Les grands entretiens matinaux radiophoniques peuvent parfois nous réserver des moments d’anthologie. Ainsi, ce matin, chez Aphatie, Henri Guaino qui participa à la rédaction d’un des discours les plus intelligents contre la monnaie unique[1. Discours pour la France, Philippe Séguin Grasset, Mai 1992], se félicitait que le Prince qu’il conseille aujourd’hui, ait, selon lui, sauvé… la monnaie unique. Il parla même de « désastre évité ». Comme dirait un copain qui l’a bien connu :« Tout le monde se trompe sur Guaino, ce n’est pas un idéologue, c’est un stratège ». On ne saurait mieux dire, et de manière élégante, que ce ne sont pas -ou plus ?- les convictions qui guident le bonhomme.
Sur Europe 1 en revanche, ce n’est pas sur l’interrogé que nous apprenons le plus mais plutôt sur l’interviouveur. Alain Minc a été suffisamment vilipendé par mes soins pour que j’en rajoute aujourd’hui une couche. En revanche, Marc-Olivier Fogiel, qui a longtemps eu la réputation d’un roquet ne lâchant jamais les mollets de sa proie[2. A tel point que lorsqu’il fut guignolisé, une hyène l’accompagnait toujours.], a servi une soupe des plus onctueuses à son invité, laquelle ferait rougir Michel Drucker même après deux heures de compliments énamourés à Rama Yade. Il faut dire que le conseiller occulte officiel avait flatté l’animal dès la trente-huitième seconde avec un « vous êtes un bon chien-ch… européen ». Ensuite, les questions furent autant de balles données sur le coup droit de Minc à l’entraînement : »Mais vous, vous n’avez pas peur de le dire » ; « Hum hum, (le bouclier fiscal), c’est une goutte d’eau ». Lorsqu’il ne relève pas non plus une énormité telle que « Ségolène Royal était à 54 % en janvier 2007 », peut-on considérer cela comme de l’incompétence ou de la connivence ? Enfin, en conclusion, nous n’avons pas échappé à ce remerciement en forme de donnage de papatte : « Merci Alain Minc d’être venu décrypter pour nous l’économie. »
Que Minc ait une grande influence sur la prochaine éventuelle nomination de Bompard à France Télévisions, et donc la libération de la place de directeur d’Europe 1, ne peut être -rassurons-nous- qu’une coïncidence fortuite avec un tel assaut d’amabilités.
Article brouillon et illisible sauf peut être pour des initiés de la dégouillerie !
@Jean-Philippe
http://www.apprendre-a-lire.com/
David, vous êtes impitoyable. Ne changez rien!
Moi l’article me parait clair, et cohérent avec les idées de David…qui n’est pas un eurôlatre comme chacun sait ! Ce qui n’empêche qu’il est vrai que c’est Sarkozy qui a sauvé l’Euro, au moins pour le moment. Sans son intervention décisive auprès des Allemands, Merkel aurait continué de procrastiner jusqu’à la catastrophe. C’est également lui qui a entrainé DSK dans le mécanisme du sauvetage et qui fut décisif pour convaincre Trichet de garantir les obligations européennes. La gestion parfois calamiteuse de Sarkozy en France ne doit pas occulter ses succès souvent remarquables à l’extérieur.
Quant à Marc-O, je n’ai pas le souvenir qu’il ait jamais été incisif avec les puissants (j’entends par-là les personnes ayant une lourde force de frappe médiatique comme justement Alain Minc).
Alain Briens, il faudrait que vous lisiez cela (merci Bérénice). Dans cette affaire, je crois qu’on se laisse plus porter par les événements qu’autre chose.
