En visant, mercredi soir, Xavier Bertrand plutôt que Frédéric Mitterrand dont je n’avais pas lu le livre, j’avais semble t-il touché encore plus juste que je ne le pensais. Il ne s’agissait pas de vie privée mais bien de littérature ce j’avais pressenti alors que cet âne de Saint-Quentin en avait été incapable. Je tiens toutefois à préciser au Président de la République que je ne suis pas volontaire pour prendre en main le secrétariat général de l’UMP, et cela, quelle que soit la rémunération.

Mais l’injustice dont se sent aujourd’hui victime le ministre de la Culture ne tombe pas du ciel. Lui et le milieu[1. Aurais-je dû affubler ce mot d’une majuscule ? Peut-être. Dans le doute, je m’abstiens] dans lequel il vit ont tendu les verges[2. Il s’agit de l’expression consacrée. N’y voir aucun jeu de mot. Ce papier est un papier très sérieux. Je concède que ce n’est pas toujours le cas ici] pour se faire battre. Dans l’affaire Polanski, il a tant donné l’impression que la notoriété, et donc l’appartenance à une caste, était un passeport pour l’innocence que la grande majorité des téléspectateurs qui l’auront entendu se défendre face à Laurence Ferrari ne le croiront pas et continueront selon toute vraisemblance à le condamner.

Pourquoi un fossé si grand entre le Peuple et les pipoles[4. On relira avec intérêt l’article de Luc Rosenzweig à ce sujet], pipoles-cinéastes ou pipoles-ministres ? Pourquoi, moi qui ai plutôt tendance à ne pas condamner Frédéric Mitterrand ni donc de demander sa démission, pourquoi je comprends tous ces gens révoltés qui crient leur colère sur la Toile ou dans les émissions ouvertes aux auditeurs sur les radios ? Afin qu’il me soit permis de tenter de vous éclairer sur mon état d’esprit, qu’on me laisse conter deux histoires révélatrices.

Première histoire. Il s’agit d’un débat sur la prostitution à la télévision. Au cours de l’émission, on donne la parole à un client, habitué des prostituées. Il fait part de sa grande solitude, de l’enfer qu’il vit à cause de cette dernière. Et il confie quelque chose dans le genre -je cite de mémoire, sans doute un peu défaillante- : « au delà des rapports tarifés que j’ai pu avoir avec elles, ces moments avec les prostituées, qui m’apportaient beaucoup d’écoute et d’attention, ont été mes seuls moments de bonheur ». Témoignage émouvant pour moi, et sans doute pour beaucoup d’autres. Mais pas pour Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, qui, d’une phrase et d’un regard d’une méchanceté rare, assène au témoin : » Mais, monsieur, il faut vous faire soigner. Vous êtes un malade ». Je n’ai pas entendu Madame Hidalgo sur l’affaire Mitterrand. Si j’ai bien compris le sens de la « mauvaise vie », c’est que son auteur a toujours très mal vécu la solitude. En ce sens, il ressemble beaucoup à cet homme fusillé par l’adjointe de Delanoë[6. Lequel est venu à la rescousse de son ami Mitterrand, au contraire d’Hamon, Montebourg et Valls]. Est-ce que Madame Hidalgo se serait permis d’apostropher Frédéric Mitterrand de la même manière que ce « salaud de client » ? Qu’il me soit permis d’en douter.

Seconde histoire : je vous préviens, elle est pire. Le mari d’une directrice d’école est soupçonné de pédophilie envers les enfants, élèves de ladite école. Tout de suite alerté, le ministre de l’Education Nationale, le sémillant Jack Lang, cloue au pilori médiatique cet homme qui n’est encore qu’un suspect. Cet homme, dont la vie est aujourd’hui brisée par  l’opprobre d’ampleur nationale que lui a donné le ministre, sera par la suite innocenté. Jack Lang, professeur de droit de profession, l’avait condamné au tribunal de l’opinion. En revanche, il fut l’un des premiers à voler au secours de Roman Polanski. Entre ces deux faits, Jack Lang s’est il excusé auprès du mari de la directrice d’école qu’il avait traité de pédophile avec la France pour témoin ? Peut-être -je n’en sais rien- a t-il envoyé une lettre de plates excuses[5. Pour dire la vérité, je n’y crois pas]. Cela ne suffirait pas. C’est accompagné de caméras qu’il aurait dû aller s’agenouiller devant cet homme pour lui implorer son pardon. Il me semble que nous n’ayons pas eu droit à ce genre de reportage.

