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L’info ne vaut que ce qu’elle rapporte.

Un événement injustement minoré ?

Si le Parti Socialiste est vraiment en train de mourir, c’est un événement. Ce n’est pas tous les jours que l’on assiste au crépuscule d’une formation politique au passé si prestigieux, qu’on la considère comme quasi-cinquantenaire (l’appellation Parti Socialiste date de 1969) ou comme plus que centenaire (la SFIO ayant été fondée en 1905).

Sur le dark web, les gens paient cher pour regarder des vidéos d’agonies. Mais personne n’est prêt à débourser un kopeck pour suivre la mort lente du PS (Pâques, qui approche à grands pas, vient toutefois nous rappeler que les résurrections sont possibles). Or, l’information étant devenue un bien de consommation courante, si elle ne fait pas vendre, elle perd tout intérêt auprès de ceux qui la produisent.

Une médiatisation timide

Il n’aura échappé à personne que l’élection du Premier Secrétaire du PS fait l’objet d’une médiatisation très timide. Ainsi, sur le site de Causeur, il n’y a guère que le très héroïque David Desgouilles qui se soit imposé le visionnage intégral du débat du 7 mars afin de rédiger l’article que voici.

Je tiens de source sûre que, tous médias confondus, les articles traitant de l’actualité du Parti Socialiste font un bide. De fait, à ma connaissance, ces derniers jours, aucun titre de la grande presse ne s’est risqué à faire sa Une sur cette élection : pas assez vendeur.

Que les médias puissent aujourd’hui, au lendemain du premier tour, massivement titrer sur: « qui est Olivier Faure, le nouveau Premier Secrétaire du Parti Socialiste? » est symptomatique. On réserve habituellement ce genre de questions aux gens qui sortent de nulle part. Quand la personne est déjà connue, on tente le faux scoop avec « qui est vraiment untel? » (l’article ne contenant, en général, aucune révélation). Dans les contextes d’élections, la question « qui est untel ? » est posée dès l’officialisation des candidatures, afin que nous sachions qui sont les compétiteurs en présence. Sur cette base, d’habitude, les médias élaborent une scénarisation en distribuant les rôles: le favori, le challenger, l’outsider, etc. On traque ou on provoque les attaques personnelles et on demande aux uns de réagir aux réactions des autres. De cette manière, on parvient tant bien que mal à intéresser les gens à ce qui ne les intéresse pas.

L’échec des vieilles ficelles

Ils ont essayé de faire comme d’habitude. Mais cela n’a pas marché. Alors, ils ont laissé tomber.

Lors de l’ouverture des candidatures, on trouvait les articles habituels (« qui sont les candidats? »), avec distribution des rôles et attribution des étiquettes, comme ici : « Luc Carvounas, l’ancien Vallsiste », « Stéphane Le Foll, le loyal », « Olivier Faure, biberonné au rocardisme », « Emmanuel Maurel, l’homme de la synthèse », etc. On mettait en place la scénarisation habituelle.

Cela n’a pas fonctionné.

Le jour-même du scrutin, l’AFP diffusait donc un article portant le même titre (« qui sont les candidats? »), mais sans l’ambition de susciter l’implication personnelle du lecteur (rejet d’untel, sympathie pour untel) dans les enjeux de l’élection: le texte était une juxtaposition de biographies (voir ici).

Savoir pourquoi nous ne nous y intéressons pas… ne nous intéresse plus

Ce qui est étonnant, en conclusion, c’est le temps qu’il aura fallu pour aboutir à une situation où, même de manière totalement artificielle, on n’arrive plus à vendre l’actualité du PS. Souvenons-nous, c’était en 2015 :

PS

On pouvait encore espérer « susciter du trafic » (c’est l’expression consacrée) en rédigeant des articles expliquant pourquoi les gens ne s’intéressaient pas au PS. Aujourd’hui, un cap a été franchi. Les gens n’ont même plus envie de savoir pourquoi ils ne s’y intéressent pas.