j »espére que vous savez cela,;
que se sois les journalistes,,,ou les politiciens, nous somme chez les faux-culs et les lèches bottes pars intérêt
apathie,fogiel drucker,,et les autres ,comme elkabbach,sont les béni-oui-oui
et la clique Minc-attali,,,servent que leurs intérêts,,,personnelle,;,,
souvenez vous ,attali et le BERD,,,,lamentable,,,et oui
les journalistes ne peuvent poser les bonnes questions qui fâche,,,les politiciens qui eux ont le bras long,,,
qui osera dire,,,
mais ,si nous somme autant endetter,c »est parce que vous ne savez pas gérer,,vous dépenser,plus que vous gagner,,
et pourtant se n »est que la vérité,,
dans notre société en décadence,,,les faux-culs sont légions,,,et ce,,
dans tout les rouages de la société
qui nous a dit,,,au ciné pour réussir,,il faut coucher,,,
en politique,,pour réussir,,,,il faut fermer sa gueule et baisser la tète,,,
triste,mais vrais
@Alain Briens
Oui, Sarkozy est un très bon ambassadeur des Etats-Unis en France. Il marquera l’histoire par sa servitude à son maitre.
@Aymenon,
Article impressionnant en effet…c’est bien pourquoi d’ailleurs l’euro n’est sauvé que momentanément et que, à contrario de ce David semble conclure de la crise grecque, la non-appartenance à la zone euro ne suffit pas à sauver les finances publiques d’un pays. La livre a déjà été pas mal dévaluée et cela n’empêche pas la GB d’être dans une position plus que délicate…
Mais il certain que nous sommes au bord d’une crise systémique globale.
Concernant Henri Guaino, David Desgouilles avait écrit qu’il aurait dû démissionner après l’affaire du « grand emprunt ».
En effet, ce n’était un secret pour personne : l’idée de lancer un emprunt auprès des Français pour investir et relancer l’économie venait de lui. On sait qu’il y avait débat avec Fillon qui souhaitait la prudence. Fillon, depuis qu’il est premier ministre, est favorable à une politique de réduction des déficits.
Finalement, la position de Fillon l’emportait et le soi-disant « grand emprunt » devenait une « peau de chagrin ». Et pour Sarkozy qui avait annoncé trop rapidement la mise en place de cet emprunt, « la montagne accouchait d’une souris ».
Oui, Guaino aurait dû démissionner. Mais, on pouvait encore penser que les choses pouvaient « tourner ».
Manifestement, ce n’est plus le cas.
Et la politique d’austérité annoncée (sans le mot) par Fillon est là pour sauver l’euro.
C’est la politique de Fillon, mais, c’est à l’opposé de celle de Guaino.
En restant aux côtés de Sarkozy, Guaino fait comme le PCF qui, en 1983, restait au gouvernement malgré le virage libéral et européiste de Mitterrand.
Seule différence :
– Guaino n’entraine que lui-même dans ses contradictions.
– Alors que le PCF, en prolongeant pendant un an encore sa participation à un gouvernement qui menait une politique opposée à la sienne, perdait près de la moitié de ses voix.
(J’en parle aussi dans l’article sur Marie-George Buffet).
Alain Briens,
Non, Sarkozy n’a rien sauvé. La navigation au bruit, c’est tout ce qu’il sait faire.
Quant à Merkel, celle-ci a pris les décisions que nous connaissons sous la pression d’Obama.
Merci Barack.
Concernant Fogiel : il y a un mois, il avait été interviewé par un magazine sur les audiences d’Europe 1.
Il avait fait l’éloge sans retenue de son directeur Alexandre Bompard.
Comme les délégués au XIXe congrès de PC soviétique en 1952 qui répétaient le nom de Staline à chaque phrase, il répétait celui d’Alexandre Bompard (9 fois dans l’interview).
Voir sur le site de Marianne 2 et le lien sur le site Ozap.
