Soldes de decembre : le CAPES Nouveau est arrivé !

– Franchement, ce sont les nouveaux programmes du Brevet que vous m’avez envoyés ? Rassurez-moi vite…

Ainsi parla Véronique M***, à qui j’avais transmis, en début de semaine, les maquettes des Nouveaux CAPES concoctées par le ministère (plus, précisément, par l’Inspection Générale et, pour chaque matière, un groupe d’experts de très petite taille — le groupe et les experts). Et d’ajouter : « Allez, je retourne aux corrections de mon Manuel de Sixième — tant qu’il y en a… »

C’est que les projets enfin déballés (voir ma Note de début octobre, http://bonnetdane.midiblogs.com/archive/2008/10/04/concours-de-recrutement.html) sont à n’y pas croire.

En gros — avant d’entrer dans le détail — pour un prof « ancien régime », vous en aurez désormais deux. Du moins, en terme de connaissances exigées. Parce qu’en vérité je vous le dis, ce sont des demi-profs que les CAPES Nouveaux recruteront. Des demi-habiles. Des demi-portions.

Mais que d’économies en perspective ! L’organisation des divers CAPES coûte, par an, 61 millions d’euros. Divisons par deux — c’est le chiffre magique de la Fonction publique revue et corrigée par les économistes qui nous gouvernent. Ajoutons à ces économies celles qui seront, à moyen terme, réalisées dans l’Enseignement supérieur, où l’on dégraissera, à l’occasion des départs à la retraite, toutes ces matières qui n’ont plus lieu d’être enseignées puisqu’elles ne correspondent plus à aucune exigence disciplinaire. Il est vrai que, dans un premier temps, les CAPES Nouveaux entraîneront le recrutement de didacticiens et de pédagogues, heureusement déjà sélectionnés par les IUFM qui, à force de s’incorporer aux universités, ont fini par leur faire des bâtards dans le dos. J’ai dans l’idée qu’à long terme, ils représenteront un universitaire sur deux — toujours cette même obsession du binaire !

Des exemples ?

Les CAPES se subdivisent en épreuves d’admissibilité ( des écrits) et d’admission (des oraux. Ainsi, en Lettres modernes, on devait d’abord passer une dissertation française, une épreuve de grammaire et stylistique, une épreuve d’ancien français ; puis, à l’oral, une explication de texte, avec une question de grammaire, une épreuve de langue vivante (où l’on pouvait prendre latin…), et une « épreuve sur dossier », où le candidat était confronté à des extraits de manuels scolaires et devait développer son commentaire des susdits en fonction d’un cours imaginaire — un exercice imaginé par les pédagogols, afin de justifier l’oxymore des « sciences de l’éducation ».

Qu’en est-il désormais ?

Admission : « 1. Une composition française portant sur une question en relation avec les programmes de français des collèges et lycées, invitant le candidat à mobiliser sa culture littéraire et artistique.

Le sujet peut être commun avec la première épreuve du CAPES de lettres classiques.

2.Étude grammaticale d’un texte de langue française.

– Question(s) d’orthographe lexicale et/ou grammaticale. (4 points)

– Question(s) de syntaxe. (6 points)

– Question(s) d’histoire de la langue française impliquant des connaissances d’ancien français : étude morphologique et sémantique de deux mots ou expressions du texte (5 points)

– Etude stylistique portant sur l’organisation et la composition du texte, les relations entre les formes et le sens. (5 points) »

Admissibilité : « 2 épreuves

1 Leçon en relation avec les programmes des lycées et collèges, s’appuyant sur un texte long ou un groupement de textes accompagné éventuellement d’un ou deux documents complémentaires. Le candidat présente un projet d’enseignement mobilisant l’ensemble du corpus. Dans le cadre de ce projet, il lui est demandé de mettre en œuvre concrètement l’explication d’un passage de 20 à 30 lignes et de présenter une question de grammaire. Le texte à expliquer et la question de grammaire sont définis par le jury.

L’entretien est l’occasion pour le candidat de justifier ses choix didactiques et pédagogiques.

Préparation 3 heures ; exposé et entretien 1 heure.

2 Épreuve d’entretien avec le jury

L’épreuve prend appui sur un dossier de 5 pages maximum (étude de cas ou textes) fourni par le jury et portant sur les aspects concrets du fonctionnement du système éducatif. Elle consiste en un exposé suivi d’un entretien avec jury. L’exposé porte sur l’analyse du dossier. L’entretien avec le jury permet de vérifier les connaissances du candidat relatives aux valeurs et aux exigences du service public, du système éducatif et à ses institutions et, de manière plus générale, à son aptitude à exercer son métier dans le second degré.