9 commentaires

  1. Par contagion, votre article fera-t-il un bide? 😉

    Sinon, j’aime bien l’expression « étoile morte », que j’avais entendue il y a quelques temps à propos du communisme…

  2. Juste une petite précision. Le nom de « parti socialiste » existe depuis 113 ans avec la création, en 1905, du « Parti socialiste », section française de l’internationale socialiste, qui unifie tous les courants socialistes existants à l’époque. C’est la réconciliation Guesdes-Jaurès. Jamais ce nom n’a disparu, même après la scission de Tours,même si l’on parlait plus volontiers de SFIO…. Mais c’est du détail, le papier est excellent. Merci

  3. PS (si j’ose dire) : En 1969, c’est « nouveau parti socialiste » qui apparaît… et s’il y a nouveau il y a ancien.

  4. L’agonie était lente mais c’est quand même bien François Hollande qui a sournoisement débranché la perfusion!

    • Certes votre réflexion est à prendre au second degrés mais… aucune surprise pour qui avait volonté à se renseigner et lire. Je fais certainement partie des rares qui ont lu les quelques 580 pages cumulées des discours de Hollande lors de sa campagne présidentielle 2012 : jamais propos n’avaient été autant incohérents et détachés de toute réalité.
      Il faut tout de même se souvenir de son meeting du Bourget qui fut un monument d’inanité ! seulement les gens n’écoutent pas et sont hypnotisés par leurs propres croyances.
      Par ailleurs, Hollande n’est pas un aboutissement, c’est l’icone représentative de la déliquescence de nos sociétés, au même titre que des Sarkozy, Fillon, Le Pen, Macron, etc (la liste est ouverte).
      Tous ces gens sont déconnectés du monde, ce sont de dociles serviteurs d’un système global dont le seul objectif est la transmutation du citoyen en consommateur.
      Macron ne fait, comme ses prédécesseurs, qu’appliquer les directives de l’UE en faisant accroire qu’il s’agit de réformes décidées par lui.
      Peu importe ici que ce soit bien ou mal, bon ou mauvais, c’est la dichotomie que nous percevons tous qui créé le malaise et la disjonction de l’état avec le peuple, d’où la juste labellisation « d’élites mondialisées » en ce qui concerne nos dirigeants.
      L’homme providentiel est rare et ne surgit de manière générale que dans les périodes les plus troubles, il n’est pas plus représentatif lorsque le parti, ici le PS, dont il est issu s’effondre. Ce serait même faire trop d’honneur à Hollande que de le rendre responsable de quoi que ce soit en ce compris l’atomisation du PS.
      Ma réaction dithyrambique car beaucoup en sont à fêter Mai 68, voulant voir un changement de paradigme, l’analysant comme une amélioration de nos conditions, il n’en est rien. C’est même un des points de départ de la marchandisation du monde, pour s’en convaincre faut-il avoir l’honnêteté de comparer avant et après 68.
      Accessoirement, ceux qui s’épanchent sur 68, n’étaient pas nés et n’ont pas connu les années précédentes. Le monde selon Cohn-Bendit…
      L’actuelle globalisation, n’a rien à voir avec la mondialisation qui est un mouvement continu et salutaire s’inscrivant dans le temps long, c’est un totalitarisme, c’est le mariage de la carpe et du lapin : la finance (dans son sens le plus péjoratif) et le Marxisme Léninisme.
      Le PS est une erreur de parcours comme une autre, les gens qui ont gravité dans sa sphère, recyclés pour la plupart chez REM, sont des serviteurs, des carriéristes et pour la plupart des crétins congénitaux au rang desquels il est vrai, Hollande a hissé haut la barre et n’a rien débranché du tout car trop incompétent pour le faire…

  5. La réponse à votre question, Ingrid, est d’une simplicité biblique : les gens ne s’intéressent PLUS au PS parce qu’il n’est pas intéressant. Et celà depuis longremps …mais les médias ont leurré le peuple en lui accordant une importance qu’il n’avait pas.
    François Hollande est le symbole parfait de la nullité du PS par sa présence inutile et inefficace à sa tête pendant 10 ans avant 5 ans de présidence inutile et inefficace !
    Voilà donc 15 ans d’inutilité mais les gens n’avaient pas fait attention …pas plus qu’à son décès aujourd’hui ! Normal!

  6. La Nature élimine les espèces qui ne servent plus à rien. En Politique, c’est identique : un parti qui a fait son temps disparaît.

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