Monsieur le Ministre,

Hier matin, réagissant à l’annonce de l’organisation d’un référendum en Grèce, berceau de la Démocratie, vous avez fustigé cette décision « totalement irresponsable » du Premier Ministre grec, Georges Papandreou. A vrai dire, je m’attendais, depuis lundi soir, à entendre de tels reproches en direction d’Athènes. Et d’ailleurs, vous n’êtes pas, depuis hier matin, le seul à tirer à boulets rouges sur ces mauvais coucheurs héllènes. Ce qui m’étonne, en revanche, c’est que cela vienne de vous.

Il y a près de vingt ans, François Mitterrand décidait lui aussi, le lendemain de la victoire du Non au Danemark, de consulter le peuple français à l’occasion de la ratification du Traité de Maastricht créant une union monétaire en Europe. Derrière Philippe Séguin et Charles Pasqua, duquel vous fûtes proche, vous vous engageâtes dans la campagne pour le Non. Vous souvenez-vous de l’affiche que nous collâmes alors sur tous les murs de France dans la chaleur de l’été ? Il claquait, ce slogan, inspiré de Paul Eluard : « Liberté, je chéris ton NON ». Cette bataille, nous la perdîmes ensemble. Et nous le fîmes avec d’autant plus d’élégance que nous ne fûmes pas épargnés pendant la campagne. Tel président de la commission européenne nous intima de « changer d’attitude ou de quitter la politique » ; tel autre, directeur d’un grand journal du soir, nous menaça, au cas où le oui ne l’emporterait pas, « de la pire catastrophe depuis l’accession au pouvoir du chancelier Hitler » ; tel chroniqueur et éditorialiste en place depuis vingt ans, et toujours de service le matin sur RTL, expliqua que le référendum était dangereux en ce sens qu’il donne, sur des sujets aussi complexes, la même voix aux non-diplômés -le monsieur est poli, il ne prononce pas le mot « cons »- qu’aux classes éclairées. Ainsi, vous retrouver aujourd’hui sur la même ligne ne laisse pas de décevoir.

Consulter le Peuple, donner l’occasion au Peuple français de se prononcer sur son destin, c’était ainsi déjà irresponsable. Le refaire, en 2005, l’était donc tout autant. C’est l’avis de Nicolas Sarkozy qui goûte moins le recours à la démocratie directe que Charles Pasqua et Philippe Séguin hier, Charles de Gaulle avant-hier. Il est vrai que l’actuel président conserve un mauvais souvenir de ce genre de consultation. En 2003, il organisa un référendum sur l’évolution institutionnelle de la Corse. Alors que son projet était soutenu par l’UMP, le PS et les séparatistes, il vécut un cuisant échec. Ainsi, passer sur l’avis de ce foutu suffrage universel est devenu une ardente obligation : le traité de Lisbonne qui reprend 95 % de la substance d’un texte refusé par la majorité du Peuple français, ainsi que l’a reconnu l’auteur dudit texte, l’ancien président Giscard d’Estaing, fut donc approuvé par les parlementaires réunis en congrès, avec votre bénédiction. Et vous continuez pourtant à vous auto-proclamer gaulliste,et, pis, gaulliste social, alors que le respect des décisions référendaires constituait l’alpha et l’oméga de toute la pratique institutionnelle du Général de Gaulle.

On a ainsi passé outre les résultats du Peuple -ou on l’a fait revoter jusqu’à ce qu’il finisse, par lassitude, à répondre oui, comme en Irlande- et il était bien entendu qu’il faudrait recourir au minimum à ce dangereux suffrage universel. Populiste, le référendum, pleurait de rage hier matin le constitutionnaliste Dominique Reynié. Que cela vienne de lui, on le comprend. Il s’enorgueillit de faire partie des « sachants ». Mais de vous, Christian Estrosi ? Vous vous plaignez assez des sarcasmes dont vous êtes victime à propos de votre manque de diplômes, du mépris qui vous frappe lorsqu’on vous surnomme le « motodidacte ». La démocratie, le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, suppose que notre voix à tous, pèse du même poids, que nous soyons polytechnicien ou technicien de surface. Le suffrage universel, indissociable de la démocratie, suppose que le plus humble d’entre nous puisse accéder aux plus hautes fonctions. Ce miracle de la Démocratie a notamment permis à un homme, ne sortant d’aucune grande école puisqu’il avait quitté le lycée pour s’adonner à sa passion motocycliste,  de devenir ministre de l’industrie de son pays ou de diriger la cinquième ville de France.

