Au début d’Elvire-Jouvet 40, magnifique spectacle (1986) de Brigitte Jaques pour le Théâtre National de Strasbourg, Claudia, l’élève de Jouvet jouée par Maria de Medeiros, qui débutait alors, dit très bien la scène 6 de l’acte IV de Dom Juan. Très bien, mais ce que raconte la pièce, c’est comment un metteur en scène de génie (Louis Jouvet, interprété par Philippe Clévenot) lui permettra, en sept séances, non seulement de le jouer mieux, mais d’accéder à la vérité de la scène en entrant, dit-il, dans le sentiment du personnage, et pas seulement avec de la technique — bref, de se sortir les tripes. D’aller au-delà d’elle-même. De devenir Elvire.

J’ai pensé à cette scène au tout début de Whiplash, à voir absolument quoi qu’en disent les grincheux. Un jeune garçon, Andrew Neyman — Miles Teller, bluffant — s’entraîne à la batterie. Et le spectateur ignare que je suis se dit « Diable, il se débrouille drôlement bien, le morveux » — jusqu’à ce qu’un prof du Shaffer Conservatory, Terence Fletcher (J.K. Simmons, quelque peu satanique, et longtemps abonné aux rôles de nazi — pas un hasard) le pousse à aller au-delà de lui-même, et à devenir le nouveau Buddy Rich — une référence dans l’art des cymbales de jazz, quoi qu’en pensent les mêmes grincheux. Le jazz est plein de chapelles qui s’anathématisent l’une l’autre.

Evidemment, pour l’amener plus loin que lui-même, il faut un peu le pousser. Le provoquer. L’insulter. Le battre même. Le renier. L’amener à deux doigts du suicide (et on comprend au fil du film qu’un autre ancien élève est tombé du mauvais côté du désespoir). Et finalement faire éclore le génie qui était en lui. Toute pédagogie est-elle un sado-masochisme ?
Rappelez-vous le sergent Hartmann de Full Metal Jacket. Eh bien à côté de Fletcher, Hartmann était un poète. Un tendre. Une fleur des champs. Fletcher dirige un jazz band, sur le modèle de celui de Duke Ellington, dont le Caravan rythme la séquence finale. Ses musiciens participent à des concours très sélectifs — l’ENS ou l’X, à côté, c’est roupette de sansonite. Il veut les meilleurs, et que chacun donne le meilleur. Pas de pitié pour les frimeurs, pour les ratés, pour les faibles. Il y a dans ce film un petit côté Highlander : Fletcher met en concurrence trois batteurs, but there can be only one
On ne passe pas loin de la décapitation, d’ailleurs. Le film repose sur une anecdote (légèrement outrée, paraît-il) selon laquelle Jo Jones aurait lancé une cymbale à la tête du jeune Charlie Parker, pour lui apprendre à ne pas respecter le tempo. Moyennant quoi Parker, piqué au vif, aurait bossé comme un fou et serait revenu un an plus tard avec un solo étourdissant qui fit de lui The Bird. Encore un exemple de l’immortel Principe de Liberty Valance : When the legend becomes fact, print the legend.
Pour souffrir, le jeune Neyman souffre. Les mains en sang — gouttelettes giclant (non sans complaisance ) sur les peaux tendues des caisses et le cuivre des cymbales, l’ego déstructuré comme une forêt noire entre les mains d’un pâtissier moléculaire, insulté dans ce qu’il est (juif, en l’occurrence), vilipendé, amené au bord du gouffre — il se retrouve serveur dans un bistro quelconque. Et finalement, réglant les comptes avec le chef : le final est un Œdipe magistral avec celui qui est son vrai père — le père biologique étant un prof en panne d’écriture, un faible qui conseille à son fils d’abandonner…

Bien sûr, on ne peut pas ériger en principe pédagogique général ce qui se passe dans cette fiction — même si ça me titille quelque part, l’instinct de compétition en moi l’emportant toujours. Bien sûr, et je suis le premier à le dire, ce serait déjà beau que nous amenions chaque gosse au plus haut de ses capacités : on en est loin, la politique du « socle commun » consistant à niveler par le bas ce qui devrait être défini par le haut, parce que seul un système scolaire ambitieux peut donner de l’ambition, surtout à ceux qui ne sont pas nés avec une cuillère d’argent dans la bouche.
Mais il y a l’au-delà de soi.
J’ai toujours été sidéré que notre société accepte, comme allant de soi, des normes de compétition d’une violence extrême (quelqu’un a-t-il idée de la façon dont Philippe Lucas a traité Laure Manaudou, entre autres, pour en faire une championne olympique ? Ou dont Alexeï Michine a flagellé Yagudin, Plushenko ou Tuktamysheva, toute récente championne d’Europe de patin sur glace ?) et des pratiques pédagogiques d’un laxisme écœurant — « je te touche avec une fleur », dit un copain pour exprimer ces pédagogies de l’exigence zéro.
Nous avions un système scolaire à plusieurs vitesses — un niveau général d’exigence raisonnable, et un niveau supérieur de haut vol — en gros, les très bonnes facs et surtout les classes préparatoires… On a rabaissé le seuil au départ, raboté les exigences, et l’on s’emploie désormais à supprimer l’élite. Le recteur de Poitiers vient de rayer d’un trait de plume plusieurs classes prépas, moins pour faire des économies que pour en finir une bonne fois pour toutes avec l’élitisme. Des idéologues détruisent le système qui les a faits rois, afin qu’il n’y ait plus que des esclaves après eux.
Du coup, par réaction, je me repais de ces fictions de sélection ultime, quand les doigts saignent sur les baguettes, quand le corps entier souffre, et que le band haletant guette la reprise.

