Monsieur Plenel,
Je viens de lire votre tribune dans mon hebdomadaire préféré et vos leçons à vos confrères m’ont laissé sur le cul. Le vôtre, de cul, gagnerait à être propre lorsque vous grimpez ainsi au cocotier, selon la célèbre formule.
Vous accusez, vous pointez du doigt, vous mettez en garde tous les journalistes contre l’indifférence, la collusion ou la complicité qu’ils pourraient entretenir avec Nicolas Sarkozy. Vous les suppliez de faire leur devoir. Mais à ce sujet, avez-vous toujours fait le vôtre ?
Il se trouve que les livres, ou que la mémoire tout simplement, existent. Et je me souviens, justement, d’un Edwy Plenel dans les années 1993-1995, directeur de la rédaction du Monde, qui entretenait les meilleures relations avec ceux qu’il fustige aujourd’hui. Je me souviens de la campagne éhontée du journal du soir que vous dirigiez pour le candidat Balladur et ses comparses Bazire et Sarkozy. Je me souviens du néologisme qu’on avait accolé au quotidien de référence : trosko-balladurien ! Vous étiez alors associé à quelqu’un dont Médiapart fustige aujourd’hui justement les errements, le trop célèbre Alain Minc. Ce monsieur était déjà le même il y a quinze ans. Le double jeu de ce triste personnage, que vous dénoncez aujourd’hui avec force, il existait déjà. Seulement voilà, c’était pour la bonne cause, celle que vous défendiez pour des motifs idéologiques que je n’aborderai pas ici tant elles ne méritent pas un simple billet mais un livre entier[1. Sur cette période, on peut se reporter à La face cachée du Monde de Pierre Péan et Philippe Cohen – Editions des Mille et une nuits -février 2003].
Quinze ans, me direz-vous, c’est une éternité en politique. Peut-être le regrettez-vous. Peut-être pas. Toujours est-il qu’il peut paraître injuste de ne pas vous accorder la prescription. Les hommes, après tout, peuvent changer.
C’est donc à propos du Traité de Lisbonne que ma colère -oui, ma colère- vous vaut cette interpellation. Car le silence de la presse sur cette forfaiture, ce coup d’Etat simplifié, vous y avez bel et bien participé. Le Peuple avait dit NON trois ans plus tôt au même texte. On le remaquille ; on lui donne le faux nom de Traité simplifié ; on le fait voter par les parlementaires ; et la Presse française la ferme, vous compris. Pas par amitié pour Nicolas Sarkozy, bien sûr. Vous n’émargez pas au Figaro. Mais pour prendre avec lui, et grâce à lui, votre revanche sur le Peuple, ce peuple si xénophobe, raciste, nationaliste et étroit comme vous aimez tant le décrire. Ce peuple qui avait si mal voté et qu’il fallait censurer. Il est là le plus gros péché du Président de la République contre la Démocratie. Le fait de nommer les dirigeants de l’audiovisuel public en conseil des ministres, l’affaire Pérol, vos chevaux de bataille, que j’ai moi-même contestés aussi sur ce blog, constituent de véritables broutilles à côté de ce viol de la démocratie auquel vous avez participé par votre inaction et votre lâche soulagement.
Alors aujourd’hui, lorsque vous prenez vos airs supérieurs devant vos anciens compagnons de route idéologiques tel Philippe Val en leur enjoignant de ne point céder aux invitations de l’Infâme, on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il y a quelque part quelque jalousie que de telles gamelles ne vous soient pas proposées à vous, pourtant si méritant.
Pauvre Plenel, sans plus aucune gamelle.
Parce qu’il a faim, il change de ritournelle.
Dur de ne plus vivre dans soie et dentelle.
Mais, ça rime, bon gu !!!
Excellent,David!
Ca me fascine moi ces donneurs de leçons qui n’ont jamais honte de rien…
de toute façons,c »est toute la société qui est malade,
qui peut se regarder dans la glace dans ce monde politique ou ailleurs
tout n »est fait que de mensonge,de traîtrise,ect ect
alors,lui et autres,,,,,,
personne n »a plus confiance en personne
Lumineux !!!