Osons (oui, osons !) un commentaire.
– Les épreuves ne se passent plus qu’en fonction des « programmes » de collège et de lycée (c’est un peu limitatif…) ; en Lettres, à la rigueur, tout est peu ou prou au programme. Mais quand la même contrainte frappe l’Histoire-Géographie (voir plus bas), cela donne à l’arrivée des profs qui auront tout loisir d’ignorer des pans entiers d’Histoire… et de Géographie.

– L’ancien français n’existe plus en soi, et ne pèse plus que pour un quart de la note de grammaire — ce qui fait dire à Christian B***, universitaire narquois : « On ne supprimera que trois postes sur quatre en Ancien Français : les profs de fac se diront que leur poste à eux sera conservé — et ne diront rien. » Encore un garçon formé à la jésuitique du XVIIème siècle ! Ne comptez jamais, dans les réactions humaines, que sur le pire… Le même, qui enseigne à nanterre et avait eu jadis l’outrecuidance de prouver à Catherine Weinland qu’elle ne connaissait rien au théâtre, ni écrit, ni joué, ni enseigné, apprécie particulièrement ces « relations entre la forme et le sens » : « Cinquante ans en arrière d’un coup », commente-t-il sobrement.

– A l’oral, la langue étrangère disparaît complètement. C’est normal, on fait du français, scrogneugneu, on ne va pas se mettre à inciter les élèves à comparer « Quand j’aurai Soixante-cinq ans » et « When I’m sixty-five » : pourquoi ne pas leur parler des Beatles, pendant qu’on y est ? Alors que les œuvres complètes de Carla Bruni sont disponibles…

(Mince, « quelqu’un m’a dit » qu’elle chante parfois en anglais… Faudra voir à modifier cela, madame la présidente, sinon, les ados n’étudieront plus que les textes de Vincent Delerm…).

– L’épreuve d’explication de texte (et de grammaire) disparaît. Ce n’est que justice : qui fait encore des explications de textes, au collège ? Pas Bégaudeau, en tout cas.

– La cerise sur le gâteau (commune à tous les CAPES New Style), c’est cet « entretien » avec le jury, véritable entretien d’embauche et de « connaissance du système éducatif » : « Voudriez-vous rappeler au jury à quels administratifs vous devez lécher les pieds — dans l’ordre hiérarchique, s’il vous plaît ? » (1)

 

Un IPR de mes amis (si !), par ailleurs membre de jurys, dont celui du CAPES, ricane doucement en lisant ces projets : « A l’oral, plus de doutes : on est en pleine pédagomanie, dès la première épreuve. Derrière la feuille de vigne « explication d’un passage » et « question de grammaire », c’est la vérité toute nue d’une épreuve où il s’agit in fine de « justifier ses choix didactiques et pédagogiques ». C’est déjà ce qui existe au CAPES interne. Je connais la vacuité, l’arbitraire et les ravages de la seconde épreuve pour les vivre chaque année à l’occasion du CRPE : il se clôt, à l’oral d’admission, par un « entretien professionnel » indéfinissable, porte ouverte aux lubies ou allergies des présidents de commission. Je le retrouve tel quel dans ce nouveau texte. »

Et Pierre D***, ex-membre du jury lui aussi, se scandalise de l’entretien auquel son invraisemblable coefficient confère un rôle guillotine : « Comment peut-on prétendre sélectionner les candidats selon leur connaissance 1°) d’une institution opaque et dont le fonctionnement est modifié par chaque ministre, sinon chaque année; 2) de valeurs qui sont bafouées constamment, hors de l’institution et à l’intérieur de celle-ci ? Le seul critère sera évidemment la soumission à l’idéologie qu’elle exsude ! »

Cécile Ladjali, qui a si bien résumé ce que nous pensons dans son Eloge de la transmission et Mauvaise langue, a lu pour moi cette même maquette de Lettres. Elle note comme moi la quasi disparition de l’Ancien français, réduit à « une question de lexicologie » et « un exercice de déclinaison ». « Le programme actuel, ajoute-t-elle, oblige encore le candidat à traduire une oeuvre en ancien français, à rentrer dans cette langue et cette culture qu’il est bon de rappeler même aux collégiens quand on étudie « Tristan et Iseult », par exemple. Rien ne fascine tant les élèves que lorsque vous faites évoluer phonétiquement un mot au tableau noir… »

