Depuis les élections européennes, le PS démontre à quel point il souhaite éliminer toute chance, même sur un malentendu, d’emmener un ou une des leurs à l’Elysée en 2012.

Gagner les élections européennes ne garantit pas un bon résultat aux présidentielles trois ans après. Ainsi, Hollande remporta celles de 1999 et Jospin fut devancé par Le Pen un certain 21 avril. De même, le PS fut encore en tête en 2004 avant de laisser Nicolas Sarkozy prendre l’Elysée en 2007. Tout cela démontre bien que les élections européennes ne figurent pas au rang d’indicateur fiable pour l’élection majeure suivante.

Afin d’éviter ce « jamais deux sans trois », tout le monde s’y met. On a commencé par toutes les candidatures possibles et imaginables à la candidature présidentielle. Valls, qui se compare à Obama au JT de France2 ; Hollande, qui s’est relouqué ; Fabius, qui rappelle qu’il est toujours là ; Royal, tapie dans l’ombre ; Et Moscovici, dont la moindre qualité n’est pas de représenter le département du Doubs[1. C’est une qualité. Et moi, j’ai un défaut, celui d’être chauvin] à la Chambre. J’en oublie ? Benoît Hamon ? S’il n’a pas fait acte de candidature à la candidature, ce qui aurait pu m’échapper dans ce tourbillon, il doit bien y penser. Montebourg ? Lui, il nous rejoue « Charlie et les Primaires ». Rappelez vous Charles Pasqua qui souhaitait il y a quinze ans importer les primaires d’outre-atlantique pour départager Chirac et Giscard puis Balladur et Chirac ! En fait, c’était une idée pour qu’un autre finisse par s’imposer. Un type avé l’assent marseillais par exemple… Arnaud Montebourg fait davantage Parisien de Louhans, mais il peut tenter quand même, non ?

En fait, la seule qui n’ait pas encore eu le temps de penser à la présidentielle, c’est la seule qui aurait dû y penser, à savoir la première secrétaire. Assez occupée à tenter de boucher les trous dans la coque du bateau socialiste, elle a néanmoins eu une idée de com’ du tonnerre la semaine dernière. Mar-cous-sis ! Du collectif rugbystique au menu des socialistes ! Se rendre au centre national d’entraînement du Quinze de France pour renforcer la solidarité parmi les membres du PS, en voilà une idée qu’elle était bonne… Et la Martine qui, l’oeil malin, en remet une couche dans la métaphore sportive devant les caméras : »renforcer le pack socialiste dans la mêlée »… Et tout cela au milieu des candidatures qui se multipliaient. Sarkozy devait être plié en deux de rire devant son poste de télé. Pour un peu, il aurait certainement envoyé Bernard Laporte, aujourd’hui libre de tout engagement, leur lire la lettre de Guy Mocquet en ouverture de travaux. Et en conclusion, ses incantations hurlées : »pas de fautes, les socialistes, pas de fauuuuuutes ! »

Et il y a la cerise sur le gâteau, posée hier par Jean-Marc Ayrault. Il s’adresse à Daniel Cohn-Bendit et lui demande « de faire attention ». Il appelle à des listes uniques de la gauche dès le premier tour des régionales. L’autre ne se laisse pas impressionner, vous pensez bien. Et renvoie le maire de Nantes, à peu près aussi inspiré que le Football-Club du même nom cette saison, dans ses buts : »Que le PS arrête avec son paternalisme et qu’il arrête de nous casser les pieds ! » Je t’explique, Monsieur Ayrault. Quand on a un tout petit avantage, pour le moins, dans les régions avec les présidents sortants face à un ensemble vert, moins bien organisé pour ce type d’élection que pour les élections européennes, on se prépare gentiment, et dans le silence, à blinder son premier tour. Et ensuite, quand les autres sont ramenés à 8 %, on négocie en position de force. Si on veut négocier avant, quitte même à lâcher quelques têtes de liste au passage et susciter des dissidences à l’intérieur même du PS, c’est qu’on a pas confiance en soi et qu’on a peur de se prendre une branlée. Et on ne donne pas spécialement confiance à l’électeur. Du coup, c’est Cohn-Bendit qui joue maintenant cette partition, tellement il devient persuadé que les socialistes sont des nullards.