La métaphore pédagogique n’a pas échappé à Télérama, qui dans un article plutôt équilibré s’exclame :  » Imaginez le Marquis de Sade à la tête d’un IUFM… »

Bien sûr — et c’est explicitement dit dans le film — tous les musiciens n’hébergent pas en eux Mozart ni Charlie Parker. De vrais génies, en quarante ans d’exercice, j’en ai trouvé deux — l’un et l’autre matheux —, et c’est déjà beaucoup. La probabilité pour que je déniche non pas Mozart mais Rimbaud s’éloigne chaque jour.
Mais je cherche. Je chercherai toujours.

Jean-Paul Brighelli

41 commentaires

  1. Vous oubliez de raconter que ce prof se révèle un salaud manipulateur qui veut se venger en humiliant et en brisant une carrière. Soit un gros con dangereux.
    Beau film sur les rapports sado-maso de deux personnes mais qui ne donne ni envie d’être élève ou prof ou de faire du jazz.
    Bien sûr qu’il faut bosser dur pour être un musicien mais dans ce film le mot plaisir n’est jamais prononcé. C’est gênant.

    • Je ne sais pas si vous « jouez » d’un instrument, et j’avoue avoir toujours trouvé l’emploi de ce verbe assez curieux dans ces circonstances, mais il m’a toujours semblé que le plaisir, en musique, était très, très largement différé… Un musicien qui travaille un morceau s’interrompt généralement pour ponctuer les notes de toutes sortes de noms d’oiseaux qu’il s’adresse personnellement. Effectivement, lorsqu’il a eu sa poussée d’adrénaline sur scène et que le public a manifesté son contentement, il arrive qu’il éprouve du plaisir.

  2. Si le génie était un fluide, il ferait comme tous les fluides : après avoir été longtemps confiné, il giclerait.
    Forcément.
    Et se réinvestirait ailleurs, tenu qu’il serait par des lois de conservation.
    Mais voilà, le génie n’est pas un fluide : se mettre les doigts dans le fondement ne favorise pas son expression par d’autres voies. Ne pas les mettre, non plus, d’ailleurs.
    On ne peut donc forcer le génie à s’exprimer par le mérite.

    La Grâce ™, peut-être ?

  3. Un excellent film qui nous en apprend autant sur les défis que rencontrent les jeunes musiciens actuellement -réapprendre à écouter et à faire sonner au lieu de vouloir être LE nouveau batteur star de Youtube- que sur l’importance primordiale de la confiance en soi. La scène finale m’a littéralement hypnotisé. La musique requiert une discipline de fer tous comme le sport, d’ailleurs Miles Davis était boxeur amateur et s’est inspiré de ses entraînements pour sa pratique de l’instrument.

    Cordialement,

    un ancien élève

  4. Sincèrement si vous considérez ce que nous coûte nos trois anciens présidents de la république qui ne servent rigoureusement à rien il est temps de reprendre le génie de la dite Bastille ! Mitterrand a eu la décence de mourir six mois après son départ. VGE depuis 34 ans s’accroche à nos bourses …

  5. JP Brighelli

    Peut-être en avez-vous manqué des génies, certains prennent un malin plaisir à se dissimuler. A tel point qu’ils meurent sans qu’on les ait découvert, ne voulant pas participer à la valse des terriens.

  6. Dites-moi JPB votre champion actuel NDA va se retrouver dans une drôle de situation électorale en 2017 ; d’après les sondages Marine Le Pen passera haut la main le premier tour donc soit NDA appelle à voter pour son adversaire quel qu’il soit, soit il s’abstiendra … ce qui n’est pas très politique !

    Je n’ai malheureusement guère d’illusions sur tous ces professionnels de la politique qui gagnent leur vie depuis leur premier biberon juqu’à leur dernier soupir en faisant des rots et du vent !

