Personne n’a jamais pu prédire l’avenir grâce à Nostradamus. C’est quand même embêtant pour un « prophète »…

Le mois dernier, France 3 rediffusait un numéro de L’ombre d’un doute, le magazine historique de Franck Ferrand, consacré à Nostradamus.

On ne présente plus Michel de Nostredame, (1509 – 1566), au moins depuis Henri II. N’avait-il pas annoncé dit-on, dans un quatrain resté fameux, la mort atroce du roi dans un tournoi ? Depuis lors et jusqu’à nos jours, ses adeptes n’en démordent pas : il aurait prédit certains des événements les plus importants de l’histoire récente, de l’arrestation de Louis XVI à l’arrivée au pouvoir d’Hitler en passant par la percée de Napoléon déjà sous Bonaparte. Seul problème, c’est toujours après coup que l’on songe à relier certains faits avec des visions du Mage… Depuis quatre cent cinquante ans, personne n’a jamais pu deviner l’avenir grâce à elles !

Il est vrai que l’annonce, plus de deux siècles avant, de l’arrestation du roi à Varennes est troublante. Mais la prophétie n’est pas datée et quant au lieu, il existe alors dans le royaume de France trente et une communes et vingt-neuf lieux dits « Varennes », rappellent les sceptiques. Cette imprécision des Centuries et leur style volontairement obscur sont somme toute bien pratiques, insinuent-ils…

A contrario, on se demande encore ce qui a pris Nostradamus de dater, contrairement à son habitude, sa terrible prédiction :  « L’an mil neuf cent nonante neuf sept mois. Du ciel viendra son grand Roy d’effrayeur… »

D’après les plus enthousiastes de ses exégètes, il annonçait ainsi tout simplement la Fin du monde. On attend toujours (même ceux qui ne sont pas pressés.)… Mais en attendant, ce « Pschitt » a porté un sacré coup à la e-réputation de Nostradamus, sans même parler de Paco Rabanne.

« Terrible malentendu ! » plaide aujourd’hui le dernier carré des nostradamistes. Savants calculs astrologiques à l’appui, ils nous expliquent dorénavent que le Maître parlait en réalité de… 1792 !

Bref on peut faire dire tout, le contraire et n’importnawak à un quatrain de Michel, sans même le trahir… En quelque sorte il préfigure Mallarmé, qui du moins ne se prétendait que poète. C’est déjà plus embêtant pour qui se pique d’être « prophète »…

Chez la plupart des historiens, le doute a aujourd’hui fait place au scepticisme caractérisé. Les plus indulgents plaident qu’à défaut de voir l’avenir, Nostradamus a pu « l’entrevoir » parfois par flashs. D’autres affirment, non sans exemples à l’appui, qu’il aurait relaté au futur des événements passés. Pourquoi pas ? Sauf qu’on voit mal l’intérêt de l’exercice… S’il s’agit seulement de faire des prophéties bidons, à quoi bon se prendre ainsi la tête, au lieu de raconter carrément n’importe quoi, au prix où est la Centurie ?

Quoiqu’il en soit, Nostradamus l’a promis : cinq cents ans après sa mort, soit en 2066, toutes ses prophéties deviendront soudain claires aux yeux du monde entier… Sauf qu’il n’a pas précisé comment (une Centurie inédite ? Une lettre chez le notaire ? ) Et puis de toute façon, vous je ne sais pas, mais moi je ne me sens pas d’avoir à attendre encore cinquante-trois ans.

Publié dans Valeurs Actuelles, le 5 septembre 2013

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here