BHL est inépuisable. Le plus célèbre admirateur de Jean-Baptiste Botul est reparti en tournée pour vendre ses derniers livres. Comme d’habitude, il est invité partout. Même mon hebdo favori lui a consacré un entretien de six pages. Dans Marianne, Eric Conan, Nicolas Domenach et Alexis Lacroix lui ont donné l’occasion de désigner, de sa vindicte habituelle, l’Adversaire.
L’Adversaire de Bernard-Henri Lévy, c’est le souverainiste. Et le souverainiste est un pétainiste. Les deux porte-drapeaux en sont Henri Guaino et Jean-Pierre Chevènement. Amen. Autant dire que, selon la définition béhachèlienne, le rédacteur de ce blog, votre serviteur, est un souverainiste donc un pétainiste. Le MRAP a déjà étiqueté Causeur à la droite extrême dans son dernier rapport sur Internet et Racisme. Pas étonnant qu’on y retrouve un blog pétainiste invité.
On pourrait rire du nouveau philosophe et se rappeler combien il est sain de posséder en lui une boussole indiquant le sud. Mais tout de même, là c’est un peu gros. Le Monsieur a malgré tout une certaine influence. Ne nous défaussons pas.
Je n’ai pas le souvenir que Jean-Pierre Chevènement ou Henri Guaino se soient un jour définis comme souverainistes. Peu importe à BHL, l’expert en étiquetage, c’est Lui. Le souverainisme, en tant que corps de doctrine, c’est Paul-Marie Couteaux et William Abitbol qui l’avaient défini il y a dix ans dans une tribune au Monde[1. Paul-Marie Coûteaux et William Abitbol, Souverainisme j’écris ton nom, Le Monde, 23 mars 2000]. Ceux qui me connaissent savent que je les soutenais à l’époque, ce qui m’a amené à me définir comme tel, ce qui était une erreur. On créait un « isme » de plus, que les Français n’ont pas compris[2. Encore l’an dernier, ma propre sœur me demandait : » mais souverainiste, ça veut dire royaliste ? »]. La Souveraineté n’est pas une fin en soi, elle est une condition essentielle de la vie d’une Nation démocratique. Il suffit de relire le Discours pour la France de Ph. Séguin[3. Questionné par Marianne sur le souverainisme donc pétainisme de Séguin, BHL, en as de la communication qu’il est, le différencie de Guaino et de Chevènement. « Il était plus compliqué que cela ». La mort, et l’émotion nationale autour d’elle, comporte parfois bien des avantages…]. Tout y est expliqué. Pas besoin donc de se définir comme souverainiste quand on est gaulliste et républicain car, quand on est gaulliste et républicain, et que l’on est conséquent, on considère que la souveraineté est une condition indispensable à la mise en œuvre de notre projet politique.
Mais, déjà, pour BHL, penser que la souveraineté est indispensable, c’est du souverainisme et c’est du pétainisme. C’est là que toute personne ayant étudié un minimum l’Histoire de notre pays peut s’apercevoir de l’escroquerie. Le pétainisme, justement, c’est l’abandon de la souveraineté poussé à son paroxysme. A part Isabeau de Bavière et le Traité de Troyes, je ne vois pas d’autre abdication de la souveraineté nationale mieux incarnée que par Pétain à Montoire. La force du gaullisme fut justement de considérer illégitime, nul et non avenu, un gouvernement français aux ordres de l’occupant. Plus attaché à la souveraineté et l’indépendance qu’un gaulliste, tu meurs.
Mais ce n’est pas grave… BHL peut assimiler défense de la souveraineté nationale et pétainisme alors que cela signifie rigoureusement l’inverse, que personne ne lui répond. Plus le mensonge est gros, plus il passe. C’est du Goebbels, n’est ce pas ? BHL, disciple de Goebbels ? On n’aime pas beaucoup les amalgames. On n’ira donc pas jusque là.
Quoi ? Trop bon, trop con ?
Sans doute.
Mais pourquoi faut-il que les journailistes s’arrachent à ce point les tocards ? Par gémelléité ? Il n’a pas une retraire à prendre, le béhachel, histoire qu’on récupère Onpafray et Bégaudeau ?