Certes — mais quel élitisme, ma chère ! Auriez-vous la prétention de transformer tous ces enfants de banlieue en héritiers (2) ? Et puis, comme diraient tous ces imbéciles qui applaudissent la décision de dégraisser les concours administratifs de toute épreuve de culture générale, à quoi cela sert-il, l’ancien français, lorsque vous êtes employé des Postes ? Surtout quand la Poste sera privée…

Et comme moi, elle parle de « cerise » à propos de « l’entretien d’embauche », et ajoute : « L’étudiant en lettres moderne n’est pas juriste, il ne passe pas le concours de proviseur, il s’intéresse aux Humanités ! Quelles sont ces « études de cas » ? Des rapports de police ? de juges ? du JAF ? Parce qu’il faut bien que nos futurs maîtres aient en tête que la moitié de leurs élèves vont avoir des casiers ? L’explication française sur un texte inconnu permettait au candidat d’être virtuose. On mesurait là sa culture, sa passion pour les lettres et son droit de se retrouver devant des consciences en formation. Ce beau moment n’existe plus.

Et de conclure : « Je suis triste. Je suis certaine que la banlieue va exploser avant 5 ans. Si elle « tient » encore aujourd’hui, c’est parce qu’il y a des maîtres dans les classes qui parlent de Baudelaire aux enfants. Et que ces maîtres croient encore à la culture. »

In cauda venenum : « Le grand problème de l’école, entre nous, c’est aussi le niveau des professeurs. Quel est celui du dernier reçu au capes actuel ? Quel sera celui du dernier reçu au capes de demain ? J’en ai la fleur de lys sur l’épaule qui tremble. »

Milady, je pense à vous !

 

Françoise G***,que d’aucuns connaissent bien ici, commence par observer que « l’écrit est coefficienté 2 fois 2, et l’oral, 2 fois 3. Jusqu’ici, me semble-t-il, écrit et oral étaient à égalité. On passe à 40% d’écrit disciplinaire, et 60 % d’oral pédago-didactico-administratif … Est-ce vraiment un hasard ? »

Eh non, ma chère, ce n’est pas un hasard. Qui était doyenne de l’Inspection Générale de Lettres il y a encore cinq ans ? Et qui a-t-elle recruté ?

Quant à l’oral… « Ce qu’on nomme « leçon », note notre professeur de Khâgne, est tout bonnement un exercice de pédagogie-fiction. Comment fera-t-il, l’infortuné, quand il n’aura jamais été en face d’un véritable élève et ne connaîtra de la pédagogie et de la didactique que ce qu’il aura  ingurgité in abstracto en master professionnalisé ?

D’autre part, il lui faudra « mettre en oeuvre CONCRÈTEMENT l’explication d’un passage de 20 à 30 lignes et  présenter une question de grammaire » : j’aime beaucoup « concrètement » ! Cela  signifie-t-il que jusqu’ici l’épreuve d’explication de texte et la question de grammaire étaient… abstraites ? Ou qu’il faudra adapter explication et question de grammaire à tel ou tel public. ? Exemple : expliquez « Le Lion et le moucheron » à une classe de 5eme PPRS, la proposition participiale à des seconde Euro, ou un extrait de La Princesse de Clèves à un président de la République qui en a développé une véritable phobie… »

Tss tss, mauvais esprit !

« Dans ce sens, ajoute-t-elle, c’en est fini de l’explication de textes « traditionnelle », dorénavant réservée aux concours des deux E.N.S. et à l’agrégation – des concours élitistes en somme – et certes bien inutile pour enseigner selon les préconisations du « socle commun ».

Après avoir noté que l’entretien d’embauche ressemblera furieusement à un test au faciès (pédago ? Pas pédago ?) elle s’en prend au CAPES de Lettres classiques — elle a été au jury des années durant, et sait un peu de quoi elle parle.

« À l’écrit, la  « version sèche » disparaît, remplacée par une  « épreuve de langues et cultures de l’Antiquité » qui, en dépit de son intitulé séduisant,  me laisse assez perplexe : en effet, comme « le président du jury choisit entre version latine et version grecque », cela signifie en clair qu’on peut parfaitement ne  maîtriser qu’une de ces deux langues — en espérant avoir de la chance au tirage (à quand le grattage ?).

