C’était à la fin du Buzz politique de la matinale d’Europe 1. Thierry Guerrier explique la stratégie de Nicolas Dupont-Aignan dans la perspective de l’élection présidentielle. Puis, il évoque Jean Arthuis qui n’écarte pas l’hypothèse d’être le candidat rassemblant tous les centristes lors de la même échéance. Marc-Olivier Fogiel passe alors le micro à Jean-Pierre Elkabbach qui va interroger Martine Aubry. S’engage alors un petit dialogue. Verbatim :

Fogiel – Bonjour, Jean-Pierre Elkabbach

Elkabbach – Bonjour Marc-Olivier, vous n’y allez pas vous, à la présidentielle en 2012 ?

Fogiel – Ben, si vous y allez, je vous soutiens Jean-Pierre.

Elkabbach – Non, pas du tout mais quand on voit la liste des n’importe qui qui veut se présenter

Fogiel – Vous parlez de qui ?

Elkabbach – Oh, ben, je n’donne pas d’noms.

Fogiel – Ah bon ! Ha, ha.


Il ne veut pas donner de noms. Pas couillu, Monsieur Elkabbach ! Mais on avait compris. Une liste, cela signifie qu’il sont au moins deux. Les « n’importe qui », ce sont donc bien Nicolas Dupont-Aignan et Jean Arthuis. Pour être candidat à l’élection présidentielle, il ne faut donc pas seulement récolter cinq-cents parrainages d’élus locaux dont les noms seront publiés au Journal officiel mais aussi recueillir l’assentiment de médiacrates méprisants.

Pour qui se prend donc Monsieur Elkabbach pour se moquer de ces deux personnalités politiques ? Qu’ a t-il réalisé dans sa vie qui puisse justifier qu’il les prenne ainsi de si haut ? Son souci de l’information exacte et recoupée ? Demandons à la famille de Pascal Sevran ! Sa probité, sa propension à se tenir à distance des conflits d’intérêts ? Relisons « mes chers amis » de Pierre Botton !

Le pouvoir, l’élection présidentielle, la démocratie, c’est entre gens sérieux. Assez des manants qui osent disputer le droit d’expliquer leur projet aux citoyens. Qu’ils retournent à la niche.  Zine el-Abidine Ben Ali avait bien théorisé cette forme de gouvernance. Il était au pouvoir depuis vingt-trois ans. On l’entend depuis combien de temps, Elkabbach ?

Reconnaissons le : nous nous sommes habitués à nous passer des invitations et de la reconnaissance de Jean-Pierre Elkabbach ou de son alter-ego Aphatie. D’autres média, d’autres journalistes, sont dotés d’une conception plus éthique de leur métier, tout en se passant de donner des leçons à la terre entière, comme ces deux-là. Mais que va donc pouvoir dire Monsieur Elkabbach à Nicolas Dupont-Aignan (ou Jean Arthuis) lorsque ce dernier sera effectivement candidat et qu’il sera contraint par la loi de l’inviter ? Il se fera porter pâle ? Comme lorsqu’il devait recevoir Arnaud Montebourg une semaine après l’avoir méprisé -lui aussi ?

Denis Olivennes qui, dit-on, se préoccupe beaucoup des audiences de la station ces temps-ci devrait commencer à y réfléchir. Sans tomber dans le jeunisme, il a certainement dans son personnel des voix qui savent interroger, être pugnace avec tous leurs interlocuteurs, de la même manière, et respecter tous les auditeurs. Le nouveau directeur d’Europe 1 pourrait d’ailleurs méditer sur les croupières taillées par RMC à sa station. Et au succès de Bourdin, l’ennemi intime de Jean-Pierre Elkabbach.

8 commentaires

  1. Finalement, Georges Marchais avait raison : »Taisez-vous, Elkabbach ! »
    Mais d’un autre côté, c’est bon signe : NDA et les centristes font peur aux médiacrates européistes en risquant de diviser la droite et d’aboutir à un 21 avril à l’envers. Je ne souhaite qu’une chose : un 21 avril complet ! Soit NDA contre Marine Le Pen au deuxième tour ! Et NDA est élu !

