’appuie sur une évaluation réaliste de ce que sont les étudiants d’aujourd’hui, lâchés dans l’Université après quelques années de sieste : « La démocratisation de l’enseignement supérieur ne doit en effet pas se contenter d’une simple « massification » des premiers cycles universitaires, mais parvenir à résorber l’échec, notamment en première année. La mise en place de cours spécifiques de remise à niveau, une orientation plus à l’écoute des véritables aspirations des étudiants, une déspécialisation des premiers cycles, font partie des réformes urgentes pour faire cesser ce gâchis humain. » Et de s’insurger sur la dispaité de moyens entre ce qui est alloué à un étudiant de fac (7000 euros / année) et à un élève de prépas (14 000 euros). Comme on est de gauche, on réclame / promet au passage « l’allocation d’autonomie réclamée depuis longtemps par l’UNEF et le MJS. » Et, plus original, un « crédit-études qui permettra à ceux qui ont interrompu leur scolarité sans cursus supérieur de reprendre des études plus tard », afin d’accompagner la formation tout au long de la vie que nécessitent les structures économiques d’aujourd’hui.

 

 

   La Motion E (Ségolène Royal et ses amis) insiste d’abord sur le lien (le « contrat nécessaire ») entre les familles et l’école. Elle célèbre l’action des élus socialistes ( ?) pour mettre en œuvre « la gratuité des livres scolaires et des « boîtes à outils » », et propose six objectifs :

« • La création d’un service public de la petite enfance en permettant d’accueillir les enfants de moins de 3 ans à l’école et en aidant les collectivités à développer des crèches.

•Rétablir les contrats éducatifs locaux, pour mieux articuler les enseignements scolaires avec les activités péri et extra scolaires (éducation artistique, éducation physique, par exemple).

• Définir des normes d’élèves par classe et s’inspirer du modèle d’éducation finlandais : limiter à 17 le nombre d’élèves par classe en CP et en CE1 dans les ZEP et fixer la dotation aux établissements

par élève en difficulté à 25%de plus que la dotation ordinaire

• Garantir la présence de l’école de la République au plus proche des habitants sur tout le territoire.

• Développer le soutien scolaire individuel et gratuit pour les familles.

• Donner à tout jeune atteignant sa majorité le droit à un capital pour construire son projet de vie (prêt à taux zéro de 10000 euros garanti par l’État).Développer le système des bourses-tremplins, pour tous ceux qui souhaitent créer leur activité ou reprendre une entreprise. »

   C’est très vague, et plein de bonnes intentions. Cela irait à la rigueur (le vague convient à tous) si on ne lisait pas, quelques lignes plus loin, le credo qui sous-tend ces propositions : « L’aide aux cultures émergentes, urbaines », et la reconnaissance d’une « France métissée ». Cerise sur le gâteau, Ségolène Royal entend « exiger la mise en place de l’Observatoire de la Laïcité créé en mars 2007 et dont les membres n’ont jamais été nommés » : c’est le rêve de l’ineffable Jean Bauberot, le seul membre de la « commission Stasi » qui se soit abstenu dans la préconisation de l’interdiction des signes religieux à l’école, l’invité permanent de l’UOIF à chacun de ses congrès, l’inventeur de la « laïcité ouverte », tout aussi nébuleuse que la « laïcité positive » d’Emmanuelle Mignon et du chef de l’Etat.

 

   De la Motion F, proposée par Franck Pupunat et la nébuleuse Utopia), il n’y a vraiment à retenir que la citation inaugurale de Shakespeare : « Ils ont échoué parce qu’ils n’avaient pas commencé par le rêve ». Pour le reste, elle note brièvement que « l’école républicaine doit accueillir des enfants de toutes origines, de tous milieux, de toute croyance. Elle doit favoriser la mixité sociale et jouer pleinement son rôle de socialisation qui fonde notre « vivre ensemble » «  Pour arriver à ce noble idéal, elle préconise la « constitution d’équipes éducatives qui est garante du projet d’établissement, du suivi individualisé des élèves, de l’aide gratuite au travail personnel, des critères de sanction qui intègrent au lieu d’exclure, du projet d’orientation en dialogue avec les familles. » C’est sans doute la motion la plus imprégnée de pédagogisme pur — de toute évidence, elle ne demande qu’à se rassembler avec la Motion E de Royal : on y insiste sur la mixité sociale jusqu’à l’écœurement, et sur l’éducation à la citoyenneté jusqu’à la nausée. L’université, dans cette optique, dit être aussi massifiée que le Secondaire (« les inégalités dans l’accès aux parcours de l’enseignement supérieur doivent être réduites »), afin d’atteindre un idéal de « démocratisation » apparemment essentiel.

   Et c’est tout : ils ne se sont pas foulés.

 

   Je laisse le lecteur qui a un pouvoir de décision au sein de ce parti en déconfiture le soin de se décider. Je n’ai rien caricaturé — certaines motions n’ont pas besoin de moi pour cela. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que pour certains, rue de Solférino, les lendemains chantent faux. Mais pas pour tous.

 

Jean-Paul Brighelli