SLL

« Sauver les Lettres » (SLL pour les initiés) tient son université d’été les 8 et 9 septembre. Je ne saurais trop vous suggérer de vous y rendre, puisque les débats sont ouverts à tous, et que le programme est alléchant (voir http://www.sauv.net/univ2007.php). Bien sûr, les contributions seront ce que les personnes présentes le feront. Mais pour le dimanche après-midi, outre un parterre prestigieux, sans doute sera-t-il question des propositions du collectif sur la nécessaire réforme des programmes de Français de Seconde / Première (une plate-forme, à propos de laquelle tous les commentaires, avis, suggestions et critiques sont les bienvenus, a été rédigée par quelques membres du collectif, et est en ligne sur http://www.sauv.net/projetproglycee.php). Je suis bien persuadé que dans l’esprit des rédacteurs, il n’y a rien qui ne soit négociable : le jusqu’auboutisme est une position politique intenable, et le gel idéologique cèdera toujours devant le pragmatisme. Chacun, ici ou là-bas, peut et doit apporter sa contribution à une nécessaire réécriture des « programmes Viala ».
Car quelques questions subsistent, et non des moindres. En dehors de la nécessaire disparition de l’enseignement en « séquences » — ce qui ne signifie pas que nous devons cesser d’organiser nos cours —, que transmettre à des élèves arrivant de Troisième, dans des états fort dissemblables, mais rarement satisfaisants ? Faut-il mettre le paquet sur la littérature ? Faut-il inventer des cours de langue, quitte à continuer quelque temps l’enseignement grammatical, de façon à rattraper tout ce qui n’a pas été fait ? Faut-il confier l’un et l’autre au même enseignant, ou dissocier le littéraire du linguistique ? Combien d’heures sont nécessaires pour forger une culture, sans pour autant amener les élèves à saturation ? Quelle serait la part idéale de l’écrit et de l’oral — et quel écrit ? Revenir à la dissertation — tout en sachant qu’elle présuppose une culture que la plupart des élèves n’ont pas ? Garder le « sujet d’invention » — en le réinventant ? Les commentaires seront-ils toujours nécessairement composés ? Que demander à un texte — et à une explication de texte ?
Autant de questions que nous pouvons nous efforcer de déplier, en attendant ce rendez-vous au 45 rue d’Ulm — à l’ENS.
Et puis, ce sera une occasion d’organiser enfin ce meeting des blogueurs auxquels certains aspirent — et dans un lieu moins hostile que le Larzac.

Jean-Paul Brighelli