En écoutant le discours du président nouvellement élu dimanche soir, j’ai pu m’apercevoir qu’il était conscient de l’espoir qu’il a fait naître dans le pays. La victoire nette qu’il a obtenue l’oblige à y répondre.
Deux thèmes de sa campagne semblent avoir retenu l’attention des électeurs : la promotion de la Valeur travail et le retour de la Nation en tant que valeur positive. De ces deux objectifs découlent beaucoup de propositions. Certaines d’entre elles, comme la fusion de l’ANPE et des ASSEDIC, figurent au programme des hommes politiques que j’ai servi depuis 1989. Philippe Séguin la proposait à une époque où les libéraux du RPR, dont Monsieur Sarkozy, la combattaient vigoureusement. De même, à une époque où, avec Charles Pasqua, le député des Vosges conjurait Jacques Chirac de ne pas abandonner la Nation à Le Pen, Messieurs Sarkozy et Juppé l’accusaient de vouloir créer un Front National bis. Ils préfèraient tout deux la fréquentation de Plenel et BHL que du populo soi-disant frileux et raciste qu’on a dragué pendant toute cette campagne. A la bonne heure, me direz-vous. Ou mieux vaut tard que jamais.
J’aime les vieux proverbes. Mais cela n’empêche pas la lucidité. Déjà, le lendemain de son élection, le nouveau président se voyait prévenir par les ministres de l’Eurogroup qu’il n’est pas question de toucher à la sacro-sainte indépendance de la Banque centrale européenne et de sa mission première. Nul doute, que les ministres chargés du commerce lui diront la même chose en ce qui concerne la préférence communautaire qu’il a dit vouloir rétablir.
Mitterrand a tenu deux ans. Chirac a craqué au bout de deux mois, et Jospin deux semaines. Tous les trois ont basé leur campagne sur une volonté de rupture face à l’orthodoxie monétaire. Combien de temps tiendra Nicolas Sarkozy ?
Qu’il me fasse mentir et j’avouerai mes erreurs.