C’est ce miracle, Christian Estrosi, que vous refusez lorsque vous qualifiez d’irresponsable le recours aux suffrages du peuple grec, tournant ainsi le dos non seulement au militant que vous avez été, mais à l’homme que vous êtes.

10 commentaires

  1. Estrosi est comme de nombreux politiciens de tout bords des irresponsables
    bizarre que DD ne rappelle pas,l-histoire du jet priver,,,
    AU FRAIS DU CONTRIBUABLE
    ou ,je me marre,se sont tout c-est gens barder de diplomes,,
    QUI A RUINER le pays
    entourer d-,éconnomistes,conseilles,hauts fonctionnaires;
    M FILLON dit,,,je dirige un pays en faillite ?
    beaucoup de petit chef d-entreprises ,possède peut de diplomes,,
    mais s-ils avait fait les conneries des politiciens de tout bords,et de leurs conseillés et experts économiques,serait DEVANT la justice,,,,,
    EUX,ne risque RIEN
    pour être ministre,,il faut pas forcément être compétant,,EX M BACHELOT
    ou M LONGUET,,,je vais lui casser la gueule ,ou SARKOZY m-a pris pour un Con,ou M LEROY,,30 ans communiste,,,lui,franchement,,un pantin
    j »ai toujours dit,qu-en six mois,de nombreux politiciens coulerais ma petite entreprise,
    alors ,le vote de nos concitoyens
    parlons sans langue de bois;
    il faut le votre obligatoire,reconnaître le bulletin blancs,la proportionnelle,et comme les Français sont des veaux,
    tout politiciens,condamnés pars la justice,INTERDICTION a vie de se représenter
    ,les veaux en ont marre de se faire plumer,,mais,,,,il est trop tard,,
    les dettes sont énormes,les intérets sont le premier budget du pays,gauche-droite sont incapable de couper ou il faudrait,,,au contraire,30 ans a distribuer du pognons qu »ils empruntent,,
    l »immigration,,,c-est l »invasion,,,d »éthiopiens,somaliens,tunisiens,roumains,algériens,libyens,
    Angers,,la goutte d »eau du maire socialiste,,ma ville ou je suis né ,et ma famille,réside,
    a force d-accueillir, toute la misére du monde,,GRATUITEMENT,,
    arrive plus de 800 familles et les enfants,d »éthiopie,de somalie,,la goutte qui fait prendre conscience au maire,,
    comment c-est gens arrive,, LA ?
    le bouche a oreille,et oui,,c-eux qui y sont leurs disent de venir en FRANCE
    qui, a le courage de le dire, chez nous, la droite molle ou la gauche caviar,
    PERSONNE
    la SEUL,,M LEPEN ,pour beaucoup d-hypocrites,ils n-ose pas aborder le sujet,,
    lisez le discours de responsables Australien sur les fanatiques musulmans,,les femmes en on vraiment,,si,si
    alors,vu les événements,qui arrive a grand pas,
    se sera en 2012 HOLLANDE-LEPEN
    faut pas avoir fait HEC ,polytechnique,l-ENA , pour le savoir,il suffit d »écouter le peuple

  2. Vous auriez du économiser votre encre pour les grecs:
    Le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, annonce que la Grèce abandonne officiellement l’organisation d’un référendum sur le plan de l’Union Européenne.

  3. merci pour cet article!

    les pauvres gens de l’UMP ne réfléchissent plus,

    ils obéissent à leur pathétique président , petit,petit,petit…

  4. @ DD
    Ce qui est scandaleux c’est de faire perdre du temps à des dirigéants européens eux elus par le peuple aussi et puis en douce leur planter un couteaux dans le dos avec le référendum, il fallait le dire avant.

  5. C’est bien Fiorino. Je vous laisse avec Sarkozy et son superbe accord suspendu au bon vouloir du PC chinois. Et à la douce dictature qui s’impose et dont les élus-par-le-peuple ne sont que les relais dociles.