« Cela se fait déjà à l’oral depuis des années, où l’on a vu arriver, parce que le ratio de postes était plus favorable en lettres classiques, d’anciens étudiants de lettres modernes ignorant totalement le grec, admissibles grâce au français, et qui tentaient leur chance en misant sur le sort. Dans la nouvelle mouture, la version n’étant évaluée que sur 12 points, la « question d’ordre littéraire, culturel ou historique portant sur l’ensemble du texte fourni », notée sur 8, est susceptible de permettre un retournement significatif de tendance, pour peu qu’on soit un tant soit peu  cultivé  côté humanités, ce qui est tout de même censé être un minimum pour un étudiant en langues anciennes. »

Quoique… QUOIQUE, comme disait le grand Devos…

« Mais, me direz-vous, quid de la maîtrise de la langue, dans tout cela ?…

« Mystère et Éleusis.

« De toute façon, soyons réalistes : la plupart des néo-certifiés de lettres classiques n’enseigneront JAMAIS  le grec, et vraisemblablement fort peu de temps le latin. On peut donc liquider, n’est-ce pas ? ! « Ergo gluc », comme concluait Janotus de Bragmardo dans Gargantua. »

Mais je ne citerai pas plus loin des conclusions qu’elle publiera bientôt sur le site de Reconstruire l’école.

 

Dans les autres matières non plus, les réactions n’ont pas tardé.

M-V.H***, qui enseigne la philosophie (dernier titre paru, le splendide « Triomphe de la vulgarité » : «  Une lecture rapide du document de travail montre que la  partie écrite est réduite d’une heure pour chacune des deux épreuves,  mouvement de réduction qui épouse parfaitement l’esprit du temps  (aujourd’hui, il est pratiquement impossible d’accorder plus de trois  heures pour un écrit à l’université, d’où des textes vite faits, mal  faits. La rapidité de penser et d’écriture suppose un long et sérieux  apprentissage). Mais la question dépasse le temps imparti (encore que  l’aspect formel ne soit pas à négliger), puisque ce qui apparaît, de façon grotesque à l’oral, est la prééminence du « pédagogique ». On  nous rejoue le coup supposé innocent de l’Inspection devant la  classe … mais, cette fois, sans la classe : un cours adapté au  niveau des terminales en 40 mn (cela n’existe pas, strictement  impossible. C’est un leurre. On imagine assez facilement le type de  leçon qui sera présenté : de la doxa pédagogisante suintante de bons  sentiments citoyens collée à des problématiques largement rebattues)  pour la première épreuve et, lors de la seconde, un exposé portant  sur l’analyse d’un dossier d’esprit institutionnel. Les règles de « la  convenance » sont explicitement affichées et exigées. Qui osera tenir  un discours qui n’entre pas dans la logique pernicieuse ( et  induite : « valeurs et exigences du service public ») de ceux qui  auront la charge de les juger ? Tout cela est triste à hurler, mais ne m’étonne guère. Les coefficients (d’égale valeur du moins pour l’oral) entre le pédagogico-disciplinaire bien encadré et  l’institutionnel aussi sûrement verrouillé laissent peu de chance de  voir émerger les indices d’une véritable capacité philosophique, voire d’un simple goût pour la philosophie. »

 

Et Catherine Kintzler (« qu’est-ce que la laïcité ? » — et un double blog, mezetule et la choule, indispensable) en rajoute une couche : « Bien entendu, je ne peux pas approuver ce projet, qui « guide » (c’est le moins qu’on puisse dire) le travail et l’appréciation du jury dans un sens que j’ai toujours combattu, particulièrement à l’oral. Dans les épreuves actuelles, on a déjà voulu introduire ce coin pédagogiste avec la seconde épreuve orale, mais toute liberté était laissée au jury pour l’orienter. J’en sais quelque chose puisque j’ai siégé à ce jury il y a une quinzaine d’années : tous les candidats savaient très bien à l’époque que l’épreuve « sur dossier » n’était pas une épreuve où il fallait montrer la souplesse de son échine pédagogique, mais une épreuve disciplinaire. Cette possibilité est explicitement exclue par le texte projeté, au profit d’une orientation que je ne peux que désapprouver.

