Un article du Canard enchaîné de ce mercredi nous apprend que Laurent Batsch, président de l’université de Paris-Dauphine (université déjà largement dérogatoire) voudrait augmenter de 800 euros en moyenne les droits d’inscription dans sa fac. C’est modulé selon le niveau, 1650 euros en Licence, 3000 en Master.

L’UNEF s’indigne (pendant ce temps, le petit Julliard joue sa carrière politique en se portant candidat sans risque), et Valérie Pécresse (dont le père, Dominjique Roux, enseigne à Dauphine) tempête.

Je ne sais pas si, comme le dit son Président, Dauphine est déficitaire de 3 millions d’euros. Ni si les droits d’inscription peuvent être augmentés dans des marges pareilles (argument : c’est toujours moins cher qu’au MIT ou à Harvard). Je sais en revanche que la sélection par l’argent est l’argument le plus bête.
On peut tout imaginer pour sélectionner : un recrutement sur dossier, sur concours, sur entretien. Mais pas sur le fric ! L’argument de Laurent Batsch, à en croire le Canard, est le suivaznt : « Il faut financer cette qualité Dauphine. Evidemment, si on supprime cette pédagogie différenciée [allusion au fait que les masters se déroulent en petits groupes sur 500 heures par an], on rentrera dans le peloton médiocre, à la satisfaction intime de l’administration centrale. Mais l’autonomie, c’est la diversité ! Alors, qu’on ne m’emmerde pas… »

Je ne certifie pas la dernière phrase…

Sélectionner par l’argent est le plus contre-productif de tous les systèmes, parce que personne ne peut croire que l’argent s’allie automatiquement à la dextérité intellectuelle. Que les facs puissent s’inventer des systèmes de bourse, pour financer les études des plus déshérités, je veux bien – même si pour cela elle vont quémander des fonds dans des entreprises quelque peu intéressées. Qu’on aille chercher l’argent là où il est, quitte à pré-vendre les compétences des étudiants issus de telle ou telle filière. Mais pas dans les poches des étudiants : il y en a que l’on devrait payer, au contraire, pour qu’ils viennent dans une fac. J’ai toujours exprimé mon intérêt pour une relance des IPES, par exemple (un projet soutenu par le candidat Sarkozy dans un discours de décembre 2006 ou février 2007). Et c’est ce qu’il faut faire : démarcher les étudiants les plus brillants pour devenir prof, attirer les Licenciés les plus avec des bourses – et non les saigner à blanc au nom de l’équilibre des comptes.

 Jean-Paul Brighelli

 PS. : Je crois qu’il faudrait avoir le courage de remettre complètement à plat tout le système des bourses. Le saupoudrage en fonction des revenus des parents (souvent d’une grande inconséquence, avec deux petits salaires vous n’avez plus droit à rien pour votre enfant) est une absurdité coûteuse. Et les étudiants qui profitent de ce qu’on leur donne sans pour autant se consacrer à leurs études, cela existe aussi. Les bourses devraient être affectées sur concours, point barre. C’est si donc difficile que ça à imaginer, une sélection qui s’effectuerait uniquement au mérite ? Vous préférez vraiment la ploutocratie à la méritocratie ? Et laquelle des deux ressemble le plus à la démocratie ?