Alors distrayant ou insoutenable, ce hara-kiri socialiste ? Je suis bien en peine de me prononcer. Parce que, tout de même, il y a la crise, dont nous n’avons sans doute pas vu le pire. Et parce qu’à ce train là, on risque fort de se taper Sarkozy cinq ans de plus. C’est pourquoi, au bout du compte, j’ai moins envie de rire que de leur botter le derrière.

12 commentaires

  1. Ce parti n’existe plus que virtuellement depuis le referendum de 2005. Il n’est plus qu’une persistance rétinienne et médiatique. Tu y crois toi, à un parti qui fait coexister Strauss-Khan et Hamon?
    Donc, cher David, je te parie une bouteille d’Apostrophe bien fraîche que de sérieux transferts dans les mois à venir sur le FDG et notamment au PG vont avoir lieu. Que même nous, au PCF, faudrait voir à récupérer aussi du monde.

  2. C’est aussi une persistance financière. Le tas d’or de la décentralisation existe. Et c’est lui en plus que l’escroquerie du financement public des campagnes (la loterie pour les organisateurs de la loterie, selon le bon mot d’Abitbol) qui retient tout ce petit monde. Effectivement, si le tas d’or diminue ne serait-ce que de moitié en mars prochain, cela pourrait partir dans tous les sens.
    Je pense donc que tu as raison mais avec 8 ou 9 mois d’avance. Et Edgar Faure disait qu’avoir raison trop tôt est un grand tort. 😉

  3. de toute façons,dans TOUT les parties,les adhérents sont en forte diminutions,
    et vu le spectacle lamentable des politiciens de tout bords,
    il y a du mourrons a se faire
    sarko pour 2012,c »est foutu,
    il y a temps de gens a droite surtout,qui en on marre de ces conneries,
    reste DSK,et oui?
    même la droite voterais pour lui,,,et toute la gauche ne pourrait que se réjouir,
    il a de grande chance de gagner en 2012
    lui seul peut faire un consensus nationale,
    un pays ruiner,des dettes énormes,un peuple qui doute,
    c »est la chienlit assurer

  4. Epinay ! Epinay ! Voilà ce qu’il faudrait pour le PS mais qui pour le casting ? Il n’y a pas grand chose à proposer.

  5. A Michel: cela ne dédouane pas le PCF de ses scores électoraux très faibles au niveau national, mais en vérité, je vous le dit$s, nous restons un vrai parti de militants, 85000 à jours de cotises, et si ce n’était pas le cas, comment qu’on ferait, hein, pour organiser la fête de l’Huma, à laquelle j’invite cordialement David et les gaullistes auldescoules pour venir me voir au village du livre et aller boire des canons au stand des camarades de La Terre, (un journal qui ne ment pas) et qui est le dernier hebdo communiste rural (ancien directeur, dédé Lajoinie, député de l’Allier)

