Vous préférez la diffamation ou l’exclusion ?
Deux hommes politiques. Deux hommes politiques de gauche qui se détestent. Mais deux hommes politiques qui se sont illustrés cette semaine par un comportement absolument minable.
Pierre Moscovici est ministre des Finances de la cinquième puissance économique mondiale, comme il le répétait toutes les dix minutes lundi soir sur le plateau de Mots croisés alors qu’il débattait avec Marine Le Pen. Pierre Moscovici connaît très bien l’économiste Jacques Sapir car, comme ce dernier l’explique sur son blog, son père Serge Moscovici le fréquentait.
Pierre Moscovici sait donc d’où vient Sapir et ce qu’il pense. Mais, aussi médiocre débatteur que ministre, mis en difficulté, il a d’abord expliqué qu’il ne savait pas où situer ce partisan du démontage de l’euro : « à l ’extrême droite ou à l’extrême gauche ? », avant d’assurer : « il est bien d’extrême droite ».
Moscovici se rapetisse à vitesse grand V. Petit monsieur. Très petit monsieur. Incapable de faire face à la patronne du Front National, à laquelle il ne sert pas le même qualificatif, il n’hésite pas à salir un économiste qui a le tort de prôner la sortie de l’euro.
Le débat sur le démontage de l’euro ne doit pas être interdit, titrait pourtant Marianne vendredi dernier, qui publiait un excellent dossier complet sur le sujet. Pierre Moscovici feint de penser qu’un économiste qui défend cette solution doit forcément être classé à l’extrême droite. Rendons hommage à Yves Calvi qui a remis l’église au milieu du village en replaçant Jacques Sapir dans sa famille politique d’origine.
Jean-Luc Mélenchon, l’avant-veille, avait donné une bien meilleure image de la politique. Invité par Laurent Ruquier, à l’aise et sympathique, il avait même reconnu ses imprécisions passées sur les dossiers économiques, notamment sur la monnaie européenne. Interrogé par Aymeric Caron sur ses relations avec Serge Dassault, il avait expliqué que les sénateurs, a fortiori au sein du même département, se tutoient et peuvent très bien et entretenir des rapports cordiaux, voire plaisanter de temps à autres. On le croyait volontiers. Jusqu’à ce qu’on apprenne le retrait de l’investiture de Maurice Melliet pour l’élection municipale de Périgueux. Le crime atroce de ce militant du Parti de Gauche : avoir bu l’apéro avec Yves Guéna, 91 ans, compagnon de la Libération et ancien ministre gaulliste. Il paraît qu’il ne faut pas donner l’impression aux électeurs de se compromettre avec l’adversaire. La bonne blague ! Il ne les prendrait pas pour des cons, les électeurs, Jean-Luc Mélenchon ?
Non, il s’accorde simplement des passe-droits qu’il ne tolère pas chez ses ouailles. Le militant doit être discipliné et doit continuer à considérer le vieux Guéna comme un ennemi de classe. Mais le chef peut ripailler avec n’importe quel type de droite sous le regard des caméras. C’est ça, sa VIe République ? On va peut-être garder la Ve, du coup !
Pierre Moscovici et Jean-Luc Mélenchon ne s’aiment pas. Jacques Sapir et Maurice Melliet, eux, j’en suis certain, pourraient bien s’apprécier. Et moi je bois à leur santé à tous les deux.
A l’attaque du nain Moscovici contre Jacques Sapir, il faut ajouter celle de l’ineffable Colombani. Lire à ce sujet l’article de Sapir sur son blog « Russeurop ».
Les européistes emploient toujours la même méthode depuis 1950 : salir tous ceux qui n’adhèrent pas à leur chimère supranationaliste ! Il en allait de même autrefois avec le général de Gaulle et Mendès-France « coupable » d’avoir éjecté la CED, ce dont on lui sera éternellement reconnaissant.
C’est le signe que les choses deviennent sérieuses : ces messieurs sentent la chimère s’évanouir, alors ils vont aller jusqu’au bout dans l’ignominie et jusqu’à la dictature, comme en Grèce !
Concernant Moscovici, c’est une fois de plus la déroute intellectuelle du PS.
La plupart des dirigeants de ce parti n’ont plus qu’un seul argument contre ceux qui pensent différemment : « vous êtes d’extrême-droite ».
