Métronome, c’est d’abord un livre publié par Loránt Deutsch en 2009. Le pitch, comme dirait Ardisson : un promeneur parisien passionné d’histoire nous emmène, au fil des stations de métro, visiter le passé de la France. Un succès de librairie aussi foudroyant qu’inattendu : l’éditeur avait prévu un premier tirage de 7 500 exemplaires ; il s’en vendra un million et demi.
Puis sort la version illustrée et, en avril dernier, une série documentaire sur France 5. “À quand la comédie musicale ? ”, diront les ricaneurs. Eh bien, je n’en suis pas ! Au contraire, je vous recommande pour patienter le coffret de DVD édité par France Télévisions.
Pour le petit écran, l’ami Loránt a dû caser en quatre émissions de 52 minutes deux mille ans d’histoire. Pas de problème ! Il a découpé tout simplement le gâteau en quatre tranches de 500 ans, et ça se tient.
L’histoire de Paris, puis de la France, s’écrit d’abord au sud avec les Romains de 0 à 500, puis au nord avec les Francs jusqu’à l’an mille, enfin au centre et à l’est avec les Capétiens. À partir de 1500, le pays entre dans sa période moderne, cavalièrement intitulée “De François Ier à de Gaulle”.
Un peu rapide ! grommelleront les érudits. Mais une promenade n’a pas vocation à être exhaustive, et celle-ci nous apprend déjà plein de choses. Saviez-vous, par exemple, que la première Lutèce fut fondée par la tribu des Parisii à… Nanterre ? Ce n’est que bien plus tard qu’elle fut délocalisée dans l’île de la Cité par les Gallo-Romains. De quoi frimer dans les dîners en ville, non ?
Grâce à la palette graphique maniée par le réalisateur Fabrice Hourlier, à qui l’on doit déjà le Destin de Rome, les vestiges du passé reprennent forme et vie : l’ancienne forteresse du Louvre et celle de la Bastille, les ruelles animées du proto-Quartier latin au VIIe siècle et le siège de Lutèce par les drakkars vikings.
Ici même, dans vos programmes, Isabelle Cottenceau attribuait à cette série deux étoiles. J’en ajouterais bien une troisième, rien que pour saluer cet ovni culturel, sympathique et “bon esprit”.
J’aime l’insolence de ce Gavroche qui se compare l’air de rien à Michelet : « SonHistoire de France était très subjective… Pourquoi ne pas raconter ma propre vision de la France ? »
J’aime le patriotisme de ce Deutsch au papa hongrois qui nous dit que « l’histoire de France c’est notre album de famille », et la fait remonter vingt siècles avant Jack Lang.
J’aime sa noble révérence envers l’Église et les rois qui, on aura beau dire, ont fait la France, et ses incessantes piques contre la Révolution française dans sa brutalité aveugle.
Ces gens-là, s’indigne-t-il, sont allés jusqu’à calomnier l’excellent roi Dagobert, dans une chanson subrepticement destinée à moquer Louis XVI…
T’as raison, Loránt ! Ça plus la Terreur, ça suffit à condamner la Révolution “en bloc”, comme disait Clemenceau.