Un fonds iranien propose de racheter l’OM
Alors que le Championnat d’Europe des nations va débuter, une nouvelle concernant le monde de football n’a sans doute pas eu l’écho qu’elle méritait. Le célèbre Olympique de Marseille ayant été mis en vente il y a quelques semaines par sa propriétaire Margarita Louis-Dreyfus, un fonds d’investissement serait très bien placé pour conclure l’achat du club aux soixante-sept saisons dans l’élite française. C’est le journal France Football qui l’annonce : ce fonds d’investissement serait iranien. Les relations diplomatiques entre les pays occidentaux et la République islamique ayant connu un certain réchauffement ces dernières années, le business reprend également. Et, en 2016, qui dit business dit évidemment football.
Si l’affaire devait se conclure dans les prochaines semaines, l’Iran ne serait pas le premier pays à investir dans le football français. Même si France Football fait état de précisions du club selon lesquelles il ne s’agirait pas de l’Etat iranien mais bien d’un fonds d’investissements privé perse, on imagine mal que les Gardiens de la Révolution n’aient pas leur mot à dire dans une telle transaction. Ainsi, depuis quelques années, un proche du gouvernement azerbaïdjanais avait pris le contrôle du RC Lens, avec de nombreuses infortunes, l’AS Monaco est la propriété d’un richissime homme d’affaires russe, et last but not least, le fonds souverain du Qatar possède le PSG, club de la capitale. Je n’évoquerai pas le triste sort de mon FC Sochaux vendu par Peugeot à un illustre inconnu propriétaire d’une PME hong-kongaise.
Des stades aux noms de marques
La rivalité entre le club phocéen et celui de la capitale, créée de toutes pièces par le duo Denisot-Tapie dans les années 1990, et qui a abouti à des heurts réguliers entre les supporters de l’OM et ceux du PSG, pourrait bien prendre de l’ampleur. On connaît l’état des relations entre l’émirat sunnite du Qatar et la République islamique chiite. Voilà qu’ils pourraient bien s’opposer sur les pelouses du Vélodrome et du Parc des Princes dans le cadre du « soft power footballistique », thème cher à notre excellent confrère Régis Soubrouillard. L’Iran et le Qatar n’ont d’ailleurs pas d’autre choix pour l’heure que d’investir dans le football de clubs. En matière de sélections nationales, le premier n’a participé qu’à deux phases finales de Coupe du monde (1978, 1998) tandis que le second y participera… en 2022, parce que la FIFA lui en a confié l’organisation, dans les conditions que l’on sait.
Ainsi va le football français d’aujourd’hui. Les clubs deviennent les instruments de promotion de nations étrangères et ils jouent dans des stades aux noms de firmes. Le Vélodrome aurait d’ailleurs été rebaptisé « Orange Vélodrome », du nom d’un célèbre opérateur téléphonique, le stade de Nice a été nommé « Allianz riviera » tandis que celui de Bordeaux a pris le nom poétique de « Matmut Atlantique ».
À défaut de présenter un niveau de jeu comparable à celui de ses voisins, le championnat de France de football ne manque décidément pas d’assurances.