  2. David,

    Je partage votre jugement sur Elkabbach mais je voudrais, par plaisir, me faire l’avocat du diable :

    1/ Ce n’est quand même pas si grave ce qu’il a dit. Etes vous sûr que, s’agissant de NDA, vous n’êtes pas un peu « à fleur de peau » ?
    2/ Elkabbach est un homme de média, plus habitué à juger sur le poids médiatique que sur le fond. Or sans vous faire injure, NDA, de ce point de vue, c’est un peu poids plume pour l’instant si on le compare à d’autres souverainistes comme Séguin ou Chevènement…et c’est peut-être ce qu’Elkabbach voulait dire ?
    3/ Bon, c’est vrai que c’est dommage que ce soit tombé sur Nicolas, mais il faut admettre que, ces derniers temps, entre Chassaigne, Gremetz, Gérin, Hulot, Bianco, Morin, Arthuis, (pour un tel inventaire il faudrait un Prévert aurait dit le grand Georges), la réflexion sur le « n’importe qui qui veut se présenter » se fonde sur des bases solides…

    Bon, je sens que je vais prendre une volée de bois vert !

  3. Pas de volée de bois vert, cher Alain, mais quelques précisions :

    Si vous allez écouter le site d’E1, vous constaterez que cela visait bien Nicolas et Arthuis.
    Certes, Nicolas n’a jamais été ministre comme Séguin et Chevènement mais il a affronté le suffrage universel sur son nom aux élections européennes et régionales. Sans financement public des partis politiques et ignoré par la plupart des médias dont E1, il a malgré tout fait 2 % aux premières et 4,5 au second (devant le Modem et Besancenot).
    Même si des gens se tâtent actuellement pour se présenter et que beaucoup n’iront évidemment pas au bout de leur idée, Elkabbach n’a pas à les juger au micro d’Europe 1 comme il le ferait devant la machine à café.

    C’est une question de… Comment dire ? De professionnalisme.

  4. Je suis militant socialiste et approuve sans réserve votre message. Qu’il y ait cette réflexion sur « trop de candidatures » à l’intérieur d’un parti, ou même de futurs alliés du second tour, pour des raisons stratégico-tactique, se comprend bien. Mais je ne crois pas que l’argument de Elkabbach soit là : il est sur le mépris.

    J’ai écouté ses questions à Aubry : quelles questions nulles, petites phrases et petits potins. Comment un aussi vieux journaliste peut-il poser des questions aussi minables ?
    Son seul objectif : pouvoir clamer : madame machine a dit sur Europe 1, à mon micro, que ceci cela, et être repris par d’autres radio-potins.

    « Le rendez-vous des politiques », l’émission qui ne prend pas les politiques et les auditeurs pour des cons : http://www.franceculture.com/emission-le-rendez-vous-des-politiques.html-0

  5. Elkabbach a deux qualités pour les « umps » : Il moque à qui mieux mieux les « nonistes » opposés à la pensée unique « pro-européenne » et cire chaque matin de manière très efficace les pompes du pouvoir depuis des décennies…

    Tout opposant à l’Europe et à l’euro est un politique non fréquentable pour la caste au pouvoir et ses larbins.

    Debout la République et NDA vont finir par être un parti et une personnalité reconnue par la démocratie républicaine, donc ayant droit à pignon sur rue, mais ostracisés… Lorsqu’ils ont fait la même chose avec un autre parti politique anti-européiste (Le FN pour ne pas le nommer, peu de démocrates ont réagit… Pourtant, ce parti n’a jamais été un parti interdit…)
    C’est la même logique qu’ils risquent de s’appliquer à DLR.

    La France, la seule démocratie ou un parti obtenant 15 à 18% n’a pas d’élu et ou un parti communiste arrive à avoir un groupe parlementaire avec 3% des suffrages.
    La France, la seule démocratie ou le peuple vote à 55% « NON » à un référendum et ou les élus de la pensée unique votent contre le peuple, l’adhésion à un traité européen…

    Bienvenue à NDA dans la république bananière de France, avec ses élites autoproclamées et ses élus de la pensée unique respectable.

    La dernière en date de ces élites bien pensante : Ils sont antiracistes mais tentent de nous expliquer qu’il y a une race nommée HomoLePenus qui dans les gênes de la décendance contiendrait les défauts et les erreurs des ascendants…

    Monsieur Elkabbach n’est hélas qu’un pion insignifiant de cette élite bien pensante qui, tôt ou tard, si Debout La République ou n’importe qu’elle autre parti anti européiste obtient le même score que le FN, utilisera les mêmes méthodes de dénigrement et d’ostracisation pour conserver le pouvoir…

    Ortog

  6. Je suis fan de vos coups de gueule, David.
    L’ennemi, c’est Paris, tant que les pouvoirs y seront tous concentrés, ce genre de personnage, El K., y obtiendront une rente à vie pour services rendus et en souvenir des week-end passés en Corse…Des régions fortes, cela ne veut pas dire une France faible.
    Bien à vous.

  7. C’est quoi un journaliste du genre Elkabach, Apathie, et consort ? On fait quelle école pour çà? Celle du mépris? Du buzz? De l’audimat?

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