I’insupportable BHL était hier invité du Grand Journal de Canal Plus. Personne n’a relevé ses erreurs…
Après 1420 et 1940, il y a une troisième abdication de la souveraineté du même tonneau : c’est 2008 et la ratification du traité de Lisbonne !
je ne vais rien ajouter sur ce type qui me tape sur les nerfs,,
il a du écrire ce bouquin dans sa nouvelle maison ,,,,,, vue sur la grande bleu , cela doit lui faire perdre la mémoire,,,,,,,ou peut étre le prix de cette maison???
et hop,,de la pub gratuite,,,,
Est-il véritablement influent ce BHL si ce n’est à l’égard d’esprits soumis et faibles?
@Michel
Vous imaginez bien que je me suis posé la question de la pub que je lui apportais en rédigeant ce billet. J’ai pesé le pour et le contre. Et j’en ai conclu qu’on ne pouvait pas laisser passer l’accusation de pétainisme.
@La Roméliote
C’était entre les lignes, non ? 😉
@Némo
Il faut croire que oui quand on voit les tapis qui lui sont déroulés à chaque fois qu’il met un bouquin en vente. Mais j’apprends à l’instant qu’il sera chez Ruquier samedi prochain. On peut faire confiance à Zemmour et Naulleau pour ne pas faire preuve de l’obséquiosité qui fut de mise hier soir chez Denisot.
David ne devrait pas perdre son temps à commenter les inepties de ce monsieur. Comme par hasard, ses adversaires désignés sont ceux qui rêvent d’une France forte et indépendante, de la part d’un Monsieur qui a au moins deux passeports, pourquoi cela ne m’étonne pas?
Je ressors immédiatement l’appel de Cochin qui malgré certains excès (et encore) contient bien de passages visant ce type d’individu.
Le vocabulaire est de plus en plus pauvre chez le Français moyen (et ce n’est pas l’école ni la télévision qui améliorent cela chez les jeunes générations). Pas étonnant que « souverainiste » puisse être compris comme « royaliste » (donc forcément ringard de chez ringard comme on dit maintenant). Quoique maintenant… qui dit « royaliste » pense plutôt « ségoléniste » !
Mieux vaut réhabiliter le joli mot de « patriote » (bien que le sens soit légèrement différent).
@Claribelle
Je crois qu’en l’espèce, vous vous trompez, Claribelle. Le vocable « souverainisme » a été importé du Québec par PM Couteaux et William Abitbol en 1999. Avant eux, il n’avait jamais été question de ce mot pour qualifier un projet politique en France. Le Monde avait d’ailleurs trouvé la formule de « nationaux-républicains » pour qualifier ceux qui, derrière Séguin, Pasqua ou Chevènement dénonçaient les abandons de souveraineté.
Ensuite, de 2003 à aujourd’hui, c’est plutôt Ph. de Villiers qui assumait le qualificatif de « souverainiste », PM Couteaux l’ayant rejoint. Et, à tort sans doute, il a l’image du Vendéen un peu nostalgique du Roi. Pas étonnant alors qu’on ait fait la confusion entre (souverain)iste et royal(iste) même parmi des gens qui s’intéressent un peu à la politique.
Abonné à Marianne, je n’ai cependant pas encore lu l’article sur BHL, non, « bhl ».
Une fois de plus, je constate que Marianne dérape, se rapprochant des autres canards des kiosques.
Dommage, j’avoue que je suis de moins en moins empressé de le lire.
Vous avez remarqué, pas un mot sur « bhl ».
J’avoue que l’âge ne me réussit pas, je me trompe d’article, ou alors « bhl » ne vaut pas un mot. A vous de choisir.
@Jean-Claude
Domenach, Lacroix et Conan ne le ménagent pas, ce qui devrait différencier Marianne des autres canards. Ne vous désabonnez pas tout de suite. 😉
Ouais, en dépit des critiques, j’ai toujours senti une tendresse de JF Kahn et Szafran envers ce type, cela se ressent clairement dans la façon dont Marianne le traite.Le mettre en couv’ alors que cela va faire hurler presque tous ses lecteurs.Le bazooka de Philippe Cohen n’a pas suffi?
Szafran, vous avez sûrement raison. JFK, je suis beaucoup moins sûr.
« Il faut penser à l’incroyable anémie des âmes modernes dans les classes dites élevées-les seules âmes qui intéressent …et dont il ambitionne les suffrages-pour bien comprendre l’eucharisitique succès de cet évangéliste du Rien »….Tout a été dit par Leon Bloy, il y’a bien longtemps.