« La disparition de l’explication de texte à l’oral ainsi que la diminution de l’horaire pour la composition des épreuves écrites va dans le même sens.
« Si le texte est adopté, c’est désormais une pédagogie officielle qui sera au programme du CAPES théorique de philosophie. On l’avait déjà lors de l’épreuve pratique à l’issue du stage, une comédie à laquelle devaient se prêter les candidats devant un représentant du « système éducatif » chargé de vérifier leur bienpensance ; maintenant cela reflue sur l’épreuve théorique elle-même. Le pire est qu’on trouvera, je n’en doute pas, des collègues pour siéger et appliquer ce genre de texte.
« Il y a belle lurette que nous avons gagné la guerre idéologique. Mais ça ne suffit pas. La preuve.

Physique / Chimie : notre correspondant à Marseille glose la formule officielle (« Dans la perspective d’évaluer le réinvestissement des connaissances du candidat dans l’enseignement disciplinaire, pourront être posées des questions se rapportant à la didactique de la discipline et portant sur des repères dans la fresque historique de la discipline, son épistémologie ou des questions de culture scientifique générale ») selon deux registres :

– version optimiste : avoir des repères en histoire des sciences ne peut nuire (Einstein n’a pas déjeuné avec Galilée). Idem pour la culture générale scientifique : ITER n’est pas un train de banlieue… Idem en ce qui concerne les règles de sécurité et les contenus de programme qu’on peut effectivement déjà exiger d’un candidat (à condition qu’il s’agisse de questions factuelles du genre « dans le programme de quelle classe commence-t-on à aborder les lois de Newton en mécanique ? »)

– version pessimiste : quand on sait le sens très particulier que les pédagols donnent à « didactique » et « épistémologie », on peut être inquiet. Cela permet toutes les dérives. On peut objecter qu’il existe plusieurs épistémologies assez différentes en vigueur chez les physiciens et chez les chimistes (de l’empirisme le plus débridé au réalisme le plus inoxydable). On peut aussi se demander s’il s’agit de « l’épistémologie de la discipline » et de l’épistémologie de son enseignement (auquel cas, le pire est presque sûr…)

Pour l’oral, ajoute-t-il, c’est plus clairement négatif :

– coef énorme pour l’entretien qui est tout sauf disciplinaire

– l’épreuve en 3 parties peut donner lieu à toutes les dérives (on y parle de séquence et il n’y a aucun garde fou explicite qui empêcherait une pédagolisation de l’épreuve).

– En particulier, je ne vois pas comment une telle épreuve devant jury permettrait « d’évaluer chez le candidat l’aptitude à communiquer avec des élèves ». Sauf à se livrer à un simulacre de « séquence » normée à l’extrême et bachotée.

 

Arts plastiques — de notre correspondante à Paris.

« Je viens de découvrir ce beau projet qui a priori met à terre la pratique artistique qui avait pourtant péniblement refait surface et retrouvé ses formes de noblesse et son équilibre après le tsunami des années 70-80.

« Il est vrai que vider une discipline de la singularité de son contenu permettra plus facilement de la rendre soluble.

« Il me semblerait donc intéressant de pousser davantage le bouchon en proposant un tronc commun à tous les CAPES avec épreuves pures et dures (comme on va les aimer…)  uniquement sur la connaissance et l’intelligence du système éducatif assorties de quelques options groupées et colorées. « Une sorte de calage raccord sur la réforme du lycée.

« Je propose donc pour gagner du temps et de l’argent de supprimer tout de suite ce concours qui ne sert à rien d’autre qu à ‘entendre dans les conseils de classe que cette « matière » (pouahhh !) fait partie des moins importantes mais qu’elle est la plus salissante ! »

 

J’attends avec impatience — mais l’arme au pied, quand même — les commentaires des internautes sur des programmes que Sauver les Lettres jugent « inacceptables en l’état » : ces jeunes gens ont le sens de l’euphémisme.

 

Jean-Paul Brighelli

 

(1) L’épreuve de lèchement de pieds n’a pas été inventée par la rue de Grenelle, mais par Léon Daudet, dans son roman les Morticoles (1894). Comme quoi, cela sert d’avoir des Inspecteurs Généraux qui ont fait des études.

 

(2) Le fait est que Cécile Ladjali et moi partageons effectivement cette prétention. Voir http://cairn.webnext.com/revue-etudes-2008-1-p-39.htm

 

Dernière minute : la responsable à la Pédagogie du SNALC s’est fendue d’une analyse roborative, et surtout d’un tableau comparatif (avant / après) de tous les CAPES. Qu’elle m’ait piqué une phrase ou deux ne m’émeut pas  il faut savoir pardonner.
Donc : http://www.snalc.fr/ftp/fichiers/NouveauxCAPESbrade.pdf