Avec ces deux exemples, on comprend aisément le courroux de la France d’en bas, comme disait Raffarin. Celle-ci a l’impression de n’avoir droit qu’au juge Burgaud et au procureur Lesigne. Ceux de la Cour, en revanche, ont droit à des pétitions de soutien. Ce matin, en écoutant Brice Hortefeux annoncer le doublement de la garde à vue[6. Un prévenu est déjà présumé innocent, quoi qu’on en pense en haut lieu, alors un gardé à vue…] pour les affaires sexuelles, puis bredouiller son embarras alors que Jean-Michel Aphatie le questionnait sur l’Affaire Mitterrand, on n’a pu s’empêcher de penser que, décidément, il valait mieux avoir un nom lorsqu’on est soupçonné d’un viol.

Si j’ai un seul reproche à adresser à Benoît Hamon, c’est d’avoir cru qu’une notice de la FNAC valait vérité et de s’être basé sur elle pour penser que le livre de Mitterrand était une autobiographie. Le chef du courant « Un monde d’avance », aile gauche du PS, devrait comprendre que ce temple du capitalisme high-tech ne doit absolument pas faire partie de ses références. En revanche, il a totalement compris le dégoût du Peuple pour la Cour. Et sa colère. Il est de salubrité publique qu’un jeune dirigeant d’un parti de gouvernement ait intégré le fait que la démocratie courait un grand danger si le fossé s’agrandissait encore entre le Peuple et ceux qui le dirige. Et donc, il a choisi de dynamiter la Cour, en prenant le risque de se voir assimilé à Marine Le Pen, ce qui n’a pas manqué d’arriver.

Même si j’ai fait davantage preuve de prudence que lui, je me sens aujourd’hui plus proche de Benoît Hamon que d’Henri Guaino[7. Avec qui je me sentais si en phase lorsqu’il critiquait l’aveuglement des élites], lequel parlait sur France 2 de « polémique indigne » à propos de l’affaire Mitterrand. Trouve t-il indigne que le Prince qu’il conseille donne des missions à Jack Lang, l’accusateur public de mari de directrice d’école innocent ? Il est aussi passé de l’autre côté, Guaino.

C’est triste.

8 commentaires

  1. le début de tout cela???
    l »aire sarko,sa garde rapprocher,ses faux-amies
    du bling-bling
    le peuple en a marre,et tout cela va se payer aux prochaine élections
    comme président,il n »est pas a la hauteur,
    le france est malade,son président aussi,ou cela va t »il finir
    les taxes ,20,a ce jours,la TIPP plus la carbonne,et la tva vont miner le moral et le portefeuille du bon peuple
    je suis fort étonné que personne ne bouge?
    un pays,bizarre
    mais tout peut arriver

  2. Concernant Hamon qui ne possède pas les codes parce qu’il n’a pas fait l’ENA comme trop de membres bien placés du PS, je pense que lui aussi est dans cette logique de dynamitage généralisé.

    Comme je l’écrivais moi aussi, FM est aussi ce vieux pédéraste (mot honni aujourd’hui), seul, mal à l’aise, un peu pathétique mais toujours avec une certaine classe.

    Quant à Hidalgo, elle n’a jamais lu Balzac, Simenon et quelques autres qui nous ont éclairés sur ces zones sombres de l’âme humaine masculine. La virginité est un monopole des femmes.

    Pendant ce temps-là, la Marine de Guerre, dégomme à qui mieux mieux. Normal.

  3. Je partage en grande partie la teneur de votre article sur cette triste affaire FM tellement dans l’air du temps. Et votre malaise est aussi le mien.
    Malaise, devant le désarroi d’un vieux pédéraste rattrapé par des confessions sordides, révélations sur son mal vivre et ses souffrances. Malaise, devant cet énième épisode (Polanski – FM) du mauvais feuilleton déroulant l’histoire du mépris de la caste des pipoles, dont FM est un spécimen, pour le peuple ordinaire. Malaise enfin, devant les péroraisons mielleuses ou fielleuses des représentants politiques du Spectacle public qui tournent résolument le dos à l’exigence du mot Politique.

    Par contre, je ne vous suis pas, mais alors pas du tout, dans votre appréciation élogieuse de Benoît Hamon. Avoir été dans le camp du Non au TC n’est pas un gage absolu. L’homme n’est qu’un apparatchik comme tous les partis en produisent. Intriguant, opportuniste, son ambition dévorante ne s’embarasse d’aucune conviction solide. Son parcours encore récent en témoigne déjà mais nul doute avec lui que le meilleur est à venir.
    C’est aussi une des meilleures voix de ce parler « jeune » qui fait florès dans le milieu politique. Pas une phrase sans « aujourd’hui…dans ce pays… », syntaxe minimaliste, champ lexical en ruines. Décidément il me fait penser à quelqu’un. Pas vous ?