Et puisque Sapir (qualifié dans le site « Réveil Communiste » « d’économiste progressiste ») est assimilé à l’extrême-droite, Moscovici ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
Il devrait ajouter Chevènement, partisan du retour à la monnaie commune (donc plus unique), Jacques Généreux (économiste du Parti de Gauche) et même Mélenchon qui semble (quoiqu’avec lui, on est toujours sceptique) avoir évolué sur le sujet de l’euro.
Il est vrai qu’il y a un an, quand Mélenchon avait dit à propos de Mosco « Il ne pense plus en français mais en langage de la finance internationale », il fut accusé d’être quasiment antisémite par Aphatie, Quatremer et Harlem Désir.
Décidément, ces gens-là souhaiteraient un fascisme dominant qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.
J’ai aussi été effaré par l’affaire Melliet.
C’est l’inévitable Martine Billard « co-présidente » (ne riez pas) du PG qui est montée au créneau.
Mais, je serais surpris (comme DD) qu’elle se soit permis cette ineptie sans l’accord du seul vrai patron de son parti : Mélenchon.
Martine Billard ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin.
– D’abord, elle devrait rompre avec le PCF.
Explication : ancien lecteur de « l’Humanité », je me souviens que lors du traité de Maastricht, l’organe central du PCF (comme on disait à l’époque) avait largement ouvert ses colonnes à Yves Guéna, hostile à ce traité (1).
– Bien sûr, si le PG sanctionne Melliet, il devrait aussi sanctionner Mélenchon. Pour ce qu’a écrit plus haut DD. Mais, aussi pour être allé à la remise de la légion d’honneur de Patrick Buisson (conseiller de Sarkozy, ancien d’extrême-droite) (2) et enfin pour avoir dîné avec Henri Guaino, sous la houlette d’Éric Zemmour.
Décidément, avec Mélenchon on ne sait jamais où on va.
On vient juste de l’apprécier (évolution sur l’euro, critique des 11 députés du Front de Gauche qui ont voté pour la charte sur les langues régionales et félicitations aux 4 qui ont voté contre) qu’il nous déçoit immédiatement sur un autre sujet.
(1) Il est vrai que c’était avant le revirement du PCF sur l’Europe en 1997, dont parle Aurélien Bernier :
http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-1997-le-pcf-renie-ses-positions-hostiles-a-europe-cedant-a-l-ultimatum-du-ps-pour-entrer-au-gou-122394072.html
(2) Jean-Jacques Bourdin qui l’avait interrogé sur ce fait lors de la campagne de 2012.
Je pense que Mélanchon va évoluer sur la sortie de l’Euro. pour ce qui est de l’affaire Melliet, on ne peut que regretter les vieilles méthodes staliniennes. Le problématique de Mélanchon, c’est le PCF
La problématique, est-ce le PCF ?
Si c’est l’opportunisme de ce parti qui est visé avec cette phrase, je suis d’accord (cf ce que j’ai montré plus haut sur 1997, cf aussi ses alliances avec le PS aux municipales).
En revanche, si le PCF est l’organisation la plus importante du Front de Gauche, c’est pour des raisons historiques. C’est la force d’inertie : pendant mes 10 premières années de vie, le PCF était le premier parti de France (entre 25% et 28%), il avait encore 20% à la fin des années 70 et autour de 10% à la fin du XXe siècle.
Mais, ce n’est plus une organisation dynamique, c’est l’ombre de lui-même..
Concernant Mélenchon, depuis qu’il a quitté le PS c’est « Dr Jekyll et Mr Hyde ».
Dr Jekyll ? Quand il parle comme « un Chevènement bis ». Son évolution actuelle sur l’euro va dans ce sens.
Mr Hyde ? Quand il joue à « plus à gauche que moi tu meurs ». Quand il cherche les alliances avec Besancenot ou avec des EELV. Là, c’est l’excès de langage, le sectarisme, le soutien à des positions « bobos » sur le plan sociétal.
Son côté « Mr Hyde » m’avait ulcéré lorsqu’à l’été 2010, invité des GG sur RMC, face à la conductrice du bus brûlé à Marseille en 2006 (une jeune avait été atrocement brûlée), il avait soutenu la libération anticipée des 2 individus qui avaient commis cette monstruosité (leur jeunesse n’était pas une excuse).