Si peu de chose nous différencie des animaux, nous explique Michel Cymes. Sauf qu’eux ne présentent pas encore d’émissions de télé…
L’autre mardi, il y avait leçon de sciences nat’ à la télé. Au programme ce soir-là, dans la série les Pouvoirs extraordinaires du corps humain : « Retrouver l’animal qui est en nous ». Pour nous mettre d’emblée dans l’ambiance, le documentaire s’ouvre sur des images d’un couple de chimpanzés en train de copuler ; effectivement, vu sous cet angle…
C’est toutefois un autre couple qui anime l’émission : Michel Cymes, docteur en médecine (consultations tous les jours de 13 h 40 à 14 h 35 sur France 5, et sur rendez-vous sur France 2), assisté d’Adriana Karembeu en accorte aide-soignante. Au fil de leurs pérégrinations dans de magnifiques décors naturels, ils nous administrent diverses leçons de choses, agrémentées de quelques grivoiseries de carabins.
Devant le couple de bonobos en pleine action, on nous rappelle que ces créatures partagent avec nous 99 % de leur patrimoine génétique. Sans doute, mais on attend toujours de savoir où réside le 1 % qui distingue le singe du téléspectateur.
Entre-temps, Michel et Adriana ont pris l’avion pour la Tanzanie. En battledress et Pataugas, ils nous emmènent à la découverte de la savane et de sa faune. La girafe, par exemple, possède le même nombre de vertèbres cervicales que l’ex-top model : sept. La gazelle en revanche ne boit quasiment pas, contrairement à nous qui ne pouvons nous passer d’eau — principale composante de notre organisme et de la recette du pastis.
Vient ensuite un spécialiste de la communication avec les félins, qui nous déconseille d’avoir peur en leur présence, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Puis voici l’homme qui a vécu plusieurs mois au milieu des loups, partageant avec eux le gîte et le couvert : « L’estomac des humains produit vingt fois moins d’acide chlorhydrique que celui des carnivores comme les loups. La viande crue est donc bien plus complexe à digérer pour nous. » Pour pallier ce problème, il s’est nourri de la viande régurgitée par les adultes pour les louveteaux — ce qui prouve au moins qu’il était bien intégré. L’animal en nous, c’est aussi cette hormone appelée ocytocine, qui génère aussi bien l’attachement entre une mère et son enfant qu’entre un maître et son chien. À preuve le témoignage de cette femme sauvée par son chien lors d’un grave accident. Relatant ce pénible épisode, elle conclut à propos de son compagnon à quatre pattes : « Je pense que c’est toujours difficile pour lui de repenser à tout ça et d’en parler… »
L’émission se termine devant le cratère du Ngorongoro, où évoluent à peu près tous les animaux qu’on trouve au zoo de Vincennes. Sur fond de musique western, nos présentateurs évoquent un âge d’or durant lequel humains et animaux vivaient en « osmose parfaite ».
On imagine que le végétarisme était de règle et que les conflits de voisinage se réglaient à l’amiable. C’est sûr, c’était mieux avant.
Publié dans Valeurs Actuelles, le 10 juin 2013