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C’est une phrase glaçante.

Je l’ai entendue sur ma radio préférée (ie. France Info) lundi 10 septembre.

« Les députés de la majorité ont donc choisi Richard Ferrand, malgré le fait qu’il soit élu depuis 20 ans, qu’il soit un homme et qu’il ait 56 ans »

Ce « malgré » laissait attendre une allusion à l’affaire des mutuelles de Bretagne. Mais ce que le journaliste retient comme étant les principaux handicaps de Richard Ferrand, ce sont sa longévité en politique, son sexe et son âge.

Reprenons ces trois points :

Il est élu depuis 20 ans. En soi, ce n’est certes pas un gage de qualité. Mais il faut avouer que ce n’est pas non plus une preuve d’incompétence. C’est une information neutre, qui pencherait plutôt vers le positif si l’obsession ambiante n’était au dégagisme.

C’est un homme. J’ai beaucoup aimé le « vous me pardonnerez de ne pas être une dame ».

Être une femme a longtemps été un obstacle à l’exercice de certaines fonctions, à tort ou à raison (je me délecte par avance de l’effet de cette nuance). Faudrait-il se féliciter qu’être un homme en constitue un désormais ? Que les hommes doivent s’excuser de perpétuer, par leur présence, la domination masculine ?

On peut bien penser que le vote des députés a été influencé par les prises de position publiques de plusieurs ministres en faveur de ce résultat, c’est hautement vraisemblable. Mais cette orientation du scrutin n’a rien à voir avec le sexe du vainqueur. Quoi qu’il prétende, oui, Richard Ferrand est « un chouchou », un copain qu’on place, un fidèle qu’on récompense.

Barbara Pompili était, quant à elle, horripilante lorsqu’elle laissait entendre qu’elle incarnait une opportunité unique, précisément parce qu’elle était une femme. Avec cette arrogance qui consiste à suggérer que dans le contexte actuel (entendez : Weinstein etc.), ce serait un signe fort, etc. Il y a fort à parier que si elle avait été choisie par ses pairs, elle n’eût pas eu la modestie délicieusement désabusée de Blanche Gardin :

Forcément, je savais que c’était moi. Je suis la seule femme nominée l’année de l’affaire Weinstein. Pour une fois que je remporte un prix, il n’a aucune valeur.

Enfin son âge. « Malgré le fait qu’il ait 56 ans ». Mais jusqu’où nous mènera ce jeunisme débile ? 56 ans, un âge canonique ? Il faut croire, puisque cela semble à notre journaliste peu compatible avec une élection à la tête de l’Assemblée Nationale.

Moi, je rêverais que l’Assemblée Nationale soit dirigée par un individu non binaire. Et d’ailleurs, je conseille à Richard Ferrand d’affirmer dès à présent haut et fort qu’il n’est « pas un homme » :

5 commentaires

  1. Ah non, ça va pas du tout, je ne trouve guère que des femmes comme Mme Riocreux avec qui je sois d’accord. Si ça continue, je vais perdre mon service trois pièces et me transformer en non-binaire ou même en quaternaire trisexuel ou quelque autre erreur de la nature, ou de la culture, ou bien…

  2. Pauvre ignare que ce journaliste. On aimerait Que cette importante profession (par l’impact qu’elle a sur les idées qui circulent) soit plus intelligente. Est-ce si difficile ??

  3. Si ce journaliste cherche un milieu où les femmes sont très ( trop) majoritairement représentées, il peut faire une enquête à l’école primaire. Non seulement les enseignantes sont largement en plus grand nombre que les enseignants, mais aussi tous les métiers qui y interviennent en partenaires , comme les orthophonistes par exemple, sont très féminisés. On pourra, mais peut-on faire le parallèle, relever que sur 5 élèves qui sont désignés en difficulté, voire affectés d’une pathologie ( dys.., hyperactivité, autisme, …), 4 sont des petits garçons.

  4. Bonjour Mme Riocreux,

    Je me permets d’utiliser cette possibilité que nous avons de laisser des commentaires, non pour donner mon avis sur votre article, que je trouve au demeurant fort intéressant, comme tous vos autres articles du reste, mais pour vous faire une suggestion.

    J’ai remarqué en écoutant les journaux télévisés et les médias « mainstream » (comme on dit) que de plus en plus de Journalistes confondent une science et le domaine que celle-ci étudie. Par exemple ils vont dire :  » la météo a été mauvaise aujourd’hui « , voulant dire que l’on a connu du mauvais temps ce jour-là, alors que cette phrase signifie littéralement que les prévisions étaient erronées. Dans la même veine, j’ai entendu récemment  » la démographie scolaire est en baisse « , ce qui ne veut strictement rien dire car la démographie est une science, alors que le Journaliste voulait évidemment dire  » la population scolarisée est en baisse « .

    Pourquoi ne feriez-vous pas un article sur cette façon de s’exprimer de plus en plus approximative qu’ont nos chers Journalistes ? C’est une suggestion que je me permets humblement de vous faire.

    Bien à vous, et au plaisir de vous lire !

    Jean-Luc

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