  4. C’est tout simplement le retour de bâton du bling-bling et de la « pipolisation ».

    Pour avoir voulu faire un « coup » en nommant F.M. au Ministère de la Culture (plus que les qualités de l’homme pour le poste, c’est l’aura du nom qui a été choisi pour séduire le peuple de gauche -qui ne sait pas forcément que F.M. est de droite), Sarkozy a oublié de prendre en compte la sensibilité des Français, celle qui trinque avec la crise et qui en a « ras-le-bol », celle qui ne comprend pas qu’on puisse faire un tel grand écart entre les paroles et les actes, entre un gouvernement qui propose la castration chimique des délinquants sexuels ou prépare une loi sur le tourisme sexuel, et un F.M. qui prône Hadopi et défend Polanski tout en ayant écrit « la mauvaise vie » (qu’ils découvrent aujourd’hui – 180.000 exemplaires vendus certes, mais plus sûrement parisiens que France ordinaire).

    Le mépris de F.M. devant ses détracteurs (M.Le Pen, B.Hamon, les internautes), son parti pris de « ministre des artistes » plutôt que celui du « ministre de la culture pour tous » ne peuvent que rebuter davantage les Français. Alors oui, haro sur le baudet !

  5. @ claribelle
    « son parti pris de ministre des artistes plutot que ministre de la culture pour tous……… »
    j’aurais bien rigolé sur ce coup là !
    si on dit « culture » c’est antinomique avec « pour tous »
    par définition
    ou alors faut modifier la teneur du mot « culture »
    enfin dans l’acception actuelle le mot « culture » reste congruent avec « des artistes » dans le sens « cénacle , appy few , caste »
    ou dit autrement , « culture » est en contradiction avec le terme « de masse »

  6. oui,c »est un artiste,
    d »ailleurs a son ministère ,le personnelle doit bien rire,
    JAUNE

    monseigneur a sur sa table,,,,une sonnette,,
    svp
    faut t »in en rire ou en pleurer
    a le C…….

  7. sans faire d’amalgame…..
    qui se ressemble , s’assemble ! et j’ajouterai
    dans la basse cour, des qu’n canard est attaqué tous les autres caquettent………..
    ha Lang de P……qui lui hait la solitude. a moins qu’il est lui aussi souffert de la solitude….au PS. et le petit Bertrand solitude du rejet de ses « frères »?
    Attendons que Sarko soit seul mais lorsque Cécilia l’a plaqué, les amis du showbiz se sont empressés de lui trouve une muse.
    Les « grands » hommes ne sont jamais seuls

  8. Il a été établi de source judicaire que FINAMA et GROUPAMA ont rendus des comptes falsifiés depuis 2005, trompant ainsi la confiance des marchés -et des actionnaires (en plus de violer les obligations de ces marchés régulés que sont la banque et l’assurance).

    Par une saisie officielle chez la banque FINAMA, GROUPAMA a été pris sur le fait à pirater des logiciels pour une valeur de $200 millions.

    La BEFTI (une brigade d’élite spécialisée dans la fraude informatique), chargée de l’enquête, a d’abord menacé la victime de la fraude afin de lui faire retirer sa plainte.

    Le Procureur de la République ayant classé le dossier « sans suite », la victime a demandé copie du dossier d’enquête.

    Quelle ne fut pas sa surprise de constater que la Police avait procédé à l’échange du constat d’huissier officiel par un constat d’huissier fourni par la partie mise en cause, efectué un mois après la saisie -et dans un établissement différent du lieu de l’infraction.

    Ce second constat d’huissier, sans valeur officielle, établissait bien évidemment l’innocence de GROUPAMA.

    En vertu du « SECRET BANCAIRE », GROUPAMA y demandait explicitement à la Police de limiter ses investigations à un établissement qui n’était pas celui de l’infraction officiellement constatée.

    Après avoir formé un recours devant le Procureur Général de Paris, celui-ci expliquait qu’il n’y avait « pas d’infraction constatée » et que, donc, le classement sans suite était maintenu.

    Outre la corruption des services de la Police, le fait que le Procureur Général ait couvert la falsification du dossier d’enquête en dit long sur le désir sincère du gouvernement de mettre un terme aux « dysfonctionnements » (malheureusement récurrents) de la justice en France.

    Tous les détails ont été rendus publics (la réponse négative du Procureur Général, le dossier d’enquête de la BEFTI, ainsi que le constat d’huissier non-officiel de GROUPAMA):

    http://remoteanything.com/archives/groupama.pdf

Répondre à Claribelle Cancel reply

Please enter your comment!
Please enter your name here