    • Dans le cas NDA son programme est de plus en plus proche de celui du Front National mais ils ont en commun de ne pas vouloir toucher aux avantages acquis de la classe politique.
      Alors que vous qui avez des origines corses et marseillaises vous savez fort bien qu’une grande partie des difficultés de la France vient du fait que la politique est un métier enrichissant !

  7. Merci pour ce billet. Il m’a permit de passer un grand moment devant un grand film dont je n’avais absolument pas entendu parler.

  8. Aldo Ciccolini clabote. Chopin meurt une deuxième fois (à titre posthume).

    La presse s’enflamme sur dodo la saumure et son pote priapique du fmi.

    Monde de merde.

  9. Dis-moi, tu crois que notre mort à nous, qui ruisselons d’humour et d’intelligence, fera une ligne dans lesdits journaux ?
    Mais nous aurons le plaisir au moins de laisser ce monde de merde à ses petits problèmes.
    Tu sais ce qu’a écrit George Sanders, acteur sublime s’il en fut, sur le petit mot à côté de son cadavre bourré de vodka et de Nembutal . « « Je m’en vais parce que je m’ennuie. Je sens que j’ai vécu suffisamment longtemps. Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Bon courage. »

    • Le jours où nous lâcherons la rampe, j’espère que cela créera quelque émoi chez quelques une des femmes que nous aurons eu l’honneur d’honorer.

      Pour le reste…

      Il y a tant de nécrologies qui frisent la nécrophilie. J’aimerais encore moins me faire trombiner après ma mort que de mon vivant.

  10. Charles Demouge candidat UMP dans le Doubs : Les petits blonds m’emmerdent !

    Marre des Français ! Ras-le-bol des électeurs ! J’y suis j’y reste … s’écria-t-il comme le capitaine Matamore avant de se faire trousser le derrière d’un grand coup de pied au cul, sauf votre respect mon colon !

    • Je ne sais pas si les Français sont adeptes du BDSM mais enfin quand il arrive que Maîtresse Marianne botte le cul du bout de ses escarpins pointus à des petits maîtres cela n’est pas plus mal !
      Cela les fait danser la gigue comme ce matin Nicolas Sarkozy …

    • S’il était à la fois « très habile de ses mains » comme Nigo (selon Sapin) et « très pointu de la tige » comme le Priapique du Fmi (selon dodo S), on aurait peut-être une synthèse acceptable de roi républicain.

      On va beaucoup s’ennuyer en 2017.

      A moins que ..?

  11. Mais nous aurons le plaisir au moins de laisser ce monde de merde à ses petits problèmes.
    Tu sais ce qu’a écrit George Sanders, acteur sublime s’il en fut, sur le petit mot à côté de son cadavre bourré de vodka et de Nembutal . « « Je m’en vais parce que je m’ennuie. Je sens que j’ai vécu suffisamment longtemps. Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Bon courage. »

    « Come era possibile infierire contro chi, se ne è sicuri, dovrà morire ? (…) all’orecchio di ciascuno di essi sarebbe giunto un giorno lo scampanellìo che aveva udito tre ore fa dietro S. Domenico. Non era lecito odiare altro che l’eternità. »

  12. Pas très envie d’aller voir ce film… Pas très enthousiaste pour ce genre de méthode.
    Je ne vois pas l’intérêt de taper, de cogner, d’humilier un gamin qui a du talent. Avec une solide formation, on s’en apercevra et on arrivera au même résultat. On évitera surtout de le casser définitivement comme le sont tant de gamins pris en main par des cinglés frustrés qui tentent de réussir à travers les petits ce qu’ils n’ont pas pu faire.
    Et puis, c’est placé bien haut le pouvoir « pédagogique ». Cela m’a toujours fait marrer d’ailleurs. Une prépa par exemple n’est bonne que parce les élèves y sont bons, meilleurs que dans une autre prépa. Les deux meilleures prépas parisiennes ont des résultats extraordinaires parce qu’une sélection sévère y est faite et parce qu’elles accueillent les meilleurs élèves de Paris et de province.
    Les profs qui y sévissent s’adaptent mais sont parfaitement interchangeables. Ce qui me fait rire est de voir des collègues se sentir d’autant plus géniaux que leurs élèves le sont. Tout au plus, cela les pousse à faire des cours un peu plus fouillés. En l’occurrence, c’est le niveau des élèves qui pousse les profs à faire des cours d’une bonne tenue.
    Et puis, c’est incroyable. On envisage froidement de tabasser un gamin qui veut bosser au mieux mais on se met à genoux devant tant de gamins qui n’ont aucun génie, qui nous emmerdent à longueur de journée, qui ne font rien, voire qui nous menacent .
    Non, cogner sur un gamin qui en veut, c’est pour le moins étrange. Je ne ferai jamais l’éloge de la perversité. Il y a tant d’autres moyens de faire éclore le talent.

