L’extrême gauche reproche à Lorant d’être un idéologue, et Zemmour de ne pas l’être assez… Querelles d’Allemands ?
Il se passe toujours quelque chose chez Zemmour & Naulleau ; ainsi, l’autre vendredi, ils recevaient cet énergumène de Lorant Deutsch.
Leur dernière rencontre, à ma connaissance, remonte à trois ans – du temps où le duo sévissait à On n’est pas couché. À l’époque, Deutsch était en promo pour la version illustrée de son fameux Métronome, qui lui valut un triomphe public, mais aussi une levée de boucliers dans le Camp du Progrès. On vit même des élus du Front de Gauche réclamer le « boycott » du bouquin, au motif qu’il était « orienté idéologiquement » ; le genre de truc qu’on supporte mal chez Mélenchon.
Aujourd’hui, rebelote avec Hexagone ! En passe de devenir lui aussi un phénomène de librairie, le nouvel opus de Lorant fait également l’objet d’une campagne de dénonciation d’historiens engagés. Il faut dire aussi que cet Hexagone-là se présente comme « un voyage de 2 600 ans pour suivre le mouvement des peuples qui ont fait la France ». Suspect, forcément suspect aux yeux de nos amis « citoyens » pour qui, bien entendu, la France est née en 1789 – voire 92 ou 93.
À la tête du commando anti-Deutsch, le géographe Christophe Naudin même jusqu’à sonner le tocsin républicain dans l’Obs : « Lorant Deutsch a une vison quasi maurrassienne de l’Histoire ». Si c’est vrai, le « nationalisme intégral » a encore de beaux jours devant lui !
On l’aura deviné : tel n’est pas l’angle d’attaque d’Éric Zemmour, qui d’ailleurs a trouvé le livre excellent. Ses reproches vont plutôt à l’auteur, accusé de ne pas en assumer la dimension idéologique : « Vous êtes un faux naïf ! On se sert toujours de l’Histoire pour faire de la politique. Alors, n’en ayez pas honte ! » Vos ennemis, explique t-il en substance à Lorant, sont aussi les miens : des doctrinaires qui, depuis un demi-siècle, ont préempté l’Histoire au service du marxisme, puis du multiculturalisme.
Très juste, Éric ! Mais ne fais pas toi aussi ton « faux naïf » : ce coming out idéologique que tu demandes à l’auteur n’est pas vraiment dans son intérêt. C’était assez évident ce soir-là, lorsque tu t’es livré à un éloge sauvage de son bouquin : « Le péché de Lorant Deutsch, c’est de rappeler la vérité ! Comme disait le général De Gaulle, « l’histoire de France, c’est celle d’un pays de culture gréco-romaine, de religion chrétienne et de race blanche ». Et ton compère de lancer en rigolant à l’adresse de Lorant : « Ça va pas vous aider, ça ! »
Il a raison, le Naulleau. Sans compter que dans un orchestre, tout le monde n’a pas vocation à jouer du même instrument.
Sans vouloir flagorner, cher Éric, m’est avis que ta verve polémique et l’enthousiasme communicatif de Lorant sont complémentaires au service d’une même et noble cause : réapprendre aux Français à connaître l’histoire de leur pays, donc à l’aimer.
Vaste programme ! Alors de grâce les amis, attendez qu’il soit accompli avant de vous chamailler…
Article publié dans Valeurs Actuelles, le 27 novembre 2013