Eh bien samedi soir, nous serons tous naullien et zemmourien! Ce sera spectaculaire, je n’en doute pas!
Lu hier dans l’avion l’interview dans Marianne, c’est vrai qu’il n’est pas ménagé… En revanche, Elkabbach a été extrêmement mauvais lors de l’entretien de ce matin sur Europe
Le souverainisme,que portent des types comme Couteaux,entre autres,ferraille contre « l’Empire » et la mondialisation marchande,traductions de l’antiaméricanisme d’inspiration gaulliste,équitablement partagé par de nombreuses familles politiques en France.
Là dessus,rien de nouveau sous le soleil.
Pour revenir au cas BHL,certes le personnage a une très haute estime de lui même,mais il saura très bien se défendre tout seul…y compris devant l’attelage Zemmour-Naulleau.
Cher David, ça va tout de même mieux en le disant : la base de la pédagogie, c’est la répétition !
Au fait, tout le monde sait que BHL est un âne, pas la peine de s’étriper pour si peu ! BHL, le bazar de la philosophie !
Amen !
Alors là, j’ai été vraiment surpris! Je ne lirai pas ses deux bouquins à BHL (je n’ai pas le temps ni l’envie) mais je peux dire, après son passage chez Ruquier, que je suis d’accord à 95 % avec le discours qu’il a tenu lors de sa confrontation à Naulleau et Zemmour. Et pourtant, je ne suis pas juif! Que s’est-il passé? Je ne sais pas.
@Aymenon
Je serais curieux de connaître sur quoi portent les 5 % qui restent.
David Desgouilles,
A moins d’être un génie, il vaut mieux s’aider de commentaires si l’on veut comprendre des constructions complexes, sinon on finit par faire fausse route, forcément. Lire des textes philosophiques « à la corsaire », de manière irrévérencieuse, me paraît être est une technique pour le moins cavalière. Il est vrai cependant que la « philosophie de comptoir » est accessible à tous.
La phrase : « Il y a trois sujets clés pour les Français d’aujourd’hui : Vichy, la colonisation et mai 68 » est une phrase tirée de son contexte, certes, mais reste une mauvaise phrase: elle ne représente qu’une réalité partielle.
Il y a une et une seule mondialisation, à plusieurs facettes. Zemmour la refuse mais feint d’ignorer qu’elle relève plus d’une évolution historique que d’un complot. Pour ma part, dans le cas où l’on ne peut la contrôler, il convient de la réguler. Zemmour défend le concept de souverainisme de manière assez convaincante mais BHL la complète justement lorsqu’il met en évidence des dérives qui ne peuvent rester impunies. BHL parle donc aussi d’une mondialisation « qui exporte des droits »; je trouverais d’autres mots pour la qualifier mais j’estime qu’il est dans le vrai. Mis à part cela, je n’ai pas vraiment compris sa mine interloquée lorsque Zemmour a parlé du souverainisme Gaullien, comme s’il n’était pas un vrai souverainisme. Ou alors j’ai mal interprété.
BHL semble idéaliser la conception étasunienne du droit d’ingérence à tel point que je me demande s’il ne prend pas les Etats-Unis pour l’empire du bien, ça ne me plaît pas non plus.
Le judaïsme d’affirmation tel qu’il l’explique me convient. J’étais même plutôt enthousiaste lors de ce passage. Naulleau et Zemmour pensent que c’est quasiment du communautarisme, pas moi.
Naulleau l’a bien recadré au sujet de la candidate NPA en foulard.
J’ai la même approche du « débat » sur l’identité nationale que BHL: avant sa lancée, le gouvernement n’avait pas tenu compte d’une potentielle dérive, uniquement par électoralisme. C’est du populisme. Comme dit Naulleau, l’identité nationale, ça s’enseigne! Je porte en horreur la relativation de l’apport des intellectuels passés et présents induit par cette sorte de foire médiatique.
Je suis aussi d’accord sur la « schizophrénie » des médias lorsque le cas Royal est évoqué. De là à lui jeter des fleurs… Cela dit il a le droit, d’ailleurs Royal aurait été plus crédible que Sarkozy en tant que présidente, ça me paraît évident aujourd’hui.
Désolé, c’est trop long. Je ne vous en voudrai pas si vous supprimez mon commentaire pour des raisons esthétiques. Après tout, c’est votre blog, vous êtes le maître chez vous.
Bonne journée 🙂
Aymenon