Cinq semaines déjà que le couple Zemmour-Naulleau, remercié par Ruquier, a trouvé asile sur Paris Première. L’heure d’un premier bilan, aussi subjectif que cette chronique se doit de l’être. La bonne nouvelle, c’est que nos deux compères ne se prennent toujours pas trop au sérieux. 

Témoins le titre de leur émission, Z&N, que l’on est prié de lire « Zen », et surtout un générique en forme de clin d’œil à Amicalement vôtre. La moins bonne, c’est que l’exercice manque un peu d’enjeu : il consiste essentiellement à mettre en scène leurs désaccords – de moins en moins évidents – face à des invités contents d’être là quoi qu’il arrive.

Entendons-nous : je n’accuse personne ! Paris Première a eu mille fois raison de récupérer nos duettistes, et même eux d’accepter. N’empêche que, “sortis” de France 2, ils se retrouvent un peu à l’étroit sur cette petite chaîne même pas gratuite.

Bref, il manque à leur nouvelle émission les moyens du service public et la force de la machine Barma – du nom de la “grande Catherine”, productrice d’On n’est pas couché. Faute de cette puissance de feu, Z&N en sont réduits à recevoir des “deuxièmes couteaux” de l’actualité ; autrement dit, des personnalités politiques qui, ces jours-ci, ne sont pas en situation de refuser une invitation à la télé.

Bayrou par exemple, c’est sympa ; mais on aurait préféré l’entendre en avril 2007, lorsqu’il pesait 18,5 % des voix… Fabius, pourquoi pas ? Mais c’eût été plus excitant de l’interviewer à la fin 2005, quand, après avoir ferraillé contre le traité constitutionnel européen, il avait rallié la majorité du PS sur des bases “ouiouistes”. Passons rapidement sur le phénomène Villepin, qui a fait “pschitt !” depuis longtemps. Quant à l’immarcescible Jack Lang, on l’a tellement entendu dire n’importe quoi, à tout propos et hors de propos, qu’il reste bien le seul à s’écouter encore.

Certes il y a eu Marine Le Pen, cette Mrs. Hyde en voie de jekyl­lisation ; mais face à elle, le non-conformisme de Naulleau et les inclinations intellectuelles de Zemmour ne pou­vaient donner qu’un échange à fleurets mouchetés. La preuve : après avoir passé en revue leurs désaccords, le plus polémique des deux Éric ne pourra conclure que sur une pirouette : « Vous avez une vision paranoïaque ! On dirait moi… »

J’allais oublier, en deuxième partie de ce programme, son appendice “sociétal” – plus ou moins intéressant selon qu’il confronte nos deux chahuteurs aux néorobespierristes du site Mediapart, à des “indignés” choisis au hasard ou à tel prof d’EPS “en colère”.

Inévitablement, en passant de l’arène ruquiérienne à ce miniplateau, avec son audience restreinte et son public conquis d’avance, Zemmour et Naulleau ont perdu de leur force subversive ; leurs costumes de Supermen de la provoc tous azimuts ont eux aussi rétréci au lavage. Mais n’était-ce pas le but ?

Publié pour Valeurs Actuelles, 27 octobre 2011

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