« Manif pour tous » : quand Zemmmour recentre Finkielkraut, c’est en l’ attaquant sur sa droite !

La semaine passée, Zemmour et Naulleau présentaient leur dernière émission de la saison, RTT oblige. Pour tirer les leçons du débat sur le “mariage-pour-tous”, qui a dominé l’actualité des six derniers mois, nos deux compères avaient invité Alain Finkielkraut. (Pierre Bergé devait être pris.) Du coup, on a eu droit à un intéressant débat droite-droite entre Zemmour et lui, arbitré par un Naulleau débonnaire.

« La Manif pour tous, un anti-Mai 68 ? », interroge celui-ci d’emblée. Sur le fond sans doute, mais pas sur la forme, répondent en choeur l’intellectuel et le polémiste. Pour eux, ce mouvement a su retourner les armes de Mai 68 contre la génération des soixante-huitards — notamment grâce à une “Barjot touch” festive et décalée. S’ils le disent, qui suis-je pour prétendre le contraire ?

À l’inverse de Zemmour, Finkielkraut est favorable à l’idée d’union civile : « Si on était resté à l’idée d’un mariage, c’est-à-dire de la publication d’un amour, il n’y aurait pas eu de manifestation aussi massive », estime-t-il.

Autrement dit, si les Français sont descendus dans la rue, c’est qu’ils ont vu l’embrouille. Malgré son emballage égalitaire, le paquet-cadeau “mariage-pour-tous” ne concerne pas essentiellement les droits des couples, mais la filiation. Avec l’adoption plénière, s’inquiète l’ami Alain, la loi Taubira ouvre inéluctablement la voie à la PMA et la GPA : « On entre dans le post-humain ! »

Responsable de cette dérive, à l’en croire : cette « Gauche divine » dont parlait Baudrillard. Persuadée d’incarner à elle seule l’Avenir et tous les Progrès dont il est lourd, elle ne saurait tolérer aucune contradiction. Cette divinité autoproclamée a même son temple grotesque avec le Grand Journal de Canal Plus — la bête noire de Finkie. On n’y convoque des hérétiques que pour mieux les excommunier, à grand renfort de ricanements.

C’était aussi ça La Manif pour tous, explique Alain : « une France qui refuse d’être réduite à l’alliance du show-biz et des banlieues ; une France des provinces qui en a marre d’être méprisée et maltraitée ».

« L’avenir est-il donc à la réaction ? », relance malicieusement Naulleau. Finkielkraut préfère en appeler à « la pensée des limites », mais au moins s’explique-t-il. L’homme ne cesse de transgresser ses propres limites ; or aujourd’hui, avec les progrès de la science, « les générations présentes ont un pouvoir accru sur les générations à venir, et c’est un abus de pouvoir » !

Zemmour ne trouve rien évidemment à redire à cela, sauf un petit reproche à l’invité : « Pourquoi refusez-vous le mot “réaction” ? Affronter les progressistes qui nous emmènent dans le mur, c’est réagir ! » Et de se faire taquin : « C’est comme si, par une pudeur ultime, votre surmoi d’homme de gauche vous disait : “Non, mon petit Alain, tu n’iras pas jusque-là…” »

À ces mots, Alain Finkielkraut ne se sent plus de joie : « C’est bien la première fois qu’on me parle de mon surmoi de gauche… J’espère que ça va faire le buzz ! »

Article publié dans Valeurs Actuelles, le 14 juin 2013

Retrouver les extraits de l’intervention d’Alain Finkielkraut sur : http://bit.ly/125X2au

 

Laisser un commentaire

Please enter your comment!
Please enter your name here