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La formidable idée « radicale » d’Emmanuel Macron pour lutter contre le radicalisme va fractionner plus encore la communauté nationale.

Il est des concomitances troublantes et malheureuses. Le 1er octobre, l’Éducation Nationale reconnaît son incapacité à remplir sa mission d’instruction. Le 2 octobre, le Président interdit aux parents de retirer leurs enfants des écoles. Va-t-on, faute de savoir lutter contre les comportements sectaires de certaines familles musulmanes, nous forcer tous à livrer nos enfants à un système scolaire qui admet son propre échec ?

Jeudi 1er octobre, les titres de l’actualité plaçaient en bonne position la publication par l’Éducation Nationale des résultats d’une enquête sur les performances des élèves de CM2 en mathématiques. Les conclusions de cette étude sont terrifiantes : le niveau des petits Français est en chute libre et un quart d’entre eux ne maîtrisent même pas (en CM2 !) l’utilisation des retenues dans la soustraction. Bien entendu, d’autres études viennent régulièrement rappeler que les élèves français ne maîtrisent pas plus la lecture et l’orthographe que les mathématiques. Une autre donnée importante de cette étude est le creusement des inégalités sociales, constat régulièrement établi mais peu commenté ; en tout cas, jamais expliqué. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on est riche qu’on est plus intelligent. La raison de cette inégalité de résultats est symptomatique de l’échec total d’un système qui se voulait parfaitement égalitaire : aujourd’hui, pour compenser les manques d’une école démissionnaire, les familles les plus aisées paient à leurs enfants des cours particuliers dans les matières jugées les plus essentielles, au premier rang desquelles les mathématiques. L’exemple des soustractions est intéressant : en trois ans, un élève de primaire peut apprendre à les résoudre de trois manières différentes, au gré des lubies de ses maîtresses, certaines méthodes étant si tordues qu’elles demeurent parfaitement inaccessibles aux parents…

Mais certains parents poussent la logique plus loin : ces enfants, cloués sur leur chaise toute la journée, des années durant, pour ne rien faire qu’endurer des projets pédagogiques à dimension ludique chronophages et intellectuellement indigents, en subissant en plus, le soir et pendant les vacances, des cours particuliers… ils les retirent tout bonnement de l’école. La distance et les coûts de scolarité font que peu de familles ont accès aux établissements hors-contrat (dont certains n’ont rien à envier aux défauts de l’enseignement officiel…). L’instruction en famille, avec ou sans support de contenu (Cours Ste Anne, Hattemer ou, simplement, récupération des manuels du grand-père) permet d’alléger les journées en revenant à la maîtrise des savoirs fondamentaux sans délayage ni éparpillement, avec rigueur et simplicité ; elle évite de réduire la vie de l’enfant à la scolarité comme le fait notre système, transformant ces premières années d’existence en cauchemar quand l’enfant ne se plaît pas à l’école, son unique horizon.

Beaucoup de parents ont recours, à un moment ou un autre, à l’instruction en famille : pour un enfant de la fratrie ou pour tous, durant un an ou toute la scolarité. Ce n’est pas un idéal. C’est une solution extrême à laquelle les familles sont poussées par un système d’instruction devenu trop mauvais. Et ce ne sont pas forcément des gens très religieux qui font ce choix : ce peuvent être des professeurs, qui, voyant les élèves qui leur arrivent au lycée, se disent un beau jour « Je refuse que mes enfants finissent comme cela ; et puisque l’école ne peut en faire que des loques illettrées et blasées, moi je les en retire et je vais les instruire moi-même afin qu’ils deviennent des adultes intelligents, cultivés, responsables, dynamiques et heureux de vivre ». Eh bien, en ce 2 octobre, M. Macron nous annonce son idée « radicale », sa formidable idée « radicale, la plus radicale depuis bla bla bla ». A cause d’une tripotée de barbus polygames fanatiques qui auraient pu trouver sur la terre bien des pays où offrir à leurs charmants bambins l’instruction obscurantiste qu’ils recherchent, nous allons tous être privés du droit d’instruire nos enfants comme nous l’entendons, c’est-à-dire tout simplement de les instruire, ce que l’Éducation Nationale avoue elle-même ne plus savoir faire. On aurait voulu braquer tout le monde contre les musulmans, qu’on ne s’y serait pas pris autrement.

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2 commentaires

  1. En 2020, 700 000 nouveaux bacheliers pour entretenir la redoutable illusion que la France n’est pas déliquescente.
    Cette déliquescence, on la voit pluri-quotidiennement dans la presse, mais aussi chez les politiques : fautes de syntaxe, fautes de lexique, fautes de logique, charabia décomplexé…
    René Chiche, professeur en exercice, parle bien de l’école et quasi quotidiennement (https://twitter.com/rene_chiche).
    Quelqu’un il y a quelques années a très bien résumé cette catastrophe nationale : aujourd’hui pour ne pas avoir le bac il faut faire une demande.

  2. Cet article mérite quelques mots supplémentaires : je ne ne veux pas avoir l’air de négliger la tragédie que vous décrivez.
    Alors voici. Ce sombre et réaliste tableau qui est valable pour aujourd’hui et en très grande partie pour hier n’empêche pas nos présidents Sarkozy, Hollande, Macron de se montrer toujours fort contents de soi. Nous les avons vus et les voyons encore souriants voire demi-hilares et recherchant les caméras ; jamais je ne les ai vus réellement soucieux ni même préoccupés.
    Au long de toutes ces années, jamais ils ne se sont sentis concernés par les ruines qui ne cessaient de s’accumuler devant leurs yeux.

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