L’ancien patron de l’UDF brosse des portraits au vitriol de Giscard, Chirac et Sarkozy. Seuls trouvent grâce à ses yeux François Mitterrand et … François Léotard.
Vu pour vous sur Planète +, un documentaire de Gérard Miller intitulé François Léotard, l’unique séance. Le psy médiatique a convié l’ancien ministre, retiré de la vie publique, à s’allonger sur son divan pour tout lui raconter, dans le secret de son cabinet filmé.
A priori on saisit mal l’urgence d’une telle entreprise, sauf peut-être pour la liberté de ton que donne ce désengagement. De fait, François s’en donne à cœur joie, surtout lorsqu’il s’agit de croquer les trois présidents de droite qu’il a pratiqués.
Giscard ? « Un intellectuel froid, méchant et cruel. Il avait un talent extraordinaire pour humilier les gens. » À tout prendre, Chirac est mieux loti : « un vrai tueur, mais il savait être cordial ». Après Valéry le sadique, c’est presque un plaisir de se faire flinguer par Jacques le débonnaire : « Je te tue, mais rien de personnel ! Tu ferais la même chose à ma place… »
Quant à Sarkozy, Léo le crédite d’« une énergie incroyable », mais au service de quoi ? « L’ivresse du pouvoir, la folie du pouvoir, l’addiction au pouvoir » Bref, les qualités qui ont manqué à François pour réussir dans la même branche…
Le seul président qui trouve grâce à ses yeux c’est Mitterrand. Entre les deux François, à en croire celui-ci, y avait même une vraie intimité : « On parlait de tout, des bouquins, de la mort, de sa fille, on était complices. »
Avec les autres politiciens en revanche, impossible de parler de rien, vu leur « effrayante inculture » – s’afflige notre homme de lettres, un poil snob : « Aucun d’eux n’avait lu Joyce ou Kafka ! »
Sur l’autocritique, François Léotard est moins percutant. Qu’est-il arrivé au fringant quadra libéral des années 80, chef de la « bande à Léo » comme son nom l’indique ? Pourquoi, après avoir plafonné en tant que ministre de la Défense de Balladur (93-95), décroche-t-il progressivement de la politique – lui que certains, dix ans plus tôt, voyaient déjà en haut de l’affiche ? Sans doute était-il « trop pur, ou trop en avance » !
En tout cas, à la fin des années 90 il s’est senti « écœuré de la politique »… Apparemment, cette lassitude était réciproque : à la même époque, Léo a été lâché par ses amis et ses électeurs. Mais à l’en croire, ses échecs à lui ne sont que les trahisons des autres. N’écoutant que sa conscience, il n’a jamais rien fait de mal – et même les « affaires » qu’on lui reproche encore sont sans objet : « Il n’y a pas eu enrichissement personnel. »
Pas question pour Gérard Miller de pousser son « patient » dans ses retranchements. Dans l’intérêt supérieur de son doc, un bon chamboule-tout de la classe politique française, surtout à droite, c’est quand même plus sexy que les confessions tardives de frère François.
En conclusion, ledit frère lâchera quand même un étrange et bel aveu à propos de son frère Philippe, acteur magique et fêlé, mort en 2001 de ses excès. Sur le sens de la vie, dit-il, « incontestablement c’est lui qui avait raison ».