  6. Ce que l’on oublie de dire, c’est que nos élus le sont sur un programme. Et que malheureusement, ils ne le suivent pas. Donc, nous devrions les renvoyer à leurs propres affaire puiqu’ils nous ont menti.Leur élection devient caduque. Le réferendum est nécessaire donc sur les grands sujets, puisque nos »chers » élus ne se soucient que leurs propres intérêts. Quand à leurs paroles, ce sont des propos de vils coquins.Qu’en font-ils de ces fameux « peuples » qu’ils mettent à terre avec une si formidable arrogance lorsqu’ils déplaisent, mais qu’ils caressent (dans le sens du poil!) lorsqu’ils en ont besoin pour se faire élire.

  7. Tiens ? Estrosi serait donc allé à la gamelle européiste? Ah, par exemple ! Merci DD, j’avais oublié que ce pantin avait milité pour le non en 1992.

  8. On se demande où est la cohérence chez Estrosi.
    DD rappelle qu’en 1992, il était hostile au traité de Maastricht.
    Mais, dans une récente émission « mots Croisés » sur France 2 (avec Jérôme Cahuzac, Marine Le Pen, Philippe Dessertine et Jacques Sapir), Estrosi s’était mué en defenseur inconditionnel de l’euro (pour contrer systématiquement Marine LP).
    Et il cumula les inepties. Il déclara même qu’une éventuelle dévaluation entrainerait une hausse des importations, ce qui provoqua une réaction de Sapir : « vous révisez toutes les théories économiques ».

    Quelques jours plus tard, il faisait cette déclaration incongrue contre l’idée de référendum en Grèce.

    Plus tard encore, il était invité sur RMC (Bourdin). J’allais changer de radio puis je me suis ravisé : quelle sottise allait-il encore nous « sortir » ?
    Et bien, cette fois-là, j’aurais pu l’applaudir.
    Il se prononçait pour une politique de réindustrialisation, de lutte contre les délocalisations, pour une forme de protectionnisme européen. Il disait se différencier du courant libéral de l’UMP (il critiquait ouvertement Copé).

    Il disait qu’il fallait se protéger contre le dumping de certains pays asiatiques dont la Chine.
    Bravo, M. Estrosi. Mais, c’est drôle d’entendre cela au moment même où son « patron » (Sarkozy) n’hésite pas à mendier l’argent de la Chine.

  9. DD fait allusion à Dominique Reynié.
    Ce personnage est insupportable de suffisance.
    Il fait partie de la cohorte de bien-pensants (avec Dessertine, Cayrol et d’autres) omni-présents dans l’émission « C dans l’air » sur France 5.

    Récemment, Natacha Polony était aussi invitée dans cette émission. Manifestement, c’était trop pour Reynié : cette « empêcheuse de tourner en rond » allait troubler le ronron bien-pensant des autres participants (dont un trader : cette « profession » parasitaire qui a conduit le monde au bord de l’abîme trouve 1000 fois plus de grâce aux yeux de Reynié qu’un « affreux » souverainiste).

    Reynié était insolent. Quand Polony intervenait, il demandait à l’animateur si on pouvait argumenter, sous-entendant que NP n’argumentait pas.
    Lorsqu’elle montrait que le plus important en économie, c’est la puissance industrielle, il prétendait que « ça n’avait rien à voir ». Comme si le combat contre la dette et les déficits n’était lié qu’au monétarisme.

    Reynié ne supporte pas la présence de gens qui ne pensent pas comme lui.
    Il ne supporte pas non plus ni le peuple (sus au « populisme »), ni même les parlementaires.
    Récemment, avec l’argument selon lequel « l’économique va plus vite que le politique » (il amalgame « l’économique » et les « marchés financiers »), il se prononçait pour un retour aux décrets-lois.
    Rappelons que cette méthode (qui permettait de zapper le parlement) fut utilisée en 1935 par le gouvernement Laval. C’était pour pratiquer une politique de déflation qui se révéla catastrophique pour l’économie et pour l’emploi. Comme la politique déflationniste du chancelier allemand Brüning (1930-1932) pratiquée souvent sans consulter le Reichstag avait été calamiteuse pour son pays.

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