  13. Et m…! Mon rocher vient de redescendre la pente:
    http://www.lepoint.fr/societe/nice-trois-militaires-agresses-devant-un-centre-communautaire-juif-03-02-2015-1902037_23.php

    Encore un HS de l’élève Sisyphe qui n’écoute rien et n’en fait qu’à sa tête…
    On s’en doutait, mais à quoi servent donc ces pauvres militaires ( 10000) mobilisés contre le terrorisme intra-muros?
    Ali-menter le marché noir ( pardon, black) de l’armement? Maybe…
    A rien? Sans doute…
    A cautionner une politique de façade? Evident.
    Les petits ruisseaux font les grosses rivières: attention à la crue, elle sera aveugle.

  14. Sisyphe, avez-vous remarqué que les soldats en faction ont maîtrisé l’agresseur à mains nues — sans faire usage de leurs armes ? Quitte à être blessés eux aussi…
    Et pour cause : il n’y a pas de balles dans leurs chargeurs.

    • On me dit que ce sont des Corses qui sont les instructeurs chargés d’apprendre aux militaires désarmés à jouer du couteau !

      A quand les frondes et les arcs ?

  15. Sanseverina, je ne cogne pas en classe ! Tout cela est une métaphore !
    Mais il m’est arrivé d’engueuler sévèrement un élève dont je savais qu’il pouvait, et qui reculait, reculait…
    J’ai parfois abandonné. Il y a des gens doués qui ont moins soif que d’autres, et on n’y peut rien. Des dons, et pas d’envie. Cela m’est arrivé récemment.

  16. Rectif: chargeurs approvisionnés mais pas sur l’arme; seul le chef de groupe a un Famas chargé et prêt à l’usage.

  17. Mais je n’ai jamais pensé que ce sont vos pratiques pédagogiques, heureusement ! Je parlais du film ( que je n’ai pas vu d’ailleurs… ) . Apparemment, la gifle et le lancer de cymbale n’avaient guère l’air métaphorique ! Et je vous fais confiance pour juger de la qualité d’un film, moi qui me rue sur toutes les références livresques que vous donnez.

  18. Vouloir intégrer la notion de plaisir dans ce film, c’est ramener cette œuvre au niveau de la stupide expression « il faut se faire plaisir ». Le thème est beaucoup complexe et merci à M. Brighelli d’en faire le sujet d’une de ses chroniques.

  19. A Marseille, les politiques de façade consistent à laisser les poubelles s’entasser périodiquement.

    Il se passe quoi, au juste, à Marseille ? C’est le même problème qu’à Naples ou à Palerme ? C’est un peu différent ?

    • Il se passe que FO fait sa grève annuelle.

      Évidemment, si vous invoquez Naples, on passe au cran (d’arrêt) au dessus et les entassements de sacs-poubelles sur le vieux port passent pour des installations artistiques pour se rappeler que Marseille fut capitale européenne de la Culture.

      PS : Avez-vous aimé mon extrait de marseillaise ratée ?

  20. « Mais il m’est arrivé d’engueuler sévèrement un élève dont je savais qu’il pouvait, et qui reculait, reculait…
    J’ai parfois abandonné. Il y a des gens doués qui ont moins soif que d’autres, et on n’y peut rien. Des dons, et pas d’envie. Cela m’est arrivé récemment. »

    La soif, vieux dicton à propos d’un âne qui, etc.
    Mais nos élites prétendent le contraire, puisqu’il faut amener 50% d’une classe d’âge au niveau Licence. Souvenir d’un ancien dictateur sud-américain:  » ce pays sera démocratique, que le peuple le veuille ou non » !!
    L’envie: voila le lièvre. Du temps de mon -long- passage en ZEP marseillaise, j’avais noté que ceux qui avaient les dents longues étaient ceux qui venaient de pays réellement miséreux, et qui avaient vite compris qu’ici il y avait un ascenseur mais pas pour l’échafaud. L’antithèse incarnée de tous les racailleux autochtones des « quartiers » qui crachent sur leurs parents, sur leurs profs et sur tout ce qui représente une autorité quelconque; l’inverse de ces minables parasites trop gâtés, qui vivent, trafiquent, volent et tuent sous le couvert de nos impôts; le miroir de ces écervelés qui refusent tout effort en réclamant un dû qu’ils sont très loin de mériter.
    Ceux qui n’ont pas souffert sombrent dans le confort conformiste, c’est si facile!

  21. qui viennent jusque dans vos gras rogatons, éventrer vos sacs et téter vos fonds de bouteilles de champagne.

    Désolée, je l’avais raté, je le confesse… Mais forcément, c’était un peu long. Si vous aviez dit  » qui viennent jusque dans vos mas, sacrifier vos sacs et votr’ champagne », j’aurais subodoré la parodie… Mais ils ont bon goût, ces rongeurs, ils font médianoche au champagne ! J’aime bien ce mot-là, médianoche…

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