http://www.marianne2.fr/Fogiel-Mon-boss-est-un-genie!_a191773.html
La monarchie, le catholicisme, le gaullisme et moi, émois
Lors d’une causerie vespérale sur les valeurs de la droite, un sieur Sorman assigna à la droite moderne la tâche de débarrasser la France de la monarchie, du catholicisme et du gaullisme. Ni monarchiste ni catholique, pas même gaulliste, de quoi m’inquièterais-je? Ses vues se précisèrent quand il fit aux patrons des PME françaises, à leur très grande majorité, 99 % – hasarda-t-il, ce reproche ahurissant de se soucier plus du profit de leur entreprise que de leurs bénéfices personnels. Il les blâmait en somme de privilégier le soin de la stratégie, du fonctionnement, de la réputation et de la pérennité de leur boutique à la longueur de leur piscine. Il faut comprendre que ses acolytes des hedge funds s’attardent d’une semaine à trente jours dans un capital, une toute autre façon d’envisager l’économie, prédatrice et parfaitement délétère, celle-là. Le message dès lors s’éclaira. Liquidons les traditions, la morale et le patriotisme et, tant qu’à faire, passons par dessus bord paysans, artisans et autres poètes, toutes engeances résistant peu ou prou à la normalisation marchande des grands flux financiers, pour que triomphe une cupidité ingénue, sans autre but qu’elle-même; en route pour l’apothéose de la gougnaferie terminale. Ce prêcheur convaincu d’une école furieusement moderne acharnée à rendre l’homme intégralement monnayable, son corps, son temps, ses rêves et ses paysages, n’est jamais qu’un convers mineur, un peu exalté certes, du petit frère des riches, le ci-devant Minc, chantre des béatitudes de la mondialisation, ses ouailles n’ont d’ailleurs qu’à s’en féliciter. On a assez raillé la gauche et sa générosité avec l’argent des autres, m’insupporte plus encore une droite qui éprouve son courage avec la peau des autres.
C’était un autre siècle, à la fête de l’Huma, au stand de la Bourgogne. J’invitai le taulier bénévole à me bricoler un itinéraire gourmand parmi les vins et les fromages de son pays. Affable et avisé, le bonhomme m’emmena des Côtes de Beaune aux Côtes de Nuits par Meursault, Pommard, Volnay, Fixin, autant d’étapes goûteuses lestées d’Aisy cendré, de boutons de culotte, d’un Epoisses robuste ou des plus fins chevretons. Arrive un Chambolle-Musigny qui s’avérera somptueux; comme je m’enquière du gommeux assorti, mon mentor me rétorque, solennel et impératif
– Avec celui-ci, Monsieur, on ne mange rien.
D’un coup, d’un seul, il transcendait la valeur marchande, un vrai communiste et un magnifique français, à mille lieues de ces grands malins à l’âme médiocre pour qui l’ultime réalité est la réalité comptable.
Monsieur Besson, nez creux s’il en est lorsqu’il s’agit de flairer la menace exogène, ne s’y était pas trompé avant que d’être enrégimenté, désignant le néo-conservatisme à passeport français comme un péril majeur pour l’identité du même métal. Paupérisation de l’état, réorientation diplomatique, baisses d’impôt pour les plus fortunés, ce programme-là est appliqué avec une belle constance et une parfaite orthodoxie ; pour de nouvelles dérégulations, au vu des circonstances, on est prié de patienter.
On s’inquiètera surtout de constater que l’alternance semble bouclée pour ne pas dire cadenassée. La nasse est tendue par des réseaux apparentés aux relais tout à fait identifiables pour que le cap soit maintenu. Mais, après tout, la démocratie c’est pas fait pour les veaux ou sinon, allez vous faire moderniser.
Je n’ai pas entendu cette intervention de Guy Sorman.
Je sais seulement qu’il est depuis plus de 30 ans l’idéologue du libéralisme le plus ultra.
Au début des années 80, il s’appuyait sur les gestions de Reagan et de Thatcher.
Il voulait même privatiser ce qui relève, même pour les libéraux de chez Libéral, du pouvoir régalien de l’État : les prisons.
On aurait pu croire que cet idéologue était proche de Madelin. Il l’était, en effet.
Mais, aux européennes de 1999, Madelin était le N°2 sur la liste RPR-DL, dirigée pendant un temps par « l’affreux » étatiste Philippe Séguin (et après la démission de celui-ci qui ne supportait plus cette énorme contradiction, elle fut menée par Sarkozy).
Sorman avait donc déclaré publiquement qu’il soutenait la liste des ….. Verts !! Liste menée par Daniel Cohn-Bendit. Et Sorman déclarait qu’il soutenait surtout Dany le (Rouge ou l’ultralibéral ?).
Souvenir intéressant quand on constate que Cohn-Bendit qui sait « sentir le vent », se déclare moins libéral depuis la crise actuelle.
Jean-Philippe ne s’est toujours pas remis de son AVC ?
Excellent article, très cohérent.