Un électeur sur deux s’est abstenu, Macron se dirige vers une majorité absolue
Il y a un mois, je participais à une foire du livre à Saint-Louis en Alsace. Sur mon roman figurait un bandeau rouge avec la mention « politique-fiction ». J’ai mis quelques heures à m’en apercevoir, mais le mot « politique » faisait fuir les visiteurs. Ils ne s’arrêtaient pas devant moi. J’ai enlevé le bandeau et, soudainement, tout a changé.
Il y a un mois, donc, au moment où Emmanuel Macron était investi de sa fonction, j’ai compris que mes concitoyens étaient saturés de politique et que la participation aux prochaines élections législatives risquait fort de battre un record à la baisse. « Donnons-lui sa majorité mais surtout finissons-en », ont donc semblé dire les Français hier, en accordant à son mouvement, La République en Marche (LREM), 32% des suffrages.
Les Républicains, premiers des autres
Comme prévu, le Parti socialiste (10%) ne devra la formation d’un groupe parlementaire qu’à la mansuétude du nouveau président pour certains de ses candidats. Le parti d’Epinay subit une hécatombe à côté de laquelle le précédent de 1993 ressemble à une promenade de santé. Son Premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis, et son candidat à l’élection présidentielle, Benoît Hamon, passent à la trappe (oui, je sais…).
Les Républicains, eux, se stabilisent et obtiennent un score (21,2%) au niveau de celui de François Fillon. Ce qui peut leur faire espérer une centaine de sièges la semaine prochaine. Du côté de la France insoumise, le résultat (10,9%) est mi-figue mi-raisin. Si le mouvement de Jean-Luc Mélenchon peut s’enorgueillir de supplanter largement le Parti communiste français (PCF), il lui faudra sans doute l’appui de ce même PCF pour former un groupe à l’Assemblée nationale.
Les abstentionnistes participent au trou d’air du FN
Le Front national subit un recul significatif (13,9%). Il y a quelques jours, un groupe parlementaire lui semblait même promis. Mais aujourd’hui, les projections ne lui donnent plus que 5 à 10 sièges la semaine prochaine. Une véritable catastrophe industrielle pour un parti dont la candidate a réuni 10,6 millions d’électeurs il y a cinq semaines. Dans de nombreuses circonscriptions, ses candidats subissent des pertes énormes. En Franche-Comté, la philippotiste Sophie Montel ne réunit par exemple que 24% des suffrages soit dix points de moins que lors de l’élection partielle de février 2015. De même, le « marioniste » Maurice Monnier réalise un score très faible (20%) dans la seule circonscription franc-comtoise qui avait donné la majorité à Marine Le Pen le 7 mai dernier.
Les électeurs du FN sont donc allés à la pêche en ce dimanche ensoleillé. A quoi doit-on cette démobilisation dans un électorat qui ne nous habituait au contraire depuis des années ? Le catastrophique débat télévisé d’entre-deux-tours continue-t-il d’infuser dans les têtes ? Le départ de Marion Maréchal-Le Pen, les contestations de la ligne Philippot et l’autonomie prise par ce dernier participent-ils aussi au doute, voire à la défiance ? On peut se permettre de le penser. Et lorsque Marine Le Pen reçoit une bonne nouvelle, comme son score flatteur dans le Pas-de-Calais (46%), c’est pour se rendre compte qu’elle va devoir quitter une présidence de groupe parlementaire à Strasbourg pour venir siéger parmi les non-inscrits au Palais-Bourbon. Quand ça veut pas…