La photo officielle est parue. Pour la première fois, dans nos mairies, le Président de la République française, tel le Gouverneur du Dakota du Sud, apparaîtra avec le drapeau de son Etat certes mais aussi celui de son suzerain, ridicule avec ses etoiles dorées sur un fond bleu.

La France est donc bien une région d’Europe dans son esprit. Les beaux discours de Guaino n’étaient là que pour endormir ceux qui -et nombreux sont ceux qui l’ont été dans mon entourage proche- aiment entendre parler de grandeur de la France dans les campagnes électorales. Le lendemain de son magnifique discours à la Porte de Versailles du 14 janvier, je l’avais qualifié de faussaire. C’était bien le mot juste. Kouchner l’européiste, Jouyet, directeur du Trésor deloriste et disciple de l’orthodoxie trichetiste, n’ont pas été nommés par hasard. Et pas parce qu’ils étaient de gauche. C’est un habile subterfuge. Avec eux, le Gouverneur de la Région France pourra sans peine faire approuver à nos partenaires, puis avaliser par une chambre bleue, le principe d’une constitution européenne dite simplifiée mais conservant en fait sa substance fédérale.

Faudra donc bientôt l’appeler Monsieur le Gouverneur ? Ou bien plutôt, Nico, tant le nouvel élu se charge de désacraliser la fonction présidentielle ? En allant fêter son élection avec la jet-set de droite au Fouquet’s tel un entrepreneur autodidacte fêtant l’entrée en bourse de son entreprise provinciale. En convoquant la presse au moindre de ses joggings. Sarko en short et en sueur ! Vouloir à tout prix ressembler à Bill Clinton, ex-gouverneur, mais de l’Arkansas et pas du Dakota, cela peut avoir des fâcheuses conséquences. Comme par exemple de nous rappeler Giscard, ridicule avec son short et son maillot de Saint-Etienne, ou jouant de l’accordéon. Mais cette désacralisation, me direz vous, elle est entamée depuis bien longtemps. Giscard avait commencé. Mitterrand et Chirac l’ont poursuivie avec les cohabitations et le quinquennat. Sarkozy ne serait-il pas plus franc que les autres ?  Peut-être…

Même si j’avais pressenti toute l’escroquerie de sa campagne « nationale », j’ai du mal à m’habituer à cette idée. Et j’aimerais que Guaino, puisqu’il est aujourd’hui conseiller spécial du gouverneur, serve enfin à autre chose qu’à faire des discours pour faire élire. Qu’il fasse comprendre à ce sous-Giscard qu’il n’a pas seulement été élu par son peuple. Mais qu’il l’a été pour succéder à Philippe le Bel, Saint Louis, François Ier, Henri IV, Louis XIV, Napoléon Ier, Carnot ou Charles de Gaulle. Et que, donc, sa fonction ne convient pas d’être désacralisée. Et que sa Nation n’a pas vocation à (re)devenir une région d’Europe

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