Protectionnisme, “démondialisation”, sortie de l’euro : autant d’idées qui s’invitent de plus en plus dans le débat politique – et par conséquent à la télé. On l’a vu bien sûr avec le score aux primaires socialistes d’un Montebourg, passé en quelques mois de 5 % dans les sondages à 17 % dans ces urnes privatisées. Et il est loin d’être seul sur le créneau…
À sa gauche, Mélenchon drague désormais ouvertement ces 456 000 suffrages “montebourgeois” qui arrondiraient confortablement son pécule électoral de tribun du peuple. Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il n’a attendu personne pour tirer la sonnette d’alarme – quitte à rester, à droite, la vox clamantis in deserto. Mais peu lui chaut : comme il l’expliquait l’autre samedi chez Ruquier, le débat en la matière n’oppose pas droite et gauche, mais « mondialistes et républicains nationaux ».
Le vrai problème, c’est le chômage, explique-t-il, et, pour le résoudre, il est indispensable de recouvrer notre liberté monétaire.
Face à lui, le duo Pulvar-Polony semble s’être réparti les tâches : « La sortie de l’euro ne serait-elle pas elle aussi dramatique ? », s’inquiète Natacha ; « Avec qui comptez-vous donc mettre en oeuvre ce programme ? », ironise Audrey – qui, à ma connaissance, n’a pas posé la même question à son compagnon Arnaud…
Sauf que la vague protectionniste déborde largement la classe politique.
Mardi 11, entre les deux tours des primaires, Anne Hidalgo en fera l’amère expérience, dans son rôle de femme-sandwich de Martine Aubry.
Au début bien sûr quand Philippe de Saint Robert lance : « Hollande est le candidat centriste par excellence », elle boit du petit-lait, sans savoir qu’elle mange aussi son pain blanc. « Martine Aubry, c’est le vrai changement ! », croit-elle pouvoir enchaîner, mais déjà l’écrivain se moque : « Avec elle, vous allez convaincre M. Barroso de faire l’Europe que vous voulez ? »
Et Emmanuel Todd d’enfoncer le clou : libre-échange et mondialisation ne font décidément pas bon ménage, explique cet empêcheur de penser en rond : « Si l’Europe se convertit au protectionnisme, l’euro est sauvable. Sinon il faut s’en débarrasser, parce qu’il fait trop de mal à la France ! »
Pour moi qui n’entends rien aux “sciences économiques”, ça a au moins le mérite d’être clair. Aux gens qui parlent déjà de la France au passé, je préférerai toujours ceux qui entrevoient pour elle un avenir – qu’ils s’appellent Emmanuel ou Marine, Arnaud ou Nicolas.
Publié pour Valeurs Actuelles, le 20 octobre 2011