Cette semaine, on a appris que Madame Ségolène Royal et Monsieur François Hollande ont assigné en justice les journalistes Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué ainsi que leur éditeur. Ils portent plainte pour diffamation ainsi que pour atteinte à la vie privée.
Je passe sur la diffamation. La justice examinera si le couple a été effectivement diffamé. Je n’ai pas les éléments pour me prononcer. En revanche, sur l’atteinte à la vie privée, j’espère que Madame Royal et Monsieur Hollande seront déboutés. Et qu’ils devront même indemniser les journalistes pour procédure abusive. Qui a mis en scène sa vie privée ? C’est Madame Royal elle-même en ouvrant les portes de sa chambre de maternité après son accouchement lorsqu’elle était ministre. C’est Madame Royal, en avouant dans son dernier livre qu’elle souhaitait se marier avec son concubin sur une pirogue à l’autre bout du monde. Que des journalistes veuillent alors enquêter sur une vie qui n’a plus rien de privée, c’est tout à fait normal. Il y a quelque temps, François Baroin a déposé plainte pour atteinte à la vie privée contre le magazine « Bon week » parce que ce dernier avait imprimé sa liaison avec une journaliste célèbre. Il arguait qu’il n’avait jamais livré lui-même sa vie privée et qu’il n’avait donc pas à subir de « droit de suite » en quelque sorte. C’est tout à fait logique. Et cela n’a rien à voir avec le couple Hollande-Royal. D’autant que si atteinte il y avait eu, ce n’est pas de la part d’Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué. Mais à leurs entourages respectifs qui les ont alimentées -que dis-je, gavées !- en indiscrétions de toutes sortes. Ils pourraient notamment déposer plainte contre Monsieur Julien Dray, leur ami personnel, qui a répété à tout ce que Paris compte en journalistes politiques, que « si Hollande rappelle Jospin, il ne reverra plus jamais ses enfants », phrase qui semble être la plus visée par le dépôt de plainte du couple. De même, l’épisode du flagrant délit de tromperie ne peut être arrivé aux oreilles des deux journalistes que par Messieurs Dray (encore !) ou Rebsamen.
Ce livre est très intéressant. Les épisodes conjugaux qu’il relate ont eu des répercussions sur la vie politique, sur la désignation de la candidate de l’un des deux plus grands partis de notre pays, sur la conduite de la campagne électorale, toute choses qui ont eu un effet décisif sur l’élection du Chef de l’Etat. Il serait scandaleux que seuls des initiés du tout-Paris-médiatique soient mis au parfum. Les Citoyens eux aussi ont le droit de savoir. Que leurs électeurs connaissent leurs petites mesquineries et vengeances personnelles, c’est sans doute cela que Madame Royal et Monsieur Hollande trouvent insupportable. Mais c’est pourtant bien ainsi.