  6. On pourrait dire, si l’on ne connaissait pas votre grande humanité, que vous aimez tirer sur les ambulances, cher David ! Et je trouve que, pour une fois, il faut tirer sur cette ambulance, il faut la pulvériser, la bazooker ! Qui trouve-t-on à l’intérieur ? Que des nuisibles ! Des gens gavés d’honneurs et de charges, des gens d’appareil, qui ne se réjouissent qu’à l’idée du prochain «coup»…
    Pauvres militants socialistes, braves gens ! Pauvres orphelins !
    À propos de DSK : c’est curieux mais, cet homme, je ne lui vois pas un «destin national». Et puis, vous le voyez affronter Sarkozy ? Il n’a plus d’espace, en France. La social-démocratie a passé son tour.
    Ce sera donc Sarkozy contre Sarkozy : «Je vous le dis ; je n’ai pas terminé mon travail. J’ai besoin de vous. Je vous le dis comme je le pense, il nous reste tant de choses à faire ensemble, pour la France. Nous avons fait beaucoup mais, je vous le dis ce soir, aidez-moi ! Aidez-moi à en faire plus pour notre pays, pour notre peuple. Nous nous relevons à peine, et vous voudriez que je laisse tomber ? (la foule : «Nooooooon !»). Vous voudriez que j’abandonne ce pays, votre pays, notre pays à des gens qui ne sont même pas capables de se mettre d’accord entre eux ? (la foule : «Nooooooon !»). Le moment n’est pas venu, pour moi, de vous laisser entre d’autres mains ! Je ne le ferai pas, soyez-en-sûr ! (la foule «Ouiiiiiiiii!»); Vous pouvez, vous devez me demander d’en faire plus, parce que, voyez-vous mes chers amis, je n’en ferai jamais assez pour la France ! Je vous le dis : je veux partir avec le sentiment d’avoir accompli ma tâche, toute ma tâche ! Je ne partirai qu’après, si vous le voulez bien (la foule : «Ouiiiii»). Mais après, alors, oui, mes chers amis, je partirai ! (la foule : «Noooooooon !»)

  7. Le Parti Socialiste est certes mal en point, à un avenir incertain, une ligne politique impossible, mais il existe encore.

    Il y a-t-il des militants socialistes ( motion HAMON-EMMANUELLI notamment ) qui quittent le Parti ? Certainement, mais ils ne rallient pas en masse le F.D.G. ou le P.G.. Ils font comme tout militant sincère qui quitte son Parti : il se retire de la vie politique.

    Critiquer le PS actuellement est facile, mais je pense que l’Union de la Gauche avec le PCF, le MRC et le PG se fera aux Régionales.

    P.S. : JL, La Terre un journal qui me rappelle mes grandes vacances chez mes grands-parents abonnés à l’hebdomadaire et adhérents au MODEF.

  8. @Lejeun et Patrick

    Le Parti Socialiste n’est pas une ambulance et il existe encore, effectivement, parce qu’il a un nombre impressionnants d’élus, qu’il gère 20 régions sur 22, plus de la moitié des départements et de nombreuses villes.

    Et c’est ça qui est malheureusement l’assurance-vie de la droite sarkozyenne. Car les élus n’ont aucun intérêt de voir leur parti gouverner le pays et perdre ensuite leurs mandats dans des élections intermédiaires devenues davantage périlleuses.

    C’est pourquoi la chance de la gauche -je dis bien la gauche et pas le PS- serait de prendre une volée aux régionales afin le Parti éclate vraiment en deux pôles, l’un se rapprochant des verts et du Modem, l’autre du Front de gauche. Ces deux pôles seraient cohérents et en deux ans, Sarkozy serait enfin en danger.

  9. Les deux pôles dont tu parles dans les commentaires, David, correspondent parfaitement aux inconscients collectifs, systèmes familiaux, dont parle Todd. Si la gauche émerge rapidement, est-ce que ce n’est pas les gaullistes qui risquent de ne pouvoir se développer?
    PS: je ne trouve vraiment pas que tes derniers textes sentent le besoin de vacances.

  10. Cher David, votre rappel des bastions régionaux du PS, en apparence nombreux et puissants, ne me convainc pas. Il faut, pour gouverner cet ensemble, un appareil puissant, indiscuté. Or, l’appareil se dissout dans la dispute, les centres du pouvoir et d’influence sont désormais éclatés. Mme Aubry n’a même plus l’apparence de l’autorité. Accaparée par le souci de conserver sa propre mairie, elle ne vient pratiquement plus rue de Solférino. M. Cohn-Bendit se détourne avec ironie de la main tendu du parti des socialistes, refusant de la saisir, non seulement pour le saluer, mais pour le sauver de la noyade… Tiendront-ils longtemps ainsi ?

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